Textes D Appoint Pour Le Sujet Une Soci T Sans Religion Est Elle Possible
Pierre Bayle, théoricien de l’athéisme vertueux « Quoi qu’il en soit, me dira-t-on, ce serait une étrange chose qu’un athée qui vivrait vertueusement, et c’est un monstre qui surpasse les forces de la nature. Je réponds qu’il n’est pas plus étrange qu’un athée vive vertueusement, qu’il est étrange qu’un chrétien se porte à toutes sortes de crimes.
Si nous voyons tous les jours cette derniè or 14 nous que I iautre soit p Sni* to View Mais pour dire qu ne laisse pas dans le ourquoi croirons- et qui njecture ce que j’ai avancé concernant les mœurs d’une société ‘athées, je remarquerai que le peu de personnes qui ont fait profession ouverte d’athéisme parmi les anciens, un Diagoras, un Théodore, un Évémère, et quelques autres, n’ont pas vécu d’une manière qui ait fait crier contre le libertinage de leurs mœurs.
Je ne vois pas qu’on les accuse de s’être distingués par les dérèglements de leur vie, aussi bien que par les égarements épouvantables de leur raison. Mr. de Balzac nous apprend les derniers paroles d’un prince qui avait vécu et qui était mort athée, et lui rend ce témoignage ? qu’il ne manquait pas des vertus morales, qu’il ne jurait pas, qu’il ne buvait que de la tisane et qu’il était extrêmement réglé en tout ce qui paraissait de lui au dehors h. ? Toulouse pour son athéisme en l’an 1619 avait toujours été assez réglé dans ses mœurs, et quiconque eût entrepris de lui faire un procès criminel sur tout autre chose que sur ses dogmes, aurait couru grand risque d’être convaincu de calomnie. Sous le règne de Charles IX, en lian 1 573, on brûla dans paris un homme qui avait théorisé l’athéisme secrètement. Il soutenait u’il n’y avait point d’autre Dieu au monde que de conserver la pureté de son corps : on disait qu’il avait encore sa virginité.
II avait autant de chemises qu’il y a de jours en l’année, et il les envoyait laver en Flandres à une fontaine fameuse pour la clarté de ses eaux et pour la vertu de blanchir admirablement le linge. Il avait de l’aversion pour toutes les impuretés, soit des actlons, soit des paroles ; et quoi qu’il soutint ses blasphèmes avec une opiniâtreté qu’il garda jusqu’à la mort, il les prononça toujours d’un air extrêmement radouci et d’une bouche composée ? ébiter des fleurettes. ? Pierre Bayle, Pensées sur la comète, 1682 Quelques éléments de biographie sur l’auteur : Fils de pasteur, Pierre Bayle suit des études de phllosophie chez les jésuites de Toulouse où il se convertit au catholicisme, avant de revenir à la religion réformée pour finalement devenir sceptique. Il enseigne la philosophie à l’Académie protestante de Sedan. Poussé à l’exil par la politique religieuse de Louis XIV (révocation de l’Edit de Nantes), il s’installe en Hollande en 1681 où il demeure jusqu’? 12 où il demeure jusqu’à la fin de ses jours.
Pierre Bayle enseigne la philosophie et publie de nombreux ouvrages ainsi qu’une revue littéraire « Nouvelles de la République des Lettres ». Il défend plus que tout la tolérance et considère que personne ne peut prétendre détenir toute la vérité et l’imposer aux autres par la force. Il professe la liberté de pratiquer la religion de son choix, ce qui provoque de vives colères à son égard, même parmi les protestants. Pour lui, la problématique de la morale est indépendante de la religion, les athées pouvant avoir autant de sens moral que les chrétiens.
Pierre Bayle est un sceptique pour qui le consentement universel n’est pas une preuve de l’existence de Dieu. Son oeuvre majeure, Le dictionnaire historique et critique qui a sen,’i de modèle à l’Encyclopédie, a beaucoup de succès et lui apporte la renommée. La France lui propose de revenir ? Paris avec une rente moyennant une conversion de pure forme au catholicisme, ce qu’il refuse. Pierre Bayle avait une grande érudltlon; apôtre de la tolérance et de la libre pensée, il est un précurseur du rationalisme et annonce le siècle des Lumières.
Voltaire, théoricien de la tolérance ? Prière à Dieu Ce n’est donc plus aux hommes que je m’adresse ; c’est à toi, Dieu de tous les êtres, de tous les mondes et de tous les temps : s’il est permis à de faibles créatures perdues dans l’immensité, et imperceptibles les temps : s’il est permis à de faibles créatures perdues dans l’immensité, et imperceptibles au reste de l’univers, d’oser te demander quelque chose, à toi qui a tout donné, à toi dont les décrets sont immuables comme éternels, dagne regarder en pitié les erreurs attachées à notre nature ; que ces erreurs ne fassent point nos calamités.
Tu ne nous as point donné un cœur pour nous haïr, et des mains pour nous égorger ; fais que nous nous aidions mutuellement à supporter le fardeau d’une vie pénible et passagère ; que les petites différences entre les vêtements qui couvrent nos débiles corps, entre tous nos langages insuffisants, entre tous nos usages ridicules, entre toutes nos lois imparfaites, entre toutes nos opinions insensées, entre toutes nos conditions si dlsproportlonnées à nos yeux, et si égales devant toi ; que toutes ces petites nuances qui distinguent les atomes appelés hommes ne soient pas des signaux de haine et e persécution ; que ceux qui allument des cierges en plein midi pour te célébrer supporte ceux qui se contentent de la lumière de ton soleil ; que ceux qui couvrent leur robe d’une toile blanche pour dire qu’il faut t’aimer ne détestent pas ceux qui disent la même chose sous un manteau de laine noire ; qu’il soit égal de t’adorer dans un jargon formé d’une ancienne langue, ou dans un jargon plus nouveau ; que ceux dont l’habit est teint en rouge ou en violet, qui dominent sur une petite parcelle d’un petit tas de boue de ce monde, et qui possèdent 2 violet, qui dominent sur une petite parcelle d’un petit tas de oue de ce monde, et qui possèdent quelques fragments arrondis d’un certain métal, jouissent sans orgueil de ce qu’ils appellent grandeur et richesse, et que les autres les voient sans envie : car tu sais qu’il n’y a dans ces vanités ni envier, ni de quoi s’enorgueillir. Puissent tous les hommes se souvenir qu’ils sont frères ! Qu’ils aient en horreur la tyrannie exercée sur les âmes, comme ils ont en exécration le brigandage qui ravit par la force le fruit du travail et de l’industrie paisible ! Si les fléaux de la guerre sont inévitables, ne nous halSsons pas, ne nous déchirons pas les uns es autres dans le sein de la paix, et employons l’instant de notre existence à bénir également en mille langages dlvers, depuls Sam jusqu’à la Californie, ta bonté qui nous a donné cet instant. ? Voltaire, Traité sur la tolérance, Chapitre XXIII A propos du Traité sur la tolérance L’œuvre voltairienne, publiée en 1763, fait suite au procès, à la condamnation à mort et à l’exécution de Jean Calas, père de famille huguenot, le 10 mars 1762. Riche marchand d’étoffe habitant au 1 6, rue des Filatiers (aujourd’hui no 50), à Toulouse, Jean Calas appartient à une amille protestante à l’exception de sa servante, catholique, et d’un de ses fils, converti au catholicisme. À la suite du suicide de son fils aîné, le 13 octobre 1761, la famille Calas se retrouve faussement accusée d’homicide volontaire. La famille est mise PAGF s OF octobre 1761 , la famille Calas se retrouve faussement accusée d’homicide volontaire.
La famille est mise aux fers et le père, ? la demande populaire, et sur ordre de 13 juges, est condamné à mort malgré l’absence de preuve. Le contexte historique est alors encore fortement marqué par les guerres de religions françaises des siècles précédents. ? la suite de l’exécution de Jean Calas, qui a plaidé son innocence jusqu’à sa mort, le procès est rejugé à Paris et, le g mars 1 765, la famille Calas est réhabilitée. Par-delà la réhabilitation posthume de Jean Calas, le texte de Voltaire est une invitation à la tolérance entre les religions. Il constitue un réquisitoire très violent contre toutes les formes de superstitions adossées aux religions. Sur l’affaire Calas : http://fr. wikipedia. rg/wiki/Affaire_Calas Rousseau, théoricien de la religion civile « La religion, considérée par rapport à la société, qui est ou énérale ou particulière, peut aussi se diviser en deux espèces • savoir, la religion de l’homme, et celle du citoyen. La première, sans temples, sans autels, sans rites, bornée au culte purement intérieur du Dieu suprême et aux devoirs éternels de la morale, est la pure et simple religion de l’Évangile, le vrai théisme, et ce qu’on peut appeler le droit divin naturel. L’autre, inscrite dans un seul pays, lui donne ses dieux, ses patrons propres et tutélaires. Elle a ses dogmes, ses rites, son culte extérieur prescrit par des lois : hors la seule nation qui 6 2