Dissertation

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Dissertation: temps et désir Entre corps et esprit, l’homme est condamné à une expérience ambivalente de la vie. Sa chair l’enferme dans sa durée matérielle instinctivement réglée par l’action et le travail tandis que sa sensibilité d’être complexe l’incite à se révolter contre la contingence et à convoiter un bonheur absolu même au prlX du rêve et du fol espoir.

Dans Aliénation et liberté, Grimaldi affirme: L’avenir que nous désirons est toujours jeune, et le présent est toujours vieux: le temps est le vieillissement de l’avenir. Le temps est ici une réalité subjective. Rien ne permet en effet de différencier une étape du temps objectif d’une autre, ce dernier n’ayant pas d’existence en dehors des différentes lois de la Sni* to View causalité physique i serait le comble de la n r or 1 1 vieillit!

Le vieillisseme tombe en décrépitud satisfaction se fait pl s; par ailleurs ce re que le temps au désir humain qui le moment de la jeunesse éternelle de l’avenir fait alors allusion la nature de l’ tre humain volage et insatiable, bien qu’elle renvoie plus directement chez Grimaldi à la nature de l’avenir lui-même tout promesses de résurrection, e renouveau, de recommencement et de rédemption. Opposé donc au présent, ce dernier a maigre figure vu qu’il est l’empire incontestable du réel et le moment du bilan amère et de la déception.

Le présent human page est effectivement le point de rencontre de la temporalité enrichie par l’imagination et affranchie des limites inhérentes à la matière, et du temps de la réalisation par la mise en oeuvre de la volonté dans les Imites des moyens et du possible. Dès lors on peut déceler les marques de l’ironie incisive de l’auteur qui suggère à travers le renversement de la logique de succession des états hysiques par le truchement du désir l’ampleur de la bêtise humaine esclave d’un bonheur chimérique, toujours hors de portée.

En effet, on n’est jeune – ou du moins plus jeune- qu’au présent alors qu’on est certainement plus vieux dans le futur. Dans les oeuvres au programme, à savoir Sylvie de Gérard de Nerval, Essai sur les données immédiates de la conscience de Bergson et Mrs Dalloway de Woolf , l’instant se présente comme le cadre d’une césure éprouvante de la volonté disputée par les moments opposés de la vie. Nous allons voir justement comment ‘attente conditionne une misère existentielle paradoxalement fondée sur le libre arbitre.

Nous allons d’abord examiner la vie comme expérience de désenchantement perpétuel, pour dégager dans l’ajournement systématique du bonheur les raisons d’un mal existentiel profond lié à la préférence du devenir à l’être; afin de conclure finalement que la véritable liberté se gagne au présent par le désir de l’actuel et l’attente raisonnable de l’éventuel. Entre les trois présents augustiniens de la conscience, l’avenir est sans doute celui qui présente le plus d’attrait. Il est le domaine du ystérieux, de l’inconnu, du has PAG » 1 sans doute celui qui présente le plus d’attrait.

Il est le domaine du mystérieux, de l’inconnu, du hasard et de l’imprévisible. Le présent est, quant à lui, le point de rencontre entre le souvenir de l’avenir attendu et la découverte du réel présent où toutes les contraintes reprennent leur droit . Le désenchantement est alors la conséquence directe d’un décalage inévitable entre le fantasme et la perception. Qu’est-ce que la vie si ce n’est en effet cet élan permanent vers l’inconnu qui porte en lui l’espoir d’un changement espéré ou – ieux encore- inattendu ?

Dans Mrs Dalloway, toute la journée de Clarissa tourne autour de la réception à venir, et chaque son de « horloge officielle est investi de toute la solennité des préparatifs. par ailleurs, le futur est le temps de l’aventure et du hasard qui contente l’envie du risque et du laisser aller. Il est le moment par excellence du possible absolu qui peut tout apporter, y compris la mort ou le plaisir extrême ; d’où le couple inséparable de l’Eros et du Thanatos et l’attrait mathématiquement inexplicable de certains jeux extrêmes comme la roulette russe.

La dominance e la métaphore aquatique dans le roman de Virginia Woolf est d’ailleurs éloquente car elle renvoie à une subjectivité temporelle aux frontières toujours fluctuantes et instables. La mer est l’espace ouvert à horizon infini dont le calme n’est perturbé occasionnellement que par les mouvements des vagues qui viennent comme de nulle part se fracasser sur les rochers du rivage avec les résonances métalliques de Big Ben. L’attrait PAGF30F11 se fracasser sur les rochers du rivage avec les résonances métalliques de Big Ben.

L’attrait de la liberté imaginative se manifeste également et avec la même force -sinon davantage- hez le narrateur nervalien quand il revêt la jeune actrice vénale d’un halo de sacralité et de mystère qui tient certes au souvenir d’Adrienne mais également à l’inattendu qu’entretient l’ignorance de la femme; d’où l’attrait romantique de cette relation frivole au devenir imprévisible et incertain Depuis un an, je n’avais pas encore songé à m’informer de ce qu’elle pouvait être d’ailleurs; je craignais de troubler le miroir magique qui me renvoyait son image (p. 0) . L’avenir est ainsi associé étroitement aux frissons d’une imagination fertile désormais affranchie d’un présent mposé, trop matériel et prosaïque pour être accepté. Mais Les cercles de plomb [qui] se dissolv[ent] dans l’air marquent le contact inévitable entre la temporalité individuelle et le temps de l’événement et de l’action. L’avenir est donc le cadre par excellence de l’étrangeté totale qui s’oppose poétiquement à l’ici maintenant familiers et frustrants.

Si on pourchasse l’avenir , c’est généralement dans l’intention d’y rencontrer ce qui permettrait d’apaiser l’insatisfaction, le malheur, les fatigues et les angoisses du présent. Ce dernier est en effet le fief incontestable du petit train-traln de la vie. Il nous rappelle à nous-mêmes comme être limités à nos propres ressources et dépendants de ce qui arrive à l’extérieur de nous. Il nous contraint à reconnaître que le monde et nous-mêmes PAGFd0F11 ce qui arrive à l’extérieur de nous.

Il nous contraint a reconnaître que le monde et nous-mêmes sommes souvent en-deçà de ce qu’on pensait. Dans Mrs Daloway, Maisie Johnson incarne cette déception lorsqu’elle débarque à Londres car elle prend vite conscience de l’écart entre la ville menaeilleuse qu’elle s’était dessinee dans ses rêves et la cité morose qu’elle découvre pour a première fois. Cest pour cela justement que la mémoire est, pour Bergson, un auxiliaire précieux de la conscience qui se projette toujours dans l’avenir mais qui garde un oeil ouvert sur le présent comme moment de l’événement et de la réalisation.

Chaque échec est un point de non-retour où l’avenir perd de ses charmes, et l’imagination un peu de sa spontanéité et de son entran juvéniles : Toute conscience est mémolre-affirme-t-il-,un trait d’union entre ce qui a été et ce qui sera, un pont jeté entre le passé et l’avenir (L’Energie spirituelle). Marcel Conche partage la ême opinion quand il écrit: c’est seulement par le souvenir que nous vieillissons, le souvenir qui compare et marque des dates.

La vie est de ce fait une expérience de désillusion qui se conjugue toujours au présent de la rencontre entre l’espéré et le factuel. Par conséquent, le présent est désagréable à maints égards. Il est la réduction des possibles infinis de l’avenir aux données finies de la réalité objective. Si on choisit son avenir, le présent s’impose à nous comme conséquence directe ou indirecte du passé. En outre, il est le cadre éternel de l’attente pénible qui s’ajoute aux rustrations s 1 indirecte du passé.

En outre, il est le cadre éternel de l’attente pénible qui s’ajoute aux frustrations du constat actuel; ce qui réduit sensiblement les rares bonheurs de la vie gâchés par l’anticipation, l’insatisfaction ou l’inquiétude. Sajoute à cela la nature capricieuse de l’être humain qui est incapable de se fixer un avenir au singulier. Ses caprices et ses erreurs lui font constamment changer d’avis et, par là-même, regretter son passe. Bien que le présent soit la seule réalité de l’être pour les mortels que nous sommes, on s’en laisse facilement divertir par l’attente e l’incertain, de l’éphémère et du décevant.

La conscience humaine repose en effet sur une dynamique temporelle motivée par la quête du plaisir. Nostalgie, regret , enthousiasme ou impatience se ramènent à la même volonté de se transporter dans un autre moment plus joyeux mais hors de portée. C’est pour cette raison que Septimus qui scrute la condition humaine – sans l’effet enchanteur du désir dont il est privé par sa maladie- y décèle une misère fondamentale liée à l’attente d’un devenir hypothétique et dérisoire: On ne peut pas mettre des enfants au monde dans un monde comme celui-ci.

On ne peut pas perpétuer la souffrance, contribuer à la reproduction de ces anmaux libidineux qui n’ont pas d’émotlons durables, rien que des caprices et des vanités qui les font dériver tantôt par- ci, tantôt par là(M s Dalloway, p. 179). N’ayant rien à attendre, il choisit alors de se suicider car le présent s’éternise comme attente pure dont le seul horizon possible est I 6 1 car le présent s’éternise comme attente pure dont le seul horizon possible est la mort. Le destin du personnage est ainsi scellé dès qu’il perd sa force de désir entendue comme capacité à entrevoir a possibilité du plaisir dans le futur.

Partant, l’humanité se constitue en race condamnée qui subsiste d’illusions et de chimères étant toujours à la poursuite du mirage du bonheur au lieu du bonheur lui-même, de l’instant du non être au lieu du seul moment de l’être: Étant donné que nous sommes une race condamnée, que nous sommes enchaînés ? un navire qui fait naufrage et que tout ceci est une mauvaise plaisanterie; faisons au moins ce que nous pouvons; allégeons les maux de nos coprisonniers[… ] décorons notre cachot avec des fleurs et des coussins pneumatiques (Mrs Dalloway, ppl 62-163).

Au bout de sa quête, le narrateur de Sylvie reconnaît amèrement la vanité de ses entreprises qui lui faisaient miroiter l’occasion de changer sa chance en amour à travers l’image factice d’un passé retrouvé. Mais Aurélie n’est pas Adrienne, ni Sylvie non plus: Pourtant, Telles sont les chimères qui charment et égarent au matin de la vie. (p. 63). Dès lors, l’avenir est séduisant car il se fabrique et s’invente librement rendant de ce fait plus supportable la vacuité existentielle propre à chacun : Bon je me suis bien amusé -se dit Peter Walsh; et c’est fini [… ll l’avait nventée, cette aventure avec la jeune femme; il l’avait fabriquée comme on se fabrique les trois quarts de sa vie, se dit-il, et comme on se fabrique soi-même,’ il avait fabriqué cette j PAGF70F11 les trois quarts de sa vie, se dit-il, et comme on se fabrique soi-même; il avait fabriqué cette jeune femme; il avait créé ce moment charmant, avec quelque chose en plus. Mais chose bizarre et vraie: on ne pouvait rien partager de tout cela- et cela se réduisait en poudre (p. 131).

Ainsi, là où le bonheur est attendu, chacun s’expose facilement à rencontrer son pire cauchemar, la rustration ou le malheur. L ‘Homme est en effet un être précaire, en état d’ébauche chronique étant donné qu’il est constamment en devenir. Il évolue en fonction des aspirations qu’il convoite, des actions qu’il accomplit et des circonstances qu’il subit. Il est donc tout ? fait naturel qu’il s’accommode davantage du futur indéterminé que du présent qui le fige à son corps défendant.

Mals cela est- il suffisant pour qu’il sacrifie son être à son devenir? Ce dilemme tragique est selon Pascal la conséquence de la Chute qui marque l’humanité du sceau indélébile du Péché originel: Quand bien ême il le souhaiterait, l’homme choisirait toujours -comme la Première fois- ce qu’il n’a pas au lieu de ce qu’il possède déjà, ce qu’il deviendra/ait au lieu de ce qu’il est: nous ne vivons jamais mais nous espérons de vivre, déclare-t-il dans Pensées.

Clarissa pressent justement la précarité de cet instant fragile, l’instant de ce matin de juin sur lequel s’exerc[e] la pression de tous les autres matins p. 107, dès qu’elle se laisse envahir par l’idée de la mort. pour elle, il [est] très, très dangereux de vivre, ne fût-ce qu’un seul jourp. 68. En vivant ailleurs qu’au présent, on ris B1