Manon lescaut
J’avais marqué le temps de mon départ d’Amiens. Hélas ! que ne le marquais-je un jour plus tôt ! J’aurais porté chez mon père toute mon innocence. La veille même de celui que je devais quitter cette VIIIe, étant à me promener avec mon ami, qui s’appelait Tiberge, nous vîmes arriver le coche d’Arras, et nous le suivîmes jusqu’à rhôtellerie où ces voitures descendent. Nous n’avions pas d’autre motif que la curiosité. Il en sortit quelques femmes, qui se retirèrent aussitôt.
Mais il en resta une, fort jeune, qui s’arrêta seule dans la cour, pendant qu’un homme d’un âge avancé, qui paraissait lui servir de conducteur, s’empressait pour faire tirer son équipage des paniers. Sni* to View Sen p to n ext page Elle me parut si cha différence des sexes moi dis-je, dont tout me trouvai enflamm défaut d’être excess- or2 is jamais pensé à la un peu d’attention, et la retenue, je transport. J’avais le déconcerter déconcerter ; mais loin d’être arrêté alors par cette faiblesse, je ‘avançai vers la maitresse de mon coeur.
Quoiqu’elle fût encore moins âgée que moi,elle reçut mes politesses sans paraître embarrassée. Je lui demandai ce qui l’amenait à Amiens et si elle y avait quelques personnes de connaissance. Elle me répondit ingénument qu’elle y était envoyée par ses parents pour être religieuse. L’amour me rendait déjà si éclairé, depuis un moment qu’il était dans mon coeur, que je regardai ce dessein comme un coup mortel pour mes désirs.
Je lui parlai d’une manière qui lui fit comprendre mes sentiments, car elle était bien plus expérimentée que moi. C’était malgré elle qu’on l’envoyait au couvent, pour arrêter sans doute son penchant au plaisir, qui s’était déjà déclaré et qui a causé, dans la suite, tous ses malheurs et les miens. Je combattis la cruelle intention de ses parents par toutes les raisons que mon amour naissant et mon éloquence scolastique purent me suggérer. Elle n’affecta ni rigueur ni dédain.