Livre HPP Libe Ralisme Et De Mocratie
Libéralisme et démocratie Noberto Bobbio 1. La liberté des anciens et des modernes L’existence actuelle de démocratie libérale mène à croire que le libéralisme et la démocratie sont deux termes interdépendants. Or, le libéralisme amène une conception de l’Etat selon laquelle celui-ci dispose de pouvoirs et de fonctions limités tandis que la démocratie amène une idée selon laquelle le pouvoir appartient à tous ou à la majorité. Selon Benjamin Constant, le partage du pouvoir social entre t représentait la libert• es or 11 liberté des moderne to nextÇEge paisible de l’indépen 2.
Les droits de l’homme ême patrie dans la jouissance Le présupposé philosophique de l’Etat libéral est la doctrine des Droits de I’Homme. Doctrine selon laquelle tous les hommes, sans discrimination, disposent de droits fondamentaux que l’Etat doit respecter et protéger contre toute possibilité d’empiètement de la part des autres. Le jusnaturalisme est la doctrine présuppose l’existence de lois précédant la formation de tout groupe social et desquelles dérivent des droits et devoirs naturels.
Cette description permet de fournir une raison valable pour justifier les limites du pouvoir de l’Etat et le usnaturalisme est posé comme présupposé philosophique du libéralisme. Alors que le cours de l’Histoire montre le passage d’un état droits naturels et théorie du contrat social (contractualisme) sont étroitement liés. Ils ont une commune conception individualiste de la société selon laquelle il y a d’abord l’individu singulier avec ses intérêts et ses besoins et ensuite la société. L’organicisme dit l’exacte contraire. Sans ce contractualisme, la doctrine de l’Etat libéral n’aurait pas été possible.
Sans individualisme, il n’y a pas de libéralisme. 3. Les limites du pouvoir de l’Etat. La notion d’Etat limité comprend deux aspects : a) les limites des pouvoirs et b) les limites des fonctions de l’Etat. Le libéralisme comprend les deux ; c’est une doctrine de l’Etat limité tant au regard de ses pouvoirs que de ses fonctions. Le premier aspect est représenté par la notion d’Etat de droit et le deuxième par la notion d’Etat minimal. Par Etat de droit, on entend un Etat où les pouvoirs publics sont régulés par des normes générales.
Ainsi, on constitutionnalise les droits naturels. Une série de mécanismes permet l’interdiction d’un gouvernement arbitraire ou illégitime ) le contrôle du pouvoir exécutif par le pouvoir législatif, b) le contrôle éventuel du Parlement par une cour juridictionnelle, c) une autonomie relative du gouvernement local par rapport au gouvernement central et d) une magistrature indépendante du pouvoir politique. 4. Liberté contre pouvoir. Les mécanismes constitutionnels constituent la liberté négative, permettant de défendre l’individu contre les abus de pouvoir.
Selon la pensée libérale, la liberté individuelle est garantie non seulement par les mécanismes constitutionnels mais aussi par le fait que l’on ne reconnait PAG » 1 e reconnait à l’Etat que des tâches limitées au maintien de l’ordre public interne et international. Le concept de liberté étant défini comme étant par rapport ? l’Etat dans la doctrine libérale, il est facile de faire coïncider le processus de formation de l’Etat libéral avec l’élargissement de la sphère de liberté individuelle et avec l’émancipation de la société.
On remarque deux changements dus à cette émancipation ; la fin des Etats confessionnels et la fin des privilèges et des liens féodaux. La conception libérale s’oppose aux différentes formes de paternalisme, arguant que cela onstitue le plus grand despotisme concevable. Le souverain ne peut avoir que trois tâches : a) la défense de la société contre les ennemis extérieurs, b) la protection de tout individu contre les offenses d’autres individus et c) la mise en oeuvre des travaux publics.
Un Etat libéral le plus parfait, selon Wilhelm von Humboldt, ne se poserait qu’en « moyen » pour former l’homme et lui permettre le développement maximal de ses facultés. 5. L’antagonisme est fécond La doctrine libérale présente deux notions intéressantes : l’éloge de la varieté et la fécondité de l’antagonisme. Le premier est très important selon Humboldt ; une trop grande intervention du gouvernement finit par créer des comportements uniformes qui étouffent la variété naturelle des caractères, alors que l’Etat libéral permet une variété individuelle.
Un autre thème est important ; l’antagonisme. Alors que l’organicisme privilégie l’harmonie et condamne le conflit, le I 11 iléeie tout le contraire. groupes en concurrence est une condition nécessaire au progrès technique et moral de l’humanité et au perfectionnement mutuel. La liberté individuelle et la variété sont donc des éléments rimordiaux à l’antagonisme. Dans les règnes despotiques orientaux, un seul est libre et les Etats sont stationnaires et immobiles, ne connaissant aucun progrès. . Démocratie des anciens et des modernes La démocratie est définie comme le gouvernement du plus grand nombre, de la majorité ou du peuple. Le sens descriptif du terme n’a pas changé selon les époques, ce qui a changé c’est le mode plus ou moins étendu d’exercer ce droit. Tant la démocratie directe que la démocratie indirecte découlent du même principe de la souveraineté populaire même si elles se distinguent par es modalités et les formes dans lesquelles cette souveraineté s’exerce.
Ce qui est essentiel dans la démocratie représentative réside dans le fait que le député doit accepter de représenter toute la nation et non seulement ses électeurs. 7. Démocratie et égalité Le terme « démocratie » a deux sens prédominants : soit l’ensemble des règles afin qu’il y ait une distribution du pouvoir touchant la majorité des citoyens (démocratie comme gouvernement du peuple), soit l’idéal auquel un régime démocratique devrait aspirer, càd l’égalité (démocratie comme gouvernement pour le peuple).
Le premier sens possède un lien historique avec la formation de l’Etat libéral tandis que le deuxième montre le difficile rapport entre égalité et liberté. En effet, ces deux notions sont antithétiques ; le libéralisme est individuel, PAGFd0F11 fin principale est l’expansion de la personne individuelle, tandis que l’égalitarisme est totalisant, harmonieux, moniste et sa fin principale est le développement de la communauté dans son ensemble. La seule forme d’égalité qui est compatible avec la liberté est l’égalité dans la liberté. Autrement dit, l’égalité devant la loi et l’égalité des droits.
L’égalité devant la loi peut être interprétée comme une égalité juridique, le juge doit être impartial devant tout un chacun. L’égalité des droits comprend l’égalité dans tous les droits fondamentaux énumérés dans une constitution, de sorte que chaque droit fondamental est attribué à tous les citoyens. 8. La rencontre entre libéralisme et démocratie Alors que libéralisme et démocratie étaient destinés à rester opposés, aujourd’hui des Etats libéraux non-démocratiques ne seraient plus concevables, ainsi que des Etats démocratiques nonlibéraux.
En effet, actuellement ) la procédure démocratique est nécessaire pour la sauvegarde des droits fondamentaux de la personne, qui sont la base de l’Etat libéral et b) la sauvegarde de ces droits est nécessaire pour le fonctionnement correct de la procédure démocratique. Idéaux libéraux et méthode démocratique sont donc maintenant dépendants. 9. Individualisme et organicisme Le libéralisme et la démocratie possède un départ commun ; l’individu. Cette conception individualiste de la société s’oppose totalement à l’organicisme.
Celui-ci considère l’Etat comme un corps agrandi composé de ?pendantes et n’attribue s’oppose au libéralisme par le fait qu’elle ne concède aucun espace à des sphères indépendantes, ne prend pas les intérêts individuels en compte,.. L’organicisme s’oppose aussi à la démocratie, par sa vision descendante du pouvoir vision ascendante de la démocratie). Il faut cependant noter la différence d’individualisme entre le libéralisme et la démocratie. Dans le premier cas, l’individu revendique la liberté maximale et est tourné vers soi-même.
Cela a pour conséquence la réduction à ses dimensions minimales du pouvoir public. Dans le second cas, l’individu fait partie d’un tout, est tourné vers les autres. Cela a pour conséquence une composition du pouvoir public par la somme de pouvoirs particuliers. IO. Libéraux et démocrates au XIXe siècle L’histoire de l’Etat libéral et de sa continuation dans l’Etat démocratique commence en Angleterre au 17e siècle, bien avant tous les autres Etats. Les idées de liberté personnelle, de religion, d’opinion,… voient le jour. Le Parlement devient supérieur au roi, l’Etat est représentatif.
En France par contre, la démocratisation sera beaucoup plus ifficile et bientôt de nombreux écrivains ont de forts sentiments libéraux anti-démocratiques. Le rapport entre libéralisme et démocratie peut être représenté selon les trois combinaisons suivantes : a) le libéralisme et la démocratie sont compatibles, le rapport est de possibilité. b) libéralisme et démocratie sont antithétiques puisque la démocratie poussée dans ses conséquences les plus extrêmes finit par détruire l’Etat libéral, le rapport est d’impossibilité. c) libéralisme et démocratie sont nécessair isque seule la démocratie PAGF60F11