De rerum natura, Livre I, v. 1-43

essay B

l’origine de l’univers, Vénus. Dans les vers la déesse de la beaut t entreprise. Cest don ouvre le De rerum na De rerum natura, Livre l, v. 1-43 Premium gy Ferasute 1 3, 2014 E pages On sait peu de choses sur Lucrèce, si ce n’est que c’est Cicéron qui nous a livré son seul et unique manuscrit : De rerum natura, dans lequel il s’adresse à un certain Memnius, que nous connaissons mal, et où se propose de lui expliquer comment être un homme heureux : celui-ci doit savoir tenir sa place dans l’univers et le De rerum natura présentera cette place.

En bon épicurien, Lucrèce ne croit pas les dieux responsables de la réation du monde mais au contraire que l’univers est matière et que tout se forme, selon la théorie qu’il reprend de Démocrite, autour de l’atome, matière première de notre monde car indivisible. Toutefois, malgré le fait que les dieux ne sont pas pour lui ? Swipe Lo nexL page Sni* to View n hommage rendu ? e pas la Muse mais outenir dans son u printemps qui la nature. Toutefois, il ne faut pas l’oublier, Lucrece crit pour Memnius et il veut lui enseigner la place de Ihomme dans le monde.

Ainsi, même les premiers vers de son oeuvre n’échappent pas à son but didactique. Ce prologue se caractérise tout d’abord par l’image de Vénus, mage centrale, qu’il rend à la fois extraordinaire et universelle. universelle. Toutefois, Lucrèce n’oublie pas le but de son oeuvre : il veut expliquer à Memnius la place de l’homme dans l’univers, et son prologue comporte déjà des caractéristiques didactiques. Lucrèce nous offre tout d’abord un fantastique éloge à Vénus. « Aeneadum genetrix » (v. ), les deux premiers mots du poème, mettent en avant le rôle de Vénus et la descendance des Romains. La méditérrannée entière connait leur soucis de se démarquer des Grecs tout en continuant à étudier leur langue, eur littérature, leur philosophie, pour ne citer que ces disciplines. Lucrèce écrit un poème en héxamètres dactyliques, il utilise des formes archaïsantes et les premiers mots de son oeuvre ne sont pas « Muse mais bien « Vénus b. On reconnaît facilement la trace de l’épopée et l’influence qu’elle a alors sur cette ouverture.

Toutefois, Lucrèce ne demande pas à la Muse de chanter la colère mais lui-même chante le renouveau du printemps que provoque la déesse. En effet, elle chasse les mauvaises énergies de l’hiver. Le rythme du vers 6 souligne bien ce fait : « te fugiunt venti, te ubila caeli » le vent tombe, les nuages se dissipent. Les éléments se courbent à son passage, elle apparaît plus puissante que Jupiter lui-même, puisque c’est lui qui, selon la tradition, assemble les nuées. Dès lors se déploît une nature tout au service de Vénus, centrée uniquement sur la déesse et mue uniquement par elle.

Cu de Vénus, centrée uniquement sur la déesse et mue uniquement par elle. L’univers entier est concerné, comme le montre le complément de lieu à l’accusatif de « caeli » v. 2, ou encore « mare » (v. 3) employé en parallélisme avec « terras » au même vers. Cette idée se résume très bien dans « genus omne animantum » (v. 4). Toutefois, si la déesse dont parle Lucrèce fait plier tous les éléments, c’est parce qu’elle ne correspond pas tout à fait à la Vénus traditionnelle, déesse de l’amour et de la beauté.

On comprend facilement que ce soit l’amour qui fasse revivre la nature au printemps, d’où le choix du poète. Le texte, cependant, donne une toute autre nature à la déesse. Le renouveau du printemps n’est pas provoqué à la vue de la déesse, ni par une quelconque action de sa part. Au contraire, ce sont les oiseaux (« aeriae volucres » v. 2) puis les troupeaux ferae, pecudes » v. 14) qui annoncent son arrivée, mais elle n’apparaît pas en personne. Elle pénètre partout (« per maria acmontes que fluvios rapacis » v. 17) avec sa « flamme » (« incutiens omnibus pr pectora » v. 9). La déesse représente alors les forces de la nature, elle est déshumanisée, car Lucrèce n’en donne aucune description et ne parle de ses bienfaits que par les effets qu’elle produit sur la terre. En effet, Lucrèce se place dans le courant philosophique de l’épicurisme, selon lequel le monde est totalement matériel et donc qu’il nia pas été créé p otalement matériel et donc qu’il n’a pas été créé par un dieu. Vanter Vénus comme étant l’instigatrice du printemps serait donc totalement contraire à ces principes.

Lucrèce n’est pas contradictoire avec lui-même ; Vénus n’est qu’un prête-nom à la force vitale qui réside en toute chose. Ainsi, Lucrèce nous offre à voir une image tout à fait extraordinaire de Vénus : elle gouverne tous les éléments et finalement représente les forces de la nature. Toutefois, Lucrèce n’oublie pas le but premier de son livre : enseigner à Memnius comment être un homme heureux en exposant la conception de ‘unlvers. un homme heureux sait tenir la place qui lul est dévolue. Cette dimension didactique se retrouve aussi dans ce prologue.

La dimension didactique du texte se remarque tout d’abord par l’organisation de celui-ci. On retrouve de très nombreuses articulations logiques : « nam [ … J et » (v. 10-1 1), « inde » (v. 14), « ita » (v. 15), « denique » (v. 17) etc. On peut également citer le relatif de liaison « quae » (v. 21) qui introduit une longue période qui va jusqu’au vers 27. On note de nombreux balancements qui mettent en relief les composants de l’énumération : vers 6, par xemple « te fugiunt venti, te nubila caeli » ou, au vers 23 « neque laetum, neque amabile ».

Lucrèce compose certains adjectifs avec un suffixe de verbe actif comme par exemple « navi PAGF compose certains adjectifs avec un suffixe de verbe actif comme par exemple « navigerum » (v. 3), « frugiferentis » (v. 3) « rapacis » (v. 1 7) ou « frondiferas » (V. 1 8). Dans « frugiferentis » par exemple, le début du mot commence par le nom « frux, frugis » (production de la terre) et se termine par « ferens participe de « ferro, tuli, latum, ferre » (porter, supporter), ssociant plus étroitement l’action et l’état d’une même chose dans un adjectif unique.

Le lecteur comprend ainsi mieux la notion car même si cet emploi n’est pas forcément le plus courant, l’utilisation du verbe en suffixe rend son sens clair. L’utilisation de participes d’action, comme « virentis » (v. 18) permet également d’être clair tout en étant rapide, le participe pouvant facilement remplacer une périphrase (par lesquelles, en revanche, sont obligées de passer les traducteurs français). Ainsi donc, Lucrèce veut donner une dimension didactique à son prologue. Il sait organiser son propos et le structurer pour qu’il oit clair.

Mais au-delà de cette dimension, il efface aussi sa présence en tant que poète pour mieux mettre en avant son propos. Bien évidemment, comme tout prologue, il en appelle à la Muse (bien qu’ici ce soit Vénus, elle joue le même rôle) pour l’inspirer : « Te sociam studeo scribendis versibus esse » (v. 24) Toutefois, dans la longue période du vers 21 au vers 27, et dans tout cet extrait, le mot « ego » ne se retrouve qu’u période du vers 21 au vers 27, et dans tout cet extrait, le mot « ego » ne se retrouve qu’une seule et unique fois au vers 25. On ne compte plus, en revanche, le nom d’appels à la déesse : ? per te » (v. ), « te » (six occurrences : v. 6, 11, 16 et 22) ou encore « tibi » (v. 8), sans compter les vocatifs tels que « Alma venus » (v. 2), « dea » (v. 26). Celle-ci apparaît donc beaucoup plus présente que le poète, qui sait se retrancher derrière le besoin de secours pour la rédaction de son œuvre, ou encore derrière la gloire qu’il attribue Memnius. II veut obtenir toute l’attention de son lecteur avant de commencer son propos. Lucrèce sait introduire son propos ; l’image de Vénus est tout ? fait saisissante, captivant le lecteur comme elle captive les forces e la nature.

Le poète sait obtenir toute l’attention de son lecteur par cette image plaisante et peut entreprendre son explication. Une étude précise du texte révèle que cette didactique est déj? en oeuvre. L’organisation est stricte et le poète ne cherche pas ? se mettre en avant pour mieux retenir l’attention du lecteur par l’évocation de Vénus. L’intérêt du passage se situe dans cette articulation entre plaisir de la lecture et début de la réflexion ; Lucrèce ne sépare pas l’un de l’autre et c’est sûrement ce qui incitera son lecteur ? poursuivre sa lecture.