Savoir forger sa personnalité

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Savoir forger sa personnalité Nous ne pouvons pas tous être des personnalités de premier plan comme Picasso pour la peinture, ou Einstein pour la science. Ceux-là deviennent des génies par le simple éclat de leurs qualités naturelles et personnelles. Peu d’entre nous ont en eux-mêmes de telles possibilités… Cependant, une autre route s’ouvre devant nous, qui nous permet d’acquérir une personnalité propre. Nous pouvons nous identifier à elle et la défendre.

Plus on étudie la biographie d’hommes comme George Washington ou Charles de Gaulle, de femmes comme Marie Curie ou Mère Teresa, mieux on se rend compte que, réduits à leurs qualités propres, ils auraient fort bien pu rester perdus dans la foule. Ce S to n ext qui leur a surtout per autour d’eux une cau qu’eux. De même que le zé il est placé et qu’il dé p g st d’avoir découvert e et plus grande re après lequel e magnifie en s’appuyant sur la cause qu’il défend. Détachons Lincoln de ce pour quoi il a combattu, qu’en reste-t-il ?

Un être gauche, peu séduisant, d’origine obscure, qui paraissait sans avenir. Aucune qualité extérieure ne masquait ses déficiences de fond. Comme le ourant électrique porte un simple filament à l’incandes l’incandescence, la cause qu’il défendit assura son rayonnement. Il est aisé de comprendre comment ce principe agit chez de telles personnalités ; cependant, la plupart d’entre nous doivent se rendre compte que le plus petit de nos frères peut se faire le champion des causes les plus nobles.

L’eau est indispensable. Sans elle, il n’y a sur terre que stérilité ; mais elle se présente sous les aspects les plus divers, allant de l’infiniment grand ? l’infiniment petit. Non seulement l’océan, les grands lacs et les leuves, mais encore tous les cours d’eau, tous les petits torrents, toutes les sources venant de la montagne, et les moindres gouttes de pluie symbolisent cet élément indispensable. De même le plus humble des hommes peut soutenir la plus grande des causes.

Se forger une personnalité ne relève pas de l’égoÉme, qui vouerait au contraire l’entreprise à l’échec. Ily a des gens pour qui la vie est un trafic, d’autres pour qui elle est un art. Les premiers ne vivent que pour ce qu’ils peuvent en tirer ; les seconds pour ce qu’ils peuvent lui ajouter. Les premiers se rapetissent et se ecroquevillent ; les seconds se développent et s’épanouissent. En créant, on éprouve la joie la plus profonde de sa vie.

Découvrir une voie dans laquelle personne ne s’est encore engagé, en entrevoir les possibilités, s’identifier avec quelque chose qui en vaille 2 engagé, en entrevoir les possibilités, s’identifier avec quelque chose qui en vaille la peine, s’y intégrer, s’en faire le défenseur : combien sont insignifiants les plaisirs superficiels auprès de semblables satisfactions ! On sent le besoin de souligner ces vérités en face des milliers e gens non dépourvus d’aisance et d’éducation, qui prient Dieu et les saints pour leur demander de remettre d’aplomb leur personnalité incomplète et démoralisée.

La majorité d’entre eux n’auraient jamais eu besoin de cette Intervention, s’ils avaient d’abord acquis de l’existence une connaissance, un tant soit peu raisonnable et objective, s’ils avaient découvert quoi que ce soit d’intéressant dans notre étonnante génération, s’ils s’étaient identifiés à quelque chose qui les dépassât et sy étaient consacres. À l’individualiste moderne, fatigué, blasé, nous voudrions opposer e caractère d’un homme du commun des mortels, qui vécut et atteignit presque l’âge de quatre-vingt-quinze ans et déclare que s’il était mort à soixante-dix ans, il n’aurait pas achevé la moitié de sa tâche.

Conserver en vieillissant un tel enthousiasme est chose admirable. Les causes en lesquelles il croyait et qui lui étaient chères étaient le complément de sa personnalité. Tant que nos petits individualistes daujourd’hui, déçus, saturés et blasés n’auront pas révélé de tels caractères, ils n 3 d’aujourd’hui, déçus, saturés et blasés n’auront pas révélé de tels aractères, ils ne devront pas s’attendre à nous voir les considérer comme de grands sages ayant, enfin, découvert le secret de la vie. Accumulons des sensations.

Tirons-en toute l’émotion que nous pourrons. Faisons goûter à nos sens toutes les sensations possibles. Quand nous y serons parvenus, nous nous apercevrons que nous avons obtenu ce que nous cherchions : le plaisir, l’excitation, mais non le bonheur. Le bonheur réside dans la joie profonde qui émane de l’existence, dans ce goût de vivre qui se perpétuera d’année en année ; dans une personnalité qui s’épanouit au contact de la noble cause qu’elle incarne. Hommes ou femmes, nous sommes tous comparables aux porte- drapeaux.

Certaines de ces personnalités sont hautes, les autres courtes ; pourtant leur gloire n’est pas dans leur taille, mais dans les emblèmes qu’elles déploient. Une minuscule hauteur qui porterait la bannière du droit serait plus précieuse qu’un porte- drapeau immense où flotterait le pavillon du mal. Quand nous quitterons ce monde, notre seule consolation sera de pouvoir nous dire : « J’ai honte de n’avoir pas tenu mon étendard plus fermement et plus haut, mais je suis fier des couleurs que j’ai portées. » L’orient le jour 4