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Lumières (philosophie) Pour les articles homonymes, voir Lumière (homo- progrès du monde, combattant l’irrationnel, l’arbitraire, l’obscurantisme et la superstition des siècles passés, ont nymie). Le mouvement des Lumières est un mouvement culturel, procédé au renouvellement du savoir, de l’éthique et de l’esthétique de leur temps. L’influence de leurs écrits a été déterminante dans les grands événements de la fin du XVIIIe siècle que sont la Déclaration d’indépendance des États-Unis et la Révolution française[l] . Le mouvement de renouveau intellectuel et culturel des

Lumières reste, au s découle presque excl Ive de maturation des id s ti. _.. Sni* to pensée des umières la traduction de ce te t tout, et il spécifique sance. La , quoique gues europeennes, ait toujours privilégié l’id e d’une « illumination » provenant de l’extérieur, alors que le terme français privilégie le fait que les Lumières viennent de soi-même. De manière très générale, sur le plan scientifique et philosophique, les Lumières voient le triomphe de la raison sur la foi et la croyance ; sur le plan politique et économique, le triomphe de la bourgeoisie sur la noblesse et le clergé.

Thématiques de la philosophie des Lumières 1 . 1 Révolution dans les sciences et programme de la philosophie Image de couverture de l’interprétation par Voltaire de l’œuvre d’Isaac Newton, Éléments de la philosophie de Newton, mis ? la portée de tout le monde (1738). Le manuscrit du philosophe par le miroir tenu par une muse, en réalité la traductrice de l’œuvre de Newton, Émilie Du Châtelet, maitresse et collaboratrice de Voltaire. 1 . 1. 1 Évolution de la réflexion scientifique Le mouvement des Lumières a été, en grande partie, un prolongement des découvertes de Nicolas Copernic au

XVIe siècle, peu diffusées de son vivant, puis surtout des théories de Galileo Galilei (1564-1642). Une quête d’axiomes, de certitudes éprouvées, se poursuivit dans le mouvement du cartésianisme tout au long du XVIIe philosophique et intellectuel qui émerge dans la seconde siècle[réf. nécessaire] . moitié du XVIIe siècle avec des philosophes comme Gottfried Wilhelm von Leibniz (1646-1716) développa Spinoza, Locke, Bayle et Newton, avant de se dévelop- les mathématiques et le calcul infinitésimal. Sa philosoper dans toute l’Europe, notamment en France, au XVIIIe phie des monades se émarquait également de celle de siècle.

Par extension, on a donné à cette période le nom René Descartes. Les philosophes britanniques, comme de siècle des Lumières. Thomas Hobbes et David Hume, adoptèrent une dépar leur engagement contre les oppressions religieuses marche empirique, mettant l’accent sur les sens et et politiques, les membres de ce mouvement, qui se l’expérience dans l’acquisition des connaissances, au dévoyaient comme une élite avancée œuvrant pour un triment de la raison pure. 2 1 THÉMATIQUES DE LA PHILOSOPHIE DES LUMIÈRES sophie relieieuse se conce iété, la toutepuissance et PAGF 0 autant.

L’image de Dieu comme « Grand Horloger » pénétra alors les esprits, tandis que les observateurs du monde prenaient conscience que ce dernier semblait bel et bien parfaitement ordonné et que, dans le même temps, on réalisait des machines de plus en plus sophistiquées et précises(4] . À cet égard, il est intéressant de souligner la critique de cette théologie naturelle portée par Buffon, le célébrissime naturaliste du XVIIIe siècle, dans son aeuvre monumentaleHistoire naturelle. Buffon rejette l’attitude qui consiste à attribuer à l’intervention divine, surnaturelle, ce que a science ne sait pas – pas encore – expliquer.

Cette critique lui valut d’affronter la Sorbonne qui, dominée par l’Égllse catholique, n’eut de cesse que de vouloir le censurer. En 1751, il est ainsi sommé de se rétracter sur « des propositions contraires à la croyance de l’Église pour avoir proposé un âge de 74 000 ans à la Terre, quand an admet alors le récit biblique comme Fragment du frontispice de l’Encyclopédie de Diderot et D’Alem- vérité scientifique et la datation de notre planète à environ bert : on y voit la Vérité rayonnante de lumière ; à droite, la Rai- 6 000 ans.

Hostile par ailleurs au système de classification son et la philosophie lui arrachent son voile (peint par Charles de son contemporain suédois non moins célèbre, Linné, il n’est pas loin de penser que l’ordre n’existe pas dans la Nicolas Cochin et gravé par Benoît-l_ouis Prévost en 1772. nature[51 . Baruch Spinoza prit parti pour Descartes, surtout dans son Éthique[2] .

Il se démarqua pourtant de son aîné dans son Traité de la réforme de l’entendement (Tractatus intellectus amendatione), où il montra que le processus de perception engage non seulement la raison, mais aussi les ens et l’intuition. La conception de Spinoza était cent 0 engage non seulement la raison, mais aussi les sens et l’intuition. La conception de Spinoza était centrée sur une vision de PUnivers où Dieu et la Nature ne font qu’un.

Cette idée deviendra centrale au siècle des Lumières[3] depuis Isaac Newton (1642-1727) jusqu’? Thomas Jefferson (1743-1826). Un changement notable fut l’émergence de la philosophie naturaliste à travers toute l’Europe, incarnée par Isaac Newton. Ses idées, sa réussite indéniable à confronter et assembler les preuves axiomatiques et les observations hysiques en un système cohérent, source de prédictions, donnèrent le ton de tout ce qui allait suivre son exemplaire phllosophiae Naturalis principa Mathematica (1687).

Pour montrer le progrès entre l’Âge de la Raison et le mouvement des Lumières, l’exemple de Newton reste en effet indépassable, en ce que le scientifique utilisa des faits observés empiriquement, comme la dynamique des planètes de Johannes Kepler ou l’optique, pour construire une théorie sous-jacente expliquant ces faits a priori : la théorie de la gravitation universelle. Ce mouvement correspond à l’unification d’un pur empirisme, omme celui de Francis Bacon et de l’approche axiomatique de Descartes (1596-1650). . 1. 2 Liberté individuelle et contrat social Cette constance à rechercher et énoncer des lois, à déterminer les comportements particuliers, fut également un élément important dans la constitution d’une philosophie où le concept d’individualité prévalait, en somme où l’individu avait des droits basés sur d’autres fondements que la seule tradition. On parle alors davènement du sujet pensant, en tant que l’individu peut décider par son raisonnement propre et non plus sous le seul joug des us et coutumes.

Ainsi, John Locke rédigea ses deux Traités du gouvernement civil dans les uels il avanc 0 Ainsi, John Locke rédigea ses deux Traités du gouvernement civil dans lesquels il avance que le droit de propriété n’est pas familial, mais totalement individuel et légitlmé par le travail consacré au terrain concerné, alnsl que de sa protection face à autrui. IJne fois l’idée émise qu’il y avait des lois naturelles et des droits naturels, il devenait possible de s’aventurer dans les domaines nouveaux qu’on appelle maintenant l’économie et la politique.

Dans son célèbre essai Was ist Aufklârung Emmanuel Kant donne des Lumières la définition suivante : « Les Lumières c’est la sortie de l’homme hors de l’état de tutelle dont il est lui-même responsable. L’état de tutelle est l’incapaclté de se servir de son entendement sans la conduite dun autre. On est soi-même responsable de cet état de tutelle quand la cause tient non pas à une insuffisance de l’entendement mais à une insuffisance de la résolution et La croyance en un monde intelligible ordonné par le dieu du courage de s’en servir sans la conduite d’un autre.

Sachrétien a représenté le plus fort élan du questionnement pere aude ! Aie le courage de te servir de ton propre enphilosophique sur la connalssance. D’un côté, la phllo- tendement ! Tel est la devise des Lumières. » . 2 Valeurs et représentations sociales des Lumières Les Lumières se basent donc sur la croyance en un monde rationnel, ordonné et compréhensible, exigeant de l’homme l’établissement d’une connaissance également rationnelle et organisée.

Cela commence par l’idée que les lois gouvernent, aussi bien les cieux ue les affaires humaines et que le pouvoir du Prince é et non PAGF s 0 par Jean-Jacques Rousseau comme relation réciproque entre les ommes, plutôt qu’entre les familles ou des groupes, devint de plus en plus remarquable, accompagnée du soucl de la liberté individuelle comme réalité imprescriptible – le seul droit tiré de Dieu.

Le mouvement des Lumières créa ou réinventa donc les idées de liberté, propriété et rationalité, telles qu’on les connait toujours aujourd’hui et telles qu’introduites dans cette philosophie politique : l’idée et le désir d’être un individu libre, liberté d’autant plus garantie que l’État assure la stabilité des lois. Pour comprendre quels changements inten’iennent réellement ntre « [‘Âge de Raison » et le « mouvement des Lumières », la comparaison entre Thomas Hobbes et John Locke est une bonne approche.

Hobbes, qui traverse les trois quarts du XVIIe siècle, a entrepris de classer de façon systématique les émotions humaines, ce qui l’amena ? construire un système rigide garantissant par coercition la Jean Jacques Rousseau. stabilité du chaos primaire – qui est la source de son travail (voir le Léviathan). À l’inverse, Locke voit en la Nature qu’on nous dit dans la dernière renverse toutes la source de l’unité et de tous les drolts, que l’État doit es idées des premières. » s’assurer de reprendre et de protéger, non pas d’étouffer.

Ainsi, la « révolution » culturelle entre les deux siècles Montesquieu[61 fait intervenir la relation de l’homme à la Nature. Cette recherche aboutit, en France, à la formulation des droits de l’homme, qui trouve son expression dans la déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789, qui influencera largement les déclarations de droits lors des siècles suivants, et entraînera dans son sillage des bouleversements politiques dans le monde entier. Tant en France qu’aux États-Unis, les li 6 0 illage des en France qu’aux États-Unis, les libertés d’opinion, de religion, de pensée, d’expression tiennent une place fondamentale. . 2. 1 1. 2. 2 Idéal du philosophe La figure idéale des Lumières est le philosophe, homme de lettres avec une fonction sociale qui exerce sa raison dans tous les domaines pour guider les consciences, prôner une échelle de valeurs et militer dans les problèmes dactualité. C’est un intellectuel engagé qui intervient dans la société, un « honnête homme qui agit en tout par raison » (Encyclopédie), « qui s’occupe à démasquer des erreurs » (Diderot). Valeurs et représentations sociales des Le rationalisme des Lumières n’exclut en aucun cas la Lumières sensibilité.

Raison et sentiment dialoguent au sein même Changement de représentation Les valeurs essentielles défendues par les hommes des Lumières dans toute l’Europe sont la tolérance, la liberté et l’égalité. Ces valeurs débauchent, en Angleterre, en Amérique et en France, sur la définition de nouveaux droits naturels et sur une séparation des pouvoirs politiques. À ces valeurs s’ajoutent le goût de la Nature et le culte la raison. « Aujourd’hui nous recevons trois éducations différentes ou ontraires : celles de nos pères, celles de nos maîtres, celle du monde.

Ce PAGF 7 0 dans l’Esprit des Lois, Denis Diderot dans le Supplément au voyage de Bougainville, Voltaire dans Candide et Guillaume-Thomas Raynal et son Histoire philosophique et politique des établissements et du commerce des Européens dans les deux Indes, véritable encyclopédie de l’anticolonialisme au XVIIIe siècle auxquels ont collaboré, parmi d’autres, Diderot et 4 1 THEMATIQUES DE LA PHILOSOPHIE DES LUMIERES gences entre théorie religieuse et pratique, qui s’est surtout manifesté en France.

L’anticléricalisme ne fut pas la seule source de tension en France : certains nobles contestaient le pouvoir monarchique et la haute bourgeoisie souhaitait bénéficier des fruits de ses efforts. La libéralisation des mœurs engendrait la contestation de l’absolutisme et de Fordre ancien. Le courant janséniste en France fut aussi, selon Dale K. Van Kley, une source de division[8] Le système judiciaire se révélait archaïque. Même si le droit du commerce avalt été codifié au XVIIe siècle, le droit civil n’était pas unifié ni codifié.

Tel est l’arrière-plan social et juridique dans lequel ‘exerce la critique et se développe la contestation, qu’un auteur comme Voltaire a pu incarner. Exilé en Angleterre entre 1726 et 1729, il y étudie les travaux de John Locke, Isaac Newton et la monarchie anglaise. Il se rend populaire par sa dénonciation des injustices (affaires Calas, Sirven, de La Barre, LallyTollendal). Le milieu du XVIIIe siècle correspond à rapogée de la philosophie des Lumières[9] . pour Voltaire, il est clair que si le Prince obtient du peuple qu’il croie en des choses déraisonnables, alors ce peuple fera des choses déraisonnables 10 .

Ce constat simple a introduit ce qui devait êtr ritique faite aux Lumières, et que devait formuler la pensée romantique : la construction raisonnable crée autant de problèmes qu’elle en résout[11] Selon les philosophes des Lumières[1 21 , le point crucial du progrès intellectuel consistait en la synthèse de la connaisL’Histoire des deux Indes de l’abbé Raynal, encyclopédie de sance, éclairée par la raison humaine, afin de créer une l’anticolonialisme au XVIIIe siècle autorité morale qui serait seule souveraine. Le point de vue contraire se développa, mettant en avant le fait que d’Holbach.

On a affirmé sans preuve et sans sources que de façon ntrinsèque, ce processus serait corrompu par le l’un d’eux, Voltaire, avait reçu des actions en traite des poids des conventions sociales, montrant ainsi la « nouvelle vérité » raisonnable comme une mauvaise imitation Noirs. de la Vérité immanente et insaisissable 1 . 2. 3 Idéal encyclopédlque : tout connaitre Cette époque cultive un goût particulièrement prononcé pour les écrits totalisant qui rassemblent l’ensemble des connaissances de leur temps, les bilans généraux du savoir.

Cet idéal va trouver sa réalisation dans l’Encyclopédie de Diderot et D’Alembert, publiée entre 750 et 1 770, dont le but était de sortir le peuple de l’ignorance par une diffusion très large du savoir. Le mouvement des Lumières trouva alors un certain équilibre, entre l’appel à la liberté « naturelle » et la liberté de cette liberté, c’est-à-dire la reconnaissance d’une autonomie de la Nature face à la raison.

Corres ondent à ce stade les réformes de plusieurs ar l’intermédiaire PAGF g 0 éclairé entre également dans la pensée scientifique avec, par exemple, le travail du biologiste Carl von Linné. En Allemagne, Emmanuel Kant se montra critique à la fois par rapport aux prétentions de la Raison (critique e la raison pure), mais aussi à celles de rempirisme 1. 3 Critique de l’organisation sociale anglais (critique de la raison pratique).

Par rapport à la Le mouvement des Lumières est, sur toute sa durée, le métaphysique très subjective de Descartes, le philosophe substrat de deux pressions sociologiques antagonistes : allemand souhaita développer une vision plus objective d’une part, une forte spiritualité accompagnée d’une foi de cette branche de la philosophie. traditionaliste en la religion et l’Église ; d’autre part, la Les grands penseurs de la fin du mouvement des umontée d’un ouvement anticlérical critiquant les diver- 1. Sensibilité des Lumières Projet de reconstruction de l’Opéra de Paris d’Étienne-Louis Boullée, 1781 plait. Pour l’abbé Laugier, au contraire, ce qui est beau est conforme à la raison[15] . Le modèle naturel de toute architecture est la cabane primitive soutenue par quatre troncs d’arbre, avec quatre parties horizontales et un toit qui deviennent respectivement colonnes, entablements, frontons. Le modèle du temple grec se répand alors Voltaire jusque dans le décor et le mobilier. Ce un chaneement de style a aradigme se traduit par