memoire
INTRODUCTION Ecrire ce mémoire m’a permis de mesurer à quel point une démarche engagée, une parole, un geste, ou une simple attitude, peuvent constituer un instrument de choix aux fins, soit de dévaloriser l’autre, soit de le valoriser davantage. Dans les deux cas, on verra que l’équilibre de l’estime de soi est toujours affecté. C’est à travers cette notion que ma réflexion s’est orientée, s’est progressivement con comprendre et me p d’un mineur accueilli Quelles en sont les 46 Svipe nextp g e questionner, n d’échec scolaire aractère Social.
Lorsque j’ai commencé à réfléchir sur le choix d’un thème de echerche, je voulais m’appuyer sur mon expérience d’auxiliaire de vie scolaire pour « l’intégration » des élèves présentant un handicap. J’ai accompagné plusieurs enfants, au quotidien, dans leur vie d’écolier, avec pour perspective de les placer dans les meilleures conditions d’apprentissages possibles, c’est-à-dire en fonction de leur potentiel et de leurs difficultés.
Pendant environ trois ans, je me suis aperçu que les situations les plus délicates à gérer pour moi, concernaient des enfants ayant une problématique d’ordre social, et souvent stigmatisante. J’ai constaté que ces enfants interrogeaient plus que d’autres es valeurs véhiculées et les exigences demandées par l’école. Leurs difficultés d’adaptation scolaire, traduites par des retards générait surtout une incompréhension et une forme de rejet quotidiens, et plus affirmés, de la part des enseignants et des autres élèves.
L’enfant concerné ne se sentait pas valorisé mais, au contraire, s’engluait dans une situation d’échec encore plus profonde qu’elle pouvait déjà l’être auparavant. J’étais finalement souvent pris, voire prisonnier, entre mon désir réel et la nécessité de proposer mon aide à un tel enfant, en roit de suivre sa scolarité, et les arguments, du reste légitimes, avancés par l’établissement scolaire.
Ce dernier faisait valoir son manque de réponses et de temps, pour être en mesure d’accueillir convenablement un élève qui, souvent, n’exprime pas son désir d’apprendre, se positionne dans la provocation et la violence parfois, à l’égard des autres, des enseignants et de moi- meme- Peu après cette expérience récente qui me laissait encore avec de nombreuses interrogations, et débutant mon parcours de formation à l’éducation spécialisée, j’ai choisi un lieu de stage tratégiquement pertinent pour être amené à côtoyer des enfants vivant des problématiques sociales lourdes et des situations scolaires similaires à celles que j’avais constatées en tant qu’auxiliaire de vie scolaire. C’est ainsi qu’un établissement tel qu’une Maison d’Enfants ? Caractère Social me paraissait intéressant. Car, après avoir eu un regard professionnel sur ce genre de situation problématique du côté de l’institution scolaire, et pour laquelle j’exerçais usqu’alors, j’avais la possibilité de connaître une autre expérience professionnelle.
J’allais connaître un autre type de relation ?ducative, poser un regard différent sur des enfants vivant une situation déchec scolaire, mais, 2 46 situation d’échec scolaire, mais, cette fois, du côté de la Maison d’Enfants, c’est-à-dire avec la vision d’un éducateur et les enjeux professionnels qui conduisent son action. De ces réflexions générales, et pour amorcer mon travail, voici donc la question de départ que je proposerai et que je formulerai de la manière suivante : En quoi, en tant qu’éducateur, ma démarche d’action éducative peut-elle être opérante devant la situation d’échec scolaire d’un mineur accueilli en Maison d’Enfants à Caractère Social ? Poser cette question m’a d’abord conduit à établir un certain nombre de constats permettant de justifier son intérêt : C] La loi française impose à chaque enfant de suivre une scolarité, qu’il vive dans un milieu familial démuni ou non.
Il s’agit de répondre à un enjeu de société et d’avenir. C’est pourquoi, bien souvent, une partie de la décision finale du juge des enfants prend en compte cette loi dans le cadre des objectifs d’évolution attendus chez le mineur. Même si son inadaptation scolaire n’est, finalement, qu’un symptôme du dysfonctionnement de sa famille, lle peut néanmoins devenir une des raisons déterminantes pour prononcer une mesure de placement. On voit bien ici l’enjeu que constitue la scolarisation des enfants. 0 Le deuxième argument nait du précédent. récole est si importante qu’elle occupe une place dominante dans la vie quotidienne du mineur. Elle rythme sa vie.
Elle représente 6 à 8 heures journalières, et au cours desquelles l’éducateur n’a pas de relation directe avec le mineur. Cl Le mineur porte avec lui sa roblématique familiale ayant bien souvent engendré son ina 3 46 LI Le mineur porte avec lui sa problématique familiale ayant bien ouvent engendré son inadaptation scolaire. Lorsque celui-ci est accueilli en Maison d’Enfants à Caractère Social, il bénéficie d’un cadre stable, sécurisant, mais qui n’est qu’un point de départ, car, d’un autre côté, l’école, elle, propose toujours les mêmes exigences en termes d’apprentissages. 0 Le milieu scolaire est un milieu « prévisible » auquel, en général, les mineurs, ayant connu un milieu familial peu repérant, ne sont pas habitués.
En conséquence, l’école renvoie des aspects négatifs de leur situation personnelle, et focalise leur inadaptation, ce qui ne leur permet pas de se sentir à leur place. C] Du point de vue de réducateur, j’ai bien saisi, au cours de mon stage, que l’enjeu de récole, d’autant plus lorsqu’il s’agit de mineurs en situation d’échec, pèse sur la relation quotidienne. Le problème est que la vie collective, et ses contraintes multiples, ne permettent pas toujours de maintenir le moment de l’étude du soir comme une priorité : « Nous ne sommes pas des enseignants ! » m’a dit un jour une éducatrice. « Je ne sais plus quoi faire pour le motiver à travailler ! » m’a dit un autre éducateur…
De ces principaux constats, et autour de la question de départ, oici de quelle manière j’interprète le problème, et comment je pense l’aborder : Un mineur trouvera sa place à l’école, et entrera dans une certaine motivation, si les parents font suffisamment préparé ? cela, c’est-à-dire sur la base de références éducatives et sociales adéquates pour une adaptation scolaire. Dans le cadre d’une Maison d’Enfants à Caractère Social, se sont les éducateurs qui endossent la posture éducative, 4 46 Maison d’Enfants à Caractère Social, se sont les éducateurs qui endossent la posture éducative, puisque les parents ne sont , de fait, plus assez présents. Or, la difficulté pour les éducateurs est double.
Ils doivent, à la fois, proposer des repères équilibrés ? un mineur qui en a intégré d’autres, mais aussi faire en sorte de s’investir dans révolution scolaire de ce mineur parce que c’est un enjeu du placement, et un enjeu plus large de société. e quotidien est un « outil » de travail que peut maîtriser un éducateur pour transmettre des repères éducatifs. Par contre, la question est de savoir comment il peut agir sur la situation de l’inadaptation scolaire d’un mineur, quand il s’agit d’un lieu, en l’occurrence l’école, et d’un temps où il n’est pas en relation irecte avec lui. Cest une situation où le mineur ne se sent pas accepté, et le place ou le maintient dans un sentiment de dévalorisation permanent, ne le disposant pas à s’intéresser ? l’école. Mon hypothèse de départ serait donc la suivante .
Devant la situation d’échec scolaire d’un mineur accueilli en Maison d’Enfants à Caractère Social, et pour tenter d’en atténuer les effets, Péducateur pourrait agir sur l’équilibre de l’estime de soi de ce mineur, par une démarche de valorisation, grâce aux événements et éléments positifs de la vie quotidienne du mineur, t de ceux liés à son évolution scolaire. Cette hypothèse n’est qu’une esquisse globale. Je vais développer, dans l’approche théorique en particulier la notion d’estime de soi, enrichie d’un certain nombre déléments m’ayant perms ensuite de formuler une hypothèse théorique plus affinée. Une hypothèse qui intégrera nécessairement l’implication des parents, S 46 hypothèse théorique plus affinée. Une hypothèse qui Intégrera necessairement l’implication des parents, des enseignants, et de l’éducateur bien entendu, pour une démarche véritable et équilibrée de valorisation du mineur.
Cl La première grande partie de ma réflexion sera une approche théorique, afin d’aboutir à une hypothèse la plus objective possible, et que j’ai ordonnée de la manière suivante : Je présenterai dans un premier temps le contexte dans lequel évolue le mineur accueilli en Maison d’Enfants à Caractère Social, à savoir : le cadre juridique, les conditions et les enjeux liés ? l’éloignement du mineur de ses parents, et la complexité du maintien de leurs liens. J’ai recherché ensuite quelle était l’amplitude du lien entre le milieu familial déstabilisé connu par un enfant et son évolution colaire, en faisant apparaître le rapport existant avec les troubles de l’apprentissage, et, en présentant de quelle façon une Maison d’Enfants à Caractère Social pouvait gérer le volet scolaire des mineurs qu’elle accueille. J’ai essayé enfin de faire émerger les éléments théoriques pouvant établir une corrélation entre l’équilibre de l’estime de soi d’un enfant et son évolution scolaire, sa situation d’échec scolaire.
Pour cela, j’ai tenté de m’approprier la notion d’estime de soi, de déterminer ce que signifie « être en situation d’échec scolaire », t ensuite de comprendre pourquoi on pouvait parler d’une corrélation entre la situation d’échec scolaire d’un mineur et l’équilibre de son estime de soi. LI La deuxième grande partie de ce mémoire consistera ? alimenter mon hypothèse théorique, par un recueil de données de mon lieu de stage, et une réflexion ersonnelle, théorique, par un recueil de données de mon lieu de stage, et une réflexion personnelle, basés sur trois études de situations. I s’agira de trois mineurs, Brice, Adam et Jessie 1, pour lesquels plusieurs indices révèlent leurs difficultés d’adaptation scolaire t la nécessité de les valoriser pour un meilleur équilibre de leur estime de soi.
Je commencerai par préciser quel était le cadre de ma recherche, en évoquant plus particulièrement la Maison d’Enfants dans laquelle j’ai effectué mon stage, puis les différents moyens utilisés m’ayant permis un recueil de données pertinent. Les situations d’Adam, Brice et Jessie, seront présentées, en essayant toujours de mettre au jour déjà quelques indications de réflexions en lien avec leur situation d’échec scolaire et l’équilibre de leur estime de soi. A l’issue de cette deuxième grande partie, j’entrerai dans une éflexion personnelle, avec pour but de faire ressortir, des trois situations exposées préalablement, des éléments communs établissant l’intérêt de ma démarche, de mon hypothèse, et présageant de quelques perspectives d’actions éducatives.
La troisième grande partie présente les perspectives d’actions éducatives possibles en mesure de répondre à ma question de départ, et pour être en accord avec mon hypothèse théorique, ainsi que la réalité du cadre professionnel de mon intervention. Je définirai mes perspectives, selon trois fonctions de l’éducateur our engager un processus global de valorisation du mineur : Je montrerai en quoi l’éducateur, à travers une fonction éducative nécessaire, peut instaurer un « espace de confiance » avec l’enfant, pour l’aider à donner un sens à sa scolarité. Dans le cadre d’une 46 Dans le cadre d’une fonction de relais, j’associerai les parents du mineur en identifiant leurs attitudes éducatives, et en les valorisant, eux aussi, dans leur fonction parentale, en particulier sur le plan scolaire.
Pour une valorisation cohérente et complète, je terminerai ce projet d’actions éducatives en définissant une fonction ‘intermédiaire tenue par l’éducateur, dans le cadre de la Maison d’Enfants à Caractère Social, et avec l’implication primordiale de ou des enseignants des mineurs concernés. Première partie Vers une hypothèse théorique 8 46 mesure d’investigation et orientation éducative (I. O. E), une action éducative en milieu ouvert (A. E. M. O), de placement, d’expertise médicale, psychologique, ou psychiatrique. Mais surtout, ce qui fonde un jugement prononcé et qui doit conduire toute action, c’est la réalité du danger encouru par l’enfant.
L’enjeu, de taille pour la société, est celui de la protection u mineur, lorsque « sa santé, sa sécurité, ou sa moralité, sont en danger ou si les conditions de son éducation sont gravement compromises… ü Ce qui établit précisément le cadre juridique de mon travail, c’est la mesure d’assistance éducative qui oriente un mineur vers un placement en établissement de type Maison d’Enfants ? Caractère Social (M. E. C. S). Ce paramètre est important car, au regard de la loi, un juge des enfants doit aussi par principe toujours préférer, à une mesure de placement, le maintien du mineur dans ce qui est l’usage d’appeler « son milieu naturel autrement dit sa famille d’origine.
Or, lorsque Péloignement de l’enfant de ses parents devient incontournable et conforme à la notion de danger, on peut facilement imaginer la portée particulière de cette décision en rapport avec la notion de gravité évoquée précédemment. 1-2 La mesure d’éloignement et sa motivation L’article 375 du code civil est un outil conséquent dans le cadre de la protection de l’enfance. C’est pourquoi un juge, au moment de l’audience, doit pouvoir justifier clairement sa décision, notamment auprès des premiers Intéressés, c’est-à-dire les parents et renfant. Il doit motiver cette décision par des éléments robants. A ce sujet, il faut rappeler l’importance du débat dit « contradictoire » entre le juge et 9 46 « contradictoire » entre le juge et les parents, afin que la décision du placement soit bien comprise, et énoncée avec transparence. -3 Les différentes possibilités de placements ü Les choix qui s’offrent à l’appréciation du juge prononçant une mesure de placement sont de quatre ordres, et font référence ? l’article 375-3 du code CiVil : > L’enfant peut être confié soit au père, soit à la mère, c’est-à- dire à celui ou celle avec qui il ne vit pas habituellement. Cette décision reste provisoire, sachant que c’est le juge aux affaires familiales qui est compétent pour désigner la résidence officielle d’un enfant. > Un autre membre de la famille ou un tiers « digne de confiance » peut se voir confier le mineur. > Le juge peut solliciter un établissement sanitaire ou d’éducation, ordinaire ou spécialisé, pour accueillir le mineur en danger. > Le service départemental d’Aide Sociale à l’Enfance (A. S.
E) peut être désigné par le juge, en vue de procéder ensuite au placement de l’enfant vers un établissement ou vers une famille d’accueil. ? Dans le cadre de mes travaux, et par conséquent sur mon terrain de recherche, les enfants sont orientés selon un placement dit « direct », c’est-à-dire lorsque le juge confie directement le mineur à la Maison d’Enfants ; ou alors, selon un placement dont le choix de l’établissement est défini par l’Aide Sociale à PEnfance. La Maison d’Enfants possède en fin de compte une double habilitation ici. Ces deux possibilités correspondent à la même mesure qui est celle de l’éloignement du mineur de ses parents. La différence se situe essentiellement au niveau du professionnel 1 : En effet, d 00F 14E