Marie de France
Fleurs d’obscurité : Laisl, par Marie de France Fleurs et honneurs: Prologue, v. 5-8, p. 22. Quant uns granz biens est mult où, Lorsqu’un beau fait est répété, dunc a primes est il fl e quant loéz est de pl u or 14 en louanges dunc a espandues se Giligemar, v. 3-6, p. 26. Sni* to View urir, diteurs se répandent s’épanouissent. Oëz, seignur, que dit Marie ; Écoutez donc, seigneurs, les récits de Marie ki en sun tens pas ne s’oblie. qui tient sa place parmi les auteurs de son temps.
Celui deivent la genz loér, On doit faire l’éloge Ki en bien fait de sei parler. de celui qui a une bonne réputation. Obscurité : Prologue, v. 9-16, p. 22. Custume fu as anciens, Les Anciens avaient coutume, ceo testimonie Preciëns2, comme en témoigne Priscien, es livres que jadis faiseient de s’exprimer dans leurs livres assez oscurement diseient avec beaucoup d’obscurité « Des lais pensai qu’oi± aveie « J’ai donc pensé aux lais que j’avais entendus. ur remembrance les firent ceux qui avaient commencé à les écrire des aventures qu’il airent et à les répandre cil ki primes les comencierent avaient voulu perpétuer le souvenir e ki avant les enveierent. des aventures qu’ils avaient entendues. Rime en ai e fait ditié » J’en ai donc fait des contes en vers » Guigemar, v. 19-21, p. 26 Les contes que jo sai verais, mats, Dunt li Bretun unt fait les lais, vrais, Vos conterai assez briefment. tiré leurs lais. Je vais vous raconter, en peu de les contes dont je sais qu’ils sont les contes dont les Bretons ont B.
La musique : une autre forme de floraison, que l’écriture n’exclut pas : Guigemar, v. 883-886, p. 70 : De cest cunte qu’oi avez Du conte que vous venez d’entendre, fu Guigemar li lais trovez on a tiré le lai de Guigemar, que hum fait en harpe e en rote ; qu’on joue sur la harpe et la rote : bone en est a oir la note. a musique en est douce à entendre. 2. Marie : un auteur en fleur 12 renoncerai pas Se jangleür u losengier même si les railleurs et les médisants veulent dénigrer mon entreprise Le me vuelenta mal turner ; Ceo est lur dreiz de mesparler.
Llbre à eux de dire du mal ! Biographie possible : originaire de France, mais vivant en Angleterre, probablement à la cour d’Henri Il Plantagenêt. -elle se présente comme un traducteur en puissance et comme un remanieur de fait. Charles Foulon, « Marie de France et la Bretagne Annales de Bretagne, 60/1953, p. 243-258. « Marie a connu au moins quelques-uns de ses contes par une radition orale venue de conteurs (bretons ou gallois) bilingues. elle a mieux connu l’Angleterre et la Normandie que la … elle a localisé ses lais en Bretagne pour plaire Bretagne, mais à la noblesse bretonne qui vivait autour du roi d’Angleterre. Marie de France, avec ses lais volontairement liés à une Bretagne tantôt réelle (et en ce cas armoricaine), tantôt idéale (et alors arthurienne et merveilleuse), toujours « stylisée », est sans doute le premier écrivain de langue française qui ait fait entrer un peu de la provlnce et de l’âme bretonnes dans la llttérature universelle » (p. 258). 3.
Une œuvre en éclosion : prologue et pétales arrachés ou ajoutés. On lui a attribué, dans le temps, tous les lais ; à présent, on s’appuie, pour établir le corpus de Lais, sur le ms Harley 978 de la British Library de Londres, qui date de la fin du 13es et comprend un Prologue et 12 lais (quatre autres mss présentent un ou plusieurs lals). Selon Richar et 12 lais (quatre autres mss présentent un ou plusieurs lais). Selon Richard Baum, Recherches sur les œuvres attribuées ? Marie de France, Heidelberg, C.
Winter, 1968, rien ne permet d’affirmer que ce recueil est l’œuvre d’un seul auteur : les douze ais peuvent avoir été regroupés par un compilateur qui les aurait choisis parmi des lais dispersés (dont certains de Marie et aurait décidé de leur ordre. Autres œuvres attribuées à Marie de France, sans preuve définitive: Ysopet, Le Purgatoire de Saint Patrice. Bisclavret, un fleuron d’obscurité ? http://www. youtube. com/watch? v=_LwE38qbylM http://wwwyoutube. com/watch? v-R36UOcW248k Source : Pétrone, Le Satiricon, éd. et trad. Louis de Langle, Paris, Bibliothèque des Curieux, 1923, Ile partie, chapitre LXII, p. 73 « Profitant de l’occasion, je propose à notre hôte de ‘accompagner jusqu’à cinq milles d’ici. Cétait un soldat, brave comme l’enfer. « Nous nous mettons en branle au chant du coq. La lune brillait : on y voyait comme à midi. Nous tombons au milieu des tombeaux. Alors voilà mon homme qui se met ? conjurer les astres. Je m’assieds en fredonnant et je m’amuse à compter les étoiles. Mais quand je me retourne vers mon compagnon, je le vois qui se déshabille et pose tous ses vêtements sur le bord de la route. J’en reste plus mort que vif, immobile comme un cadavre.
Mais lui tourne autour de ses habits en pissant et aussitôt le voilà changé en loup. ? Ne croyez pas que je plaisante : je ne voudrais pas pour tout l’or du monde. Mais voyons, où en éta 2 Ne croyez pas que je plaisante : je ne voudrais pas pour tout l’or du monde. Mais voyons, où en étais-Je donc ? Ah ! Devenu loup il se mit à hurler et s’enfuit dans les bois. D’abord je ne savais même plus où j’étais. Ensuite je voulus aller prendre ses habits • ils étaient changés en pierre. Qui était mort de peur ? C’était mol. » « En arrivant au lieu où j’avais laissé les vêtements, je ne vis plus rien que des taches de sang.
A la maison, je trouvai mon soldat au it, saignant comme un bœuf, avec un médecin qui lui pansait le cou. « Je compris que j’avais eu affaire à un loup-garou et, depuis, je n’aurais voulu pour rien au monde manger un morceau de pain avec lui. Que les incrédules en pensent ce qu’ils voudront. Quant à moi, si je mens, je veux que vos génies me punissent. » Courant théologique dominant: Augustin, La Cité de Dieu, éd. et trad. L. Moreau, La Cité de Dieu de Saint Augustin, tome Ill, Paris, Lecoffre, 1855, Livre XVIII, chapitre 18 « Dirai-je qu’il faut refuser toute croyance à ces prodiges?
Mais encore aujourd’hui les témoins ne manqueront pas pour affirmer ue de semblables falts ont frappé leurs yeux ou leurs oreilles. N’avons-nous pas nous-même, pendant notre séjour en Italie, entendu raconter qu’en certaines parties de cette contrée, des femmes, des hôtelières initiées aux pratiques sacrilèges, recélaient dans un fromage offert à tels voyageurs qu’il leur était loisible ou possible, le secret de les transformer soudain en bêtes de sommes qu’elles chargeaient de leurs bagages ?
Cette tâche acco PAGF s OF les transformer soudain en bêtes de sommes qu’elles chargeaient de leurs bagages ? Cette tâche accomplie, ils revenaient à leur ature ; et toutefois cette métamorphose ne s’étendait pas jusqu’à leur esprit, ils conservaient la raison de l’homme, comme Apulée le raconte de lui-même dans le récit ou la fiction de l’Ane d’or, quand un breuvage empoisonné lia fait devenir âne en lui laissant la raison.
Mensonges que tout cela, ou phénomènes si rares qu’il est raisonnable de n’y pas ajouter foi. Ce qu’il faut croire, c’est que Dieu, par sa toute-puissance, peut faire tout ce qu’il veut, pour satisfaire à sa justice ou à sa clémence, et que les démons, ces créatures angéliques, mais perverties par leur olonté propre, n’agissent dans le ressort de leur puissance naturelle que suivant la permission de celui dont les jugements sont souvent cachés et jamais injustes.
Sans doute qu’en déployant ces prestiges dont il est question, les démons ne créent pas de nouvelles natures, mais ils modifient tellement, dans leurs apparences, celles que le vrai Dieu a créées, qu’elles semblent être ce qu’elles ne sont pas. Ainsi je n’accorderai jamais aux démons, quel que soit leur artifice ou leur puissance, de pouvoir de changer l’âme, que dis-je? e corps même de l’homme, au corps, aux formes réelles de la brute : ce que je crois, c’est ue l’imaglnation humaine se modifiant selon la multitude infinie des objets que suggère la pensée ou le sommeil, et, quoique incorporelle, se pliant avec une merveilleuse rapidité à reproduire la ressemblance des 6 2 et, quoique incorporelle, se pliant avec une merveilleuse rapidité à reproduire la ressemblance des corps, une certaine image fantastique de l’homme peut, à la faveur de l’assoupissement ou de la léthargie, arriver, comment? e l’ignore, sous une apparence corporelle, jusqu’à notre perception sensible; tandis que le corps même de l’homme gît peut-être ailleurs, vivant sans doute, mais ans un plus profond évanouissement que celui du sommeil. Ainsi, cette image fantastique de l’homme se montrerait à nos sens incorporée à certaine figure de brute, et dans cet état, comme dans l’illusion d’un songe, [homme lui-même pourrait se croire tel qu’il se parait et s’imaginer qu’il porte des fardeaux. Ces fardeaux sont-ils réels? e sont alors les démons qui les portent pour abuser les hommes dont la vision se partage entre un fardeau réel et une brute imaginaire. Un certain Prœstantius racontait que son père ayant par hasard goûté dans sa maison de ce fromage empoisonné, il était demeuré sur son lit, comme ndormi, mais sans qu’il fût possible de l’éveiller. Revenu à lui- même quelques jours après, il raconta comme un songe ce qui venait de lui arriver : il était devenu cheval, et avait, en compagnie d’autres bêtes de somme, porté aux soldats des vivres, « retica », que l’on enveloppe dans des filets.
Le fait s’était passé comme il le racontait, et ce fait ne lui paraissait qu’un songe. [… ]De semblables prestiges, permis par les jugements de Dieu, pouvaient ils être difficiles aux démons? » Oscurement dire et lire 1. Devenir des per 7 2 Dieu, pouvaient-ils être difficiles aux démons? » 1 . Devenir des personnages: cycles obscurs, floraisons avec ou sans fruit. L’homme•loup, un ber : en Bretaine maneit un ber, merveille l’ai oi loér; beaus chevalers e bons esteit e noblement se cunteneit. de sun seinur esteit privez e de tuz ses veisins amez. ?dame, jeo devienc besclavret: en cele grant forest me met, al plus espés de la gaudine, s’i vif de preie e de ravine. » quant Bisclavret la Veit venir, nul hum nel poeit retenir; vers li curut cum enraglez. oiez cum il est bien vengiez! le neis li esracha del vis. quei li peüst il faire pis? ostee e chacie de la cuntree. cil s’en alat ensemble od li, pur ki sun seignur ot trahi. nfanz en ad asés eüz, puis unt esté bien cuneüz [e] del semblant e del visage: plusurs [des] femmes del lignage, c’est verité, senz nes sunt nees e si viveient esnasees.
L’homme qui n’est pas loup : la dame ad cil dunc espusee, que lungement aveit amee. 15 En Bretagne vivait un baron, dont je n’ai entendu dire que le plus grand bien. Cétait un beau et un bon chevalier, de conduite irréprochable, apprécié de son seigneur 20 et aimé de tous ses voisins. « Dame, je deviens loup-garou. Je m’enfonce dans cette PAGF Faites-le-lui dire si elle le sait ! Nous avons vu déjà bien des merveilleuses aventures 60 en Bretagne ! » Il avait une noble épouse pleine de tendresse. Ils s’aimaient.
Et pourtant la dame avait un souci: 25 chaque semaine, elle perdait son époux trois jours entiers sans savoir ni ce qu’il devenait, ni où il allait 305 Quant à la femme, il l’a bannie et chassée du pays. Elle partit avec l’homme pour qui elle avait trahi son époux. Elle en a eu beaucoup d’enfants, 310 bien reconnaissables ensuite à leur air et à leur visage: car bien des femmes de leur lignage, c’est la vérité, naquirent et vécurent sans nez. Et le chevalier épousa la dame qu’il aimait depuis si longt