La Caverne Entre Symbolique Universelle Et Imaginaire Soufi

essay A

La caverne entre symbolique universelle et imaginaire soufi Espaces sacrés : lieux de violence ou de paix ? , Certains symboles sont des symboles que l’on peut appeler universels. Ils existent dans toutes les religions, qu’elles soient « révélées » ou « archal@ues », et ils sont retrouvés à toutes les époques, des plus anciennes jusqu’à nos jours. Ce sont les symboles de la nature que ‘homme, que ce soit l’homme de Néanderthal ou l’homo sapiens, a toujours trouvé devant lui et qui font fasciné depuis les origines : tels le soleil, la lune, la mer, le rocher, l’arbr figure dans les myth nombreux peuples.

Depuis la grotte de L d’Ali Baba, la grotte o et la caverne, qui 9 ‘or is ce et d’initiation de page laton et celle é tantôt un lieu de rencontre avec le surnaturel, le divin, le sacré, tantôt une image du monde, et tantôt un lieu secret et plein de richesses. De la grotte de la Nativité à la grotte de Hîra’, en passant par la caverne des dormants, elle représente un lieu de naissance ou de résurrection, un lieu protégé, un lieu de manifestation du sacré, un centre, un point axial dans le temps et l’espace, et par là hors du temps et de l’espace. 1] Nous voulons esquisser ici une comparaison entre la caverne ans l’imaginaire universel : traditionnel, psychologique et même littéraire et la caverne dans l’imaginaire soufi, en décelant les points de rapprochement mais aussi en montrant la spécificité de l’approche soufie quant aux symboles. I. LA CAVERNE DANS LA SYMBOLIQUE U UNIVERSELLE La caverne dans la symbolique universelle est un lieu central où s’effectue une transformation (mort, renaissance, initiation) ou bien un lien avec l’autre monde.

C’est un espace sacré réel, physique, pouvant aussi être mental, dans lequel se passe quelque chose, soit au niveau individuel, soit au niveau cosmique. 1. La caverne comme centre Pour Guénon, la caverne est le centre, l’origine, le point de départ, indivisible, Fimage de l’unité primordiale. [2] De la Grèce antique (Platon) à l’Extrême-Orient, elle est conçue comme l’image du monde, le lieu de la naissance et de l’initiation, parfois aussi symbolisant le cœur [3].

En tant que lieu et centre, la caverne est considérée tantôt comme un réceptacle d’énergie tellurique [4], ceci pour la caverne souterraine, tantôt comme un lieu illuminé par rapport aux ténèbres de l’extérieur, car une initiation y a lieu et l’initiation, la seconde naissance, est une illumination 5]. En effet, la caverne qui serait en même temps lieu de mort initiatique et un lieu de seconde naissance, donne accès à la fois aux niveaux souterrains et aux niveaux supra terrestres.

Là s’effectue la communication avec les états supérieurs et inférieurs : elle devient donc centre du monde, tous les états s’y reflétant. [61 2. La caverne comme lieu de passage : lieu de Renaissance et d’initiation En tant qu’archétype de la matrice maternelle (regressus ad uterum), la grotte et la caverne, comme la matrice, symbolisent les origines, les renaissances, ceci surtout au proche-orient [7].

Elle est donc le lieu de naissance, de regénération et d’initiation comme nouvelle naissance, mais aussi un lieu de passage de la terre vers le lg regénération et d’initiation comme nouvelle naissance, mais aussi un lieu de passage de la terre vers le ciel, ou du ciel vers la terre, ainsi que le lieu où se fait un passage des ténèbres à la lumière Guénon explique : mort et naissance sont les deux faces d’un même changement d’état et ce passage d’un état à un autre doit toujours s’effectuer dans l’obscurité.

Pour ce, la caverne est liée au voyage souterrain et elle est comparée à la baleine de Jonas 9]. Notons cependant que nous traiteront ici d’une caverne en montagne, ou du moins au dessus du niveau de la terre (pour la grotte), et non d’une caverne souterraine telle celle de Platon [10] qui représente le niveau inférieur. La sortie de la caverne platonicienne correspondrait à fentrée dans la caverne que nous traitons, qui symbolise l’éloignement du monde des ombres et des habitudes.

La caverne est aussi le lieu d’une troisième naissance : la seconde étant une initiation aux petits mystères, relevant du domaine psychique, tandis que la troisième est l’initiation aux grands ystères, une renaissance spirituelle, précédée d’une seconde mort, non pas au monde profane mais au cosmos. C’est cette troisième naissance qui est une résurrection.

Enfin, Guénon ajoute que, « pour que cette résurrection, qui est en même temps la sortie de la caverne, puisse avoir lieu, il faut que la pierre qui ferme l’ouverture du sépulcre (caverne) soit enlevée » [1 1], ce qui est en accord avec la fin de l’histoire des gens de la caverne (que ce soit dans les textes chrétiens de Jacques de Voragine ou Jacques de Saroug ou dans les textes musulmans d’exégèse coranique). Enfin, Guénon souligne le caractère électi es textes musulmans d’exégèse coranique).

Enfin, Guénon souligne le caractère électif de l’initiation, en affirmant que seuls ceux qui sont aptes à entrer dans la caverne peuvent y avoir accès [12]. 3. La caverne comme lieu de refuge et de repos Si dans la symbolique universelle on ne voit pas la caverne comme refuge, lieu protégé ou lieu de repos, la littérature, elle, couvre cet aspect de la caverne ou de la grotte. Bachelard dit : « La grotte est un refuge dont on rêve sans fin.

Elle donne un sens immédiat au rêve d’un repos tranquille, d’un repos protégé Elle a la fonction d’un « rideau naturel » [13]. Notons qu’elle représente aussi le lieu idéal de refuge non seulement pour les poètes et écrivains mais aussi pour beaucoup de combattants, qu’ils soient résistants ou terroristes. 4. La caverne symbole du moi intérieur Finalement, la caverne symbolise aussi l’exploration du moi intérieur, et plus particulièrement du mol primitif, refoulé dans les profondeurs de Pinconscient [141.

C’est probablement pour cette raison que Jung a voulu interpréter la sourate coranique de la Caverne, qu’il conçoit comme symbolisant la transformation. Cela n’est pas étonnant, car l’entrée en soi mène toujours ? n changement profond, à un renouveau, voire même une renaissance. Loti illustre cela en décrivant son attachement aux grottes dans ses Fleurs d’Ennui (p. 80) : « Je m’y sens rafraîchi, retrempé de prime Jeunesse et de vie neuve Il couvre par-là les deux thèmes du repos et de la régénération ou renaissance [151.

Il. LA CAVERNE EN ISLAM 1. La grotte et la caverne dans le Coran Nous retrouvons la grotte (ghar) et la caverne (kahf) dans le Coran. Pour Malek Ch 4 OF lg le Coran Coran. Pour Malek Chebel la caverne ou grotte a deux portées : d’un côté, il s’agit du lieu ou s’effectue le rite d’incubation [16] qu’il appelle istikhâra), de rautre c’est le lieu de la révélation coranique (wahy). Ghâr Hîra’ où est descendue la révelation, est le prototype de la grotte sacrée.

Une deuxième grotte importante en islam est celle où le Prophète Mohammad et son compagnon Abu Bakr se sont réfugiés [17]. Dans les deux cas, il s’agit de grotte (ghâr) et non de caverne (kahf). Isma%l Hiqqi, auteur et exégète soufi d’origine Turque, explique la différence entre caverne (kahf) et grotte (ghâr) : les deux sont des cavernes dans la montagne, mais l’on parle de kahf (caverne) lorsque c’est vaste, et de ghâr (grotte) lorsque c’est étroit [18].

Notons cependant qu’en français d’après le Robert, la grotte est une vaste cavité naturelle dans la roche tandis que la caverne est simplement une cavité naturelle dans la roche — ce qui fait que la véritable traduction serait caverne pour ghâr et grotte pour kahf- tandis que dans le Larousse, la caverne est une excavation naturelle vaste et profonde et la grotte une excavation naturelle ou artificielle.

Du fait qu’il n’y a donc pas de consensus dans la langue française pour les sens de grotte et de caverne, nous gardons la traduction communément admise, grotte pour ghâr et caverne pour kahf. Le terme de kahf (caverne) est retrouvé dans le Coran, uniquement à la sourate La Caverne (al Kahf (18) et le terme de ghâr (grotte) à la sourate At-Tawbah (9), au verset 40 : « Si vous ne portez pas assistance (à l’envoyé), Dieu l’assista quand, bann At-Tawbah (9), au verset 40 : quand, banni par les dénégateurs avec un seul compagnon, tous deux se trouvaient dans une grotte.

Lors il dit à son compagnon : « Ne sois pas triste : Dieu est avec nous ». Et Dieu fit descendre sur lui Sa sérénité (Sakîna), le conforta d’armées invisibles à vos yeux, et mit à bas la parole des dénégateurs, alors que la Parole de Dieu ut la plus haute. Dieu est Puissant et Sage ». La Caverne apparait par contre dans un passage plus long, dix- sept versets dans une sourate qui fut descendue par 70. 00 anges, selon le hadîth, et qui en porte le nom. Ces versets concernent Ihistoire des gens de la Caverne, connus dans monde chrétien par la dénomination « les sept dormants d’Éphèse Dans le texte coranique il s’agit de trois, cinq ou sept jeunes gens (et leur chien) qui se réfugient dans une caverne pour fuir un roi qui leur demandait de sacrifier aux idoles, et qui s’endorment l? pendant 309 ans pour être ensuite ressuscités.

Le refuge Présentation Les propositions de travail qui suivent sont en grande partie extraites du dossier intitulé : « Cité(s) idéale(s), l’enfant, l’architecte, l’urbaniste, l’artiste et les autres», élaboré dans le cadre des actions Lille 2004, par Christine Van Belleghem et Marie-Anne Rabouille, conseillères pédagogiques en arts visuels et mis à la disposition des enseignants de la circonscription de Douai Rieulay, au cours de l’année scolaire 2002-2003.

Ce dossier qui a constitué l’ancrage pour l’élaboration du document « Refuge », se trouve en partie modifié, des ajouts ont ?té faits pour donner aux différentes propositions toute 6 OF lg partie modifié, des ajouts ont été fats pour donner aux différentes propositions toute leur spécificité. Il a pour vocation d’aider et d’accompagner les enseignants dans leur réflexion.

Au cours d’un stage FCA intitulé « Jeter des passerelles entre les arts visuels, l’éducation musicale et les TICE » piloté par Monsieur Lesire, Inspecteur de Douai Centre, des enseignants du bassin de Douai se sont engagés dans un travail d’exploration et de recherche relatif à la thématique du refuge (dimension symbolique, référents culturels, artistiques, littéraires et usicaux, bibliographie… Le dossier « Le refuge » s’enrichit d’un CD Rom intitulé « le refuge de Kazou » et de fiches pédagogiques à destination des enseignants et des élèves des écoles primaires, réalisés par les stagiaires qui ont manifesté le désir de faire partager leur expérience. Ces outils qui témoignent des liens à tisser entre les différentes disciplines ont pour fonction de donner envie, d’inciter à faire.. Le refuge, pourquoi ? Explorer le thème du refuge correspond au besoin fondamental de sécurité et de bien être, il évoque les notions d’intimité, de rotection et de repli sur soi-même.

Ce sujet d’étude encourage l’élève à conduire une réflexion sur son identité et son individualité, celle-ci trouve son ancrage dans le développement de l’enfant, dans sa volonté et son besoin de grandir. Nos souvenirs, nos expériences sont riches de souvenirs : Construire une cabane faite de bric et de broc au fond du jardin. Rechercher le silence et la solitude en se nichant dans un recoin du grenier. Aménager un abri sous la table, profitant des pans de la nappe pour se dissimuler.

Installer une tente abri sous la table, profitant des pans de la nappe pour se issimuler. Installer une tente ou un tipi avec de vieux draps maintenus avec quelques pinces à linge. Monter la tente au fond du jardin. Lire, caché sous sa couette. Se réfugier auprès de quelqu’un, s’abriter dans quelque chose, s’isoler quelque part… Conduire une réflexion sur le thème du refuge C’est évoquer : – des images, des idées, des mots, des expressions, des évocations, des perceptions, des références culturelles, artistiques et lou littéraires.

C’est proposer : – Se réfugier, se nicher, se protéger, se cacher, s’enfermer, se retrouver, s’abriter, faire le gros dos… Penser, rêver, partir, fermer à clef, s’enfermer, dorloter, câliner, se replier sur soi, s’isoler… – L’abri, la maison, la tente, le nid, le lit, le doudou, la couette le chalet, les bras, la caverne, le ventre, le cocon, la cage, la cabane, la tanière, la tranchée, l’arbre, le terrier, l’asile, le refuge pour animaux, le grenier, le souterrain, le refuge de montagne, le bivouac, le vêtement… La fuite, le fugitif, la famille, la nuit, l’obscurité, le voyage.. – L’amour, Hamitié, le mensonge, la sécurité, la protection, le bien être, la tendresse, l’intimité, la rondeur, le silence, l’isolement, la énombre, la chaleur, la douceur, la solitude, la sérénité, la paix, le calme, la tranquillité, la peur, l’agression… C’est inventorier et classer les propositions pour désgner: – des lieux, – des objets, – des qualités, – des sentiments, des impressions, des sensations…

Définir la notion de « repli sur soi » : Se replier sur soi-même Notion d’introspection « Chacun aime se retrouv roit où il peut 8 OF lg replier sur soi-même « Chacun aime se retrouver dans un endroit où il peut se sentir tranquille, à l’abri du monde, des autres, des agressions. Pour cela, il se retire dans sa chambre, dans son bureau. On dit communément qu’il se replie sur lui-même, qu’il Senferme dans son cocon. C’est un comportement rendu nécessaire par le besoin de se préserver soi-même.

Chacun a son jardin secret dans lequel nul n’a le droit de pénétrer. Pour être créateur, l’artiste doit savoir effectuer un tel repli, un retour nostalgique sur son passé. Alors, il voit ressurgir des images premières enfouies dans son être intérieur, il laisse émerger des rapprochements inattendus, il retrouve son enfance. Tout cela répond à son désir de se replier sur lui-même, de se réfugier vers ce qui le rassure et ce qu’il aime.

Ainsi, l’expression se nourrit des premières craintes, comme des premiers rêves de l’enfance. On cherche ses racines. Quand un artiste travaille, c’est toujours renfant qui parle en lui. Au point qu’il n’est sans doute pas exagéré de dire que les adultes passent leur vie à tenter de réaliser leurs rêves d’enfant. » Extrait de Daniel Lagoutte « La valise atelier » guide d’accompagnement, page 7 Réfléchir aux moyens, aux conduites adoptées pour se replier sur soi-même.

Se réfugier dans un lieu particulier : un grenier, S’isoler, se retirer en un lieu, S’enfermer dans sa chambre, dans son bureau, Se mettre à l’abri, s’abriter, se mettre en sécurité, se préserver, Manifester l’envie d’être seul, rechercher la solitude, Se replier, se blottir, chercher une protection, Se réfugier auprès de quelqu’un ou dans quelque chose, Se protéger, se cacher… protection, Penser, se souvenir, rêver, Être à l’écoute de soi-même, Explorer son monde intérieur : écrire son journal intime..

Proposer des images qui évoquent le refuge, l’abri ‘enveloppe protectrice, l’œuf, le ventre de la mère, les bras de la mère, la cosse, la caverne, le paquet, l’emballage, la boite, l’emmaillotage, l’empaquetage, le nid, le manteau protecteur, le êtement, la maison, le berceau, le lit, le sarcophage, le cercueil, le tombeau, les poupées gigognes… Le refuge, comment ? La force de ce sujet d’étude est de permettre des entrées variées.

Chaque enseignant, en fonction des orientations de travail qu’il aura choisies, dans le cadre de son projet de classe, pourra s’inscrire dans cette recherche. Quelle démarche adopter ? La démarche privilégie l’alternance des phases de production et de réception dans toutes les disciplines, en jetant des passerelles entre elles et en témoignant de la multiplicité des entrées et des implications de la thématique. Quelles opérations plastiques travailler ? – Isoler : cadrer, choisir, découper… Reproduire : représenter, figurer, copier, répéter, multiplier, calquer, décalquer… – Associer : rapprocher, juxtaposer, superposer, faire chevaucher, accumuler, imbriquer, relier, combiner… – Transformer : changer la couleur, la forme, la matière, le sens… agrandir, étirer, grossir, déformer. Quels ancrages privilégier ? Le vécu artistique et culturel, les situations d’apprentissage dans les différentes disciplines, un reportage photographique, des recherches documentaires, une sortie, une visite, une rencontre avec 0 9