FABLE I
Marjorie Keters mketers@gmail. com Contribution juin 2011 explication de texte : le pâtre et le lion pour info : en gras, le passage étudié, mais j’ai ajouté la fable dans son intégralité et les deux hypotextes ésopiques FAB E I. VI Le Pâtre et le Lion. Le Lion et le Chasseur. Les Fables ne sont pas ce qu’elles semblent être ; Le plus simple anima Une Morale nue app Le conte fait passer I En ces sortes de fein Et conter pour conte itre. c or 16 Snipe to C’est par cette raison qu’ gayant leur esprit, Nombre de gens fameux en ce genre ont écrit.
Tous ont fui l’ornement et le trop d’étendue ; On ne voit point chez eux de parole perdue. Phèdre était si succint, qu’aucuns l’en ont blâmé. Ésope en moins de mots s’est encore exprimé. Mals sur tous certain Grec rencherit et se pique D’une élegance Laconique. Il renferme toujours son conte en quatre Vers ; Bien ou mal, je le laisse à juger aux Experts. Voyons-le avec Ésope en un sujet semblable. L’un amène un Chasseur, l’autre un Pâtre, en sa Fable. J’ai suivi leur projet quant à l’événement, Y cousant en chemin quelque trait seulement.
Voici comme, à peu près Ésope le raconte. des Dieux, Que le drôle à ces lacs se prenne en ma présence, Et que je goûte ce plaisir, parmi vingt Veaux je veux choisir Le plus gras, et t’en faire offrande. À ces mots sort de l’antre un Lion grand et fort. Le Pâtre se tapit, et dit à demi mort, Que l’homme ne sait guère, hélas ! ce qu’il demande ! Pour trouver le Larron qui détruit mon troupeau, Et le voir en ces lacs pris avant que je parte, Ô Monarque des Dieux, je t’ai promis un Veau ; Je te promets un Bœuf si tu fais qu’il s’écarte.
C’est ainsi que l’a dit le principal Auteur : Passons à son imitateur. Un Fanfaron, amateur de la chasse, Venant de perdre un Chien de bonne race, Qu’il soupçonnait dans le corps d’un Lion, Vit un Berger : Enseigne-moi, de grâce, De mon voleur, lui dit-il, la maison, Que de ce pas, je me fasse raison. Le Berger dit : C’est vers cette montagne. En lui payant de tribut un Mouton par chaque mois, j’erre dans la campagne Comme il me plaît, et je suis en repos. Dans le moment qu’ils tenaient ces propos, Le Lion sort, et vient d’un pas agile. Le Fanfaron aussitôt d’esquiver : Ô Jupiter ! ontre-moi quelque asile, S’écria-t-il, qui me puisse sauver. La vraie épreuve de courage N’est que dans le danger que ron touche du doigt. Tel le cherchait, dit-il, qui, changeant de langage, S’enfuit aussitôt qu’il le voit. 16 découvrait le voleur, de lui sacrifier un chevreau. Or, étant entré dans un bois, il vit un lion qui dévorait le veau ; épouvanté, il Ieva les mains au ciel en s’écriant : « O souverain Zeus, naguère j’ai fait vœu de t’immoler un chevreau, si je trouvais le voleur ; à présent je t’immolerai un taureau, si j’échappe aux griffes du voleur. ? On pourrait appliquer cette fable à ceux qui sont en hutte ? quelque disgrâce : dans leur embarras, ils souhaitent d’en trouver le remède, et, quand ils l’ont trouvé, ils cherchent à s’y soustraire. LE CHASSEUR POLTRON ET LE BÛCHERON Un chasseur cherchait la piste d’un lion. Il demanda à un bûcheron s’il avait vu des pas de lion et où gîtait la bête, « Je vais, répondit le bûcheron, te montrer le lion lui-même, » Le chasseur devint blême de peur, et, claquant des dents, il dit : « Cest la piste seulement que je cherche, et non le lion lui-même. ? Cette fable apprend à reconnaître les gens hardis et lâches, j’entends hardis en paroles et lâches en actions. Introduction Situation du passage : Dans le prologue du sixième livre qui clôt le premier recueil des Fables, La fontaine propose une double able qui vise à illustrer un propos limnaire qu’on retrouve dans sa préface : l’alliance de la brièveté et de la poésie.
En proposant deux récritures de la fable ésopique « le bouvier et le lion le fabuliste propose une réflexion, sur le plan formel comme sur le plan du contenu, sur la vanité des paroles et la parole efficace. Ainsi, s’il est question, pour Esope, de critiquer l’inconséquence des hommes, La Fontaine suggère une morale ? question, pour Esope, de critiquer rinconséquence des hommes, La Fontaine suggère une morale à la fois philosophique (la définition du courage) et métatextuelle (la dimension ragmatique du langage).
En effet, cette double fable contient une double dimension : l’auteur justifie à la fois ses choix de récriture et ses choix d’écriture, et affirme la singularité des hypertextes par rapport aux hypotextes. Lecture Composition du passage : Le passage étudié se compose des deux premières parties de la fable : il s’agit de l’introduction liminaire et de la récriture versifiée de la fable ésopique. La deuxième proposition plus lapidaire, qui récrit la récriture de Babrlas, et la morale de la fable ne font pas partie du passage.
Ainsi, il sera question , dans cette étude d’une réflexion sur e corps de la fable et le commentaire, sur l’hypotexte et sa récriture, sur la narration et la poésie autour de la thématique du double. Mouvements du texte : Trois mouvements se dégagent de cet extrait 1 : l’utilité de la fable : instruire et plaire 2 : autorité des Anciens et esthétique de l’auteur 3 : l’esthétique de la brièveté au service de l’apologue Problématique : Ces différents mouvements montrent une mise en tension permanente sur le plan formel, esthétique et générique.
Dès lors, il s’agit de voir comment La fable se structure, au niveau thématique comme au niveau formel ou ntertextuel, sur le thème du double, montrant ainsi en creux l’universalité d’une morale à la fois didactique et métatextuelle qui définit le courage par la dénonciation des paroles vaines et q 6 didactique et métatextuelle qui définit le courage par la dénonciation des paroles vaines et qui prône la parole efficace.
Les six premiers vers qui constituent ce premier mouvement sont une justification du choix du genre de la fable, qui préfigure par son thème « Le pouvoir des Fables » (livre VIII), et reprend les propos affirmés dans l’adresse au dauphin, dans lequel La ontaine évoque les « inventions si utiles et tout ensemble si agréables Ainsi, la fable répond à une double intention : « il faut instruire et plaire L’emploi du déontique souligne la nécessité de répondre à ces deux objectifs qui reprennent la devise d’Horace devenue devise classlque.
Si l’objectif est double, le discours est double lui aussi : ainsi « les fables ne sont pas ce qu’elles semblent être La répétition du verbe être met en opposition les deux propositions : l’usage de la négation, souligné par la place de l’adverbe « pas » à l’hémistiche, et opposé ? ’emploi du modérateur « semblent », permet d’acter de façon définitive « les sortes de feintes » qui régissent l’écriture persuasive de la fable.
Il s’agit donc d’avertir le lecteur sur la double nature de la fable, laquelle se caractérise par Pinversion de la hiérarchie naturelle : « le plus simple animal nous y tient lieu de maître Le superlatif antéposé signale la simplicité intrinsèque de l’animal qui jouit d’une position de maitre face à l’homme. L’usage de la deuxième personne du pluriel signale l’implication de l’auteur, qui se soumet lui aussi ? PAGF s 6 ersonne du pluriel signale l’implication de l’auteur, qui se soumet lui aussi à la supériorité de l’animal de la fable.
Cette implication permet à La Fontaine de créer une connivence avec le lecteur et participe de la stratégie persuasive. pour autant, la périphrase verbale « tient lieu » connote [‘idée d’une apparence : ainsi, l’animal semble être le maitre de l’homme, mais ne l’est pas réellement : ce vers est l’illustration de la thèse proposée dans le premier vers.
Il s’agit à présent de justifier le choix de cette « feinte et de faire l’apologie de la force de persuasion qui justifie ce choix d’écriture. Les quatre vers suivants évoquent les deux écueils qui ne permettent pas de joindre l’utile à l’agréable « la morale nue » et « conter pour conter La position de ces vers, qul embrassent la devise « docere et placere » mime l’idée d’un juste milieu entre les deux parties de la fable le conte et la morale.
L’emploi de la juxtaposition donne un sentiment d’évidence renforcé par l’usage du présent gnomique. L’assonance en -n lie intimement les mots « nue » et « ennui », déjà reliés par la métrique grâce à leur position dans le vers (hémistiche et rime) : ainsi, l’ennui est apporté par la nudité de a morale, à laquelle il faut ajouter un « ornement » poétique, comme le suggère la préface.
L’expression tautologique « conter pour conter » souligne la vanité d’un récit qui ne serait pas utile pour le fabuliste, le récit doit comporter une morale : dès lors, c’est à travers récriture du récit, par le biais de l’argumentation indirecte, que 6 6 morale : dès lors, c’est à travers récriture du récit, par le biais de l’argumentation indirecte, que Pauteur se propose d’instruire.
Derrière la définition qu’il donne de la fable, l’auteur justifie ses propres choix d’écriture, comme le souligne la présence du ronom personnel « me Dans ce premier mouvement, La Fontaine avertit le lecteur sur la double nature de la Fable : à la fois récit et morale, ce genre vise le placere et le docere. C’est pourquoi le lecteur ne doit pas se laisser abuser par la feinte qui ne vise qu’à la persuasion.
En ce sens, la fable, loin d’être un genre mineur, jouit d’une « élégance » que l’art de la brièveté renforce, comme le souligne l’argument d’autorité invoqué dans le second mouvement. 2 autorité des Anciens et esthétique de l’auteur Il s’agit, dans ce second mouvement, de s’appuyer sur trois igures d’autorité pour prôner l’art de la brièveté d’une écriture qui se veut cependant élégante.
En creux c’est l’utilité de la forme poétique de l’esthétique de La Fontaine qui est argumentée. La formule emphatique par extraction « c’est que » commence ce deuxième mouvement qui s’achève à la fin de la strophe. Cette emphase permet de mettre en valeur le groupe nominal »cette raison qu’on peut lire dans sa double acception : en tant que connecteur de causalité, mais aussi dans la caractérisation dune écriture raisonnée, et raisonnable, derrière son masque merveilleux.
Le substantif « esprit » fait écho à la raison évoquée à l’hémistiche et annonce rargument d’autorité « gens fameux » renforcé par l’adverbe quant 7 6 l’hémistiche et annonce l’argument d’autorité « gens fameux » renforcé par l’adverbe quantitatif « nombre de Le groupe participial « égayant leur esprit » souligne que le placere qui caractérise la fable se trouve aussi du côté de l’auteur.
Ainsi, la rime « esprit » « écrit » connote l’idée d’une écriture à la fois raisonnée et gaie. L’emploi du passé composé « ont écrit » souligne par son aspect d’accompli du présent une valeur e continuité historique que La fontaine poursuit : Pargument d’autorité donne ses lettres de noblesse à ce genre longtemps considéré comme mineur. L’auteur va à présent exposer, en s’appuyant sur cet argument d’autorité souligné par le pronom son esthétique de la brièveté.
Celle-ci parait totalisant « tous surprenante au regard d’un genre narratif qui refuse « la morale nue s. Il s’agit pour l’auteur de répondre à la double contrainte de « l’élégance laconique Cette brièveté est marquée par la syntaxe : chaque vers prend la forme d’une phrase terminée par n point, et la métrique mime, par l’emploi de l’octosyllabe, la brièveté évoquée chez Babrias.
La rime « étendue/ perdue » met en valeur, en creux, l’importance de la parole efficace propre au genre persuasif. Le verbe fuir renvoie à une écriture raisonnée, mais la mention de l’ornement, pourtant évoqué dans la préface, suggère que l’élégance de l’écriture doit passer par la brièveté. L’évocation de Phèdre, Esope et de Babrias dans une gradation tend à montrer que la réécriture des fables anciennes se doit de garder cette efficacité, en dépit des critiques qui pe