versification
Versification française L’Art Poétique de Nicolas Boileau décrit les règles classiques de versification française. « Cest en vain qu’au Parnasse un téméraire Autheur Pense de l’Art des Vers atteindre la hauteur » La versification française est l’ensemble des techniques employées dans l’expression poétique traditionnelle en langue française et des usages qui y règlent la pratique du vers : regroupement en strophes, jeu des rythmes et des sonorités, types formels de poè technique, la versific renvoient à des conc la poésie revendiqué Cet article regroupe Sni* to View purement s poétiques, qui es et esthétiques de n groupe. n une présentation les pages césure, générale ; les détails sont present s dans diérèse, enjambement, hémistiche, hiatus, metrlque, rime, strophe, synérèse, vers, etc. Sommaire Le vers 1. 1 Métrique . 1. 1 Décompte des syllabes 1. 1. 2 Règle du e caduc 1 . 1. 3 Diérèse et synérèse 1. 1. 4 Hiatus 1. 2 Noms basés sur la métrique I . 3 Rime 1. 3. 1 Noms 1. 3. 2 Féminin et masculin 1. 3. 3 Singulier et pluriel 2. 2. 4 Quatrain (4 vers) 2. 2. 5 Quintil (5 vers) 2. 2. 6 Sizain (6 vers) 2. 2. 7 Septain (7 vers) 2. 2. Huitain (8 vers) 2. 2. 9 Neuvain (9 vers) 2. 2. 10 Dizain (10 vers) 2. 2. 1 Onzain (1 1 vers) 2. 2. 12 Douzain (12 vers) 2. 2. 13 Treizain (13 vers) 2. 2. 14 Autres formes (14 vers et plus) 3 Le poème 3. 1 Noms et formes 3. 2 Figures de style 3. 3 Diction 3. 4 Subjectivité poétique 4 Notes et références 5 Voir aussi 6 Liens externes Métrique Décompte des syllabes L’unité de mesure du vers français est la syllabe. Parler de « pied par analogie avec le latin ou le grec, doit officiellement ne plus être utilisé depuis 1961 [réf. écessaire] ; ainsi, en 1974, Jean Mazaleyrat écrivait « appliquer le terme pied à la syllabe, comme on l’a fait, comme on le fait souvent encore dans notre radition pédagogique, lexicographique et critique, ce n’est pas seulement mêler les techniques et confondre les notions. Cest méconnaître le caractère accentuel et rythmique du vers français. C’est plus qu’une inadvertance terminologique, c’est une erreur de conception. Cest confondre la structure combinée des mesures rythmiques et la somme pure des syllabes, la fin et les moyens. ?1 Le mètre est le nombre de s llabes comptées dans un vers. Notre versification, qui repose s PAGF 7 6 des syllabes, est dite dois. (Pierre Corneille, Don Sanche d’Aragon) Règle du e caduc Fantaisie graphique autour de quelques e. Le e caduc désigne la voyelle e dont la prononciation « e » varie en fonction de l’environnement syntaxique. Souvent le e caduc est improprement appelé e muet, car la modification de prononciation consiste souvent en une atténuation, voire une disparition, du son « e » (amuïssement).
Le e caduc est associé aux graphies « e », « es » et « ent Attention cependant : les terminaisons « -es » et « -ent » n’indiquent pas obligatoirement la présence d’un e caduc (cf. « Miguel de Cervantes « le couvent « qu’ils soient ou tous les verbes à la troisième personne du pluriel de l’imparfait et du onditionnel : « ils voulaient » et « il voulait n, tout comme « il voudrait » et « ils voudraient diffèrent uniquement à l’écrit, par un « -ent » grammatical non prononcé).
En fin de vers, un e caduc associé aux terminaisons « -e « -es « -ent » ne compte pas comme une syllabe (apocope). Que je ne puis la voir sans voir ce qui me tue. apocope du « e » en fin de vers (« tu(e) J’aperçois tout à coup deux yeux qui flamboyaient, « -ent » ne signale pas un e caduc et le verbe ne subit pas l’apocope flamboyaient » = imparfait, 3e personne du pluriel). (Alfred de Vigny, Les Destinées, La Mort du loup) Arthur Rimbaud, manuscrit des Assis. ? l’intérieur du vers, le e caduc en fin de mot ne compte pas toujours comme une sylla PAGF 3 OF Assis. toujours comme une syllabe (élision non systématique du e caduc final d’un mot) : il y a élislon, et la dernière syllabe ne compte pas, quand le son « e écrit -e » est suivi par une voyelle ou un h muet ; il n’y a pas élision, et la dernière syllabe compte, quand le son « e » écrit « -e » est suivi par une consonne, ou quand le son « e » est orthographié « -es » ou « -ent J’ai rêvé dans la grotte où nage la sirène. ? e » élidé devant une voyelle (« grott(e) où »), ? e » prononcé devant une consonne (« na•ge la h), apocope du « e » en fin de vers (« slrèn(e) (Gérard de Nerval, El Desdichado) jamais mensonge heureux n’eut un effet si prompt « e » élidé devant h muet (« mensong(e) heureux Oean Racine, Athalie) Ses houles où le ciel met d’éclatants îlots « e » prononcé dans la terminaison « -es » houles où h). Leconte de Lisle, poèmes tragiques) Où tendent tous les fronts qui pensent et qui rêvent « e » prononcés à l’intérieur du vers tendent « pensent b), apocope du « e » en fin de vers rêv(ent) (Sully Prudhomme, Le Zénith — aux victimes de l’ascension du allon le Zénith —) Quelque chose approchant comme une tragédie, « e » élidés devant voyelles (« chos(e) approchant « comm(e) une s), apocope du « e » en fin de ver 6 devant voyelles (« chos(e) approchant », « comm(e) une p), apocope du « e » en fin de vers (« tragédi(e) »). Alfred de Musset, Premières Poésies, La Coupe et les Lèvres) Et les cieux rayonnaient sous l’écharpe d’IslS Et•les « e » prononcé devant une consonne (« écharpe d’Isis ») ; « -ent » ne signale pas un e caduc et le verbe n’est pas élidable rayonnaient » = imparfait, 3e personne du pluriel). Gérard de Nerval, À Louise d’or, reine — ou sa variante : Horus Willlam Hogarth, Le poète en détresse. Enfin, le « e » à l’intérieur d’un mot est parfois élidé entre une voyelle et une consonne (syncope) : par exemple, il y a syncope dans « il avouera » mais pas dans avouer » ( — aA. ou•er). Je ne t’envierai pas ce beau titre d’honneur. syncope du « e » entre voyelle et consonne envi(e)rai (Pierre Corneille, Le Cid) Ces règles peuvent provoquer la confusion lors du décompte du e tonique (c’est-à-dire prononcé) et les auteurs cherchent à l’éviter : par exemple, « Dites-le » serait remplacé par « Dites-lui de… ? De plus, au Moyen Âge et au XVIe siècle, ces règles étaient différentes : la prononciation était différente et, au Moyen Âge, le « e » s’élidait souvent à l’hémistiche de l’alexandrin césure épique La vi-e que j’avais m’est de douleur ravie. ? vie » se prononçait en deux syllabes (« vi-euh ; par contre, il y a une apocope finale. (Robert Garnier, Hippolyte) Les pierres précieus(es) valen PAGF s 6 contre, il y a une apocope finale. Les pierres précieus(es) valent mieus d’un chastel. élision à l’hémistiche, et diérèse de « précieuses » indiquée par un tréma. (Le Roman d’Alexandre) Diérèse et synérèse Étymologie du mot « bièvre » : venant du gaulois bèbros (latin fiber), la diérèse en « » est théoriquement injustifiée.
Certains sons uniques en prose sont dédoublés dans l’élocution versifiée : « pas•sion » devient « « diamant » devient « « fouet » devient « fou•et h. Cest la diérèse, qui transforme une consonne en voyelle juxtaposée à la voyelle habituelle du mot ; la diction ainsi abrégée parait adoucie. La nation chérie a violé sa foi. Diérèse de « na•tion Oean Racine, Esther) Deux syllabes en prose peuvent aussi être contractées en une eule dans l’élocution versifiée. ? hi•er » devient « hier « li•on » devient « lion C’est la synérèse, qui transforme une voyelle en consonne intégrée à la voyelle majeure du mot ; la diction ainsi abrégée parait plus dure. Hier, j’étais chez des gens de vertu singulière Synérèse de « hi•er » (Molière, Le Misanthrope) Historiquement, diérèse et synérèse suivaient des règles strictes (pleines d’exceptions) basées sur l’étymologie. On trouve, avant Corneille, certains mots de trois syllabes dont les deux dernières sont en synérèse : meurtrier, sanglier, bou•clier, peu•plier2.
Les poètes modernes s’affranchissent des origines des mots et utilisent diérèse et synérèse en fon PAGF 6 Les poètes modernes s’affranchissent des origines des mots et utilisent diérèse et synérèse en fonction de considérations métriques, rythmiques, ou esthétiques : la diérèse peut donc servlr à favoriser l’artlculation du vers et à ralentir la diction, et la synérèse peut donner une touche archaïque quand elle est utilisée là où elle n’existe plus en français moderne ; sinon, des dictionnaires, comme le Littré, aideront les plus scrupuleux à se conformer aux règles étymologiques.
Hiatus L hiatus désigne la rencontre de deux voyelles, soit dans le même mot (hiatus interne ; exemple : « maïs soit dans deux mots successifs (hiatus externe). Lhiatus ne posait aucun problème au Moyen Âge. Mcolas Boileau condamnait fermement tout hiatus externe, notamment dans son œuvre L’Art poétique3.
Cette intransigeance est critiquée, par exemple par Paul Valéry, qui parlait de « la règle incompréhensible de Ihiatus FA, ou par Alexandre-Xavier Harduin qui, en 1757, écrivait « Il semble que, loin d’éviter les hiatus dans le corps d’un mot, les poètes français aient cherché à les ultiplier, quand ils ont séparé en deux syllabes quantité de voyelles qui font diphtongue dans la conversation. De tuer, ils ont fait tu-er, et ont allongé de même la prononciation de ru-ine, vi- olence, pi-eux, étudi-er, passi-on, di-adème, jou-er, avou-er, etc.
On ne juge cependant pas que cela rende les vers moins coulants; on n’y fait aucune attention ; et l’on ne s’aperçoit pas non plus que l’élision de l’e féminin n’empêche point la rencontre de deux voyelles, comme quand on dit année-entière, plaie-effroyable, joie-extrême, vue-ag 7 6 rencontre de deux voyelles, comme quand on dit année-entière, laie-effroyable, joie-extrëme, vue-agréable, vue-égarée, bleue-et blanche, boue-épaisse »5.
Noms basés sur la métrique Illustration du Roman d’Alexandre (British Museum). Le nom d’un vers dépend de son nombre de syllabes. Les vers de 1 à 12 syllabes sont appelés : monosyllabe, dissyllabe, trisyllabe, tétrasyllabe (ou quadrisyllabe), pentasyllabe, hexasyllabe, heptasyllabe, octosyllabe, ennéasyllabe, décasyllabe, hendécasyllabe, alexandrin (ou dodécasyllabe). La poésie française prlvilégle les vers pairs (ayant un nombre pair de syllabes) : l’alexandrin, qui doit son nom à sa première apparition dans le
Roman d’Alexandre (poème narratif anonyme du XIIe siècle), est le mètre le plus utilisé dans la langue française, dans tous les types d’expression poétique comme les textes du théâtre classique , le décasyllabe, dont l’emploi est dominant jusqu’au milieu du XVIe siècle où il est remplacé par l’alexandrin ; l’octosyllabe, sans coupe régulière, se caractérise par la légèreté ; au Moyen Âge, c’est le vers de la poésie lyrique.
Il est assez souvent employé en association avec d’autres mètres plus longs ou plus courts ; l’hexasyllabe, qui se rencontre seul ou en association avec ‘alexandrin pour en rompre la monotonie et la majesté. Les vers impairs recherchent l’écart et la souplesse ; la mise en cause des mètres traditionnels que constitue l’utilisation des vers impairs apparaît comme une étape vers le vers libre ou le verset poétique, qui marqueront la fin du XXe siècle.
Les vers rapportés, comme les vers brisés, peuvent se 8 6 marqueront la fin du XXe siècle. Les vers rapportés, comme les vers brisés, peuvent se lire en ligne et en colonne. Les vers blancs sont des vers dont la métrique est régulière, mais pas la rime ; c’est par exemple le cas dans la prose poétique ou u théâtre, quand le rythme particulier dune phrase en prose se rapproche d’un mètre traditionnel : cf. Dom Juan « La naissance n’est rien où la vertu n’est pas ! » Les vers libres n’ont pas de structure régulière. ? l’exception parfois des vers libres, et en dehors de toute considération calligraphique, les vers commencent toujours par une majuscule et se terminent par un saut de ligne. Rime Une rime est un retour de sonorités identiques à la fin d’au moins deux vers, avec pour base la dernière voyelle tonique. Différente de l’assonance médiévale, la rime impose l’homophonie des sons onsonantiques qui suivent la dernière voyelle prononcée. Elle peut être enrichie par la reprise de sons complémentaires qui précèdent la voyelle.
Noms A, B, C… servent à noter des rimes aux sonorités différentes ; si cela est nécessaire, des minuscules indiquent d’autres nuances (ex. : Abc = 3 sonorités ; A vers long, b et c vers courts). Le nom des rimes dépend principalement de leur disposition et des successions de sonorités qui en résultent : AAAA dans les rimes continues ; AABB dans les rimes suivies ou plates ou jumelles chanté été’… dépourvue venue) ; ABAB pour les rimes croisées ou alternées pensées bruit croisées / … uit) ; ABBA dans les rimes embrassées chandelle / filant s’émerveillant belle) ; sans ordre dans les rimes PAGF q 6 rimes embrassées chandelle filant s’émerveillant belle) ; sans ordre dans les rimes mêlées ; ABCABC, voire ABCDABCD, dans les rimes alternées (rares, et surtout au Moyen Âge) ; AABCCBDDB pour les rimes en rhythmus tripertitus (ou rythme tripartite : même rime tous les trois vers) , AAABCCCBDDDB pour les rimes en rhythmus quadripertitus (ou Mthme quadripartite : même rime tous les quatre vers).
Il existe aussi certains jeux de reprise, certains plus ou moins abandonnés, comme : la rime annexée, avec la dernière syllabe de la rime reprise au vers suivant aglle / Il… ) , la rime batelée, avec la dernière syllabe du vers rimant à la césure du vers suivant ; la rime brisée, avec rime supplémentaire à la césure ; la rime couronnée, avec répétition de syllabe priant, criant) ; la rime dérivative, basée sur des mots de même racine apparaît / … isparaît) ; la rime emperière ou impératrice, avec triplement de la syllabe morose rose Rose) ; la rlme enchainée, avec retour de la rime durant tout le vers u la strophe (ce qui créée une assonance : Je m’étonne que tu chantes, / Et chantonnes… ) ; la rime équivoquée, qui joue sur plusieurs mots la rose / .. ‘arrose) ; la rime fraternisée ou fratisée, à la fois annexée et équivoquée, avec la dernière syllabe de la rime ressemblant au début au vers suivant admettons / Et ton… ) ; la rime grammaticale, qui reprend deux formes fléchies d’un même mot ; la rime léonine, sur deux syllabes souris / … pourris) ; les rimes redoublées, avec reprise des mêmes rimes ne respectant que l’alternance « rime masculine – rime féminine » ;