Peut on prouver l existence du monde ext rieur Hume Dans le Trait
Séminaire de master : « Peut-on prouver l’existence du monde extérieur ? » Travail de Jean-Marie Oppliger 17. 01. 2015 « Peut-on prouver l’existence du monde Hume, « Du scepticisme à l’égard des sens in Traité de la nature humaine, Livre l, Partie IV, section Il, p. 27S-287. Sni* to View Table des matières 1 Introduction…. …. ….. . 2 « peut-on prouver l’existence du monde extérieur ? 2. 1 Quelle est la cause de notre croyance en l’existence des corps ?. 6 2. 2 L’existence extérieure : deux ontologies possibles……………… 6 2. 3 La perception…. 7 3 Les sens, la raison et ‘imagination………………… . 1 Les 8 3. 1. 1 Les trois genres d’impressions……………. 3. 2 La raison…. …. 11 3. 3 L ‘imagination : présentation du modèle abrégé 3. 3. 1 Modèle complet : attribution du concept d’identité à des 4. 2 orgne de la CENP. 4. 2. 1 Un seul concept d’existence, éphémère et dépendante20 4. 3 Évidence de la croyance. 4. 4 5 Conclusion 23 6 Bibliographie. 25 2 Introduction … 21 ……… 22 Nous étudierons dans ce travail les pages 275 à 287 du Traité de la nature humaine, 1 début de la section « Du scepticisme à l’égard des sens ivre l, partie IV, section Il.
Cette section du Traité est remarquable pour sa densité. Hume entreprend de traiter la croyance en l’existence du monde extérieur. Il aborde la question de manière très originale par rapport à ses prédécesseurs, car pour lui, la croyance est inévitable, imposée par la nature, et il ne s’agit pas de la justifier, mais de découvrir sa cause. En trouvant la cause de la croyance en l’existence du monde extérieur, il sera possible de manière indirecte de déterminer si cette cause constitue une justification de la croyance. La démarche de Hume est donc exploratrice.
Il considère une ? une les facultés humaines, la raison, les sens et l’ima ination, afin de déterminer laquelle est capable de PAGF OF section selon laquelle nous connaissons de maniere évidente la nature des perceptions quand on les perçoit. Cette thèse est incomplètement traitée par Hume, malgré son importance primordiale. Nous essaierons de comprendre pourquoi le traitement imparfait de cette thèse peut avoir des conséquences graves sur la cohérence de la théorie de Hume. Ce début de la section fait office d’introduction à la démonstration que Hume met en place.
La genèse de la croyance en l’existence des corps est un processus presque mécanique de cause à effet dont la faculté responsable est l’imagination. Pour Hume, cette croyance est irrationnelle et le fruit de plusieurs confusions imputables ? l’imagination. De ce fait, la cause de la croyance ne peut en aucun cas constituer une justification. Nous ne nous intéresserons pas au mécanisme intégral que décrit Hume. En effet, ce n’est pas tant le modèle qui nous préoccupera que la méthode qu’il emploie pour le définir.
C’est une enquête qu’il met en place : considérant notre croyance en ‘existence des corps, il recherche la cause de cette croyance comme on rechercherait un coupable, puisque la croyance est le fruit d’erreurs et de confusions. La croyance pourrait être vraie, mais son développement est fautif; elle pourrait être vraie par accident. Nous nous intéresserons aux fondements de son système afin de montrer que tout repose essentiellement sur une thèse présentée de manière incomplète au cours de la section : la thèse de la con dente de la nature des PAGF 6 Traité » et numéro de page.
Nous utiliserons une autre édition pour faire référence à d’autres sections du même livre. ode d’existence2. Nous commencerons, dans notre partie 2, par quelques clarifications de langage en discutant de la question générale de l’existence du monde extérieur dans les multiples manières dont on peut l’aborder. Ensuit, dans notre partie 3, nous présentons un exposé de la manière dont Hume disculpe les sens et la raison pour conclure de la culpabilité de l’imagination dans la création de la croyance en l’existence des corps.
Finalement, en partie 4, nous montrerons que la thèse CENP est traitée de manière incomplète et que, suivant l’interprétation que l’on en ire, cela compromet grandement la cohérence de la théorie du Hume. « Peut-on prouver l’existence du monde extérieur ? » Il existe une multitude de manières de comprendre cette question. Nous entendrons généralement par « monde extérieur « corps matériels » ; les auteurs sont rare qui, comme Berkeley, ont envisagé l’existence des corps sans que ceux-ci soient constitués de matière3.
Hume s’exprime généralement en parlant « d’objet » ou de « corps Ainsi, dans sa première formulation de la croyance est faite sous la forme suivante : « Nous sommes fondés à demander 6 une xistence continue, même quand ils ne sont pas présents aux sens ; et (2) pourquoi admettons-nous qu’ils ont une existence distincte de l’esprit et de la perception ? »4 La matérialité du monde n’est pas étudiée directement par Hume. Et pour cause, Hume est profondément sceptique quant à la connaissance que l’on peut avoir de la nature des corps.
Hume n’entend généralement pas « objet matériel » par « objet Et l’existence du monde extérieur n’est tout d’abord pas envisagée comme une existence matérielle dans le modèle de Hume: il faut commencer par croire à l’existence des corps 4 Nous référerons à cette thèse par l’abréviation CENP, pour « connaissance évidente de la nature des perceptions Berkeley considère que les corps existent, mais ne sont constitués que de perceptions. (Berkeley, George, « Principes de la connaissance humaine in Traité dur les principes de la connaissance humaine, Partie l, SI -24, Paris : Aubier. ) Traité, p. 71. Les chiffres (1 ) et (2) ont été rajoutés pour faciliter les références aux deux questions distinctes dans la suite de ce travail. PAGF s 6 l’une de l’autre : « Car, si les objets de nos sens continuent d’exister même quand ils ne sont as perçus, leur existence est naturellement indépendante et distincte de leur perception ; et vice versa si leur existence est indépendante de leur perception et s’en distingue, ils doivent continuer d’exister, même quand ils ne sont pas perçus. »5 Les commentateurs Harold W. Noonan6 et Georges Dickers7 s’entendent pour dire que ce raisonnement est en partie faux.
Selon les termes de Noonan : « The first of these beliefs, Hume notes, entails the second. For, of course, what is so can be so : « if the objects of our senses continue to exist, even when they are not percieved, their existence is, of course, ndependent of and distinct from the perception » (1978:188). And Hume goes on to add, without explanation, that the second belief entails the first, which it does not (for What can be, need not be). »8 Nous pourrions imaginer un monde où Dieu causerait nos perceptions; leur existence serait alors indépendante de notre esprit.
Pourtant, rien n’empêche que Dieu crée l’objet chaque fois que nous le percevons et l’anéantisse lorsque nous en détournons nos sens. Ainsi, prouver l’existence distincte des perceptions n’implique pas logiquement de prouver leur existence continue. Cette erreur de la part de Hume n’apportera, comme nous le verrons, que peu sa théorie, puisque, Georges, « The in the Existence of Body D, in Hume’s Epistemology and Metaphysics, Chapitre 6, London : Routledge, 1998, p. 154-194. Noonan, p. 1 63. (La mise en gras est de ma part, les italiques sont de l’auteur. ) 2. Quelle est la cause de notre croyance en l’existence des corps ? Hume formule sa problématique ainsi : « Nous pouvons bien demander, quelle cause nous pousse à croire à l’existence des corps ? Mais il est vain de demander, y a-til, ou non, des corps ? »9 Il effectue un hangement de perspective important par rapport au traitement de la question qu’on a pu observer chez ses prédécesseurs, en raison des thèses qu’il a avancé dans le début du Traité : principalement, Hume considère que la croyance en l’existence des corps nous est imposée par la nature.
Ce qui se cache derrière cette évocation est pour l’instant flou et préciser cette origine naturelle de la croyance est l’objectif de sa section. Il entend par là une origine psychologique de la croyance, une conformité avec la nature de l’esprit . Ily a une grande différence entre les croyances que nous ormons après une réflexion calme et profonde et celles que nous embrassons par une sorte d’instinct ou d’impulsion naturelle, raison de leur appropriation et conformité à l’esprit. 10 Cette origine naturelle s’oppose à une origine rationnelle de la croyance. une croyance naturelle n’est p 7 6 ent irrationnelle, mais, raison et des croyances qui en découlent dans la section qui précède celle qui nous intéresse Du scepticisme à l’égard de la raison Livre l, partie IV, Section l). Selon lui, toute croyance de la raison dérive en probabilité et toute probabilité tend vers zéro 11. Autrement dit, si la croyance en l’existence des corps avait pour origine la raison, elle disparaîtrait. 2. L’existence extérieure : deux ontologies possibles Hume considère deux manières principales de conceptualiser l’existence extérieure des corps. La première ontologie est celle de l’homme du commun qui considère que nos perceptions sont extérieures et distinctes de nous et constituent l’objet perçu. La seconde est celle du philosophe qul considère les perceptions comme des 10 Traité, p. 275. Ibid. p. 303. Hume, David, L’entendement : Traité de la nature humaine, livre 1, trad. Phillipe Baranger et Phillipe Saltel, Paris : GF, 1995, Livre l, Partie IV, Section l. Pour les références tirées du Traité hors de la section que nous étudions en particulier, nous indiquerons Traité (1995) et le numéro de page our indiquer une édition différ PAGF 8 6 philosopher13. 2. 3 La perception La théorie de la perception de Hume est relativement complexe et fait une utilisation originale de plusieurs termes en comparaison à ses prédécesseurs 14. Nous n’allons pas présenter sa théorie de la perception dans son intégralité. Quelques précislons sont toutefois nécessaires.
Hume présente sa théorie de la perception dans les premières sections du Traitél S. Hume compte deux genres de perceptions : les impressions et les idées. Les impressions sont « toutes nos sensations, passions et émotions telles qu’elles se présentent d’abord à l’âme » et les idées sont « leurs images affaiblies dans la pensée et le raisonnement »16 : on reçoit directement des sens une impression ; cette impression, dans notre mémoire, devient une idée. On ajoutera que toute idée dérive d’une impression primitive17.
L’intérêt de ce résumé est de faire emarquer au lecteur que l’emploi du terme impression désignera dans la terminologie de Hume une perception par les sens. Nous noterons également que le terme perception est souvent utilisé dans cette sectlon du livre de Hume pour désigner la sous-classe des impressions, par exemple, quand il suggère l’existence externe des perceptions ou les perceptions comme représentations d’objet extérieuresl 8. disculpant les sens et la raison qu’il conclut de la culpabilité de l’imagination. Bien sûr, si son argumentaire concernant ces deux facultés se révélait 13 14 15 17 18 Traité, p. 76. Ibid, p. 05. On notera particulièrement Locke à qui Hume fait spécifiquement référence en définissant son usage des termes idée et impression (Traité (1995), p. 42, notes). Traité (1995), partie I, section -VI, p. 75-126. Ibid, p. 41 Ibid. p. 44. Traité, p. 276-277. 7 faux, cela ne dévaluerait pas nécessairement son modèle explicatif. Il pourrait rester valide malgré que les raisons qui l’aient fait disculper les sens et la raison soient fausses. 3. 1 Les sens La question de l’existence distincte est étudiée selon les deux ontologies que Hume considère dans son nous avons fait état plus