Les rencontres des jours
L’ennui est un avertissement, qu’on n’écoute jamais trop. (Les rencontres des jours, Folio no 2878, p. 19) Un homme atteint de certitudes aigués. ( es rencontres des jours, Folio no 2878, p. 20) Le profit du voyage, c’est de découvrir ce qui demeure en place quand on ne reste pas en place. Le plaisir du voyage, ce sont les mille et un balanciers différents que les hommes ont inventés pour se tenir en équilibre sur le fil de la vie. L’ennui, c’est que peu de voyageurs voyagent. Ils se déplacent et se font transporter, tout au plus. Les rencontres de 5 Ce qui caractérise I Swape p ut toujours rare et le ne cesse de pester c ce sont toujours les autres. 8) ageur, espèce qul , c’est que le touriste ristes, bien entendu, (Les rencontres des jours, Folio no 2878, p. 29) Dis-moi Qu’as-tu choisi ? Qu’est-ce que tu veux garder ? Que veux-tu conserver dans la tirelire à temps dans ton léger trésor d’instants sauvés ? (Les rencontres des jours, Folio na 2878, p. 32) Pourquoi j’aime écrire des poèmes : Parce que pour qu’un poème surgisse il faut avoir fait le silence et le lisse en soi, et que déjà cela est bon.
Et que c’est une façon presque décente et convenable de communiquer. Les rencontres des jours, Folio no 2878, p. 35-36) Entendre derrière les mots ce qui n’est pas dit. (Les rencontres des jours, Folio no 2878, p. 42) Comme tout le monde, je crois, j’ai rêvé, je rêve parfois de la formule décisive, de ces mots entre les mots qui seraient les mots de la fin et la fin des mots. (Les rencontres des jours, Folio na 2878, p. 48) J’ai mon idée là-dessus. Il croit en effet la posséder, cette idée, en avare inquiet. (Les rencontres des jours, Folio na 2878, p. 9) Si pur, si certain, il n’avait même plus l’ombre d’un doute : il périt d’une insolation de certitudes. Les rencontres des jours, Folio na 2878, p. 71) Les ornithologues sont ces grandes personnes qui passent leur vie à faire tout ce qu’on leur a défendu de faire quand ils étaient petits. Ils ont tout le temps le nez et la tête en l’air ; ils écoutent on ne sait qui et on ne sait quoi au lieu d’écouter les personnes importantes (Les rencontres des jours, Folio no 2878, p. 81) Je doute parfois de l’existence de l’Enfer, mais la lecture des journaux me guérit de cette incrédulité-là. Les rencontres des jours, Folio no 2878, p. 90) Écrire pour communiquer le résultat d’une réflexion. Ou écrire our parvenir à comprendre ce qu’on ne comprenait pas. ly a les grands sentiments, les passions, l’amour, la haine, l’angoisse, la joie, la mort, l’illumination. Et puis il y a être vexé. (Les rencontres des jours, Aime-toi, le ciel t’aimera Folio no 2878, p. 101) 2 OF as Aime-toi, le ciel t’aimera. (Les rencontres des jours, Folio no 2878, p. 102) ‘esprit, c’est comme l’argent : on en a en général au dépens d’autrui.
Ce qu’on apprend d’important, il y a toujours le moment où on s’aperçoit qu’on le savait depuis toujours. (Les rencontres des jours, Folio no 2878, p. 105) Savoir est bon. Mais savoir où ranger son savoir pour le retrouver, cela est excellent. (Les rencontres des jours, Folio no 2878, p. 116) Essaie de te souvenir qu’on ne possède pas la raison. Ne pas discuter pour avoir raison, mais pour être, pour devenir raison. Ne pas avoir l’avantage, mais savoir davantage (Les rencontres des jours, Folio na 2878, p. 117) L’expérience enseigne ce qu’elle a oublié d’enseigner quand il était encore temps.
Aucun doute : la seule façon vraiment intéressante de faire de la musique (ou de la littérature, ou de la peinture, ou du cinéma) c’est celle de maître Wang et de maître Nabokov : ne pas faire emblant, mais faire renaitre, ou naitre… (Les rencontres des jours, Folio no 2878, p. 122) Les écrivains n’ont qu’une excuse, écrire les livres qu’ils avaient envie de lire. (Les rencontres des jours, Folio no 2878, p. 124) Ces intelligents très stupides ui comprennent tout, sauf qu’ils ne comprennent rien d’es 3 5 p. 125) Depuis que je n’attends rien il arrive à chaque instant ce que je n’attendais pas. Les rencontres des jours, Folio no 2878, p. 127) Ma bibliothèque est comme un tonneau, au choix à moitié vide ou à moitié pleine. Je la regarde heureux, en savourant tout ce qui me reste à lire. Ou malheureux, en me disant que je ne vivrai sûrement pas assez longtemps pour avoir tout lu. (Les rencontres des jours, Folio na 2878, p. 137) Le mal ce n’est pas de ne pas tenir ses promesses : c’est d’abord d’avoir fait des promesses impossibles à tenir. (Les rencontres des jours, Folio no 2878, p. 149) La faute de français anémie une langue. (Les rencontres des jours, Folio no 2878, p. 62) Il est atteint de certitudes et d’arthrose de la pensée. (Les rencontres des jours, Folio no 2878, p. 169) ne idée m’est venue. J’aurais aimé savoir d’où. U ( es rencontres des jours, Folio no 2878, p. 69) Toutes ces pensées qui n’ont personne pour les penser. (Les rencontres des jours, Folio na 2878, p. 170) La peur est une maladie. Qui peut désapprouver quelqu’un d’être malade ? (Les rencontres des jours, Folio na 2878, p. 177) Est-ce une éclipse ? Est-ce la fin ? Comment savoir à quoi peut ressembler l’absence dont on entend parler de uis le tout début ? Faut-il fermer les veux ? êter l’oreille ? 4 OF as Tu oublies d’être Tu oublieras d’avoir été. (Les rencontres des jours, Folio na 2878, p. 186) On meurt plus facilement d’un trop plein d’idées trop claires, lutôt que d’un excès d’idées trop embrouillées. (Les rencontres des jours, Folio na 2878, p. 199) Il faudrait essayer de ne pas accorder trop de réalité à la réalité. Le monde a grand besoin que nous doutions un peu de son existence. ( es rencontres des jours, Folio no 2878, p. 215) [ … l la passion d’amour nia pas besoin pour brûler à haute flamme de la présence réelle. ( es rencontres des jours, Folio no 2878, p. 21) L’amour c’est aussi cette façon d’être deux à ne pas être ensemble, distance qu’il ne faut pas nier, mais savoir reconnaître. ( es rencontres des jours, Folio no 2878, p. 37) C’est parfois trop demander, vouloir être aimé pour soi-même. (Les rencontres des jours, Folio na 2878, p. 238) Écrire pour démontrer est ennuyeux, écrire pour se montrer est dérisoire : il faudrait n’écrire que pour dire. Cest une grande vertu, dont tous les humains ne sont peut être pas capables, de pouvoir souffrir de se croire mal-aimé et d’en vouloir punir celui qu’on soupçonne d’être mal-aimant. es rencontres des jours, Folio no 2878, p. 245) [ … l l’amour qui réchauffe et vivifie, n’est pas celui qui brûle et consume. (Les rencontres des iou 8, p. 251) s 0F as lus détendu en rêve qu’éveillé : le rêveur n’a pas d’idées fixes. (Les rencontres des jours, Folio no 2878, p. 253) Le temps porte conseil : en général celui de ne rien faire. (Les rencontres des jours, Folio no 2878, p. 254) Il ne lit pas pour écouter les pensées des autres mais pour imposer silence aux siennes. À sociétés sans pitié, romans impitoyables. ( es rencontres des jours, Folio no 2878, p. 266) Mais qui est vraiment avec nous ?
Seulement ceux qu’on aime. ( es rencontres des jours, Folio no 2878, p. 274) Les littératures sont les témoins de l’impatience humaine : elles nventent des lois avant même qu’on ait pu entrevoir les lois de la nature. (Les rencontres des jours, Folio no 2878, p. 288) Le travail de l’écrivain, c’est de relier. Pas seulement de relier un lecteur à un auteur, une œuvre à un public, et dans le cas de très grandes voix, une parole à un peuple, et un peuple par une parole. Relier, c’est aussi établir une communication ou une corrélation qui n’avaient été, au mieux, qu’entrevues et pressenties. Les rencontres des jours, Folio no 2878, p. 291) Ne te presse pas : cela oppresse. ( es rencontres des jours, Folio no 2878, p. 292) [ … le savoir ne réside pas seulement dans les livres, les laboratoires, les fiches, mais dans et r l’amitié, celle des hommes, celles des bêtes as FOIi0 no 2878, p. -303) Est-ce que le génie, dans l’exil ou la paix, ce ne serait pas de pouvoir garder l’étonnement, qui ne prend jamais l’habitude ? (Les rencontres des jours, Folio no 2878, p. 315) Le Tout ne serait-il que l’envers du Rien ? Mais le Rien est peut-être un autre nom du Tout ? Qui a parlé ?
Cest moi peut-être ou bien personne ou bien celui qui s’éloigne et qui déjà se tait. qui passe (Les rencontres des jours, Folio no 2878, p. 44) Le bonheur de l’âge, c’est de se laisser glisser doucement du rôle d’acteur au poste de spectateur. (Les rencontres des jours, Folio no 2878, p. 346) Ily a mieux encore que le calme de la solitude : la présence silencieuse de l’être aimé, tout près. On est seul, en sachant qu’on pourrait ne pas l’être. (Les rencontres des jours, Folio no 2878, p. 352) Se souvenir simultanément que chaque être est unique au monde et que des milliards et des milliards sont exactement comme nous. Les rencontres des jours, Folio na 2878, p. 352) On se fait à tout, même à soi. Les rencontres des jours, Folio no 2878, p. 353) Le souvenir d’un bonheur n’est bénéfique que lorsque celui qui se souvient est encore heureux. Dans le malheur il n’est pas une consolation ou un refuge, mais la brûlure d’un regret sans espoir. (L’ami lointain, Gallimard nrf . 22 5 L’habitude qu’ont les mères et les bonnes de tout faire pour les garçons, c’est agréable pour la paresse, mais c’est souvent agaçant pour la dignité. ( ‘ami lointain, Gallimard nrf, p. 49) [ … la bonne lenteur pédagogique, la lente patience d’expliquer clairement. ( ‘ami lointain, Gallimard nrf, p. 4) Qui croit a besoin de croire [… l (L’ami lointain, Gallimard nrf, p. 72) Les besoins de l’âme ne sont pas moins forts que ceux de l’organisme, quoique aussi difficiles à définir et à prévoir. Savoir très précisément qui on hait laisse une grande ressource de bienveillance – ou d’indifférence. (L’ami lointain, Gallimard nrf, p. 83) Les vraies guerres se passent souvent comme les guerres pour jouer. On commence par faire la guerre. On trouve ensuite une raison de la faire. ( ‘ami lointain, Gallimard nrf, p. 05) Écrire l’histoire des aveuglements des hommes, ce serait eut-être le plus efficace des traités de la tolérance et de la prudence… (L’ami lointain, Gallimard nrf, p. 128) L’humanité déploie une ingéniosité admirable dans l’art d’inventer de faux problèmes pour n’avoir pas à affronter et résoudre les vrais, combattant les hérésies plutôt que la disette ou les famines, chassant les sorcières plutôt que combattant la peste, persécutant les juifs lutât ue desserrant les pièges de l’économie. 8 5 seulement les amés, pas seulement les amants. (L’ami lointain, Gallimard nrf, p. 29) La faiblesse de ceux que nous aimons nous les livre. L’ami lointain, Gallimard nrf, p. 135) l’héroisme n’est pas une garantie de vérité, ni le courage forcément lié à l’intelligence. (L’ami lointain, Gallimard nrf, p. 144) la jeunesse qui a le don de la colère et la faiblesse de l’impatience ; la vieillesse qui a parfois le don de la lucidité et souvent la faiblesse de la résignation. (L’ami lointain, Gallimard nrf, p. 145) La maladie fausse le jugement et calomnie la vie. La santé fausse peut-être aussi le regard, et embellit trop les choses ? (L’ami lointain, Gallimard nrf, p. 146) Qui dit que l’enfer n’existe pas ?
Il s’ouvre sous nos pas chaque ois que nous pensons : « J’aurais dû… » (L’ami lointain, Gallimard nrf, p. 168) toute théorie du mal fait plus de mal que l’existence même du mal. (L’ami lointain, Gallimard nrf, p. 174) ly a au fond de tous nos attachements la certitude que nous en serons un jour détachés. L’amour est une invention de la mort. (Le malheur d’aimer, p. 11, Folio nD580) On peut Jurer, on peut se jurer de toujours vivre avec un être. Non de toujours le désirer, non de toujours le supporter. Ni même d’avoir mal quand il se sera détourné – le premier. (Le malheur d’aimer, p. l fait pas plaisir. Le malheur d’aimer, p. 9, Folio n0580) Ce qui n’est que sentimental est toujours indécent. (Le malheur d’aimer, p. 23, Folio n0580) Les sentiments sont comme les mots historiques. La plupart du temps ils viennent à l’esprit après coup. (Le malheur d’aimer, p. 26, Folio n0580) Il est rare que ce qui nous importe nous apparaisse d’abord très beau. La beauté, la plupart du temps, c’est à nos yeux ce que nous reconnaissons, ce qui est pour nous familier, et sans trouble. (Le malheur d’aimer, p. 37, Folio nD580) Tu es une hypocrite, dit-il. On l’est toujours un peu si on est poli, dit-elle. (Le malheur d’aimer, p. 40, Folio nD580)
Il est toujours malsain de s’en vouloir : on est tenté aussitôt d’en vouloir aux autres. (Le malheur d’aimer, p. 46, Folio nD580) Désenchanté sans être amer, il n’avait jamais consenti aux facilités du scepticisme : loin de croire qu’il n’y a rien à croire, il croyait seulement qu’il faut croire plus de choses qu’on ne l’imagine au début. (Le malheur d’aimer, p. 55, Folio n0580) Ce qui rend commode le travail des auteurs de tragédies, c’est que leurs héros ne pensent qu’à ce qui leur arrive. (Le malheur d’aimer, p. 57, Folio n0580) Les paroles en l’air et le pa ier our rien composent l’inutile fumier des jours. 0 5