Les Obsèques de la Lionne

essay A+

En quoi cette fable cache-t-elle en réalité un discours politique ? Dans un premier tem attrayant. Puis, dans dimension satirique SAUTER DEUX LIGNE p g récit est vivant, s étudierons la écit. D’une part, cette fable contient un récit vivant, attrayant. Tout d’abord, ce récit est riche en rebondissements. En effet, cette fable raconte une série d’événements en rapport avec l’enterrement d’une lionne, comme le signifie le titre. pour commencer, le texte s’ouvre de manière surprenante sur le décès du personnage éponyme : « la femme du Lion mourut » V.

I . Par la suite, plusieurs événements viennent surprendre le lecteur : la délation du flatteur vers 28 un flatteur ralla dire uis la sentence excessive du lion vers 37-38 (« Venez Loups, immolez tous / ce traitre à ses augustes mânes b) et enfin le ret Sv. ‘ipe to retournement de situation final : le cerf sauve sa vie par un doucereux mensonge vers 41-49 : « Votre digne moitié / tout près d’ici m’est apparue La fable contient donc tout le schéma s’une tragédie, en quelques cinquante-cinq vers.

La densité narrative est telle que le lecteur n’a pas le temps de s’attarder réfléchir ou de s’ennuyer. Ensuite, le déroulement du récit est régulièrement interrompu. En effet, le narrateur quitte le récit pour énoncer quelques onsidérations personnelles à plusieurs reprises. Il décrit ainsi la cour aux vers 17 à 23 notamment par ces mots : « je définis la cour, un pays où les gens / sont ce qu’il plaît au Prince De même, il critique certains des personnages dans des propositions indépendantes juxtaposées (« les lions n’ont point d’autre temple » v. 4) ou bien dans des phrases non connectées Jugez si chacun s’y trouva » V. 1 1). Ainsi, en filigrane, le narrateur commente le comportement des personnages, donne son point de vue, retardant ainsi l’avancée de l’intrigue. De la même anière, le retour en arrière au sujet du deuil du Cerf (« la reine avait jadis / étranglé sa femme et son fils » v. 26-27) retarde encore un peu l’issue de l’aventure, provoquant ainsi un suspense à la fois surprenant et plaisant pour le lecteur, sur le ton d’une conversation.

Enfin, la lecture reste divertissante grâce à une grande variété des instances énonciatrices. En effet, la situation d’énonciation est complexe. D’une part le récit fait varier la manière de rapporter les paroles. Ta 2 d’énonciation est complexe. D’une part le récit fait varier la manière de rapporter les paroles. Tantôt le discours des ersonnages est direct (« Le cerf reprit alors : ‘sire le temps des pleurs est passé’ »v. 39-40), tantôt ces paroles sont rapportées de manière indirecte un flatteur l’alla dire / et soutint qu’il l’avait vu rire » v. 8-29)_ D’autre part, le lecteur entend également le discours d’un narrateur au double visage, qui, à la fois, raconte le récit et commente celui-ci. Ces variations de locuteur et de perception du message obligent le lecteur à une gymnastique intellectuelle qui l’empêche de sombrer dans l’ennui d’une lecture monocorde. Ce récit divertit donc le lecteur, de part de multiples variations, utant dans la construction du texte que de la manière de le transmettre au lecteur. Celui-ci peut en ressentir un vif plaisir, ce qui le met dans de bonnes dispositions.

Tout est finement conçu pour dresser une satire persuasive. SAUTER DEUX LIGNES Jautre part, cette fable cache une vive satire politique D’abord, cet apologue présente ses personnages à la frontière de deux univers : le monde animal et la société des hommes. En effet, les personnages ms en scène sont clairement des animaux. Ceux-ci sont nommés par l’espèce à laquelle ils appartiennent (« le cerf » v. 25, « loups » v. 6). Par ailleurs ces personnages se comportent parfois comme on l’attendrait d’animaux.

Ainsi le lion vit dans « son antre » v. 13. Pourtant, ces animaux ressemblent beaucoup à s’y méprendre à des êtres hu 3 antre » v. 13. Pourtant, ces animaux ressemblent beaucoup s’y méprendre à des êtres humains. Ceux-ci vivent selon une hiérarchie politique complexe avec un « prince » v. 12, des « prévôts »v. 8 et une « province » v. 6, c’est-à-dire une cour. Le lecteur, au-delà de l’univers merveilleux des animaux de la fable, ne peut que comparer ceux-ci à leurs homologues humains.

D’ailleurs, dans son commentaire au sujet de la cour V. 17-23, le fabuliste utilise, à l’inverse, une double comparaison qui réduit les hommes à des animaux : « peuple caméléon, peuple singe du maître Ainsi, le lecteur est invité à observer catégories sociales des rois et des courtisans, dont il dresse le portrait critique indirect. Certes, le portrait du roi est peu flatteur. En effet, ce personnage, dans la fable, est présenté comme colérique.

Sur la simple délation d’un flatteur, il condamne le cerf à la mort : « immolez tous / ce traitre à ses augustes mânes » v. 37-38. La réaction est démesurée : il condamne à mort un sujet parce qu’il n’a pas pleuré. Par ailleurs, il semble particulièrement naif puisqu’il semble croire le mensonge du cerf ; en témoigne le cadeau annoncé v. 51 : « Le Cerf eut un présent, bien loin d’être puni. » Si le fabuliste ne décrit pas la réaction du Roi, celle-ci est sous entendue par un tel cadeau. Pourtant, le mensonge du cerf semblait des plus surprenants.

En effet, il annonce au vers 42-43 : « Votre digne moitié couchée entre des fleurs, / Tout près d’ici m’est apparue; » L’apparition surnaturelle de la Lionne après son fleurs, / Tout près d’ici m’est apparue; » L’apparition surnaturelle de la Lionne après son décès n’est aucunement remise en cause. Ainsi, sans autre preuve que sa propre parole, le Cerf parvient à justifier son comportement. Le fabuliste remet alors en cause le jugement du Lion, capable d’arrêter une décision capitale (l’exécution d’un sujet) sur de simples paroles, sans preuves matérielles.

Au-delà de la personnalité de l’animal, la fable met donc raccent sur les responsabilités de la fonction et la gravité de la situation. Ainsi, certains lecteurs ont pu y voir une allusion ‘affaire du ministre Fouquet : sur une simple accusation celui-ci a été destitué de ses titres et de ses biens puis emprisonné. Néanmoins, la satire se fait surtout acerbe au sujet des courtisans. En effet, la quasi-totalité des commentaires se fait à leur sujet. Nous avons déjà expliqué que la métaphore « Peuple caméléon, peuple singe du maître » v. 1 rabaisse la foule de courtisans à un ensemble indistinct, dépourvu de tout intelligence, de toute capacité de distinction. par ailleurs, d’autres commentaires, comme « jugez si chacun s’y trouva »v. 1 1 ontrent le mépris qu’en éprouve le fabuliste. En effet, l’impératif du verbe « Jugez » appelle la connivence entre le fabuliste et le lecteur, sorte de clin d’œil au ridicule de la situation. Le fabuliste sous-entend ainsi, dans la subordonnée « si chacun s’y trouva » l’empressement avec lequel les courtisans se sont précipités aux obsèques.

De plus, remploi de périphrases pompeuses comme « cer S courtisans se sont précipités aux obsèques. De plus, l’emploi de périphrases pompeuses comme « certains compliments de consolation » v. 4 et « surcroît d’affliction » dont le dernier mot, a rime, s’achève sur une diérèse des plus théâtrales, montrent parfaitement raspect guindé, et donc faux, des sentiments de ces courtisans, d’ailleurs contraints de « s’acquitter » de devoirs v. 4.

Leur présence n’est pas spontanée, elle a été dictée par les usages, à l’invitation des « prévôts » mentionnés vers 8, des personnages chargés du respect du protocole. Le fabuliste dénonce donc de cette manière toute l’hypocrisie de cette foule, la fois spectatrice et comédienne. En conclusion, la fable « Les obsèques de la Lionne » se veut plaisante par divers moyens de séduction. Sur le ton léger d’un écit travaillé, le fabuliste nous narre l’histoire cocasse d’un mensonge des plus gros.