les aventures de télémaque
Fénélon, Les Aventures de Télémaque, la Bétique, 1 699 Introduction Les Aventures de Télémaque est un roman didactique écrit par Fénélon et publié contre son gré en 1699 pour l’éducation du Duc de Bourgogne, petit-fils de Louis XIV. Fénélon était son précepteur. Il s’agit d’un pastiche de L’Odysée d’Homère et de L’Eneide de Virgile. Les Aventures de Télémaque sont formée de 18 livres. Ce roman est une épopée romanesque qui relate les aventures de Télémaque à la recherche d’Ulysse, son père.
Sni* to View Dans cet extrait tiré voyageurs, un pays d o org le peuple de la Bétiq pc’ déale par la fiction. texte descriptif c aventures de Télémaque. registres merveilleux et polémique dépeint aux élon met en scène eption de la société ns le récit des l- Un pays lointain et merveilleux : un dépaysement total 1) La localisation géographique et temporelle : un pays entre réel et imaginaire Le XVIIe siècle est nou ri des textes de l’Antiquité : Fénélon présente ce pays apparemment merveilleux selon le mode des Anciens. aucun marqueurs spatio-temporels précis « qui se jette dans le grand océan » (l. 2,3,4,5) insituable dans le temps et dans l’espace peut être une région d’Espagne (Andalousie) dans « le grand Océan assez près des Colonnes coule, se jette… ») – Pas de vrai cycle des saisons : absence des saisons, qui sont confondues – l’action se déroule à l’étranger Bétique (l. -4) Fénelon donne l’étymologie du nom du pays : « la Bétique » le pays a pris le nom du fleuve n). – Un pays hors du temps : un temps indéfini et comme suspendu (-termes géographiques inconnus) 2) une région « tempérée » et clémente : le juste milieu et « harmonie Le XVIIe siècle privilégiait le juste milieu et l’harmonie : la Bétique répond à cette attente. Des conditions climatiques douces Vocabulaire du juste milieu : « (hivers) tièdes « (ardeur) tempérée » – Clémence suggérée par la mention des vents : « zéphyrs » (vents doux et agréables) ; la rigueur (« rigoureux de « l’aquilon » est niée (« n’y soufflent pas ») Un relief varié et harmonieux Tout cela concourt à renvoyer à l’Andalousie, mais le pays est peint comme un lieu fictif et merveilleux. ) Une région idyl ique : une nature généreuse : l’abondance Impression de profusion donnée par La mention de tous les « règnes » : – Minéral : sous-sol riche en métaux précieux : « mines d’or et ‘argent » (1*13) – Végétal : une végétation luxuriante (« double moisson »), énumération des différentes sortes d’arbres (« lauriers, grenadiers, jasmins »), description à val e (« verts et fleuris »), partie de la représentation traditionnelle du paradis : eau (le « fleuve « la mer ; air (les vents) ; terre (« montagnes ») – la nature semble produire d’elle-même : les « montagnes » (sujet du verbe) nourrissent « les troupeaux » (sujet du verbe « fournissent s) qui semblent produire la laine d’eux-mêmes – métaphore filée qui suggère la fertilité à travers « hymen » vocabulaire qui connote l’abondance : « bordés de », « couvertes de » – répétition de « toujours » harmonie qui s’étend à la région entière : « les vallons et les campagnes unies », « montagnes) la nature subvient aux besoins en nourriture et en habillement les besoins élémentaires * Un mélange d’âge d’or et d’Éden Fénelon nous avait avertis que ce pays semblait « avoir conservé les délices de l’âge d’or Cette expression renvoie à une période mythique de l’humanité qu’Hésiode, Ovide et Virgile ont développé dans leurs œuvres. Ce temps antérieur est décrit comme celui de l’abondance dans une nature énereuse, où tout poussalt sans travail, où hommes et animaux domestiques voisinaient en paix avec les bêtes sauvages, où les hommes vivaient dans l’amitié une totale communauté.
Ces caractéristiques se retrouvent bien dans le texte, mais Fénelon affirme qu’il ne s’agit pas d’un âge révolu, mais bien d’une réalité qui pourrait encore revivre. L’important pour Fénelon est de souligner leur « vie simple et frugale tout cela crée un dépaysement total : cette contrée semble être différente de celle des lecteurs, et ressemble étrangement au « paradis terrestre » Utopie l- Une société utopique et ressemble étrangement au « paradis terrestre » Utopie la société de la Bétique a été rencontré grâce au commerce (l. 16-17) avant elle nien faisait pas (l. 18-19) Les adjectifs « serein » (l. 2) et « heureux » (l. 8) et l’image « se donner la main » (I. -9) suggèrent déjà l’idée de bonheur et de concorde : les relations entre les habitants sont annoncées par le climat. La fusion entre la nature et l’homme est suggérée. 1) Des habitants à l’image de la région et en harmonie avec le décor L’évocation des lieux sert de métaphore à la perfection des abitats – procédés de la louange : marques d’évaluation, en particulier adjectifs qui peuvent s’appliquer aux hommes : « (un ciel) doux, toujours serein ». – cadre pastoral : l’innocence et la bonté naturelle des personnages se fondent dans le décor. rapport privilégié avec la nature, harmonie des hommes et des lieux. havre de paix 2) Une société primitive Activité en relation avec la nature : – société de pasteurs et d’agriculteurs (I. 19-20) (I. 2-23) professions utiles à la société – champs lexical de l’agriculture et de l’élevage (l. 4 et 9) (l. 10) (l. 18) (I. 12 et 23) Activités en relation avec parmi leurs richesse » Idéal de modération, de frugalité : Cette société privilégié ce qui est utile : – vocabulaire de l’utilité « servir » (l. 20) (l. 31) – vocabulaire de la nécessité/l’essentiel/l’indispensable « besoin » (l. 16) (l. 19), « nécessités » (l. 37), « nécessaires » (l. 23) frugal (l. 15-16 et 19) (l. 14) ( : qui vit et qui se nourrit de façon simple) L’insistance sur la « simplicité » Fénélon décrit un peuple simple : – le mot « simple » apparaît 2 fois (l. 14 et 24) – groupe de mot (l. 19) (l. 15-16) un peuple modeste (l. 4-1 S) hamp lexical de la perfection par la fiction, Fénélon exprime sa vision d’une société utopique Ill- La critique d’un autre monde Ce texte a été écrit pour le duc de Bourbon critique implicite de son monde, de nôtre monde 1) La technique du repoussoir et le regard de l’étranger Tableau du peuple voisin en contraste avec celui de la Bétique – apparemment élogieux de la part d’Adoam (qui représente un peuple clvilisé) (l. 25-27) – termes mélioratifs : « superbes », « ornées », « précieuses », « exquis », « délicieux », « harmonie », « charme » – procédé de l’accumulation qui donne l’impression de profusion alheur : « malheureux », « tourmente » Le narrateur dresse un portrait très rapide et plutôt élogieux de sa propre société aux habitants de la Bétique.
Ce tableau du « monde réel » est constitué d’une énumération de différentes réalisations humaines associées chaque fois à des termes mélioratifs. Le narrateur parle ainsi « des bâtiments superbes, des parfums exquis, des mets délicieux, des instruments dont l’harmonie charme ». Elle provoque le rejet de la part des habitants de la Bétique. Leur critique est d’ailleurs rendue plus sensible encore par l’usage du discours direct pour rapporter eurs paroles. Ces habitants opposent ce monde à leur propre société, notamment par le biais d’une série de questions rhétoriques visant à comparer les deux populations. « Vivent- ils plus longtemps ? Sont-ils plus unis entre eux ? Mènent-ils une vie plus libre, plus tranquille, plus gaie ? ? La suite de comparatifs utilisés dans ces différentes questions souligne bien la qualité de leur mode de vie, par opposition au mode de vie moderne européen. Les habitants de la Bétique leur reprochent surtout d’être corrompus par leur goût du superflu. – accumulatlon de termes péjoratifs (l. our évoquer notre monde 2) Du tableau vertueux à la critique des voisins : reproches adressés aux peuples civilisés Postulat de départ : « travail et industrie » (« corrompre ») – Le superflu : corruption Le discours qui vient clore l’extrait se présente comme un blâme très net du matérialisme et des richesses. En effet, ce « superflu » apparaît ici comme la source du vice et du malheur, comme richesses.
En effet, ce « superflu » apparaît ici comme la source du vice et du malheur, comme le souligne bien l’exclamation initiale : « Ces peuples sont bien malheureux d’avoir employé ant de travail et d’industrie à se corrompre eux-mêmes ! » ou encore l’inquiétante gradation des verbes dans l’expression suivante : « ce superflu amollit, enivre, tourmente ceux qui le possèdent ». Le discours des habitants de la Bétique condamne le superflu en l’associant au vice et même aux péchés capitaux, puisqu’il « amollit », « enivre », provoque la « violence », « l’envie » et « l’avarice ». L’accumulation dans la dernière phrase d’adjectifs ou de participes passés connotés de façon très négative, « jaloux », « rongés » « agités » et « incapables », forme une gradation emarquable et insiste bien sur l’ampleur des ravages provoqués par ce superflu.
Ce peuple étranger porte un regard très sombre et critique sur notre société matérialiste et nous incite à mettre ? distance ce désir d’obtenir et d’accumuler des richesses qui n’ont rien d’essentiel et ne sont que de « fausses nécessités – Critique de Versailles et de la cour de Louis XIV (cf Montesquieu, Lettres persanes) – société absurde, mondaine, faussée – rôle néfaste de cette cour sur les autres classes sociales (« ceux qui en sont privés » : petite noblesse et bourgeoisie) ongées par l’envie 3) L’habileté et l’efficacité de la « leçon » Il critique par des moyens didactiques : – discours direct – présent de vérité générale – pronom Indéfini « on » – insistant sur les termes essentiels de la démonstration « simple/simplicité pronom indéfini « on » « simple/simplicité h, « nécessaire/nécessités » ; de l’antithèse : « malheureux/bonheur » (dernier mot). – un peuple rural aux qualités morales exceptionnelles ‘évocation d’un peuple resté à l’âge du troc donc non corrompu par le pouvoir de l’argent – les critiques des populations plus puissantes. les habitants de la Bétique se détourner des arts au sens des techniques et des beaux-arts – ce peuple en quête d’une vie simple et d’un idéal de bonheur synonyme de santé – éloge de la Bétique – champ lexical de la grandeur pour évoquer la Bétique La simplicité de ce peuple utopique nous pousse à porter un regard distancié et critique sur notre monde.
Fénélon critique notre société à travers la fiction Concluslon : Fénélon critique sa société par la fiction en ayant recours au dépaysement. Cela est repris plus tard par Montesquieu dans les Lettres persanes. Cest une critique implicite de Louis XIV et de la cour. La Bétique offre le tableau d’un monde champêtre idéal, peuplé d’une société au mode de vie plutôt rudimentaire. La frugalité et la modération de celle-ci apparaissent ici comme sources de bonheur et s’opposent fortement au monde réel, et en particulier à la vie à la Cour au temps de Fénelon. L’auteur dépeint une sorte d’âge d’or, antérieur à la corruption et au vice générés par les richesses et le raffinement des mœurs. Fénélon est par la suite disgracié de la cour et chassé.