acaparement des terres

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o rig Nairobi L’accaparement des terres agricoles en Afrique Travail de session Travail soumis au Sni* to View Professeur Philippe Descheneau Dans le cadre du cours Politiques environnementales, gestion des ressources naturelles et développement (DVM3525A) Université d’Ottawa Le 21 mars 2012 paysans africains • 12 La déstructuration des sociétés africaines et la perte de [‘héritage des générations futures 13 d. La détérioration de l’environnement — 14 c. Quelles sont les alternatives pour l’Afrique? une prise de conscience collective 15 b.

Miser sur l’éducation nationale La lutte contre la corruption et la mise en place de politiques publiques efficaces . 16 OF médias. L’année 201 2 est désignée par plusieurs observateurs comme une période décisive pour l’environnement. Et pour cause : le controversé protocole de Kyoto touchera à sa fin, le regard de la planète se tourne graduellement vers le Brésil pour la très attendue conférence Ri0+20, les forums sociaux et les organisations à but non lucratif se pressent sur les plateformes publiques…

Et pourtant, parallèlement à ce fourmillement incessant, de nombreux pays sont le théâtre d’un drame silencieux, mais qui rend de plus en plus d’ampleur. Land grab, spoliation, accaparement… tous des synonymes pour désigner un seul et même phénomène : celui qui prive des milliers de paysans africains, sud- américains et asiatiques de leurs terres cultivables au profit d’investisseurs étrangers venus acquérir ces territoires à prix de famine.

Motivés par des intérêts géographiques ou économiques, ces accapareurs s’emparent massivement des terres arables à travers le monde, laissant des communautés entières dans le dénuement. Bien que ce phénomène s’étende d’un bout à l’autre de la planète, ce travail se imitera à l’analyse de ses causes et ses conséquences dans un contexte africain. ri g Ainsi, cette étude consistera à déterminer comment l’accaparement des terres arables africaines contribue à prononcer la vulnérabilité des pays concernés face ? la détérioration de l’environnement et les changements climatiques.

Il s’agira de mettre en lumière les liens existant entre la crise environnem lations de pouvoir entre PAGF a OF De plus, les conceptions théoriques dominantes sur l’environnement seront examinées et articulées à la problématique de départ. Il conviendra, dans un premier temps, de retracer les débuts du hénomène et de distinguer les intérêts stratégiques des acteurs impliqués dans cette dynamique. Dans un second temps, nous déterminerons les implications de l’accaparement des terres sur les perspectives de développement du continent afrlcain.

Dans un troisième et dernier temps, une série de solutions possibles seront proposées dans le but de mettre fin au phénomène. A. Comprendre l’accaparement des terres a. Les débuts du phénomène L’Histoire a connu son lot de luttes pour la terre. L’arrivée des explorateurs européens en Amérique ou encore l’occupation des terrltoires du continent fricain avant le début de la traite des Noirs ne sont que quelques exemples parmi des milliers illustrant la prise de possession massive et souvent violente de territoires étrangers par un groupe dominant.

Le phénomène de l’accaparement des terres africaines, dans sa déclinaison moderne, ny fait pas exception. Au départ, il s’agissait d’un marché discret s’étant formé autour des années 1980, et qui consistait ? la vente de parcelles de terres à des reneurs étrangers à un prix dérisoire. L’organisation affirmer que Pannée 2008 a marqué le début d’une véritable ruée vers les terres fricaines, accélérant à une vitesse alarmante le processus d’accaparement amorcé il y a plus d’une vingtaine d’années.

En effet, 2008 fut caractérisée par une crise financière majeure qui a paralysé les économies des plus grands pays de la planète. Cette même crise, dont les effets se font encore ressentir en 2012, traînait derrière elle les relents d’une penurie alimentaire critique, caractérisée par la flambée des prix sur le marché mondial des denrées alimentaires de base telles que le riz et le mais, et provoquant une crise humanitaire profonde dans de nombreux pays en éveloppement, dont ceux de FAfrique sub-saharienne.

C’est dans ce climat d’instabilité financière et d’insécurité alimentaire que le marché de la terre a émergé en tant que nouvelle perspective lucrative de développement. e portrait des acteurs impliqués L’organisme GRAIN distingue « deux types d’accapareurs de terres »2, dont les intérêts se situent dans deux catégories distinctes. Il y aurait, dans un premier temps, les accapareurs à la recherche d’une sécurité alimentaire. Ces acteurs visent généralement ? externaliser la production alimentaire pour des raisons éo ra hiques – pays du Golfe qui ?prouvent des difficultés PAGF s OF retombées financières.

Ces derniers feraient main basse sur les terres agricoles dans la perspective d’en constituer une nouvelle source de profit. Les multinationales sont beaucoup plus présentes sur ce terrain. Cependant, bien que motivées par des intérêts différents, les activités de ces deux types d’accapareurs finissent par se rejoindre et par amplifier un phénomène préoccupant pour de nombreux pays en développement, et particulièrement en Afrique. Les acquéreurs : qui sont-ils? Mals qul sont réellement ces acheteurs ou loueurs de terres?

De ombreux pays et multinationales sont impliquées dans ces transactions à titre d’acquéreurs. Dans la première catégorie d’accapareurs, c’est-à-dire celle regroupant les acteurs préoccupés par la question de la sécurité alimentaire, comptons plusieurs pays émergents tels que la Chine, l’Inde, mais également de Pauline REY-BRAHMI. Accaparement des terres : un processus opaque et complexe. Janvier 2012. San Finna. [En ligne] : http://www. sanfinna. com/? tag=accaparement -des-terres. 2 GRAIN. Main basse sur les terres agricoles en pleine crise alimentaire et financière. Octobre 2008, p. 4 nombreux pays du Golfe, en articulier l’Arabie Saoudite, le Koweït, le Qatar et les Émi PAGF OF c’est-à-dire ceux qui misent sur le marché de la terre pour obtenir des profits, que Fon observe une plus grande proéminence des pays développés. Le Japon intervient une nouvelle fois à ce titre, grâce aux activités de ses « cinq conglomérats commerciaux [soit] Mitsubishi, Itochu, Mitsui, Marubeni et Sumitomo »6 qui s’installent à l’étranger afin de percer de nouveaux marchés et qu « visent à rejoindre les rangs des plus grands négociants mondiaux de céréales »7.

L’organisme GRAIN rapporte que « des entreprises japonaises possèdent déjà 12 millions d’hectares de terres agricoles à fétranger pour la production de denrées alimentaires et de cultures fourragères »8. On peut observer ici comment le Japon utilise les moyens du marché afin de satisfaire son souci premier, qui est le maintien de sa sécurité alimentaire. Mais le Japon n’est pas le seul pays ? s’inspirer de méthodes capitalistes pour parvenir à Faccaparement des terres agricoles.

Les États- Unis sont également très actifs dans ce domaine. À ce sujet, GRAIN rapporte que la société new- orkaise BlackRock Inc. a mis sur pied en 2008 « un énorme fonds spéculatif agricole de 200 millions de dollars, dont 30 millions seront utilisés pour acheter des terres agricoles dans le monde entier »9. Plus encore, GRAIN affirme que Morgan Stanley, qui bénéficie du soutien financier du Trésor américain, aurait « récemment acheté 40 000 ha de terres agricoles en Ukraine »10.

En plus du Japon, des Étatsunis et de la Corée du Sud, on peut également compter la Russie et la Suède parmi les pays développés acquéreurs de terres agricoles à l’étrangerl 1. Il s’agit là des acteurs les plus mportants, mais la liste s’allon e au fil des ans. PAGF 7 OF liste s’allonge au fil des ans. De plus, l’organisme FIDA affirme que « les transactions impliquant des acteurs privés (entreprises) sont plus nombreuses que celles de gouvernement à gouvernement, bien que les gouvernements utilisent des moyens indirects pour soutenir des transactions faites par des Id. p. 3-8. Id. , p. 6. 6 Id. , p. g. 7 Ibid. Id. , p. 10. 10 Id. , p. 11 entreprises « 12. Il est donc important de garder en mémoire que bien que plusieurs pays soient impliqués en tant qu’acquéreurs, les acteurs du secteur privé sont lus actifs dans ce domaine. 8 OF terres à travers ce marché particulier ne se limitent pas au continent noir. De nombreux pays en développement, notamment le Vietnam, le Cambodge, l’Argentine ou encore l’Ukraine1 5, cèdent également leurs terres à des gouvernements ou à des investisseurs étrangers.

Parmi les pays du continent africain, on peut compter le Malawi, le Sénégal et le Nigéria16 qui ont cédé d’importantes superficies de terres agricoles à des acquéreurs de seconde catégorie, tandls que le Soudan et le Mozambique négocient surtout avec des acquéreurs de première catégoriel 7. c. Les intérêts géopolitiques des acquéreurs L’année 2008, on le sait, a marqué le début d’un nouvel accaparement des terres agricoles, plus intensif, plus prononcé et plus massif que jamais.

Les acquéreurs de ces terres, qu’ils soient motivés par le souci d’une autonomisation alimentaire ou par celui de faire fructifier leurs avoirs – ou voire les deux – font intervenir une dynamique de relations de pouvoir qui a des répercussions à la fois sur l’économie, renvironnement et l’aspect social. Plusieurs observateurs soutiennent que le phénomène d’accaparement des terres ne se limite qu’à la sphère financière, en aison de la crise financière qui a marqué ses débuts dans sa forme actuelle.

Un tel point de vue est erroné. Il est important de com rendre que les intérêts stratégiques des acteurs PAGF g 2 http://www. ifad. org/media/press/2009/26_f. htm GRAIN. , op. cit. , note 2, p. 10. Id. , p. 10-11. 16 17 Id. , p. 4. disponibles mais également à la détérioration de l’environnement et à l’augmentation de la vulnérabilité des pays en développement. al Les acquéreurs de première catégorie sont essentiellement motivés par le besoin de maintenir une sécurité alimentaire pour leur popu ation. ? travers le procédé ‘accaparement, ils parviennent ? externaliser la production agricole sur des sites offshore afin de produire une plus grande variété de produits et en plus grande quantité. En général, ces pays dépendent beaucoup de l’importation des produits agricoles pour assurer le maintien du ryrthme de consommation de leurs populations. Ils sont préoccupés par la flambée quotidienne des prix des denrées alimentaires sur le marché mondial et veulent être en mesure de réduire leur dépendance ? cet égard. Cette dépendance s’explique notamment par les conditions géographiques peu propices à ragriculture ou