L’emprunt linguistique
Ces notions ne sont que des facteurs d’ordre social à priori, mais aussi historiques, politiques et économiques. Vu la diversité et la multitude des sources et des références dans lesquelles nous avons puise, nous avons choisi de constituer un texte par une série de notions théoriques plutôt que de multitude de notions que nous jugeons pertinentes quant à notre sujet, nous avons préféré situer notre problématique au sein de la question de l’urbanisation. Ce qui pourrait expliquer les nombreuses allusions à Jean-Louis Calvet dont le livre Les voies de la ville est représentatif du courant de la sl urbaine.
Notre recherche essayera de retracer la réponse que la sl donne à la question de comment situer le phénomène de l’emprunt l’arabe dans le parler jeune, notamment les jeunes issus de l’immigration magrébine dans leur relation avec l’espace et les normes de la société, en l’occurrence en Belgique et en France. Après une présentation générale de la sl urbaine, nous allons traiter le sujet des parlers jeunes en général et les parlers des jeunes ISSUS de l’immigration en particulier. Nous allons ensuite exploiter les notions de bilinguisme avant d’arriver à la question de l’emprunt.
Nous allons essayer de conclure en évoquant des rapports et des manifestations concrètes de ce phénomène. La sociolinguistique : tour d’horizon Notre prospection de la littérature concernée par notre problématique était guidée par nos récentes connaissances en sl acquises au cours. Celles-là nous ont permis d’identifier l’approche suivie dans les différents ouvrages en SI. pour une conception sl de la langue, il a fallu s’éloigner de l’abstraction méthodologique de la langue caractérisant les Cours.
Bien que Ferdinand Saussure reconnaisse l’aspect social de la langue en disant que c’est une « institution sociale », il a voulu finalement étudier la langue en elle-même et pour elle-même, hors la réalisation concrète de ses locuteurs. Par opposition à cette méthodologie, bien des travaux ont été faits pour lg concrète de ses locuteurs. par opposition a cette méthodologie, bien des travaux ont été faits pour instaurer une conception réconciliant la sociologie avec la linguistique, à des degrés divers l’un par rapport à l’autre.
Le variationnisme avec William Labov a pu démontrer les corrélations entre les réalisations variées de la langue et des facteurs sociaux. e changement linguistique est donc motivé socialement. Les locuteurs peuvent volontairement changer de registre puisqu’ils ont une compétence sl (Dell Hymes). C’est un choix stratégique. Partant du déterminisme social, Pierre Bourdieu (Ce que parler veut dire) va dépasser le caractère strictement descriptif de l’approche variationniste en allant vers des causes. Pierre Bourdieu met l’accent sur les liens entre les pratiques langagières et une stratification sociale.
Ainsi, l’ordre social, représentation de la hiérarchie matérielle, peut expliquer ce qu’on appelle la «langue légitime » à travers la notion de la « domination symbolique C’est cette dernière qui dissimule la position défavorable des individus issus de la classe inférieure. Cette hiérarchie se maintient grâce à une (pré)disposition de choix, structurante et structurée. Cette disposition permet de dépasser l’alternative entre liberté et contrainte, ce qui fait croire aux individus qu’elle est légitime.
Enfin, les pratiques langagières ont été traitées à travers une approche interactionnelle de la langue. John Gumperz instaure le courant de la sociolinguistique interactionnelle. Inspiré par l’ethnographie de la communication et par la pragmatique, il explique comment le contexte et la situation influencent les réalisations linguistiques des interlocuteurs. Son app ontexte et la situation influencent les réalisations linguistiques des interlocuteurs. Son approche a contribué notamment à la notion de Palternance codique qui sera pertinente pour notre travail.
La sociolinguistique urbaine « Quand nous nous déplaçons dans une ville, nous sommes tous dans la situation de lecture des Cent mille milliards de poèmes de Queneau. » Curbanisation est un processus par lequel la mobilité spatiale vient structurer la vie quotidienne (Bulot, p-25). Née en raison du croisement des recherches SIS problématisant le fait urbain, la sl urbaine étudie les rapports entre langue, espace et ville (Site SI. r/ cours 6-1 Cette tendance de recherche peut confirmer selon nous, le poids de la ville par rapport au reste du territoire. La ville se dresse à l’horizon de notre histoire immédiate comme un inévitable destin » (Calvet, p. 10). C’est le plurilinguisme qui caractérise largement la ville et donne une telle importance à ce champ de recherche. La métaphore de Jean-Louis Calvet illustre ce constat : « La ville plurilingue est ainsi une sorte de laboratoire justifiant ce que j’appellerais une sl urbaine » (Calvet, p. 14) Thierry Bulot souligne les rapports que la sociolinguistique rbaine met en évidence entre l’espace et la langue : « Pour faire simple, La mise en mots » (www. lrdb. r/flle/bulot. fr). Thierry Bulot insiste souvent sur les considérations relatives à la militance sociale de la discipline (op. cit. ). Il s’agit d’une relation dialectique entre un espace social et un espace énonciatif (op. cit. ). La ville, selon Jean-Louis Calvet, est à la fois facteur d’unification, lieu de coexistence, de conflit et lieu de métissage linguistique (Calvet, 4 OF lg facteur d’unification, lieu de coexistence, de conflit et lieu de métissage linguistique (Calvet, Voix de la ville, p. 13). . La ville unifie en fonction de la langue véhiculaire 2.
La langue véhiculaire n’épuise pas les sujets du plurilinguisme urbain 3. La situation urbaine agit sur la langue en favorisant des productions spécifiques En sl urbaine, nous pouvons remarquer trois tendances de recherche qui mettent la langue en relation avec premièrement le corpus (les formes de langue), deuxièmement le statut (la langue véhiculaire) et enfin une tendance qui réunit les deux précédentes (Calvet, p. 39). Nous croyons pouvoir nous focaliser sur la tendance en sl urbaine qui consiste à percevoir l’urbanité en tant que concentration patiale d’une population.
Sans pourtant négliger l’apport de l’urbanité s’intéressant à la culture urbaine qui s’exprime par la diffusion d’un système de valeurs, d’attitudes et de comportements (Manuel Castells, préface Langue urbaine et identité, Thierry Bulot, p. 9). La ville est donc un lieu de brassage où les conditions deviennent favorables à la formation des ethnolectes et des sociolectes par rapport à la diversité de la population conformément aux modèles écologiques (Mufwene 2001 , 2005 cité par Zsuzsanna Fagyal, 2010 p. 55).
Le facteur économique s’avère crucial dans le mouvement émographique des individus. Il est naturel de constater un mouvement d’immigration interne et externe vers la ville, notamment les capitales. Ces populations s’installent dans les villes mais elles apportent normalement avec elles un héritage psychologique, culturel et aussi linguistique. Dans le cas d’immigrés étrangers qui possèdent une autre langue que la langue véhicu linguistique. Dans le cas d’immigrés étrangers qui possèdent une autre langue que la langue véhiculaire, le brassage favorisera davantage le plurilinguisme urbain.
La langue d’origine (langue d’héritage chez la deuxième et la roisième génération) qui est aussi la langue d’identité, sera confrontée à la langue dominante. Cette dernière est la langue de prestige, de travail et de la scolarisation. « L’urbanisation, ce n’est pas seulement un accroissement quantitatif de la densité de l’habitat et de la diffusion d’une culture urbaine, mais aussi il implique un conflit et une tension entre la langue dominante et la langue dominée » (Bulot, p. 25).
Une des premières manifestations du concept de l’urbanité renvoie d’ailleurs à ce que William Labov appelait la « dialectologie urbaine » puisque son enquête s’est produite au sein d’une rande ville représentative de l’urbanité, à savoir New-York. Selon lui il s’agit de mettre en évidence des ‘frontières’ entre les multiples formes que les parlers des hommes peuvent manifester en rapport avec l’organisation sociale dans la ville (Concepts de base,.. ; p. 63). es sociétés ne sont jamais homogènes. Cette hétérogénéité sociale a pour corolaire l’hétérogénéité linguistique.
Ce qui veut dire qu’il y a autant de parlers différents qu’il y a de collectivités différentes utilisant une langue. Ainsi, le diagnostic du cas d’une collectivité d’origine étrangère yant une langue étrangère par rapport à la langue vernaculaire nous situe effectivement au plan macrosociolinguistique. En effet, il s’agit d’étudier une variété qui coexiste au sein d’une société qui englobe deux systèmes linguistiques en interaction. Comme l’explique Jean-Louis Cal 6 OF lg deux systèmes linguistiques en interaction. Comme l’explique Jean-Louis Calvet, les parlers urbains ont une fonction véhiculaire et une autre identitaire.
La première a un double caractère : la neutralité et l’objectivité. Par exemple, dans le cas de communication entre des individus issus des ommunautés culturelles différentes, le français sert comme instrument de communication référentielle. Par contre, les autres formes langagières constituent pour leurs locuteurs une confirmation de leur identité liée, suivant rapproche de Bourdieu, à leur position sociale et économique (Calvet, p. 66). Cela peut être exprimé également par ce que John Gumperz appelle le « we » code et le « they » code, la langue minoritaire et la langue majoritaire (cité par Calvet, p. 6). Cela donne lieu à la diglossie entre la variété basse et la variété qui se présente idéalisée. Dès ors, il sera normal d’évoquer un ensemble de problèmes relatifs à la question de l’intégralité et à la création de ghettos culturels. « Qu’on le veuille ou non, grand nombre des cités dans lesquelles vivent les jeunes doivent être considérées comme autant de ghettos non seulement économiques, culturel mais aussi linguistiques (Comment du tchatches, Jean-Pierre Goudailler, p. 8).
Les formes langagières emblématiques qui représentent une « fracture linguistique » par rapport à la forme véhiculaire reflètent en fait une fracture sociale d’où émerge la question de l’intégration. (op. cit. ). Le français véhiculaire serait vu par les individus des cités, notamment les jeunes, comme une forme académique liée l’autorité, au pouvoir ainsi que l’accès au monde du travail dont ils se sentent exclus pour bien des raisons (op. cit. ). Sou ainsi que l’accès au monde du travail dont ils se sentent exclus pour bien des raisons (op. it. ). Sous l’expression « les maux de dire », Jean-Pierre Goudailler souligne un arrière-plan psychologique des faits comme couper les mots en deux et inverser les syllabes, faire entrer des formes parasitaires et aussi emprunter des mots à une autre langue (op. cit. p. ). Ces pratiques seraient donc l’expression verbale d’une violence sous-jacente. Cette langue banlieusarde sert pour ainsi dire à ces jeunes, non seulement à s’identifier, mais aussi à échapper aux tutelles (op. cit. ).
Nous nous trouvons naturellement amenés à commenter le rôle du facteur de l’âge à l’égard de la langue des cités. D’un point de vue SI, l’âge est un indicateur de la participation de l’individu aux normes de la société. On remarque que la production des formes non standard les plus spontanées connait son apogée chez les adolescents. Ils rejettent les normes familiales et sociales. Le facteur d’âge est tellement important qu’il permet au langage des jeunes de traverser les frontières de classes sociales.
Tous les adolescents, peu importe leur classe sociale donc, auront recours à des formes non standard pour se démarquer de leurs parents qui, pour leur part, subissent la pression des normes (Concepts de base, p. 25). Autrement dit, le langage adolescent est marqué par un conflit de génération et le désir de l’autonomie. Le parler jeune devient également, comme on le constate tous les jours, la langue branchée, à la mode. Bourdieu appelle l’adolescence l’âge « mi-enfant, mi-adulte, ni nfant, ni adulte » (cité par Suzanna, p. 39). Les enfants se mettent à tester réellement les limites symboliques de leur appa BOF lg p. 39). « Les enfants se mettent à tester réellement les limites symboliques de leur appartenance à des groupes pendant l’adolescence que l’on considère donc comme la période de la maturation de leurs compétences SIS » (Eckert et fokford, cité par Suzanna, p. 39). Enfin, nous devrons rappeler que le changement linguistique innovateur se situe spécialement chez les jeunes. Ce qui assure la vivacité de la langue et sa dynamique. La langue des cités représente une « contre-norme » par rapport ux normes du français académique.
Elle possède en fait une fonction hybride : d’un côté une fonction cryptique, et une fonction ludique d’un autre. Cette deuxième nous indique la volonté de jouer chez les jeunes, même si ce jeu peut consister malmener la langue. Jeunes issus de l’immigration C’est au cours des années septante qu’on a commencé à parler d’un accent français propre aux immigrés venus en grand nombre du Maghreb et du sud de l’Europe suite à la deuxième guerre mondiale (Suzanna, p. 21 D’autres termes sont utilisés aussi par les médias, tels que accent de banlieue » pour désigner le français héréditaire des immigrés.
C’est un français façonné à la fois par le français venant des anciennes colonies et la langue pratiquée au foyer. Cette forme langagière devrait être naturellement remplacée par le français national, notamment dans la deuxième génération. Mais la langue d’héritage demeure souvent transmise dans la famille et la communauté de pratique culturelle. Outre l’utilisation au foyer, les moyens de communication modernes qui facilitent le contact avec le pays d’origine ont été un autre facteur encourageant réserver la pratique de la langue héritée.
L’histoire de Paris témoigne facteur encourageant à préserver la pratique de la langue héritée. L’histoire de Paris témoigne du début du phénomène du parler des immigrés. En effet, Paris représente à la fois un cas de diatopique (c’est l’IIe de France qui regroupait l’élite) et de diastratique (variation selon la classe sociale) (op. cit. p. 21 Historiquement, les ouvriers étaient repoussés hors du centre. Le périphérique a été industrialisé au vingtième siècle. Ces quartiers, dont la pratique langagière a été l’objet d’une médiation intense, ont devenus forcément plurilingues (op. it. p. 21 C’est ce que nous avons signalé au début par le terme ségrégation, qui consiste en effet en un isolement territorial. La transplantation des immigrés a crée un isolement culturel par rapport au reste de la société, autrement dit des espaces ghettoïsés (op. cit. p. 50). Il convient de dire que la troisième génération possède une variété urbaine interethnique du français, typique à toute la communauté de la cité. Cela se produit également grâce l’amplification médiatique et la mondialisation qui diffuse ce qui est devenu une mode.