La Conscience Victor Hugo
Dans ce poème, on suit la fuite inlassable et vaine de Cain pour fuir de l’œil de Dieu, qui devient l’allégorie de la Conscience. En faisant naître de la ulpabilité, des remords et une conscience chez Caïn, jusque l absent lors du mythe originel, et à travers son son apologue, Victor Hugo humanise Cain et fait de lui un emblème de IHumanité, un Homme entier. Poser la problématique Comment Hugo fait-il de Caïn un être de conscience ? // Comment Hugo représente-t-il llHomme en réinventant le personnage de Caïn ? Annoncer le plan l. Hugo excelle dans l’art de conter : il donne un souffle épique au poème C’est le récit de la fuite inlassable et obstinée de Cain. Il. Caïn, imaginé par Hugo, est le héros tragique par excellence et mblématique, il est représentatif de l’Humanité Sa fuite est vaine : on ne peut pas fuir sa conscience. Développement . 1) L’attaque du poème (v. 1-14) : Hugo sollicite la mémoire du lecteur ainsi que son imagination et sa sensibilité.
Le 1er mot du poème «Lorsque» crée une entrée in médias res : le poète compte sur les connaissances du lecteur pour se rappeler le mythe biblique d’Abel et de Cain, le récit du meurtre originel. Hugo raconte et récrit donc la suite d’un récit qu’il passe sous silence : Caïn est un criminel, mais ce n’est pas cette face de IHumanité que le poète veut mettre en avant Hugo nous peint un étrange tableau, lugubre, terrifiant et pathétique : les qualificatifs qui l’annoncent et le précèdent au vers 2 : «échevelé, livide», «homme sombre» : Caïn est décrit frappé d’une malédiction.
D’ailleurs, le poète souligne sa solitude parmi les siens : opposition d’un vers à l’autre «Dormons. / Caïn ne dormant pas». Le vers 12 1’humanise encore, son e 2 opposition d’un vers à l’autre «Dormons. / Caïn ne dormant pas». Le vers 12 1’humanise encore, son effroi fait de lui un être tragique. C’est la vision d’un homme seul parmi les siens mais aussi dans n univers trop vastes pour lui : pluriel hyperbolique : «au milieu des tempêtes», v. 2, «Au bas d’une montagne en une grande plaine» v. comme si l’immensité représentait Dieu au quel Cain ne cesserait d’être confronté. Confronté à l’immensité du paysage («grande plaine», «au pied des monts»), Cain paraît sans défense, rapetissé, rappelé à sa condition dlHomme. A partir du vers 9, apparaît le leitmotiv de «l’œil», le leitmotiv de ce poème, cette confrontation avec Dieu ou avec sa conscience. Cette apparition merveilleuse et surnaturelle est forte en symbolisme. Cependant, au 1er abord, le 1er effet produit est l’effroi.
On peut penser que le lecteur se retrouve, malgré lui, en empathie avec Caïn («dit-il avec un tremblement » v. 1 2) La construction du récit est cyclique, dès le début du poème : Cain fuit (v2), il fuit de nouveau (V. 1 3-14) avec la même façon de décrire («l’homme sombre» v. 4, « sinistre dans l’espace» v. 14). Afin de suggérer combien l’exode est long Hugo choisit l’anaphore à l’échelle de l’alexandrin : v. 15 «II marcha 30 jours, Il marcha 30 nuits». C’est la vision d’un exilé maudit qui entraîne dans sa chute et on exode les siens.
Ce tableau est fait de contrastes destinés susciter l’effroi et à rendre le personnage pathétique : la pet 3 contrastes destinés à susciter l’effroi et à rendre le personnage pathétique : la petitesse de Caïn contraste avec l’immensité de l’espace; les ténèbres avec l’œil lucide; le sommeil des siens avec son insomnie . l. 2) La composition est musicale pour cette «petite épopée». Hugo est un aède qui nous raconte une fuite incessante, inlassable, répétée. En effet le poème est très oral, fait pour être conté, cela se voit à certaine récurrences :
Hugo scande le poème par des marqueurs simples, des conjonctions de subordinations («Lorsque» v. 1, «Comme» v. 4 + 22, «Alors» v. 24 + 44 + 61, «Quand» v. 31 + 56 + 66 Cest la façon la plus simple/populaire de scander son récit, souvent en début de vers/de phrases, c’est celle de l’aède (poète grec) qui transmettait son œuvre oralement. Usage anaphorique de la conjonction «Et» répétée 11 fois en début de vers Emploi anaphorique du verbe «Dire» : c’est un parti pris de simplicité populaire, comme si le poème était destiné au plus grand nombre et à un auditoire plutôt qu’à des lecteurs.
Anaphore en début de vers 4243, répétitions et redondances du vers 40-45 (la même idée, celle de construire une ville, se répète) Il en résulte que ,d’une part, le récit ressemble à une litanie (longue énumération) : à travers la reprise cyclique de certains mots, on comprend combien la fuite de Cam est longue et toujours à recommencer, combien sa fuite et la surenchère des moyens déployés sont vains et ces moyens 4 à recommencer, combien sa fuite et la surenchère des moyens déployés sont vains et ces moyens dérisoires face à la volonté divine.
A travers la longueurs du poème, la régularité, la monotonie des rimes plates, il se déploie le temps long de l’exode D’autre part, le récit semble destiné, tel une parabole, à tous, y compris les plus simples, les moins instruits. . 3) La composition du récit est musicale. Hugo est un aède qui raconte une fuite sans cesse renouvelée. C’est un poème construit selon une gradation. Tel un conte populaire, le récit est répétitif notamment par sa structure : Cain fuit l’œil de Dieu, croit s’en dérober pour constater chaque fois qu’il est toujours là. Chaque épisode se clôt ur une chute, avant un recommencement.
Vers 1 à 12 : Caïn, qui fuit, arrive «Au bas d’une montagne en une grande plainé», il atteint donc une 1 ere limite. Mais cela ne suffit pas : on lit au vers 10-11 «ll vit un œil, tout grand ouvert dans les ténèbres, / Et qui le regardait dans l’ombre fixement ». Le 1er épisode se clôt sur l’effroi de Caïn. Vers 12 à 24 : Caïn, au bout de 30 jours, croit avoir «du monde atteint les bornes» (v. 21 Cette hyperbole nous montres qu’il y a dans la personnalité de Caïn une forme de démesure, d’entêtement, de cécité et d’orgueil à la fois, il croit pouvoir chapper à l’œil.
Les vers 22 à 24 le détrompent et constituent la chute. Le 2nd épisode se clôt aussi sur l’effroi de Cain. — Vers 25 à 34 : C’est à l’aide d’une «muraille f S 2nd épisode se clôt aussi sur l’effroi de Caïn. Vers 25 à 34 : C’est à l’aide d’une «muraille flottante» (l’oxymore nous montre la fragilité de ce rempart), une toile de tente de Berger que Cain veut se soustraire de l’œil de Dieu En vain. Vers 35 à 39 : La «muraille flottante» devient un «mur de bronze». On perçoit une 1 ere gradation En vain.
Cet épisode est bref (5 vers) ce qui permet au poète de ultiplier les épisodes dans le but de montrer l’entêtement de Cain et l’inutilité de sa résistance. Vers 40 à 60 : L’épisode est beaucoup plus développé. En effet on passe du «mur de bronze» à «une ville avec sa citadelle» (gradation soulignée v. 50). La construction de celle-ci semble concentrique (Caïn est au centre d’une tour elle-même au centre des remparts). Cependant rien à faire, la chute est la même à la clôture de l’épisode (v. 60). Vers 61 à 68 : Cam décide lu-même de son ultime châtiment, enterré vivant, sans que cela ne change rien.
Le derniers vers constitue la chute finale . L œil était dans la tombe et regardait carn». Les récits populaires sont bâtis avec gradations et répétitions de façon dynamique dans le but d’impressionner les imaginations et se fixer dans les mémoires. Toutefois, cette structure insistante sert aussi de démonstration : la fuite de Caïn a beau se renouveler inlassablement, elle est vaine. Il. 1) Qu’est ce qui fait de Caïn un héros tragique ? Son impuissance qui lui rappelle sa condition dlHomme • elle lui est r un héros tragique ?
Son impuissance qui lui rappelle sa condition d’Homme : elle lui est rappelée dans chaque chute. La fait que Caïn se piège lui-même : plus il cherche à fuir cet œil plus il se rapproche de la fin terrible qu’il se réserve. On a l’image du piège qui se referme peu à peu sur lui : «le bas d’une montagne», ensuite ce sont les différents remparts («muraille flottante», «mur de bronze», «vllle d’enfer», le murs qui ont (d’épaisseur d’une montagne») une «tour de pierre», la «fosse». Chaque fuite resserre l’espace jusqu’à l’emprisonner. S’il se piège lui-même et de plus en plus, c’est qu’il est aveugle et entêté, assez orgueilleux et naïf pour croire échapper à l’œil de Dieu. Caïn fait preuve d’hybris (orgueil et démesure). La gradation est la preuve même de cet hybris. Le passage le plus démonstratif est compris entre les vers 40 et 60 où l’hyperbole est constamment présente : v. 40/41 : «ll faut faire une enceinte de tours/ Si terrible, que rien ne puisse approcher d’elle », l’adjectif «terrible» précédé de l’intensif «si» souligne la détermination d’Hénoch. l’anaphore «Bâtissons une ville» v. 2/43 montrent la même détermination hyperbole au v. 45 «une ville énorme et surhumaine» et au v. 52 «Et la ville semblait une ville d’enfer» : pour sauver Cam, ses escendants sont prêt à entreprendre des travaux démesurés. Ils sont même prêts à tuer et à blasphémer : vers 48/49 : «Et l’on crevait les yeux à quiconque passait », «Sur la port tuer et à blasphémer : vers 48/49 : «Et l’on crevait les yeux quiconque passait», «Sur la porte on grava : « Défense à Dieu d’entrer »» Caïn entraîne les siens dans un engrenage tragique.
Le héros tragique inspire au lecteur ou au spectateur de l’effroi et de la pitié ; Cain aussi L’effroi du lecteur vient justement de cette démesure, jusqu’ venir s’enterrer vivant La pitié, on la ressent devant cet homme seul et plein d’effroi. Même s’il est entouré des siens, il est seul et sa solitude ressort chaque fois qu’il se retrouve face à cet œil qu’il est le seul percevoir. Tout au long du poème, l’inquiétude ainsi que l’effroi de l’homme sont émouvants. Au vers 18 : «Sans repos, sans sommeil », on ressent la peur de cet homme qui le rend émouvant.
On retrouve à la fin du poème une description pathétique du vieillard, «lugubre et hagard», v. 58, pour toute ces raisons, Cain devient un héros tragique, il devient un Homme tout entier. Qu’a-t-il de «plus» que le Cain de l’Ancien Testament ? Hugo nous les dit dans le titre du poème. Il. 2) La signification humaniste de l’apologue : le sens de l’allégorie Nous le savons l’allégorie de l’œil fixe, sans paupière, représente l’œil divin mais il représente aussi l’œil intérieur de la conscience (culpabilité, remords, lucidité).
Son caractère intouchable est souligné dans les vers 11 et 68, ou 34 et 39 où l’œil qui regarde Caïn est placé au centre. Il y a dans le poème «L’homme sombre» da 8 34 et 39 où l’œil qui regarde Caïn est placé au centre. Il y a dans le poème «L’homme sombre» dans l’obscurité «cieux funèbres», v. 9, « L’ombre des tours», v. 53, le «sépulcre», v. 2, «la voûte sombre», «le souterrain», ala tombe» v. 65 à 68. Puis il y a cet œil (tel une étoile) «tout grand ouvert dans les ténèbres», V.
I O. On peut dire qu’Hugo joue avec la symbolique de l’ombre et la lumière. L’ombre n’est pas seulement autour de Caïn, elle est en lui, c’est sa violence, ses blasphèmes et son meurtre. L’œil qui le regarde ne le qu•tte pas est sans doute sa part de lumière paradoxalement l’œil qui le persécute, l’élève. On lit avec effroi le dernier vers : « L’œil était dans la tombe et regardait Caïn» cependant ce supplice élève définitivement Caïn au rang des Hommes.