Le thème du regard dans les Mains Libres , Eluard et Man Ray

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e thème du regard, outre le fait qu’il englobe une grande partie du recueil, confère aux Mains Libres son originalité et sa singularité. De part son fort caractère sémantique, l’œuvre doit être abordée avec une certaine minutie. En effet, contrairement à une œuvre classique, le lecteur se voit désormais contraint d’analyser de part en part une œuvre lourde de sens. Son regard avisé est donc à la fois créateur de sens et spectateur. Et c’est pour cette raison que nous retrouvons ce thème du regard tout au long de ‘œuvre, à travers des poèmes énigmatiques et des illustrations suggestives.

Ainsi, dans notre analyse, nous discuterons de la place qu’occupe le thème du regard dans Svipe next page l’œuvre. En amont, n du regard dans le rec il, p regard du lecteur. Man Ray et Eluard s mettre en avant un t rentes significations iner avec attention le compositions, . En effet, si nous prenons le temps d’y réfléchir, les yeux sont ce par quoi on crée du sens. Nous avons Ihabitude de les définir comme « les fenêtres de Pâme » et ce n’est pas pour rien.

Dans l’œuvre, que ce soit chez Man ray ou chez Éluard, le regard est comme personnifié, dans la mesure où il traduit une multitude de entiments diverses, tout en suggérant des idées de façon implicite. Si l’on s’attarde tout d’abord sur les poèmes, dans « Fil et a Swile to Wew next page aiguille » par exemple le dernier vers du poème « Qui endeuillent la vue » fait sans doute référence à l’abstraction que doit faire le lecteur en ouvrant le recueil, abstraction du superflus, de tout préjugé, son seul outil nécessaire étant ses yeux.

Par déduction, le thème du regard serait donc un moyen de communication entre les artistes et leurs « lecteurs De plus, dans « L’Evidence », poème et dessin transmettent le même message. D’une part, le dessin illustre parfaitement cette nécessité de faire abstraction de toute chose, pouvant contribuer à un endeuillement du regard. D’autre part, comme l’indique le vers quatre du poème « Joignent tes yeux il faut adopter un regard éclairé et critique afin d’assurer une compréhension optimale de l’œuvre. Ainsi, il semble que ces messages implicites qui parsèment le recueil constituent comme un protocole à suivre.

Le lecteur n’est donc pas seulement spectateur mais aussi acteur. Dans « L’Aventure » le regard de la femme est comparé à une fleur : « Que fleurisse on ceil Ainsi, Eluard révèle à la fois des images métaphoriques de la femme mais aussi des conseils au lecteur. « Que fleurisse ton œil » serait donc un vers adressé au lecteur. De même dans « Histoire de la Science » avec le vers « Ton œil s’arrête sur les choses », ne qui pourrait suggérait qu’il ne faut rien négliger dans l’œuvre. Chaque mot, chaque vers, chaque élément du dessin ? son importance.

Or nous ne pouvons pas affirmer qu’il existe un mode d’emploi à prop 2 du dessin à son importance. Or nous ne pouvons pas affirmer qu’il existe un mode d’emploi à proprement parlé, étant entendu ue le lecture reste libre dans ses interprétations. Ces messages font juste office de justifications pour éviter toute divagation du lecteur. Si nous nous penchons maintenant sur l’aspect « émotionnel » du regard dans les dessins, nous constatons que celui-ci révèle plusieurs états d’âme, plusieurs sentiments au lecteur.

D’une part, le plaisir, la sérénité, respoir. Dans « le désir malgré le fait que la femme représentée soit empoignée fermement par une main masculine, il semble qu’une lueur d’espoir illumine son regard. La situation dans laquelle elle se trouve ne semble donc as l’accommoder, dans la mesure où ce regard visant le lointain semble être synonyme de bien-être futur. Dans l’illustration de « C’est elle » le regard confère aux deux personnages un aspect plus humain, étant entendu qu’ils sont tout deux représentés comme deux être fantastiques.

D’un côte, une femme au « regard » vide mais dont les traits du visage compensent ce manque de détails. De l’autre, un pantin androgyne. En effet, le regard féminin du dessin semble être un vecteur de désir et c’est ce même désir qui trouve sa justification dans la proximité et le contact entre ces deux êtres. De plus, on constate que dans la plupart des compositions de Man Ray, le regard est essentiellement constitué de blanc, comme si c’était à nous, lecteur, de remplir ce blanc, de l’interpréter, po 3 lecteur, de remplir ce blanc, de l’interpréter, pour ensuite nous créer nos propres interprétations.

C’est le cas dans « C’est elle » et dans « La lecture Dans « Le Don on ne distingue que très légèrement le regard de la Jeune femme, mais cela suffit pour admettre que ce regard tourné vers les cieux, est synonyme de plaisir. Plaisir, ou plus particulièrement bien-être, que nous etrouvons dans « Belle main » avec cette jeune femme aux yeux clos et dont le corps est composé d’une main. Tandis que dans « J le regard de jeune femme, qu’on pourrait qualifier d’aguicheuse, laisse transparaitre une certaine admiration, un certain intérêt pour une source dont on ignore la provenance.

Tout au contraire, le regard peut traduire un certain mal être, une détresse. Prenons l’exemple de l’illustration de Man Ray «Les sens » où cette détresse est flagrante. Cette détresse qui se traduit en peur dans « Nu » puis en perdition dans « La mort nutile Enfin dans « L’Evidence ce regard féminin qui tend ? être obstrué par des mains malveillantes, semble garder toute sa vivacité. Ainsi, nous constatons que le thème du regard dans l’œuvre joue un rôle important dans la compréhension de l’œuvre.

En effet, le regard fonctionne comme une clé, qui pourra permettre au lecteur de déverrouiller la « serrure du sens A la fois explicite et implicite, vif et alangui, il est ce par quoi le recueil prend tout son sens. En dép 4 implicite, Vif et alangui, il est ce par quoi le recueil prend tout son sens. En dépit du fait que certains dessins présentent des femmes aux yeux fermés, il semble que ces « regards clos » soient des regards intérieurs, tellement le visage de ces femmes est expressif, des regards de nature sensible.

Nous avons vu précédemment que le regard communiqué par l’œuvre était révélateur de plaisirs sensibles, de sentiments, d’idées, ce qui plaçait ce thème loin devant les autres. De plus, nous pouvons désormais établir une corrélation entre le thème du regard et celui de la femme, étant donné qu’une majorité des regards dans ‘œuvre sont de nature féminine. Et que c’est par ces regards féminins que les deux artistes communiquent avec le lecteur. Mais qui dit regard dans l’œuvre, dit forcément regard du lecteur.

En effet, le regard du lecteur est tout aussi important, dans la mesure ou celui-ci est critique et créateur de sens. A l’instar de filtres, les yeux purifient, transforment ce par quoi ils sont traversés. A la lecture du recueil, le lecteur transforme ces images, ces mots, ces codes implicites, en sens. En effet, celui-ci, pour se placer dans une posture surréaliste, doit aborder ‘œuvre selon le principe du « voir pour voir » et non du « voir pour agir Il doit aborder fœuvre comme une ceuvre d’art, sans idées préconçues, sans préjugés.

Il doit apprendre à rééduquer son regard. Dans « Objets » par exemple, il ne doit pas voir dans le dessin qu’un amas d’objets plus fa S Dans « Objets » par exemple, il ne doit pas voir dans le dessin qu’un amas d’objets plus farfelus les uns que les autres, mais un concentré de sens. CYoù la nécessité de se placer dans une posture d’humilité. Assembler les mots, les images, les éléments eraient donc sans doute la clé de cette « serrure du sens Ce nouveau mode de vision pourrait, certes, en perturber quelque uns.

Mais il semble que ce soit l’unique voie à prendre pour atteindre le monde du surréalisme. Man Ray et Eluard savaient à quoi s’attendre. Or, casser les codes ne faisait-il pas partie de leurs buts premiers ? par déduction, le lecteur n’est donc pas seulement spectateur mais créateur. L’œuvre n’est donc pas une œuvre à quatre mains si nous prenons en considération les mains du lecteur. Nous sommes tous créateur, tous des artistes du ens, de l’imagination. e regard dans les Mains Libres donc un thème récurrent et omniprésent.

Ce thème est à la fois un vecteur de communication efficace et un motif révélateur de sentiments, d’états d’esprits. Ce regard fait référence à rœuvre mais aussi au regard du lecteur, un regard critique et créateur. En définitive, le thème du regard est un des thèmes fondateurs du recueil. Il crée des liens entre les compositions et ainsi entre Pceuvre et le lecteur. C’est un regard désormais libéré et non plus endeuillé qui éclaire le lecteur dans sa quête obscure de sens.