Le dialogue dans les Mains Libres

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Begue Harmonie Terminale L 18/12/2014 DM de littérature Sujet : Quelles sont les différentes formes de dialogue entre le texte et l’image dans le recueil ? « Avoir les mains libres » signifie n’être engagé en aucune façon. Elle se réfère donc à la liberté d’action. Cest bien ce que nous évoque le titre du recueil Les Mains Libres paru en composés des dessin d’Éluard. Un recueil original ba Mais dans quelle me p g ar les poèmes cesus d’illustration. t-elle différentes formes de dialogue entre texte et image ? Dans ce recueil surréaliste rempli d’images et de poèmes insolites , un dialogue complice entre les eux auteurs se met en place. En effet , à première vue , on ne distingue pas ce dialogue implicite puisqu’on est d’abord frappé par le rapport onirique et très lointain des images avec les poèmes. Mais lorsqu’on analyse bien , on y trouve quand même une connexion imparable entre Man Ray et Éluard.

Ce n’est peut être pas un dialogue à laquelle on s’attendait mais c’est définitivement bien un dialogue complice qui va non pas expliquer le langage de l’autre mais va plutôt l’enrichir , lui donner plus de mystère et surtout communiquer , faire un clin fait un clin d’oeil à Éluard dans « Fil et aiguille » (p. 2-13) qui fait allusion aux images maternelles et douces de l’enfance.

Le texte d’Éluard s’ouvre presque sur les mots « donner naissance » alors que le fil dessiné par Man Ray esquisse les contours d’une silhouette dont Milly Heyd a montré qu’il pouvait s’agir de celle de la mère de l’artiste , dessinée d’après une photographie de 1895. On a bien ici un dialogue qui renvoie aux souvenirs personels des auteurs , surtout l’enfance qu’on retrouve aussi dans « le mannequin » (p. 57) qui rappelle le rôle important qu’a joué l’enfance des 2 auteurs par cet objet de forme humaine utilisé par les couturières pour confectionner es vêtements , ou mettre leurs créations en valeur.

D’ailleurs , Éluard attribue à cet objet ses premiers émois amoureux « premier amour de l’écolier/supression des distances ». On peut aussi retrouver cette référence au passé dans « le temps qu’il faisait le 14 mars » , titre qui valorise la notion du temps. Étroitement mêlée dans le texte à la métaphore de la couture « les aiguilles de midi / cousent la traîne du matin », elle suscite un souvenir d’enfance : « je me vois moi ma jeunesse.. « . On retrouve également cette connexion entre les deux auteurs dans « les amis » (p. 20) dans la esure où les objets disparates comme le robinet qui coule , l’oreiller blanc , et quelques animaux représentent en réalité un groupe de surréalistes dans laquelle Man Ray et Éluard font partie. Cest comme une sorte de code propre aux auteurs , une complicité qu’on ne peut totalement comprendre. Seuls eux mêmes et leurs amis comme Picasso 2 peuvent comprendre le dessin. Ces objets disparates qui correspondent à leurs amis surréalistes renvoient donc à leur intimité et leur souvenirs.

Mais ce dialogue complice qui renvoie à l’enfance peut tout aussi prendre la forme d’un échange surréaliste. En effet , tout au long du recueil , les auteurs tissent des liens et marquent le rapport entre le visible et le lisible. II est vrai que la lecture d’un texte et la lecture d’une image paraissent profondèment différentes. Autant la première lecture nécessite un long apprentissage et impose un ordre de lecture , autant la seconde semble plus spontanée voire désordonnée.

Dans ce cas particulier du recueil Les Mains Libres , Eluard souligne le fait que les poèmes donnent à voir ce qu’ils donnent à lire comme si elles engendaient des images mentales. D’ailleurs sa poésie , on la souvent remarqué est une poésie ssentiellement visuelle qui privilègie le rôle du regard et semble solliciter la collaboration de peintres ? partir des images qu’elles suscitent. Dans le recueil , les poèmes d’Éluard ne fonctionnent pas comme un commentaire explicite des dessins de Man Ray mais sont fondés essentiellement sur l’image comme on le voit dans la plupart des poèmes comme dans « la femme et son poisson » (p. 2) qui en est le parfait exemple « la vierge et son grillon/le lustre et son écume/la bouche et sa couleur/la voix et sa couronne ». On a de plus un va et vient incessant entre le dessin et le poème dont les formes et les contenus sont rès souvent éni 3 vient incessant entre le dessin et le poème dont les formes et les contenus sont très souvent énigmatiques comme on peut le voir dans « Où se fabriquent les crayons? ‘ (p. 1 19) , poème parfaitement obscur mais un dessin qui éclaire dans lequel est représenté un clocher de village sous forme de crayon.

En dépit des différences radicales entre le dessin de Man Ray et le poème d’Éluard , on remarque que la plupart du temps , elles présentent certaines correspondances grâce à l’utilisation conjointe de deux figures caractéristiques de leurs oeuvres que sont ‘hyperbole et l’ellipse. En effet , on peut le voir dans « Belle main » où le caractère elliptique du dessin répond à la suppression de la ponctuation dans le poème. Mais l’échange surréaliste apparaît vraiment lorque le face à face du dessin de Man Ray et du poème d’Éluard nous renvoie à un monde pafaitement imaginaire , onirique.

Cette échange entre le lisible et le visible est fondé sur le refus de l’imitation et des conventions. En effet , le langage des deux auteurs sont très différents et vont enrichir le langage de l’autre. Cest plutôt Éluard qui va communiquer avec Man Ray à travers ‘enrichissement de ses émotions exprimés par le dessin et sa propre interprétation. Plus il y aura de décalage entre le dessin et le poème plus l’échange surréaliste se renforcera et sera pertinent pour le lecteur laissé à une liberté d’imaginer. Cest le cas de « Paranoia » (p. 8) qu exprime pure fantaisie entre les premiers vers du poème et la femme représenté. Il ne s’agit pas là d’un jeu sérieux mais d’une invitation à faire preuve d’ima 4 représenté. preuve d’imagination , autrement dit de créer librement nos propres images à partir de celle que le livre nous propose. Et c’est bien ici qu’on comprend que la confrontation systématique du dessin et du texte et la faille qui se creuse entre ce que représente l’un et ce que représente l’autre sont une incitation à la rêverie et donnent un sens à l’oeuvre.

Le vide qui les sépare et qui accompagne nécessairement le poème ou le dessin et qu’Éluard appelle dans « Donner à voir » : « les grandes marges blanches , grandes marges de silence » rappelle la principale qualité qui est non pas d’évoquer mais d’inspirer , préciset-il. En effet , c’est bien ce vide qui nous méne à l’interprétation ersonnelle. En effet , elle représente une autre forme de dialogue entre le texte et l’image. Certains poèmes illustrent les dessins au sens où les poèmes éclairent en proposant une interprétation parmi toutes les interprétations possibles. ?luard laisse son imaginaire entrer en résonance avec celui de Man Ray. Comme on peut le voir dans l’abre rose (p. 44) dans laquelle Éluard laisse de côté le dessin évoquant Adam et Eve et va plutôt privilègier le symbole de la fleur qui donne son nom au poème , mais également dans « l’aventure » (p. 32) dans le sens où le dessin reste tatique avec les lignes verticales et notamment l’immobilité de la femme alors que le poème lui , célébre sa libération en l’associant ? des images de mises en mouvement ( se rompre, échapper.. Mais l’interprétation d’Éluard déroute parfois le lecteur p S mouvement ( se rompre, échapper.. ) Mais l’interprétation d’Éluard déroute parfois le lecteur puisqu’il ne partage pas les connotations qui se dégagent les plus manifestement du dessin. Comme on le perçoit dans « femme portative » (p. 1 14) avec le dessin qui représente le fantasme de toute puissance et la femme objet alors que le poème arle de la dépendance à l’être aimé mais aussi dans « Château abandonné » (p. 9) dans laquelle l’idée d’abandon n’est pas présente dans le dessin et ne connote ni le silence ni la mort comme le poeme le suggere. Éluard interprète donc à sa façon et c’est ça illustrer pour Éluard. Il attire le dessin vers sa propre expérience et confond volontairement ce que ressent le peintre avec sa propre émotion. À partir d’un dessin représentant un paysage , il peint son propre paysage mental. Rarement , il ne s’en tient qu’au premier sens. Ce qui l’aime en digne surréaliste , c’est surprendre , interpréter e façon très étrange et très personnelle.

On peut donc en déduire qu’il y a trois formes principales de dialogues entre texte et image au sein du recueil. Il prend d’abord la forme d’un dialogue complice entre les deux auteurs qui échangent ? travers le thème de la couture pour leur rappeler leur enfance mais il prend tout aussi bien la forme d’un échange surréaliste qui marque un lien entre le visible et le lisible et enfin , le dialogue échangé continue sa route à travers l’interprétation personnelle qui permet au lecteur de disposer de la liberté d’imaginer.