Le personnage de lancelot
D’aventure en aventure, lancent affronte une série d’épreuves qui forge son identité de héros. L’errance lui permet de prendre la mesure de sa valeur. Toutefois elle n’est pas guidée par le simple hasard. A partir de cette réflexion, montrez comment Chrétien de Troyes a le premier créé le héros romanesque et organisé l’espace narratif autour de ce type littéraire représenté ici par lancent. L’incite du roman nous suggère immédiatement un récit original et neuf.
AI nous présente en effet un « chevalier de a charrette », c’est-à-dire un chevalier qui n’ rien d’un chevalier puisqu’ se voit attribué une charrette, symbole de honte et de déshonneur. Et pourtant en refermant le livre on garde en mémoire l’image d’un véritable héros. Mais un héros hors-norme, un héros différent de ceux qu’on nous présente traditionnellement. On en vient alors à se demander comment un chevalier sans honneur peut-il devenir un héros. Et en quoi est-il différent de ses pairs ?
Une partie de la réponse concerne le fait que le récit constitue un parcours quasi initiatique dans lequel un homme anonyme devient un héros reconnu de tous. Et la singularité du parcours fait la singularité du personnage. Mais s’ on ajoute à cela l’écriture fine et subtile de Chrétien de Troyes, on peut lire un roman novateur et premier boy accouchait 1 hobby 22, 2009 35 pages L 3 Lettres Modernes original et neuf. Il nous présente en effet un « chevalier de précurseur mettant en exergue le m swaps toi vie nixe page motif fondateur qu’est celui du héros romanesque.
AI s’agit alors d’étudier par quels moyens l’auteur dessine devant nous un personnage nouveau et comment il en fait progressivement un véritable héros, et une incarnation du héros romanesque. Dans cette perspective il convient d’an oser d’abord lancent comme une apparente ébauche de personnage en perpétuelle construction, puis de synthétiser son errance afin de dessiner un personnage complet et complexe, pour enfin mettre en avant la finesse de l’écriture de chrétien de Troyes qui renouvelle le motif du héros et crée celui du héros romanesque.
A la première lecture le protagoniste de ce roman n’apparaît pas au lecteur comme un véritable héros. AI ressemble plus à une ébauche de personnage, à un brouillon que l’auteur nous livre sans retouches, ni ajustements ou finitions. Ce chevalier aux contours mal délimités semble même essayer de se construire devant nos yeux, tel un véritable être humain qui se forge une personnalité au cours de sa vie. Tout d’abord, le narrateur tend à nous faire croire qu’il n’existe aucun lien entre lui et le personnage : il opère en effet une distanciation qui participe à l’ancrage de lancent dans le réel.
Ce phénomène est manifeste à de nombreuses reprises. Dans un premier temps, le narrateur se place au même plan que le lecteur, c’est-à-dire qu’il découvre et voit agir cet énigmatique chevalier dans les mêmes conditions que lui. Le narrateur est donc au même titre que le lecteur un simple spectateur. AI n’ -o se ou de -O clé -h plu ta les infini la personnage de lancent et en fait un personnage ré indépendant de l’auteur. Ces pourquoi le lecteur n jamais ce qu’il se passe lorsque lancent se retrouve L’absence de témoins interdit le récit et nécessite systématiquement une ellipse.
Lorsque lancent es emprisonné par mélangeant dans une tour qui n’ ni ne antre / fors c’une petite fenêtre » l’auteur bar le récit de lancent et retourne au pays de logées. N’est dit sur sa façon de vivre dans cette prison. On on élégie seulement lorsque la s?Ur de mélangeant On trouve un autre exemple d’ellipse significative leurreras la visite du cimetière la jeune fille qui accompagnait lancent décide de s’en aller. L’haute une ellipse sur le moment ou le chevalier est « sans compagnie » et reprend le récit au moment où pack un chevalier qui venait / delà bois ou il avait cache. Eu passe donc comme si Chrétien de Troyes n’envie mais transmettait seulement une histoire indienne son imagination. S’interdisant toute subjectivité il .. ‘k jusqu’ renoncer à émettre le moindre jugement et laisse les personnages secondaires prendre en cl es mots à connotation laudative. Ainsi « tressait de demander s’angoissent : / « Qui est cil qui si bien le f ou plus tôt son hôte de se rappeler « qu’an il avait c conté / c’uns chevalier de garant bonté / le paix a for venait »; ou enfin le roi bedeau de le présenter « il madrées chevaliers delà monde ». Résonnera de lancent et en fait un personnage réel, indépendant de l’auteur. Ces pourquoi le lecteur ne sait jamais ce qu’il se passe lorsque lancent se retrouve seul. Systématiquement une ellipse. Lorsque lancent est emprisonné par mélangeant dans une tour qui n’ ni « huis e antre / fors c’une petite fenêtre » l’auteur abandonne le récit de lancent et retourne au pays de logées. Rien n’est dit sur sa façon de vivre dans cette prison. On entend son élégie seulement lorsque la s?Ur de mélangeant arrive. Accompagnait lancent décide de s’en aller. L’auteur opère compagnie » et reprend le récit au moment où apparaît « un chevalier qui venait / delà bois ou il avait cache. ». Tout se passe donc comme si Chrétien de Troyes n’inventait rien mais transmettait seulement une histoire indépendante de son imagination. S’interdisant toute subjectivité il va squaw renoncer à émettre le moindre jugement personnel et laisse les personnages secondaires prendre en charge demander s’angoissent : / « Qui est cil qui si bien le fait ? »; ou plus tôt son hôte de se rappeler « qu’an il avait dit et conté / c’uns chevalier de garant bonté / le paix a force venait »; ou enfin le roi bedeau de le présenter comme « il madrées chevaliers delà monde ». Et si ces termes ne sont pas prononcés par une tierce personne ils sont utilisés indirectement : l’expression « fin amant » est insérée dans une comparaison qui indique que lancent se comporte « a enrêner de fin amant ». La présence d’une figure stylistique met à distance le jugement.
Tout indique bien que l’auteur ne maîtrise pas le personnage de lancent et que celui-ci semble lui être indépendant. Le lecteur pense alors qu’il n’est pas face à un personnage préfabriqué mais plutôt face à un homme qui tente de se construire seul. Si l’auteur ne nous apprend rien sur le caractère de lancent, ce sont ses actes qui parlent pour lui. Sa première apparition dégage une certaine impulsivité, une certaine fougue : le rythme est accéléré, il ne dit que quelques mots, les seuls nécessaires, ne prend pas le empesé d’examiner les chevaux, et repart au galop.
Cette précipitation à retrouver la reine prouve aussi sa loyauté envers elle. Dans un autre domaine, les nombreuses scènes de combat nous renseignent sur sa bravoure, sa force, son courage, sa vaillance. De la même façon, chaque nouvelle aventure apporte des indices sur le protagoniste qui se trouve dans un mouvement de construction perpétuelle. Pour résumer, Chrétien de Troyes prend soin de poser une certaine distance entre son écriture et son personnage pour lui laisser l’occasion de se construire seul tout au long du récit.
La simultanéité qui en résulte hisser l’occasion de se construire seul tout au long du récit. La simultanéité qui en résulte entre le temps de l’élaboration du protagoniste et le temps de la lecture amène le lecteur à une lecture attentive et active. Cette technique narrative considère que le personnage est maître de soi et que l’auteur n’intervient pas dans l’image qu’il renvoie au lecteur. D’une manière assez logique celui- ci est donc rapidement amené à percevoir certaines failles, notion propre au anti-héros plus qu’au héros.
D’une part, on constate des phénomènes de décontraction du héros. Car si l’auteur ne réécrit pas les alités de lancent, il ne réécrit pas non plus ses défauts. La l’gêne directrice qui apparaît lorsqu’ auteur reprend un récit à sa charge n’ ici pas lieu d’être. On est dans un récit qui se veut plus aléatoire, plus naturel. Aussi bien qua des phénomènes de construction, on assiste donc à des phénomènes de décontraction du héros : certaines scènes venant parfois annihiler les effets produits par la scène précédente.
Par exemple le combat de lancent contre les faux agresseurs de la jeune fille qui avait organisé son propre viol nous avait permis d’apposer au chevalier les riait de virilité, de courage, de force, tandis que la scène qui suit le conduit à s’extasier devant un peigne et nous le présente comme un homme rêveur, en dehors de la réalité, niais. Si une aventure lui permet de s’affirmer en tant que héros, la suivante le ridiculise. Ainsi après le magnifique duel contre mélangeant qui tant que héros, la suivante le ridiculise.
Ainsi après le magnifique duel contre mélangeant qui a prouvé à tous ses qualités de héros, lancent se laisse très naïvement enlevé par un nain maléfique : « il issus le nain Cet] de nul mal ne se dote ». Ces scènes sont comme des « coups de gomme » de l’auteur qui déconcentrions le personnage et créent une image de personnage lacunaire, et donc d’anti-héros. Cette décontraction passe aussi par des moments de chute ou du moins de déséquilibre. Au début du roman par exemple, lorsque lancent est à la fenêtre d’un château et voit passer le cortège de la reine, il manque de tomber.
Plus tard, juste avant le passage du gué, lancent se plonge dans une méditation profonde qui le conduit tout droit dans l’eau ! Ces chutes ou ces semblants de chute évoquent un manque d’équilibre et de stabilité chez le Résonnera de lancent. Les lacunes du personnage se traduisent d’autre part par sa dépendance marquée envers autrui. Il semblerait en effet que lancent ne puisse pas traverser les épreuves sans un appui solide : à maintes reprises on voit les personnages secondaires lui venir en aide. Dès le début il fait appel à gavais pour lui prêter un de ses chevaux.
Ainsi les premières paroles de notre héros au style direct constituent une demande d’aide : « Sire, don ne avez / cône mes chevaux est tressiez/ et texte qu’il n’ mes nul mésestimer? / Or si vos proie, / que vos, ou a prêts ou a don, / le quel que soit, me bailleresse ». Plus tard, lors de la perte d’qui vos, ou a prêts ou a don, / le quel que soit, me bailleresse Plus tard, lors de la perte d’équilibre de lancent, c’est ce même gavais qui lui vient en aide et qui le « trait arriérés » pour lui éviter une mauvaise chute.
S’en suit alors une suite de personnages secondaires, de figurants qui, tour tour, lui apportent un soutien ou un véritable secours : bedeau lui permet de se reposer une nuit avant de combattre mélangeant afin de se remettre de ses blessures, la femme du geôlier le libère provisoirement et lui offre ainsi l’opportunité de revoir la reine et son royaume, la roue de mélangeant le libère de la tour. Il en est bien d’autre sans qui le chevalier n’aurait pas pu accomplir sa mission. Par ailleurs il est presque toujours accompagné lors de son parcours. Les rares moments où il est seul sont de courte durée.
Il passe en fait de mains en mains : il est d’abord accompagné par gavais; lorsque leurs chemins doivent se séparer il reste en compagnie de la « demoiselle » rencontrée au carrefour; quand celle-ci « confie il demande » il ne reste que quelques instants seul et rencontre immédiatement « une demoiselle / mol très belle et mol avenant, / bien accusée et bien veste » qui ui offre l’hospitalité. Il en est ainsi tout au long du roman : le héros semble avoir besoin de l’aide d’autrui pour se construire et on peut aller plus loin en considérant que e héros se construit même dans ce rapport à autrui.
Cette idée trouve son paroxysme au strict milieu du roman lorsque le « cheval rapport à autrui. Cette idée trouve son paroxysme au strict milieu du roman lorsque le « chevalier de la charrette » devient « lancez delà Lac ». Cette transition s’effectue par la figure féminine prédominante de la reine genièvre. C’est elle qui confère au chevalier une identité propre. Il gît pour elle et par elle : ce rapport double est bien la caractéristique d’une dépendance absolue. Notre soi-disant héros est mu par autrui, pour autrui, avec l’aide d’autrui.
Sa part d’autonomie, s’il en est, semble ici bien discrète, ce qui assez contraire au modèle antique du héros. Pour nuancer cette analyse il convient de mettre en avant le fait que, bien conscient de ses faiblesses, notre chevalier manifeste l’intention de combler ses lacunes en tendant sans cesse vers un modèle de héros, ce qui lui permet de s’inscrire dans un mouvement général de progression. Sur le plan physique d’une part, lancent montre une force renaissante. En effets les combats sont de mieux en mieux menés.
Le premier duel semble assez laborieux : lancent affronte un simple gardien de gué et pourtant la bataille est longue, si bien qu’il en éprouve « mol garant honte ». La victoire s’avère plutôt difficile. Le combat suivant met en scène plusieurs homard-nés ce qui accroît la difficulté, cependant ils se révèlent être de faux agresseurs ce qui laisse un doute quant à la force réel qui lui fut nécessaire. Peu à peu les adversaires deviennent plus forts : à de simples gardiens on passe à de véritables chevaliers.