Le concept de nation pour Renan (1882)
La conception renanienne de la nation La nation comme « principe spirituel » et ses deux facteurs constitutifs : mémoire collective d’un même passé et même volonté de poursuivre « ensemble » ( 1-2) La prévalence de ces deux facteurs sur tous les autres d’ordinaire invoqués. Explicitation complémentaire ( 3-4) Argumentaire à l’appui de cette conception face à des objections possibles et réaffirmation finale Réponses à deux objections possibles : la volonté populaire mal éclairée et les dissonances entre nations ( 5-6) Résumé de la thèse : l’essence et le « droit d’exister » d’une ation.
Exhortation à maintenir ferme la thèse face aux « transcendants de la 1870 : après la victoir Napoléon Ill, fAlsace- rrai„ p g Reich allemand. Les motif que les populat es sur l’armée de force dans le second tte intégration au talent en grande partie d’ethnie et/ou de langue germaniques. Ce rattachement à la nation allemande était-il pour autant légitime ? Etait-il juste pour les populations concernées ?
Pour autant que de toute antiquité le droit (jus) est conçu en rapport au juste (justum), que le droit positif ou établi peut toujours être interrogé quant à sa égitimité et au nom de la justice — inextinguible revendication de toutes les A ShAipe to Wew next page Antigone à travers les âges – l’Allemagne était-elle en droit de faire ce rattachement, ou, inversement, le droit de ces populations de l’Est de la France a-t-il été respecté ?
On sait que la perte de l’Alsace-Lorraine fut douloureusement ressentie par les Français et a suscité une animosité croissante contre l’Allemagne, des figures populaires comme celle du Général Boulanger – le Général « Revanche » – montrant l’ampleur de cette animosité, qui éboucha sur le cri vengeur des mobilisés de 1914 : « A Berlin ! A Berlin ! C’est dans ce lourd contexte qu’Ernest Renan prononça le 11 mars 1882 à la Sorbonne sa conférence devenue célèbre « Qu’est-ce qu’une nation ?
Renan était un spécialiste d’hébreu et s’était spécialisé dans l’étude critique des textes bibliques. II écrivit une Vie de Jésus qui fit sa renommée. On aurait pu s’attendre à voir valoriser par cet exégète la langue et la religion comme facteurs de base d’une communauté nationale. Pourtant, selon lui, ce ‘est ni la langue, ni la religion, qui constitue une nation, et pas davantage la race ou les aléas de la géographie : c’est la volonté d’un avenir commun, d’un « vivre ensemble » à partir d’un même héritage.
Sans conteste, le problème ici en cause déborde de beaucoup le contexte particulier précité, il est fondamental auss bien en philosophie politique et qu’en droit constitutionnel. En un premier temps, nous examinerons les termes dans lesquels Renan présente sa 2 OF s constitutionnel. En un premier temps, nous examinerons les termes dans lesquels Renan présente sa conception de la nation omme « principe spirituel » avec deux facteurs constitutifs, l’un ayant trait au passé, l’autre à l’avenir, ces deux facteurs prévalant selon lui sur tous les autres d’ordinaire invoqués.
En un second temps, nous verrons comment Renan repousse des objections possibles à sa thèse, objections de taille à vrai dire – pour la réaffirmer à la fin de façon vigoureuse, face à ce qu’il appelle les « transcendants de la politique ». Renan, Qu’est-ce qu’une Nation? 1870 : après la victoire des troupes allemandes sur l’armée de Napoléon III, l’Alsace- Lorraine fut intégrée de force dans le second Reich allemand. Les vainqueurs justifièrent cette intégration au motif que les populations de ces territoires étaient en grande partie d’ethnie et/ou de langue germaniques.
Ce rattachement à la nation allemande était-il pour autant légitime ? Etait-il juste pour les populations concernées ? pour autant que de toute antiquité le droit (jus) est conçu en rapport au juste (justum), que le droit positif ou établi peut toujours être interrogé quant à sa légitimité et au nom de la justice inextinguible revendication de toutes les e rattachement, ou, inversement, le droit de ces populations de l’Est de la France a-t-il été respecté ? On 3 OF s inversement, le droit de ces populations de l’Est de la France a-t-il été respecté ? [… On sait que cette théorie rousseauiste a joué un rôle déterminant pour l’instauration des institutions républicaines. Renan rejoint manifestement cette théorie volontariste de la nation, à ceci près que le consentement actuel pour un avenir commun est selon lui appuyé sur la mémoire, sur une appropriation collective du passé. La volonté nationale est la olonté de continuer à faire valoir l’héritage qu’on a reçu indivis Il développe ensuite cette idée en parlant du passé héroïque comme capital social sur lequel on assied une idée nationale mentionnant au passage l’importance du culte des ancêtres. … l Et était- ce toujours dans la bonne direction ? ? Cest un problème qui se posait déjà chez Rousseau, disant à propos de la volonté générale : on veut toujours son bien, mais on ne le voit pas toujours (Du contrat social ; Il, chap. 3). Rousseau pensait que la volonté générale resterait droite s’il ny a pas des associations artielles ou des groupements d’intérêts particuliers lors des délibérations publiques (on sait qu’il excluait des représentants du peuple), et qu’il envisageait aussi la nécessité d’un Législateur très éclairé pour inspirer aux peuples de bonnes lois chap.
Résumé de la thèse : l’essence et le droit d’exister d’une nation. Exhortation à maintenir ferme la thèse face aux tr 4 OF S droit d’exister d’une nation. Exhortation à maintenir ferme la thèse face aux transcendants de la politique Résumé ou récapitulation de la thèse : le principe constitutif d’une nation ‘est décidément ni racial (le sang), ni linguistique, ni religieux, ni géographique (le sol).
Ce sont certes des conditionnements, des facteurs identitaires, mais l’homme n’en est pas resclave Le vrai, l’essentiel principe constitutif d’une nation, c’est la conscience morale Comprenons : la conscience de soi comme communauté agissante, résolue a un bel avenir à partir d’un même héritage commémoré. [… l En un second temps, nous verrons comment Renan repousse des objections possibles à sa thèse, objections de taille à vrai dire – pour la réaffirmer à la fin de façon vigoureuse, face à ce u’il appelle les transcendants de la politique l.
La conception renanienne de la nation La nation comme principe spirituel et ses deux facteurs constitutifs : mémoire collective d’un même passé et même volonté de poursuivre ensemble Renan commence sa conférence en mettant en avant le caractère problématique de l’idée de nation, claire en apparence, mais qui prête aux plus dangereux malentendus Quels sont ces malentendus ou Incompréhensions ? La diversité considérable des formes de société humaine est un fait, comme il le rappelle immédiatement apres. [ S OF s