La Crise Existentielle Dans La Naus E

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La crise existentielle dans La nausée « De temps en temps les objets se mettent à vous exister dans la main. » Jean-Paul Sartre, La nausée. Dans la France de l’entre-deux-guerres et l’après-guerre, l’existentialisme apparaît comme un phénomène littéraire aussi bien que philosophique. Il s’agit d’une doctrine obsédée par ce qu’il y a de plus sombre dans l’existence humaine : le désespoir, la tristesse, l’absurdité, l’aliénation, l’ennui, vus tous comme des écueils à l’effort de mener une vie significative.

Ces obstacles forcent l’individu à confronter le paradoxe de croire sa propre ie importante, tout en soutenant que la vie humaine n’a ni signification ni objet. Dans ce travail, nous us or 8 des causes qui plong t telles qu’elles se révè Paul Sartre, un ouvra l’existentialisme. une exploration rise existentielle, usée, de Jean- e le manifeste de Dans un premier temps, nous caractérisons l’existentialisme comme doctrine philosophique, en explicitant ses quatre composantes : ontologie, épistémologie, idéologie et éthique ; et nous le plaçons dans un contexte historique.

Nous préférons de ne pas gaspiller d’espace à retracer la iographie de l’auteur, étant donné qu’il s’agit d’une flgure extrêmement connue. Donc, deuxièmement, nous passons directement à faire un survol de phistoire racontée dans le roman choisi. Nous commentons ensuite sur la situation du personnage central, Antoine Roquentin, et ses épreuves, en liant nos commentaires aux postulats de l’existentialisme en général, et de S Sartre en particulier, pour arriver finalement à notre conclusion à propos des causes qui plongent l’homme dans une crise existentielle. L’existentialisme est présagé au XIXe siècle par les philosophes

Spren Kierkegaard et Friedrich Nietzsche. Au XXe, le philosophe allemand Martin Heidegger, à partir de la phénoménologie d’Ausserl, influencera d’autres existentialistes tels Simone de Beauvoir, Albert Camus et, bien sûr, Jean-Paul Sartre. Fiodor Dostoïevski et Franz Kafka ont également traité des thèmes existentialistes dans leurs ouvrages littéraires. Malgré les tendances communes, il existe des divergences substantielles entre eux. par exemple, entre l’existentialisme athée de Sartre —où l’existence de l’homme exclut celle de Dieu— et l’existentialisme religieux d’autres philosophes et auteurs.

Variante de l’idéalisme subjectif, l’existentialisme prétend être la seule doctrine capable de signaler le chemin vers la vraie liberté, l’objet et la signification de la vie humaine. Pour ce faire, il se sert de quatre composantes de toute philosophie : une ontologie, une épistémologie, une idéologie et une éthique. L’ontologie existentialiste reconnaît l’existence (entendue comme le monde interne et subjectif de l’individu) comme première par rapport à [‘essence (le monde réel) : il n’y a pas d’objet sans sujet. L’homme est « condamné à être libre et c’est lui- ême qui donnera un sens à son existence par ses choix. ?pistémologiquement, l’existentialisme soutient que la vraie connaissance n’est acquise que dans des situations limites (la mort, par exemple), lorsque le processus est irréversible et que l’homme n’y peut rien. Ces deux éléments —ontologie et épistémolo processus est irréversible et que l’homme n’y peut rien. Ces deux éléments —ontologie et épistémologie— forment une idéologie selon laquelle la situation actuelle d’un individu est le résultat de ses choix passés : l’homme est ce qu’il s’est fait. Il n’est as difficile de voir comment cette théorie contribue à la défense de la servilité.

Cette liberté apparente de la volonté est proposée pour convaincre l’homme de la société bourgeoise, insatisfait de son existence, qu’il a lui-même choisi sa condition. Finalement, l’éthique existentialiste nie toute norme morale obligatoire pour la société, puisque toute norme limite la liberté. L’homme est libre de choisir sa propre morale. C’est une négation de la responsabilité vers les autres et vers la société. Le seul homme Ibre est celui qui serait parvenu à se libérer de la société t à briser les liens sociaux.

Pendant l’entre-deux-guerres, au milieu dune crise des valeurs qui contribue à la naissance, montée et installations des fascismes en Europe, et puis dans la situation terrible de dévastation du monde occidental à la fin de la Seconde guerre mondiale, l’existentialisme se dresse comme l’alternative philosophique face au marxisme qui, par contre, met en relief le rôle transformateur de l’homme devant la nature et la société, le rôle actif de l’être soclal, et la ferme croyance optimiste au rôle de l’individu et de la société dans la construction d’un monde eilleur.

L’existentialisme sartrien ne nous paraît pas tellement radical, surtout si l’on tient compte de l’engagement préconisé par Sartre, bien qu’à la parution de La nausée en 1938, les opinions politiques de celui-ci soient virtuellement inexistantes. parution de La nausée en 1 938, les opinions politiques de celui-ci soient virtuellement Inexistantes. Le roman marque cependant le départ de la pensée sartrienne, avec des axes pas encore solides mais qui y sont, nous le verrons, déjà préfgurés. Écrit comme un journal intime, La nausée nous présente Antoine

Roquentin, âgé de 30 ans, qui à son retour après des années de voyage, s’installe à Bouville, une ville fictive, pour finir sa recherche sur la vie d’une figure politique du XVIIIe siècle. Mais pendant l’hiver 1932, des attaques de nausée empiètent de plus en plus sur tout ce qu’il fait et apprécie : son projet de recherche ; la compagnie d’un autodidacte en train de lire tous les livres de la bibliothèque en ordre alphabétique ; une relation physique avec la propriétaire dun café, appelée Françoise ; ses souvenirs d’Anny, une fille anglaise dont il avait été amoureux ; même ses propres ains et la beauté de la nature.

Au cours du roman, son dégoût pour l’existence même le pousse vers une quasi-démence et vers la haine de soi-même. Il est plongé dans une crise existentielle, et il recherche anxieusement un sens dans toutes les choses qui avaient autrefois et jusqu’alors rempli sa vie. Mais il se heurte enfin à une révélation sur la nature de son être. Antoine est confronté à la nature provisoire et limitée de l’existence. À la fin du livre, il accepte Flndifférence du monde physique vers les aspirations humaines.

Il parvient à voir cette découverte non seulement comme un regret mais comme une pportunité. L’homme est libre pour faire son propre sens : une liberté qui entraîne également une responsabilité, parce que sans engagement, il n’y aura pas de PAGF entraîne également une responsabilité, parce que sans engagement, il n’y aura pas de signification. La première chose qui frappe, après avoir lu La nausée, c’est qu’il n’arrive rien à Roquentin (au sens dramatique), sauf le contact bouleversant avec sa condition d’homme, condition que nous nous dissimulons d’habitude par toutes sortes d’illusions.

Lui, il refuse dy avoir recours (ou peut-être en aurait-il perdu a capacité), mais les autres personnages illustrent dans une certaine mesure ce genre d’illusions : l’Autodidacte et ses efforts naifs et dérisoires de tout apprendre en lisant tout, auxquels s’oppose le scepticisme de Roquentin ; Anny, qui voudrait faire trancher sur la pâte grise des jours des « moments parfaits » pour échapper au sentiment de dépossession du monde, quoique dès qu’elle apparaît, elle ait déjà perdu de telles aspirations ; et les Bourgeois, qui se donnent à des plaisirs banals et vides pour justifier d’une manière ou d’une autre leur existence.

Quant à Roquentin, son exploration du mande lui révèle de façon de plus en plus pesante que rexistence humaine et celle du monde n’ont pas de justification. Cest sur quoi Sartre semble nous alerter : le drame de l’existence injustifiée. Cette remontrance ne prendra sa pleine forme qu’après quelques années, mais il est possible d’y vor insinuées les idées qui amèneront Sartre à exiger de récrivain 1’« hyper-responsabilité » de donner un sens à son époque ; qu’il le veuille ou non, l’écrivain est engagé, y compris dans ses silences.

Nous y voyons clairement Pinfluence d’Heidegger, tout particulièrement de sa otion du Dasein, qui est précisément l’être-en-situation, hic et nunc. C’est pourquo particulièrement de sa notion du Dasein, qui est précisément l’être-en-situation, hic et nunc. C’est pourquoi il nous a paru intéressant d’explorer la relation de Sartre avec son personnage.

Dramatiquement, Roquentin nous rappelle le héros tragique aristotélicien, même si le « parcours du héros » est écourté par rabsence d’une histoire stricto sensu. Et pourtant on le voit faire preuve de hybris, cette prétention démesurée qui le pousse à se croire au-dessus des choses et des ommes, à se croire séparé du monde, à se croire absolument libre.

C’est son erreur tragique, son hamartia ; et c’est là que, pour nous, Sartre joue son rôle d’auteur engagé : à chaque fois que Roquentin s’expose à l’existence pure et inéluctable des choses, il est puni, à la façon d’un héros grec, d’une attaque de nausée —le vertige devant l’abîme de l’existence, oui, mais également une sorte de « réveil » métaphysique et fatale qui le rattache au monde des existants. L’explication que Roquentin en donne mérite un commentaire. Son interprétation de ses épreuves est que ce sont les objets, e monde, qui ont changé.

Ceci ne l’étonne point, car pour lui, la nature « n’a que des habitudes et elle peut en changer demain Tous les changements qu’il éprouve concernent alors les objets, tandls que lul, il reste le même. Il n’est pas clair pour nous ce que veut dire ce refus de caresser même la possibilité que ce soit lui qui ait changé, mais nous croyons que les problèmes de Roquentin ne sont pas que le produit d’une démence personnelle, sans plus de signification. Plutôt, il serait la victime de forces idéologiques, sociales et existentielles plus puissantes qui semblent l’avoir p