La chambre des officiers – analyse de la bande sonore du film

essay A

Regards contemporains sur la Grande Guerre La Chambre des officiers (François Dupéyron), 2001 film, analyse de la bande sonore : Analyse de J’ai choisi pour le dossier « Regards contemporains sur la Grange Guerre » d’étudier le film La Chambre des officiers de François Dupéyron (2001 ) d’après le roman éponyme de Marc Dugain (1999). Ce film raconte l’histoire particulière des ainsi nommés « gueules cassées », soldats dont les visages ont été mutilés lors des com convalescence et réc Je me propose d’ particulièrement la or7 Sni* to View re mondiale, leur veau sol. film et plus récit et son rapport ux différentes images.

Je vais d’abord traîter le son au cinéma en général, puis me pencher sur les morceaux utilisés et étudier en détail la valeur contemporaine qu’ils rapportent ou ajoutent ? cette adaptation. Même si d’un point de vue empirique la musique était d’abord au cinéma une nécessité pour éviter soit le silence peu supportable, soit le bruit du projecteur, elle est vite devenue une partie intégrale du film. La bande-son comporte trois types de matière sonore, à savoir la musique, les paroles et les bruits. Leur synchronisation et l’osmose de ce produit avec l’image forment a base du cinéma moderne.

La principale fonction de la musique est d’accentuer l’effet d’unité entre la narration et l’image. Il Il existe des films (par exemple les films américains des années 40/50, de série « B »), où la bande musique, quasi ininterrompue, sert de simple liant et passe inaperçue. De l’autre côté, les films comme Ivan le Terrible de S. M. Eisenstein sont liés ? l’œuvre musicale si étroitement, qu’on ne peut les dissocier. En occurence, S. S. Prokofiev composa cet accompagnement en collaborant avec le cinéaste du début du tournage jusqu’à la fin du montage.

D’où l’autre distinction importante, celle de la musique originalement écrite pour le film et les emprunts ou arrangements de pièces ou chansons déja existantes. En dehors des éléments sonores verbaux et musicaux, les bruits font eux aussi partie de la bande-son. Ils permettent au spectateur grâce à l’analogie auditive de mieux intégrer le réclt. Ils constituent un fond sonore réaliste et soulignent certains événements. (En matière de la parole, dont l’analyse porte le plus souvent sur son contenu, je ne voudrais m’attarder que sur l’aspet purement sonore, c’est a dire la voix, son timbre et sa couleur.

La arole vidée de son contenu sémantique est aussi porteuse de nombreuses informations. ) Jean-Michel Bernard, chargé de la musique dans La Chambre des officiers de François Dupéyron utilisa pour le film les œuvres suivantes: La marche funèbre de Siegfried du Crépuscule des Dieux, le dernier opéra de la tétralogie wagnérienne, deux compositions du minimaliste éstonien Arvo part (*1935) – Spiegel im Spiegel et Für Alina, puis un interlude orchestral du 2nd PAG » rif 7 éstonien Arvo Pârt (*1935) – Spiegel im Spiegel et Für Alina, puis un interlude orchestral du 2nd concerto pour violon de Krzysztof Penderecki (*1933).

Leur répartition dans le film est très inégale, à savoir que les oeuvres de Wagner et de Penderecki n’y apparaissent qu’une seule fois, tandis que les deux morceaux de Pârt en constituent un véritable leitmotiv musical. La somptueuse et tragique Marche funèbre de Siegfried ouvre la scène initiale (postérieure au récit), dans laquelle Adrien, le héros à la gueule cassée vient d’être nommé chevalier de la Légion d’honneur.

Les quelques mesures qui accompagnent la procédure mécanique de la décoration suffisent à nous introduire dans une atmosphère sollenelle et à la fois horrifiante. La usique souligne l’abîme entre la décoration et la mutilation Les deux morceaux de part sont caractéristiques du style minimaliste (l’écriture partienne est appellée « tintinnabuli ») qu’il adopta dans les années 70. Il repose sur la simple loi de mélodies répétitives, d’accords parfaits, facilement déchiffrables par les oreilles laïques.

Le premier morceau Spiegel im Spiegel (renvoie à la symétrie parfaite du miroir et symbolise dans le film peut- être le thème du miroir, objet refusé aux gueules cassées? ) est écrit pour violon et piano, en tonalité majeure, dans un tempo lent, très calme. Cette combinaison évoque une idyle joyeuse et tranquille. Cest pour cela que le morceau sera lié à l’image de Clémence, la femme dont Adrien se méprend avant de parti PAGF3C,F7 que le morceau sera lié à l’image de Clémence, la femme dont Adrien se méprend avant de partir pour le champ de bataille.

Nous le retrouverons ensuite avec l’image bucolique aux cerfs, quand les 3 officiers parlent de leur amie Margueritte, une femme défigurée comme eux, ou encore lors du gros plan sur la Madonne en bois sculptée par l’un des patients. On entendera également Spiegel im Spiegel dans la scène finale, où une jeune emme approuve à Adrien qu’il « n’est pas un monstre », une fin hilare et réconciliante.

Le second morceau Für Alina pour piano est écrit en tonalité mineure, de nouveau dans un tempo lent. Il montre, tout comme le premier, la force de la simplicité dans cette mélodie qui oscille uniquement autour d’une seule note, sans aucune modulation Les différents extraits de cette oeuvre apparaissent treize fois dans le film et cela seulement à partir du moment ou le protagosniste est interné à l’hopital Val-de-Grâce dans la chambre des officiers, donc avec une fréquence importante.

Etant donnees es impressions de tristesse, de désespérance et de mélancolie profonde qu’inspirent la tonalité et le tempo de cette pièce, nous l’entendrons pour la première fois quand Anaïs, l’Inflrmière dévouée, tend à Adrien l’ardoise et la craie, son seul moyen d’expression, quand le héros change le nom « clémence » écrit sur la tablette en mot « démence », lorsqu’on refuse au patient de lui proccurer un miroir affin qu’il ne puisse pas voir sa blessure, lors de la lecture de la lettre de Clémence annon affin qu’il ne puisse pas voir sa blessure, lors de la lecture de la lettre de Clémence annonçant la fin de leur brève relation. Quasiment au chaque mentionnement de la peur (de rencontrer sa soeur), de la mort (plusieurs suicides, son ami Alain tué dans les Ardennes), d’un départ ou d’une fin. La dernière scène accompagnée par ce leitmotiv est celle du théatre, où Adrien tente pour la dernière fois de rencontrer Clémence. Le pianiste soliste semble alors jouer le morceau et ses mains et doigts sont synchronisés aux accords que l’on entend. Cette musique claire, simple et compréhensible est entrecoupée par une attaque d’atonalité dans une scène très forte.

Adrien découvre enfin son propre visage en se contemplant ans la vitre d’une fenêtre de la chambre, puis descend dans les étages inférieurs de l’hôpital, pour y voir les innombrables soldats blessés entassés les uns sur les autres, entend leur gémissements et fait face tout-à-coup à toute l’atrocité et « horreur de la guerre. Il faillit ne pas supporter ce lourd poids et va jusqu’à mettre la main sur son arme pour se suicider. Et pour permettre au spectateur de partager ses émotions, une autre musique qui le débousole et effraye lui est servie, celle de Krzysztof Penderecki. Il est l’un des majeurs compositeurs polonais contemporains. Sa musique a souvent été utilisée dans e cinéma (par exemple dans les films The Exorcist (1973), The Shining (1 980)), et cela dans un contexte de l’horreur ou de la peur.

Cet effet est obtenu grâce ? peur. Cet effet est obtenu grâce à un procédé caractéristique de son écriture, appellé les clusters, des accords denses de tons dissonants (on les entendra au moment où Adrien descend les escaliers), ou encore des glissandis désagréables aux oreilles. Cest une musique qui porte en elle et inspire à l’auditeur une vive douleur et un sentiment de détruit, perdu et brisé, d’un mal quasi physique. Penderecki s’inspire le plus souvent par la religion, mais ?crivit également des compositions en mémoire aux victimes de la guerre. On notera quelques bruits éxagérés (on ne les aurait pas entendu aussi fortement en vrai).

C’est d’abord l’explosion de l’obus qui blesse le héros. On l’entend au rallenti, la scène est rallentie également. Un sourd silence suit cette explosion, qui est très significatif. On retrouvera le même effet éloquant du silence en fin du film, lorsque Adrien jette le pendentif de Clémence dans les égouts devant le théâtre. Un autre bruit surdimentionné est celui de la craie grattant sur l’ardoise, comme si toute son xpression était réduite en ces outils primitifs. Finalement, le souffle et la VOIX du blessé sont présentés d’une manière désagréable et subjective au spectateur, lui faisant à la limite resentir la blessure dans sa propre bouche.

L’œuvre littéraire adaptée au cinéma ne peut être reconstituée dans son intégralité, mais son esprit et son ambiance peuvent être saisis par les différents moyens d’expres intégralité, mais son esprit et son ambiance peuvent être saisis par les différents moyens d’expression du cinéma, mais qui, par rapport aux moyens du roman, évoluent beaucoup plus vite. Ansl, dans La Chambre des officiers, le regard contemporain sur la Grande Guerre est celui en couleurs et avec une musique bien postérieure aux événements de la deuxième décénie du XXème siècle. Il y a, certes, une authenticité artificielle, mais qui dédie ? ce tournant historique en hommage les fruits des générations qui y ont survécu. La musique devient dans le film de F. Dupéyron l’un des protagosnistes – subtile et tout intérieure. Elle porte souvent le contenu émotionnel des images, comme pour l’exemple de Penderecki.

La répétition d’un même motif saisit le spectateur et gradue son propre effet. Für Alina souligne une triste mélancolie, tandis que Spiegel im Spiegel appelle vers une espérance. La scène initiale n’aurait rien de son caractère sombre et plaintif sans l’accompagnement de Wagner. Quoique aucune de ces œuvres ne soit inspirée par la première guerre mondiale ou le récit de Dugain, la musique complète l’image et donne le sens la ou les paroles ne suffisent pas. Bibliographie: -Jacques Aumont, Michel Marie: CAnalyse des films (éd. Armand colin 2004) -Henri Agel: L’Esthétique du cinéma (éd. que sais-je? , 1966) -Marc Dugain, La Chambre des officiers (éd. Fervane, 1999) -MW ». imdb. org