Impact économique de la dette publique
impact économique de la dette publique Impact économique de la dette publique M. Nautet L Van Meensel Introduction 1. Aperçu de l’évolution de la dette La crise financière et économique a entraîné une forte hausse de la dette p 1 la zone euro, p De surcroît, au Royaume-Uni, aux at ‘Vipe next page à politique inchangée dett dans la plupart de ce nuera à progresser Le présent article esquisse les conséquences éventuelles et les risques inhérents à cette situation.
Ces risques sont d’ailleurs illustrés par es difficultés qu’ont récemment éprouvées certains pays de la zone euro à financer leur ette publique sur les marchés financiers : ces pays ont dû recourir a une assistance financière conditionnelle du FMI et d’autres pays européens. Un retour à des finances publiques soutenables dans ces pays mais également dans la plupart des autres économies avancées exigera un effort d’assainissement soutenu au cours des prochaines années.
La première partie du présent article examine l’évolution recesslon economique qui s’en est suivie ont eu des conséquences négatives très importantes sur les finances publiques de la plupart des économies avancées. En particulier, le taux d’endettement e nombreux pays a connu une nette augmentation. Au sein de la zone euro, le taux d’endettement devrait passer de 66,2 % en 2007 à 87,7 % en 2011. On constate néanmoins des différences importantes entre les pays. La plus forte hausse devrait être observée en Irlande, avec près de 90 points de pourcentage du PIB.
Quant à la Grèce, qul affichait dès avant la crise financière le taux d’endettement le plus élevé de la zone euro, elle devrait faire face à une augmentation de son endettement de plus de 50 points de pourcentage du PIB. De même, l’Espagne et le Portugal evraient connaître une progression considérable de leur dette publique, à savoir plus de 30 points de pourcentage. Dans d’autres pays de la zone euro, la hausse de la dette publique sera certes plus faible, mais substantielle, avec des accroissements de 10 à 20 points de pourcentage.
Dans pas moins de douze pays de la zone euro, la dette publique atteint un niveau supérieur à la valeur de référence maximale de 60 % du PIB imposée par le traité de Maastricht. Les pays de la zone euro ne seront pas les seuls ? connaître une augmentation marquée de leur endettement entre 2007 et 2011. Ainsi, sur la même période, 7 Graphique 1 Dette brute des administrations publiques Graphique 2 Dette brute des administrations ubli ues des pays de la zone euro 31 40 ES 80 MT 100 2011 e 2007 atteindre 84,2 % du PIB fin 2011.
Il est clair que la forte hausse du taux d’endettement observée ces dernières années dans les pays avancés est étroitement liée, d’une part, aux mesures de soutien 8 Depuis le début de la crise financière et économique, les besoins bruts de financement du secteur public ont été très importants. Une partie des dettes, arrivée à échéance, a dû être refinancée. Par ailleurs, les autorités ont également dû lever des fonds pour financer des injections de capital dans le secteur financier mais aussi des déficits budgétaires en forte hausse.
Toutefois, jusqu’au milieu de l’année 2010, la forte aversion au risque a généré une demande soutenue pour les titres souverains considérés comme sûrs. Cette demande soutenue et la politique accommodante des banques centrales ont permis ? la plupart des pays de bénéficier de taux avantageux. Cependant, depuis le dernier trimestre 201 0, les inquiétudes pesant sur la solvabilité de certains pays, entre utres, ont induit une hausse des taux. Ces inquiétudes persistantes, combinées à d’importants besoins bruts de refinancement, pourraient accroitre la pression sur les taux.
La crise financière et économique n’a pas touché toutes les régions du monde de manière identique. Les pays émergents et en développement, qui présentaient en moyenne un taux initial d’endettement public inférieur à celui des pays avancés, n’ont pas subi une hausse de leur endettement public. En effet, dans les pays émergents et en développement, depuis la crise le ratio de dette est resté relativeme r de 35 % du 4 31 Cette évolution favorable reflète une croissance plus marquée et des déficits moins importants que dans les pays avancés.
L’écart entre les deux groupes de pays s’est donc encore creusé après la crise financière et economique. 1. 2 Projections à politique inchangée En l’absence de mesures de consolidation, la situation budgétaire des pays avancés devrait encore se dégrader. Le vieillissement de la population devrait contribuer ? cette détérioration en exerçant une pression supplémentaire sur les dépenses publiques en matière de soins de anté et de pensions. Cette situation devrait générer – ? politique inchangée – des déficits encore plus élevés et une forte élévation des niveaux de dette publique.
Les dépenses publiques annuelles liées au vieillissement devraient augmenter de 2,6 points de pourcentage du Graphique 3 Déficit budgétaire et coûts budgétaires du vieillissement PIB à l’horizon 2030 pour les pays de la zone euro et même de 5,1 points à l’horizon 2060. II convient toutefois de souligner l’existence de différences importantes entre les pays de la zone euro. Les États-Unis, le Japon t le Royaume-Uni devront également faire face à une hausse considérable des dépenses publiques liées à l’âge.
Dans la plupart des économies avancées, la soutenabilité des finances publiques représente donc un sérieux problème. Pour éviter une nette détérioration de la position budgétaire de ces pays, d s substantiels exercice montre clairement la dynamique explosive des dettes publiques dans la plupart des pays avancés. Le niveau de la dette dans la zone euro atteindrait plus de 180 % du PIB en 2030. Aucun pays de la zone euro n’échapperait à cette spirale infernale. Dans certains pays, els la Grèce ou l’Irlande, la dette atteindrait même des niveaux équivalents à 3 à 4 fois leur PIB.
Cette explosion de l’endettement public ne s’observerait pas uniquement dans les pays de la zone euro. En effet, à politique inchangée, la dette publique du Royaume-Uni pourrait représenter environ le triple du PIB en 2030, tandis que la dette publique des États-Unis dépasserait ce niveau Graphique 4 Projections de la dette publique à politique inchangée (1) (en % du PIB) LU US 50 nominale du PIB s’élèvera à 3,75 % par an et que le taux d’intérêt implicite de la dette publique tendra à terme vers 4 à cet horizon.
Au Japon, le taux d’endettement en 2030 pourrait même être plus de quatre fois supérieur au PIB. Ainsi, il s’avère que c’est Pensemble des pays avancés qui seront contraints d’agir pour éviter que leur situation financière ne devienne insoutenable. Certains pays ont d’ores et déjà annoncé des mesures destinées ? rendre leurs finances publiques soutenables et saines. Néanmoins, de nombreux pays doivent encore mettre en place de telles mesures. 2. Quel est l’impact économique de la dette publique ?
Cincidence de la politique budgétaire – et donc de la ette publique – sur la croissance économique et dautres variables économiques a toujours été l’objet d’un débat animé parmi les économistes. Suite à l’augmentation de la dette publique observée dans la plupart des pays avancés, ce thème est plus que jamais d’actualité. Ce chapitre passe en revue les principaux points de vue actuels sur cette question. D’abord, les taux d’endettement public optimal et maximal font Pobjet de quelques considérations théoriques.
Ce chapitre se penche ensuite sur la question centrale du présent article : l’impact de la dette publique sur l’activité économique. Enfin, l’incidence potentielle du niveau et de l’évolution de la dette publique sur l’inflation est examinée. 2. 1 des générations futures. II semble donc pertinent d’analyser le niveau de dette publique dans un cadre intergénérationnel. Dans ce contexte, la dette publique et les déficits sont acceptables s’ils permettent d’augmenter les capacités de production et si le rendement de l’intervention publique ainsi financée outrepasse les coûts induits par la dette.
Une comparaison de ces coûts et du rendement de l’intervention publique permet donc de déterminer le niveau optimal de fendettement ublic. L’intervention des administrations publiques peut porter sur des dépenses d’investissement d’infrastructures, l’enseignement, le fonctionnement des institutions publiques, la sécurité, ainsi qu’une diminution de la fiscalité afin de la rendre moins néfaste pour la croissance économique.
Le critère de la neutralité intergénérationnelle — celui-ci signifie que la contribution nette de chaque génération aux administrations publiques devrait être 10 équivalente – requiert aussi que Pincidence de la démographie sur cette neutralité soit intégrée dans l’analyse ans la perspective d’un vieillissement significatif de la population, il paraît opportun d’anticiper des charges accrues, sous la forme de pensions et de soins de santé pour les personnes âgées, et de les faire financer en partie par la génération actuelle.
Concrètement, il est pourtant malaisé de déterminer le niveau optimal d’endettement public. Tout d’abord, la notion de contribution nette équivalente de chaque génération aux administrations publiques peut se définir en termes absolus ou relatifs. En outre, il est extrêmement ardu de mesurer le rendement économique de l’intervention publique. Il est donc difficile de préciser le niveau auquel le rendement de l’inte l’intervention publique. Il est donc difficile de préc•ser le niveau auquel le rendement de l’intervention publique financée par l’endettement est inférieur aux coûts de la dette publique.
En raison de ces problèmes méthodologiques, la littérature empirique traitant du niveau optimal d’endettement est assez limitée, et les résultats sont fortement divergents. Il s’avère toutefois que la politique budgétaire ne correspond pas nécessairement à ce que l’on peut considérer comme optimal d’un point de vue macroéconomique. Ainsi, au cours des décennies écoulées, les administrations publiques de bon nombre de pays ont fait preuve d’un manque de discipline budgétaire et ont dès lors accru leurs niveaux d’endettement.
La littérature attribue ce manque de discipline budgétaire au « biais en faveur d’un déficit » (deficit bias). Elle indique par là que le processus décisionnel démocratique peut inciter à dévier d’une politique budgétaire optimale. La politique budgétaire pourrait être trop peu prévoyante lorsque la population ne voit essentiellement que les avantages à court terme d’un baissement des impôts ou d’une hausse des dépenses, sans être toujours consciente du caractère néfaste des éventuelles retombées à long terme d’une politique budgétaire expansive.
Les décideurs politiques pourraient avoir tendance à jouer sur ce plan en vue d’accroître leurs chances de réélection. De plus, il est possible qu’il existe une tendance naturelle à avantager sciemment les générations actuelles et à déplacer le fardeau de fendettement sur les générations ? venir. une autre explication du biais en faveur d’un déficit résiderait dans ce que la théorie des jeux nomme e « problème de la mise en commun » (common pool problem).
En ma que la théorie des jeux nomme problem). En matière de politique budgétaire, ce concept signifie que chaque groupe d’intérêt ou chaque parti au sein d’un gouvernement de coalition veille à ses propres intérêts, le déficit budgétaire et la dette publique pouvant ainsi dépasser les niveaux optimaux. Le biais en faveur d’un déficit et ses effets indésirables peuvent être contrecarrés par des institutions indépendantes et des règles imposant des restrictions budgétaires. pact économique de la dette publique ? côté du concept de dette optimale, la littérature se penche aussi sur le concept de dette publique maximale acceptable, correspondant à la capacité maximale d’un pays à rembourser ses dettes. En effet, le niveau actuel d’endettement public est, par définition, égal à la valeur actualisée des soldes primaires futurs. Dans la littérature, il est fait référence au concept de contrainte budgétaire intertemporelle. Sur la base de cette contrainte, plus le taux d’endettement public est élevé, plus les soldes primaires futurs doivent être importants.
Par conséquent, le taux d’endettement maximal acceptable orrespond à la valeur actualisée des soldes primaires futurs maximaux acceptables. Une hausse des soldes primaires ne peut se concrétiser que par le biais d’une augmentation des recettes publiques ou d’une restriction des dépenses publiques. Dès lors, le taux d’endettement maximal acceptable est déterminé par le niveau maximal acceptable des recettes publiques et le niveau minimal acceptable des dépenses publiques primaires. Ces niveaux ne peuvent pas être établis uniquement à partir de considérations économiques. Ce sont essentiellement des considérations 0 1