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Les droits de l’enfant mis en scène Une pratique théâtrale comme processus éducatif pour la valorisa tian de soi et l’expérience collective Témoignage de Philippe Osmalin, Chargé de mission sur les pratiq ues éducatives par le théâtre chez Aide et Action. p g L’école Gérard Philipe à Villiers-le-Bel, a lancé un projet sur la citoyenneté et notamment un projet de spectacle (avec scènes de théâtre et chants en chœur) sur la convention des droits de l’enfant, auprès des CM1-CM2.

Pour mener à bien ce projet, Philippe Osmalin intervient dans les classes pour aider à construire ce spectacle. Comment ce projet est-il né ? S’inscrit- il dans le cadre dun projet d’école ? Au départ ce n’était pas à proprement parler un projet d’école, ma is plutôt une dynamique de travail inter- classes portée par les enseignants concernés. Cette initiative leur permettait d’un côté de travailler sur la question de la citoyenneté, et de l’autre de proposer un spectacle pour la fête de fin d’année. Mais, selon les enseignants, le projet stagnait.

Car il était difficile de faire trava iller les enfants sans vraiment connaître les outils et techniques de théâtre appropriées, y compris our l’écriture des dialogues et de la dramaturgie. De plus le travail de chœur avec les 70 enfants com mençait à trouver sa limite de finalité et donc de motivation. Cwmv. citoyendedemain. net 2010 Quel est votre rôle et vos objectifs dans le cadre de ce projet ? Dans le cadre de ma mission au sein d’Aide et Action, j’ai pu rencontrer l’équipe enseignante qui m’a proposée d’intervenir pour les aider à construire l’ensemble.

Etant d’abord metteur en scène et comédien, j’ai pu apporter mon expérience professionnelle au projet et dirig er théâtralement les enfants. Le projet a pu ainsi se red 2 obiectifs suivants : héâtre par groupes correspondant au droit choisi (9 groupes aux quels j’ai rajouté un dixième pour rééquilibrer des groupes). – Accentuer la part théâtrale du projet : en donnant une direction de jeu aux enfants, en distribuant les rôles, en aidant à écrire les dialogues et à éclaircir la dramatur gie de l’ensemble. Apporter des outils et techniques comme le travail corporel, la p ortée de la VOIX, le sens du ludique, la nécessité de la rigueur et de la discipline… Autant d’éléments q ui peuvent leur être utiles dans un contexte beaucoup plus large que l’unique montage d’un spectacle, à commencer par le colaire. – Susciter une dynamique artistique par le travail portant ? la fois sur le théâtre, le chant, les arts visuels (avec les toiles peintes du décor). Ouvrir le projet en le faisant sortir des murs de l’établissement pour lui donner plus d’impact et aider ainsi à faire connaître les actions qui se font au sein de récol e. A ce titre il fallait faire le choix de le représenter pour lui-même dans la Maison de Quartier plutô t que sous le préau pour la Fête de fin d’année (comme prévu initialement). La représentation a donc eu lieu les 4 et 8 juin en soirée dans la salle de la Maison de Quartier Boris Vian des Carreaux en lien avec son dispositif technique et de communication.

Comment avez-vous construit le projet avec les enfants ? e projet s’est fait en 4 temps : Atelier de théâtre à proprement parler (de mars à fin avril) : Chaque atelier pour chaque rou e durait 1 h 3 n avril) : Chaque atelier pour chaque groupe durait 1 heure et contenait ? chaque séance : – un échauffement précis (environ 15 mn) avec exercices de relaxation, d’énergie, de voix, de manière imagée et ludique • l’arbre et ses racines, le roseau et le v ent, l’axe du corps et la portée de la voix, marches et statues… Travail sur le corps, sur les notions de d namique et de statique. des exercices ludiques d’abord sur des thèmes libres, puis sur le urs histoires et leurs personnages. l’article de droit correspondant à leur histoire, tiré de la Convention : il s’agissait de le dire en chœur pour le spectacle, et de le mémoriser. C’était aussi l’occasio n de reparler avec eux des droits de l’enfant et de leur en refaire prendre conscience (afin qu’ils n’oubli ent pas leur « mission » en faisant ce spectacle). – travail sur les personnages (une fois la distribution faite), et les si tuations. – théâtraliser le récit et aider à le dialoguer (atelier d’écriture). onner les techniques de base de l’espace scénique (positions le s uns par rapport aux autres et par rapport au public, circulation dans l’espace… ). 2010 Répétitions des scènes (2 premières semaines de mai) • Echauffement plus court. On ne gardait des exercices de la session précédente que ce qui allait servir le spectacle pour le sens de l’espace, la gestion du trac, la portée de la voix… Travail précis des scènes, recherche du plaisir théâtral à travers le jeu et la rigueur à la fois). 4 recherche du plaisir théâtral (à travers le Jeu et la rigueur à la fois). ?? Répétition du spectacle dans son ensemble (de mi mai jusqu’au x représentations) : Echauffement en vue du spectacle / Mise en place des transitions entre les scènes / Travail sur les costumes et les décors / Visite de la salle de spectacle / Filages av ec les chœurs / Travail de concentration et de discipline : apprendre à se taire, à s’écouter, à ne pas bouger (ils sont 70 ! ) / Travail sur la rigueur et la précision dans l’occupation de l’espace / Donner le sens de l’ense mble du spectacle sur un plateau théâtral. ? Représentations les 4 et 8 juin : LE grand moment ! avec la peur au ventre de jouer devant un pub IIC, et tout particulièrement devant leur famille. Mais aussi beaucoup d’émotion avec l’envie immense de réussir ce défi. Car les enfants ont pu mesurer progressivement à la fois la difficulté extrême que cela r eprésentait de devoir se discipliner pour « jouer sérieusement mais également la belle chance qui leur était donnée de vivre cette expérience inédite. Comment votre intervention s’articule-t- elle avec l’équipe enseignante ?

Ce fut une belle et très efficace collaboration, fondée sur la confia nce et le plaisir. Je venais chercher les groupes dans chacune des classes, d’abord toutes les eures, puis au fil des semaines de manière plus rapprochée. Et ce fonctionnement se déroulait de manière très fluide et claire, tant du côté des enseignants que du côté Sur le plan ar S enseignants que du côté des élèves. Sur le plan artistique, ce sont les enseignants qui géraient la partie chantée avec le chœur des enfants des 3 classes.

Au fur et à mes ure que les ateliers de théâtre avançaient, les chants ont pu gagner en dynamique et en fluidité par le plaisir retrouvé du spectacle et l’apport des techniques vocales et corporelles. Par ailleurs les enseignants ont cherché les costumes avec les enfants, et ls les ont dirigés pour la construction des toiles peintes servant d e décor. D’après vous que retirent les enfants de cette expérience ? Sans doute énormément de choses qui peuvent, bien sûr, être di fférentes d’un enfant à l’autre.

De manière générale je dirais déjà qu’ils ont découvert la possibilité incroyable de faire un spectacle à 70 sans échouer, en se disciplinant et en éprouvant du plaisir. Et je dois dire que ce s enfants, avec leur grande difficulté à se concentrer sur le plan scolaire, ont vraiment réussi là à dépasser I eurs limites. Ils ont donc nécessairement tiré de ce projet, consciemment ou n n, un sens de la rigueur qu’ils n’avaient pas toujours (et qui risque malheureusement de se diluer par la suite, sans prolongement de ce type d’expérience).

Ils ont également pu ressentir des sensations inédit es : un type de peur (le trac) et de plaisir (l’émotion de jouer) inconnus à eux jusque-là. Ils ont commencé à apprendre à travailler ensemble (pour l’écriture des dialogues, l’échauffement, les scènes de théâtre, les chœurs, les décors et les costum Ils ont acquis le sens d’une finalité commune : scènes de théâtre, les chœurs, les décors et les costumes… ). Ils o t acquis le sens d’une finalité commune : jouer un spectacle avec une responsabilité individuelle pour servir une expérience collective.

Et pour la représentation, ils ont vraiment prouvé leur implication en affichant tous présents et en tenant profondément à la réussite du projet. Et en effet, tous ont été dan s une démarche positive, quelles qu’aient été leurs difficultés personnelles devant les efforts à fournir. Quels sont, selon vous, les points clés qui ont contribué à la réus site du projet ? De manière évidente c’est la collaboration fructueuse, fondée sur la confiance et la souplesse des nseignants dans l’organisation de leur temps scolaire, qui a favor isé ce travail et la réussite du projet.

Les enfants ont toujours senti que nous travaillions ensemble avec la même finalité et dans une très bonne entente. On sait combien les enfants sont très sensibles à tous ce s facteurs qui représentent pour eux de véritables moteurs, et cela autant sur le plan scolaire que dans la vie en général. C’est là que ce genre de projet a toute sa force et son importance en termes de construction de soi. Car il favorise un travail d’équipe, développe l’estime de soi et fait reculer le sentiment d’échec.

Le projet se passe à l’école sans être assimilé à du scolaire stricto sensu. Et en même temps il fait travailler sur des fonctions et valeurs initiées tout particulièrement à l’école comme la rigueur et la disci pllne, la sur des fonctions et valeurs Pline, la concentration, la mémorisation, la réflexion auxquels s’ajoutent des éléments plus artistiques com me la créativité, Fimaginaire, Faffect et l’émotion… Quels en sont les freins éventuels? A mes yeux, je n’ai perçu ni vécu aucun frein dans le projet.

La seu le difficulté fut sans doute de faire un projet sur 3 classes avec 70 enfants. Mais en même temps, ce qui fut passionnant et d’une certaine manière représenta le défi, c’était de ne laisser aucun enfant sur I a touche. Il était essentiel que chacun, avec ses limites actuelles (scolaires, psychologiques ou comporte mentales) ne quitte pas le projet. Il était fondamental à mes yeux que chacun à titre individuel trouve sa pl ace pleinement, et qu’en même temps il inscrive bien cela dans un projet collectif.

On sait combien la notio n de règles communes pour tous, enfants comme adultes, est difficile à accepter et à suivre. L’intérêt d’un spectacle est de donner à ces règles ommunes incontournables (sous peine d’échec du projet) une vi Sée concrète et motivante. Considérez-vous que les objectifs aient été atteints? Et en effet les objectifs ont bien été atteints à titre collectif comm e à titre individuel, compte tenu de ce que j’ai pu exposer plus haut.

Sans doute l’une des belles preuves de cela, c’est que tous les enfants ont su témoigner à la fin de la re résentation d’une vive émotion et d’un grand bonheur. nifié 8 vive émotion et d’un grand bonheur. Et ils ont signifié magnifiquement leur reconnaissance pour le travail et le plaisir qu e nous avons tous partagés, enfants et enseignants. Aussi, cette expérience me suggère-t-elle qu’il y aurait l? matière à poursuivre un peu différemment les interventions de ce type (qui se pratiquent du reste assez souvent avec les écoles, même si encore insuffisamment).

Sans doute serait-il intéressant de suivre et d’acc ompagner ces enfants dans leur parcours scolaire par le biais de ce type d’actions au lieu de les « abandonner » une fois l’expérience menée et d’aller « intervenir » ailleurs. On sait combien ces pratiques prennent en compte beaucoup d’éléments pour le développement personnel. Mais on n’affirme pas toujours suffisamment que cela puisse aussi avoir vec le temps des conséquences positives sur la scolarité (donc pas toujours visibles immédiatement) et ainsi sur le devenir intellectuel et cognitif, social, affectif et existen tiel de l’enfant…

Pouvoir accompagner les mêmes enfants sur plusieurs années par une pratique théâtrale au sein de l’institution scolaire et en collaboration avec l’équipe éducative pourrait favoriser, me semble-t-il, l’émergence d’un autre regard que celui de la stricte et réductrice évaluation scolaire. Et aider ainsi nos enfants à être des « Citoyens de demain » ! A suivre… @www. citoyendedemain. net 2010 9