Hanna Arendt

essay A+

Explication L’industrie des loisirs est confrontée à des appétits gargantuesques, et puisque la consommation fait disparaitre ses marchandises, elle doit sans cesse fournir de nouveaux articles. Dans cette situation, ceux qui produisent pour les mass media pillent le domaine entier de la culture passée et présente, dans l’espoir de trouver un matériau approprié Ce matériau, qui plus est, ne peut être présenté tel quel; il faut le modifier pour qu’il devienne loisir, il faut le préparer pour qu’il soit facile ? consommer.

La culture de masse saisit des objets cultu vital de la société (qu orn , g insatiablement tout c métabolisme) conso de masse se ue le processus biologique attire s le cycle de son objets culturels, les engloutira et les détruira. je ne fais pas allusion, bien sûr, à la diffusion de masse. Quand les livres ou reproductions sont jetés sur le marché à bas prix, et sont vendus en nombre considérable, cela n’atteint pas la nature des oeuvres en question.

Mais leur nature est atteinte quand ces objets eux-mêmes sont modifiés – réécrits, condensés, digérés, réduits à l’état de pacotille pour la reproduction ou la mise en images. Cela ne veut pas dire que la ulture se répande dans les masses, mais que la culture se trouve détruite pour engendrer le loisir. Bien des grands auteurs du passé ont suruécu à des siècles d’oubli et d’abandon, mais c’est encore une question pendante de savoir s’ils seront to next page capables de sun,’ivre à une version divertissante de ce qu’ils ont ? dire.

Hannah ARENDT , la crise de la culture . On définit communément les objets culturels comme des objets d’art, autrement dit, comme des objets appartenant à une sphère éminente de la pensée et de l’activité humaine . Une cathédrale, ce n’est pas un supermarché ! La « noblesse » des objets culturels qui se caractérise par leur originalité, leur unicité et leur inutilité fait d’eux des objets de contemplation .

Dans ce texte, Hannah ARENDT , nous fait part d’un conflit concernant, d’une part, la nécessité pour l’industrie des loisirs de répondre ? une demande illimitée de consommation , de fautre , le destin des objets culturels susceptibles de satisfaire cet « appétit » . Elle se demande si les objets culturels « seront capables de survivre ? une version divertissante de ce qu’ils ont à dire » .

Sa réponse est négative car la transformation imposée aux objets ulturels pour satisfaire les besoin de consommation impose ? l’industrie des loisirs une dégradation , un dévoiement qui les tue comme objets culturels . Le problème concerne donc le destin des objets culturels, c’est- à-dire des œuvres artistiques et littéraires au sein de la société de consommation . Les objets de contemplation sont-ils tous destinés à devenir des objets de consommation ? Plus largement le règne de la société de masse empêche-t-il la création et le « goût » pour les objets culturels ?

L’enjeu est immense parce qu’au fond il s’agirait de savoir si on peut transformer une œuvre pour la rendre divertissante parce qu’au fond il s’agirait de savoir SI on peut transformer une œuvre pour la rendre divertissante et donc accessible à tous , quel que soit son niveau de « culture » , sans pour autant la dénaturer ni la détruire . Les étapes du texte sont les suivantes : Dans un premier moment , l’auteure expose le problème de l’industrie des loisirs : satisfaire une demande illimitée qui conduit les producteurs de cette industrie à exploiter tous les « gisements » culturels présents et passés .

C’est le temps des producteurs . et des consommateurs . Dans un deuxième moment , la conséquence de cette mainmise e l’industrie des loisirs sur la culture produit une culture de masse qui achève les œuvres au lieu de les « diffuser » comme on pourrait le croire . Cest ce qui reste de l’objet culturel quand l’Economique s’en est emparé . Explication . 1er moment ; Les producteurs de divertissement et les consommateurs . l’offre et la demande) Cindustrie des loisirs constitue en soi un paradoxe puisque le terme d’industrie renvoie au travail et à une organisation rationnelle du travail , tandis que le terme de loisir désigne primitivement le temps libre arraché aux nécessités de la survie et donc du travail voué à cette fonction . On travaille parce qu’il faut bien vivre ! L’industrie des loisirs serait donc une entreprise destinée à faire travailler le temps qui n’est pas destiné au travail ! En ce sens les loisirs dont il est question ne désignent nullement le temps dont bénéficiait le citoyen de la cité grecque .

Le citoyen, tel que l’entend le Grec c’est l’homme libre, libre, parce que libéré des nécessi 3 citoyen, tel que l’entend le Grec , c’est l’homme libre, libre, parce que libéré des necessités de la survie grâce à la possession d’esclaves . Le citoyen, comme homme libéré, peut se consacrer ux affaires de la Cité ou aux activités supérieures de l’esprit et cultiver ainsi ce que fhomme a de meilleur . Celui qui a du loisir c’est celui qui vit d’une vie vraiment humaine, , tandis que la bête et l’esclave sont rivés à la fonction d’assurer cette survie .

Ce détour par I ‘histoire d’un concept nous permet de comprendre alors que le loisir dont il est question ici désigne le divertissement et se conjugue d’ailleurs au pluriel : on pa le des loisirs c’est-à-dire non pas du temps libre mais des activités destinées à remplir ce temps « vide » . Dès lors, si l’auteure parle d’ « appétit gargantuesque », ‘est parce que la « demande » de divertissement n’est pas,contrairement au loisir antique, détaché de Péconomique mais qu’il y est au contraire un rouage très rentable .

Il produit lui aussi des richesses en suscitant de nouveaux besoins Cette entreprise qui produit du divertissement n’est donc pas ce qui nous libère du travail et des nécessités de la survie mais ce qui au contraire nous y cantonne , aussi bien du côté des producteurs que des consommateurs qu’Hannah ARENDT ne prend même pas la peine d’appeler spectateurs Mais si la philosophe parle d’appétit , c’est aussi en un sens non étaphorique. En effet, ce qui caractérise les besoin de la survie , c’est de ne pouvoir subsister sans consommer , c’est-à-dire sans consumer .

Si on y regarde de plus près le maintien de la vie suppose des échanges 4 c’est-à-dire sans consumer . Si ony regarde de plus près le maintien de la vie suppose des échanges avec le milieu , l’absorption de nourriture et le nécessaire rejet . Or l’absorption de nourriture implique l’étape de la digestion, c’est-à-dire de la destruction de l’altérité pour qu’on puisse l’assimiler . Ainsi , le cycle de la vie est celui de la destruction , plus encore que de a production et c’est un cycle.

Dès lors, si nous appliquons ce que nous avons dit plus haut concernant le rôle de l’esclave, les biens produits par les esclaves ne sont pas destinés à durer mais à maintenir en vie , il faudra recommencer le lendemain : l’esclave assure la restauration individuelle du maître en le nourrissant tandis que la femme, incapable d’aucune activité supérieure , sera rivée à la reproduction de l’espèce En ce qui concerne le loisir-divertissement , il n’échappe pas à la règle il sera détruit juste après avoir été consommé , l’essentiel est qu’il ontribue à la production de richesses, en somme qu’il devienne « une marchandise » comme les autres , avec un prix et un valeur d’échange .

L’objectif , comme de toute entreprise, est de vendre des produits en répondant à une demande plus ou moins provoquée . Ainsi en va-t-il de nombreux films commerciaux, « hollwvoodiens » précédés de bandes annonces tapageuses avec des « stars » tout aussi fabriquées pour la circonstance, destinés à produire du chiffre d’affaire et à d’abêtir plus qu’à enrichir la culture cinématographique . Mais si cet appétit est insatiable , on comprend que l’offre ne soit amais suffisante et la nécessité est grande de ne pas se S comprend que l’offre ne soit jamais suffisante et la nécessité est grande de ne pas se contenter des productions présentes mais de se tourner vers le passé comme on se tourne vers une ressources nouvelles à exploiter .

Mais que se passe -t-il pour des œuvres qui n’étalent nées, ri1 du cycle vital , ni des exigences du capitalisme, mais qui, au contraire, prétendaient y échapper ou qui superbement l’ignoraient ? Comment et à quel prix les objets culturels vont- ils alimenter Hindustrie des loisirs, elle-même asservie et ultime aillon de la société de consommation ? Telle est la question ? laquelle H. ARENDT va désormais répondre . 2 èrne moment : Le destin des objets culturels . ‘auteure introduit un nouveau concept , celui de culture de masse qui apparaîtrait avec la société de masse . Ce concept est apparu avec la dissolution des sociétés fortement hiérarchisée de l’Ancien Régime mais plus encore avec Père contemporaine qu’on qualifie d’ère des masses . ? La société de masse représente précisément cet agglomérat d’individus Isolés, incapables de se gouverner eux-mêmes et prêts a s’enthousiasmer pour les héories les plus contestables » « Dans une situation d’atomisation du corps social et d’isolement des individus, l’absence de relations sociales est alors compensée par un attachement à des leaders tout-puissants, et, comme les individus isolés se trouvent aisément mobilisables, la société de masse est donc très vulnérable aux mouvements totalitaires. Emil Lederer adopte lui aussi cette optique (The State of The Masses) dans son analyse de la société nazie : il met en lumière la destruction de toutes fo Masses) dans son analyse de la société nazie : il met en lumière a destruction de toutes formes de relations sociales organisées menant à une société sans rang ni classe où chacun se voit soumis à une bureaucratie lointaine. » cf E .

Universalis Mais, ici, ce qui est visé n’est pas tant la société de masse et ses tentations totalitaires que la société de masse et sa « culture » , pur produit de son manque de liberté intellectuelle. Elle est beaucoup trop accaparée par les contraintes économiques que lui impose l’industrie des loisirs, et qu’elle s’impose d’ailleurs, en demandant toujours plus de « circenses » après le « panem Dire que la culture de masse va engloutir les objets culturels signifie qu’il va falloir les adapter à des individus définis uniquement par leur rôle dans le processus de production et, vu le caractère abrutissant du travail moderne , il y aura de fortes chances pour que le loisir soit à sa mesure , c’est-à-dire nécessairement mécanique et abêtissant .

On ne peut s’empêcher de penser aux Jeux télévisés , aux reality shows, aux variétés infantilisantes et vulgaires mais si divertissantes pour les « masses » qui d’ailleurs , si elles n’ont plus de pain pourront toujours avoir des jeux ! Qui plus est, si la consommation implique la consumation, elle implique la digestion et par conséquent l’édulcoration de ce qui pourrait avoir trop de goût , de sapidité et dès lors , c’est la mainmise de la consommation sur les objets culturels qui les détruit : ils sont allégés , simplifiés, (érotisés ? ) avant d’être offerts aux masses . Que sont devenus les dieux de l’Olympe quand Hollywood en a fait des « d’être offerts aux masses . ait des « péplum(s) » , le pauvre Ulysse réduit à un personnage de dessin animé ou ce tableau de Veermer revu et corrigé par une célèbre marque de yaourts ? La culture de masse engloutit tout sur son passage , cela veut dire , que non seulement elle le récupère , se l’approprie en en faisant une marchandise mais l’avilit et transforme en verroterie ce qui était du diamant . Le divertissement n’est en effet pas le loisir , il n’élève pas à un monde non utilitaire , parce qu’il est un produit du travail destiné à soulager d’une vie de servitude et il ne peut qu’enfoncer dans cette servitude . Ainsi, il ne faut pas confondre la culture de masse et la diffusion de masse de la culture .

Hannah ARENDT ne récuse pas la diffusion de la culture au nom ‘un élitisme social injustifié. La possibilité pour une œuvre d’être reproduite dans son authenticité à des millions d’exemplaires ne la dévalue pas, bien au contraire , on peut même penser qu’elle ne fait qu’exprimer son université potentielle . ll s’agit bien de dénoncer l’absence de sens de ces produits dérivés destinés à la vente qui pour cette raison même, attachés qu’ils sont aux nécessité de la survie ou du moins de Péconomie, ne sauraient répondre aux exigences de l’esprit ou du cœur La conséquence pour les objets culturels d’être ainsi capturés par a culture de masse c’est la mort par le ridicule ou l’insignifiance .

Le passage du grand roman au film n’est-il pas souvent emblématique de cet appauvrissement qui impose un perte des mots , des dialogues au p 8 pas souvent emblématique de cet appauvrissement qui Impose un perte des mots , des dialogues au profit de l’image . L’image suscite plus la réaction et l’émotion que la réflexion mais ce faisant elle facilite la « vulgarisation » d’une grande œuvre . Faut- il considérer cette « vulgarisation » comme pire que roubli , c’est ce que pense en tout cas l’auteur en présupposant par l? u’une grande œuvre ne peut jamais être définitivement oubliée puisque justement ce qui la caractérise c’est son immortalité alors qu’une œuvre vulgarisée peut se trouver tellement réduite ? l’insignifiance qu’on ne sait plus qui, de Veermer ou de Nestlé, a pe’nt« La Laitière » !

Conclusion : A la question de savoir si les objets culturels peuvent résister ? leur version divertissante , la réponse de ARENDT est sans appel car le risque est grand de voir une grande œuvre dégénérer en un gisement de produits dérivés destinés à entretenir un marché de la « culture ». Ainsi , l’oubli serait-il un tombeau plus souhaitable qu’un usage mercantile finissant nécessairement par exténuer son produit . Le jugement est sévère mais l’analyse profonde . On ne peut que souhaiter, si l’on soutient la thèse de ARENDT, une diffusion de masse de la culture grâce à l’école et à l’éducation en sachant aussi que les plus grandes œuvres , telles la Joconde, l’Acropole , ou « Les temps Modernes » sauront toujours résister à toutes les moustaches, à toutes les commercialisations et ? tous les « Avatars » et susciter, pourquoi pas, la redécouverte de l’original . 9