Francais

essay B

dissertation de français, A quoi sert la littérature? Reste que cette vieille question est aujourd’hui d’une brûlante actualité: les propos du Président de la République sur «La Princesse de Clèves», et plus généralement le contenu des réformes de l’université et des concours d’enseignement laissent entendre que cette viellerie que l’on est convenu d’appeler littérature ne sert pas à grand-chose, sinon, au mieux, de décorum culturel, au pire, de moyen de distinction sociale Manuel de destruction culturelle et La destruction de l’enseignement].

Soit elle est inutile et obsolète, non professionnalisante, soit elle sert l’injustice. C’est un élément de la culture bourgeoise. Ceux qui font profes se consacrer à la rec sentiment de culpabi disparue? Des bibelo les moyens de s’offri ors la littérature, de vent parfois un ces d’une époque en crise n’a plus rchent-ils? A quoi servent tous ces vieux bouquins? A ceux qui s’interrogent, souvent de bonne foi, sur leur utilité, il leur faut répondre, et répondre aussi clairement que possible à cette question com Swlpe to vlew next page complexe. J’aimerais proposer ici, en deux parties, une réflexion ur ce sujet.

Je retranscris une conférence improvisée prononcée il y a quelques jours à l’université Paris Ill-Sorbonne nouvelle, ? l’invitation du professeur Tortonese, en grève, à la place de son cours ordinaire«Je sais qu’il y en a qui préfèrent les moulins aux églises, et le pain du corps à celui de l’âme. A ceux-là, je n’ai rien à leur dire. Ils méritent d’être économistes dans ce monde, et aussi dans l’autre. Y a-t-il quelque chose d’absolument utile sur cette terre et dans cette vie où nous sommes? D’abord, il est très peu utile que nous soyons sur terre et que nous vivions.

Ensuite, l’utilité de notre existence admise a priori, quelles sont les choses réellement utiles pour la soutenir? De la soupe et un morceau de viande deux fois par jour, c’est tout ce qu’il faut pour se remplir le ventre, dans la stricte acception du mot. Rien de ce qui est beau n’est indispensable à la vie. – On supprimerait les fleurs, le monde n’en souffrirait pas matériellement; qui voudrait cependant qu’il n’y eût plus de fleurs? Je renoncerais plutôt aux pommes de terre qu’aux roses, et je crois qu’il n’y a qu’un utilitaire au monde capable d’arracher une plate-bande de tulipes our y planter des choux.

A pour y planter des choux. A quoi sert la beauté des femmes? Pourvu qu’une femme soit médicalement bien conformée, en état de faire des enfants, elle sera toujours assez bonne pour des économistes. A quoi bon la musique? à quoi bon la peinture? Qui aurait la folie de préférer Mozart à M. Carrel, et Michel-Ange à l’inventeur de la moutarde blanche? Il n’y a de vraiment beau que ce qui ne peut servir à rien; L’endroit le plus utile d’une maison, ce sont les latrines. » Toute beauté est superflue a priori, celle de la littérature comme elle de la peinture, de la musique.

La beauté de la nature est superflue. Il nous est très utile de transformer l’ensemble de la planète en un mélange d’usines, d’autoroutes, de champs de patates et de plantations de sapins calibrés. Mais comme un enfant privé de caresses meurt presque aussi sûrement qu’un enfant qu’on ne nourrit pas, une société sans art, une société qui se prive du beau risque de ne pas survivre bien longtemps. Les hommes se nourrissent de beauté. Cest en elle qu’ils trouvent le goût de vivre. La beauté d’un poème peut donner souffle à l’esprit qui étouffe.