Compte Rendu Jean Marc Moura Le Sens Litt Raire De L Humour
L’Humour Littéraire Le sens littéraire de l’humour par Jean Marc Moura Cet ouvrage très riche et très documenté prend pour objet d’étude l’humour littéraire. Projet doublement ambitieux. Jean-Marc Moura rappelle que ‘humour est une notion à la fois très galvaudée et qui échappe à la théorisation : « l’humour, calvaire des définisseursl La gageure est d’autant plus grande qu’il est ici question d’affronter ce que peut recouvrir la notion d’humour littéraire.
Sil peut sembler facile de reconnaitre des œuvres et des auteurs représentatifs de l’humour occidental, si e nombreuses figures de l’humour peuvent être mises au jour, définir ce que peuve où se manifeste Phu or7 plus, contrairement à philo sciences cognitives, I sur la question, en d uvres littéraires lu amplexe. De la p hologie ou aux e peu penchée consacrées ? l’humour dans telle ou telle œuvre spécifique.
Enfin, une telle approche suppose une étude de littérature comparée à l’échelle européenne ou occidentale car « l’humour s’attache et s’attaque ? tous les aspects de la littérature, cultive tous les registres et tous les genres2 L’ouvrage cite de nombreux essais théoriques, en particulier nglo-saxons, donnant à son essai une dimension inédite dans l’étude de l’humour en littérature, mais rendant parfois la tâche difficile au lecteur submergé par le nombre de références. Le Sens littéraire de l’humour fait la part belle aux œuvres européennes et ne néglige aucun genre littéraire. Le propos de J. -M.
Moura est tout d’a SWipe page d’abord de mettre en évidence ce qu’est l’humour littéraire en le recontextualisant depuis son apparition et à travers ses diverses évolutions et en le confrontant aux notions de rire, de comique et de satire dans une perspective historique ; il cherche ensuite ? resser une typologie du texte d’humour à travers ses multiples manifestations et ses particularités génériques, rhétoriques ou thématiques ; pour conclure, il développe les « dispositions de l’humour » et en particulier « le sourire de la littérature Une première définition de Vhumour littéraire L’humour serait « une communication différée à intention esthétique, sémiotiquement complexe, dont la particularité est d’engendrer chez le lecteur une forme très singulière de sourire3 Cette première tentative de définition s’appuie plus particulièrement sur l’effet créé par [‘humour du texte : elle résente comme assuré que l’humour déclenche le sourire du lecteur, à l’exclusion de toute autre manifestation. À la différence du comique, de l’ironie ou de la satire, l’humour ne ferait donc pas rire — ce qui reste à prouver.
On accède en revanche à l’affirmation d’une attitude spécifique à l’humour comme « s’amusant du monde en même temps que de sa propre personne dans le monde4 L’idée d’une communication sémiotiquement [La sémiotique est l’étude des signes et de leur signification] complexe est pertinente puisqu’elle montre que Phumour se déploie à travers des faits formels, rhétoriques t stylistiques, jouant sur des associations et entremêlant des procédés. Quant à « l’intention esthétique elle n’est pas explicitée plus avant. La communication différée s’oppose au rire d’une communication orale, brève et spontanée. PAG » rif 7 avant. La communication différée s’oppose au rire d’une communication orale, brève et spontanée. Les œuvres littéraires s’en distinguent par leur longueur. Ce serait également ce qui distingue l’humour et le comique dans l’œuvre littéraire, le comique donnant lieu au rire, manifestation immédiate et concentrée.
L’humour se déploierait alors dans l’ensemble de ‘œuvre alors que le comique ne se situerait qu’à un passage précis. À cette étape du raisonnement, la définition semble manquer de conviction et reposer sur des affirmations quelque peu arbitraires . Détaché du simple rire de supériorité plus complexe que la réaction corporelle visible, il se relie à une certaine attitude personnelle souriante, voire empathique, située entre les pôles du rire et du sourire : Le rire, pôle fort, plus ou moins désinféodable d’une expression linguistique : le monde du gag, du corps exhibé, de la farce ; Le sourire, pôle faible, où dominent retenue, laconisme, silence, ermeture (opposé à l’ouverture du rire) et qui impose une distance [… ]5.
Il établit ensuite les trois grandes sources du rire donnant elles- mêmes naissance à trois modèles rhétoriques : Le logos (c’est la démonstration, c’est-à-dire, en somme, la dimension logique du discours) ‘ethos (L’ethos est le caractère moral de l’orateur), le pathos (Le pathos est la disposition de l’auditoire, c’est-? dire la manière dont l’orateur perçoit son lectorat, sy adapte et s’adresse à ses émotions) déjà définis par Michel Meyer6. un état des lieux des études contemporaines vient compléter cette partie ntroductive. L’histoire de la notion dhumour permet de montrer comment de la théorie des humeurs médiévale, le concept aboutit à une « tour PAGF3C,F7 permet de montrer comment de la théorie des humeurs médiévale, le concept aboutit à une « tournure d’esprit » singulière, avant de devenir notion philosophique dans les écrits des idéalistes allemands, Schlegel, Richter, Schelling… qui se référent au roman anglais.
Dans son Cours préparatoire d’esthétique, Richter établit ainsi quatre éléments constitutifs de l’humour7. L’étude se poursuit par un relevé d’œuvres humoristiques ajeures depuis Chaucer et Rutebeuf jusqu’à Sterne, Dickens, Carlyle, pour aboutir à Beckett, Topor et Dubillard. ,. Ce relevé non exhaustif met au jour le fait que [‘humour se manifeste ? toute époque et dans tous les genres. Un point commun à ces différentes œuvres serait « l’ambivalence humoristique », c’est- à-dire « l’inscription ambiguë de Phumoriste dans son texte8 S’appuyant sur les sept éléments de W. Schmidt-Hidding, J. -M. Moura aboutit à l’idée que « l’humour correspond à un sourire non détaché, que Ihumoriste s’inclut dans le risible9 ».
On ne peut que souscrire à cette derniere affirmation qui est reprise lus loin sous un angle d’analyse différent. L’humour littéraire est, pour finir, abordé en opposition aux rires comique et satirique. La différence relève de l’articulation de trois instances : le rieur, le lecteur et le risible, c’est-à-dire l’objet du rire. Comique et satire détachent le rieur du risible, au contraire de l’humour. Les nombreux extraits proposés soutiennent avec justesse les propositions avancées. L’ambivalence repose alors sur une cible sur laquelle se dirigent des sentiments opposés : distance et proximité, dédain et empathie. On peut remarquer que