Bac français

essay A+

BACCALAURÉAT GÉNÉRAL SESSION 2013 ÉPREUVE ANTICIPÉE DE FRANÇAIS SÉRIES ES/S Durée de l’épreuve : 4 heures Coefficient : 2 Dés que le sujet vous Ce sujet comporte 6 L’usage des calculatri qu’il est complet. p g Le candidat s’assurera qu’il est en possession du sujet correspondant à sa série. 13FRESSEAP01 Baccalauréat général — Séries ES/S Epreuve anticipée de français Objet d’étude : Session 2013 La question de l’homme dans les genres de l’argumentation du XVIème à nos jours. Le sujet comprend Texte A : Michel de Montaigne, De l’expérience in Essais Ill, 1588. ‘est injustice de corrompre ses règles. Quand je vois et César et Alexandrel, au plus épais de sa grande besogne, jouir si pleinement des plaisirs naturels, et par conséquent nécessaires et justes, je ne dis pas que ce soit relâcher son âme, je dis que c’est la roidir2, soumettant par vigueur de courage à l’usage de la vie ordinaire ces violentes occupations et laborieuses pensées. Sages, s’ils eussent cru que c’était là leur ordinaire vacation3, celle-ci l’extraordinaire. Nous sommes de grands fois : « Il a passé sa vie en oisiveté, disons-nous ; Je n’ai rien fait d’aujourd’hui.

Quoi ! avez-vous pas vécu ? Cest non seulement la fondamentale, mais la plus illustre de vos occupations. – Si on m’eût mis au propre des grands maniements, j’eusse montré ce que je savais faire. – Avezvous su méditer et manier votre vie ? vous avez fait la plus grande besogne de toutes. » pour se montrer et exploiter, nature n’a que faire de fortune4 ; elle se montre également en tous étages, et derrière, comme sans rideau. Composer nos mœurs est notre office, non pas composer des livres, et gagner, non pas des batailles et des provinces, mais l’ordre et tranquillité à notre conduite.

Notre rand et glorieux chefd’œuvre, c’est vivre à propos. Célèbres conquérants de l’antiquité. 2 2 Cinquième promenade. 5 10 15 20 25 30 Tout est dans un flux continuel sur la terre. Rien n’y garde une forme constante et arrêtée, et nos affections qui s’attachent aux choses extérieures passent et changent nécessairement comme elles. Toujours en avant ou en arrière de nous, elles rappellent le passé qui n’est plus ou préviennent l’avenir qui souvent ne doit point être : il n’y a rien là de solide à quoi le cœur se puisse attacher.

Aussi n’a-t-on guère ici-bas que du plaisir qui passe ; pour le bonheur ui dure je doute qu’il y soit connu. A peine est-il dans nos vies plus vives jouissances un instant où le cœur puisse véritablement nous dire : Je voudrais que cet Instant durât toujours ; et comment peut-on appeler bonheur un état fugitif qui nous laisse encore le cœur inquiet et vide, qui nous fait regretter quelque chose avant, ou désirer encore quelque chose après ?

Mais s’il est un état où l’âm 3 assiettel assez solide non d’un bonheur imparfait, pauvre et relatif, tel que celui qu’on trouve dans les plaisirs de la vie mais d’un bonheur suffisant, parfait et plein, qui ne aisse dans l’âme aucun vide qu’elle sente le besoin de remplir. Tel est l’état où je me suis trouvé souvent à l’île de Saint-Pierre dans mes rêveries solitaires, soit couché dans mon bateau que je laissais dériver au gré de l’eau, soit assis sur les rives du lac agité, soit ailleurs, au bord d’une belle rivière ou d’un ruisseau murmurant sur le gravier.

De quoi jouit-on dans une pareille situation ? De rien d’extérieur ? soi, de rien sinon de soi-même et de sa propre existence, tant que cet état dure on se suffit ? soi-même comme Dieu. Le sentiment de l’existence dépouillé de oute autre affection est par lui-même un sentiment précieux de contentement et de paix, qui suffirait seul pour rendre cette existence chère et douce à qui saurait écarter de soi toutes les impressions sensuelles et terrestres qui viennent sans cesse nous en distraire et en troubler ici-bas la douceur. État d’équilibre.

Baccalauréat général – Séries ES/S – Session 2013 4 uns sur les autres ; cela faisait une espèce d’arbre effrayant qu’il tenait en équilibre sur son front. C’est ainsi que nous ajustons et portons nos regrets et nos craintes en imprudents artistes. Au lieu de porter une minute, nous portons une heure ; au lieu de porter une heure, nous portons une journée, dix journées, des mois, des années. L’un, qui a mal à la jambe, pense qu’il souffrait hier, qu’il a souffert déjà autrefois, qu’il souffrira demain ; il gémit sur sa vie tout entière.

Il est évident qu’ici la sagesse ne peut pas beaucoup ; car on ne peut toujours pas supprimer la douleur présente. Mais s’il s’agit d’une douleur morale, qu’en restera-t-il si l’on se guérit de regretter et de prévoir ? Cet amoureux maltraité, qui se tortille sur son lit au lieu de dormir, et qui édite des vengeances corses, que resterait-il de son chagrin s’il ne pensait ni au passé, ni à l’avenir ? Cet ambitieux, mordu au cœur par un échec, où va-t-il chercher sa douleur, sinon dans un passé qu’il ressuscite et dans un avenir qu’il invente ?

On croit voir le Sisyphel de la légende qui soulève son rocher et renouvelle ainsi son supplice. Je dirais à tous ceux qui se torturent ainsi : pense au présent ; pense à ta vie qui se continue de minute en minute ; chaque minute vient après l’autre ; il est donc possible de vivre comme tu vis, puisque tu vis. Mais l’avenir ‘effraie, dis-tu. Tu parles de ce que tu ignore ents ne sont jamais ceux S ta peine présente, justement parce qu’elle est très vive, tu peux être sûr qu’elle diminuera. Tout change, tout passe. Cette maxime nous a attristés assez souvent ; c’est bien le moins qu’elle nous console quelquefois.

Personnage mythologique condamné à rouler sans fin un rocher. Baccalauréat général – Séries ES/S 4/6 – session 2013 Texte D : Albert Camus, Noces à Tipasa, Noces. Le narrateur se promène au milieu du site antique de Tipasa. Que d’heures passées à écraser les absinthes 1 , à caresser les uines, à tenter d’accorder ma respiration aux soupirs tumultueux du monde ! Enfoncé parmi les odeurs sauvages et les concerts d’insectes somnolents, j’ouvre les yeux et mon cœur à la grandeur insoutenable de ce ciel gorgé de chaleur.

Ce n’est pas si facile de devenir ce qu’on est, de retrouver sa mesure profonde. Mais ? regarder l’échine S participent encore. Ils ont contenu des morts ; pour le moment il y pousse des sauges et des ravenelles. La basilique Sainte-Salsa est chrétienne, mais à chaque fois qu’on regarde par une ouverture, c’est la mélodie du monde qui arvient jusqu’à nous : coteaux plantés de pins et de cyprès, ou bien la mer qui roule ses chiens blancs ? une vingtaine de mètres.

La colline qui supporte Sainte-Salsa est plate à son sommet et le vent souffle plus largement à travers les portiques. Sous le soleil du matin, un grand bonheur se balance dans l’espace. Plante odorante. Massif montagneux au nord de l’Algérie. 5/6 — Vous répondrez à la question suivante : (4 points) Quelles sont les différentes visions du bonheur que proposent ces textes ? Il – Vous traiterez ensuite, au choix l’un des trois sujets suivants : (16 points)