anthologie de la poesie

essay A

Les Châtiments. LIVRE I – La Société est sauvée France ! à l’heure où tu te prosternes, Le pied d’un tyran sur ton front, La voix sortira des cavernes ; Les enchaînés tressailleront. Le banni, debout sur la grève, Contemplant l’étoile et le flot, Comme ceux qu’on entend en rêve, Parlera dans l’ombre tout haut Et ses paroles, qui m Ses paroles, dont l’éc Seront comme des Tenant des glaives d or 5 Snipe to View Elles feront frémir les marbres Et les monts que brunit le soir; Et les chevelures des arbres Frissonneront sous le ciel noir. Elles seront l’airain qui sonne,

Le cri qul chasse les corbeaux, Le souffle inconnu dont frissonne Le brin d’herbe sur les tombeaux ; Elles crieront : honte aux infâmes, Aux oppresseurs, aux meurtriers! Elles appelleront les âmes Comme on appelle des guerriers ! que c’est lui Magnifique mais qui sans espoir se délivre Pour n’avoir pas chanté la région où vivre Quand du stérile hiver a resplendi l’ennui. Tout son col secouera cette blanche agonie Par l’espace infligée à l’oiseau qui le nie, Mais non l’horreur du sol où le plumage est pris. Fantôme qu’à ce lieu son pur éclat assigne,

Il s’immobilise au songe froid de mépris Que vêt parmi l’exil inutile le Cygne. Art poétique : De la musique avant toute chose, Et pour cela préfère l’Impair, Plus vague et plus soluble dans l’air, Sans rien en lui qui pèse ou qui pose. Il faut aussi que tu n’ailles point Choisir tes mots sans quelque méprise ; Rien de plus cher que la chanson grise Où l’Indécis au Précis se joint. Cest des beaux yeux derrière des voiles, C’est le grand jour tremblant de mldi, C’est par un ciel d’automne attiédi, Le bleu fouillis des claires étoiles ! Car nous voulons la Nuance encor, Pas la Couleur, rien que la nuance ! Oh ! a nuance seule fiance *AGF 9 rif s faire la pomme elle a son mot à dire et plusieurs tours dans son sac de pomme et la voilà qui tourne dans une assiette réelle sournoisement sur elle-même doucement sans bouger et comme un duc de Guise qui se déguise en bec de gaz parce qu’on veut malgré lui lui tirer le portrait la pomme se déguise en beau bruit déguisé et c’est alors que le peintre de la réalité commence à réaliser que toutes les apparences de la pomme sont contre lui comme le malheureux indigent omme le pauvre necessiteux qui se trouve soudain à la merci de n’importe quelle association bienfaisante et charitable et redoutable de bienfaisance de charité et de redoutabilité le malheureux peintre de la réalité se trouve soudain alors être la triste proie d’une innombrable foule d’associations d’idées Et la pomme en tournant évoque le pommier le Paradis terrestre et Ève et puis Adam l’arrosoir l’espalier Parmentier l’escalier le Canada les Hespérides la Normandie la Reinette et l’Api le serpent du Jeu de Paume le serment du Jus de Pomme t le péché originel et les origines de l’art et la Suisse avec Guillaume Tell et même Isaac Newton plusieurs fois primé à l’Exposition de la Gravitation Universelle et le peintre étourdi perd de vue son modèle et s’endort comme il passe partout chaque jour comme chez lui voit la pomme et l’assiette et le peintre endormi Quelle idée de peindre une pomme dit Picasso et Picasso mange la pomme et la pomme lui dit Merci et Picasso casse l’assiette et s’en va en souriant et le peintre arraché à ses songes comme une dent se retrouve tout seul devant sa toile inachevée vec au beau mllieu de sa vaisselle brisée les terrifiants pépins de la réalité. PAGF que lui jettent Les choses qui seront un jour. On le raille. Qu’importe ! il pense. plus d’une âme inscrit en silence Ce que la foule n’entend pas. Il plaint ses contempteurs frivoles ; Et maint faux sage à ses paroles Rit tout haut et songe tout bas ! Peuples! écoutez le poète ! Ecoutez le rêveur sacré ! Dans votre nuit, sans lui complète, Lui seul a le front éclairé.

Des temps futurs perçant les ombres, Lui seul distingue en leurs flancs sombres Le germe qui n’est pas éclos. Homme, il est doux comme une femme. Dieu parle à voix basse à son âme Comme aux forêts et comme aux flots. Cest lui qui, malgré les épines, L’envie et la dérlsion, Marche, courbé dans vos ruines, Ramassant la tradition. De la tradition féconde Sort tout ce qui couvre le monde, Tout ce que le ciel peut bénir. Toute idée, humaine ou divine, Qui prend le passé pour racine, A pour feuillage l’avenir. Il rayonne! il jette sa flamme Sur l’éternelle vérité ! Il la fait resplendir pour l’âme Dune merveilleuse clarté. Il inonde de sa lumière