Anthologie De La Mer Livret2
or7 Sni* to View Elias Trouyet 1ère SS une anthologie de la mer John Olsen, Sydney HarborTabIe des matières Préface page 3 cosmique. Quand j’étais enfant sur la berge de la Pointe de Vénus à Tahiti, elle me faisait reculer, mais pas trop loin car pour rejoindre ma mère sur la plage, il fallait que je me brûle les pieds sur le sable noir. Je vivais avec la mer. Mes premières émotions sont bleues. Je m’appelle Petit Blue. Tout est bleu. Le choix d’une anthologie de la mer était tout tracé.
De mes petites empreintes qui fuient les vagues jusqu’aux plongées en mer, cet inoubliable contact avec les yeux avec un auphin qui me conduisit vers les profondeurs. La mer depuis le ciel, lancé comme une bombe, attiré par la terre et sa fine bordure de plage qui s’élargit peu à peu avant le contact glacé du sable en hiver. En Australie, le Pacifique absorbe tout, est partout, peste, cholera, véritable hypnose. Ses à-pics sont vertigineux. Ses embouchures impénétrables, veloutées et vénéneuses.
Ses disparus, ses parias, ses déportés, massacrés ont sombré dans une mer de sang. Les textes choisis sont des moments volés, des fragments tourmentés. Ils mettent en scène des sensations, le rapport au ertige, le profond désir de la découverte, la sensualité, le vide, le temps de l’enfance. L’anthologie se conclut sur un abrupt constat : la couleur. Une évidence, une constance dès que l’on parle de la mer, mais qui renvoie à la définition de mon paysage intérieur.
Tout est bleu. PAG » rif 7 Démons et merveilles Vents et marées Au loin déjà la mer s’est retirée Et toi Comme une algue doucement caressée par le vent Dans les sables du lit tu remues en rêvant Mais dans tes yeux entrouverts Deux petites vagues sont restées Deux petites vagues pour me noyer. VI – Sables mouvants Jacques Prévert, Paroles » Frederick Mc Cubbin, Moyes Bay, Beaumaris 1887 Publié en 1946, le recueil Paroles connait un grand succès.
Ce poème n’a pas seulement une vocation maritime, mais par son leitmotiv, Démons et merv t marées, il décrit une PAGF3CF7 Oh, la nuit d’été tropical ! Des atolls d’étincellements émergeant d’abîmes bleuâtres ! Le Crucero flamboyant ! Oh, m’étendre sur le pont d’un grand navire En route vers l’Insulinde, Nu, et béer à l’infini béant sur moi. (Mon cœur d’enfant abandonné, ô cher malade, Mon cœur serait content de ta main à presser, Dans cette ombre en feu des nuits Éblouissantes où je voudrais pouvoir m’envoler. Sur les navires d’autrefois, tout pavoisés, Dont la poupe était un palais aux cents fenêtres dorées, Et que surmontait un Himalaya de toiles, On n’avait pas, ininterrompue, cette palpitation des étoiles, Cette vision de la Création, immensément Silencieuse — sur la tête, tout déroulé, le firmament. Je désire un matin de printemps, un peu grisâtre, dans la chambre d’hôtel, La fenêtre ouverte en coin sur la rue de Noailles, à l’air frais, Et voir là-bas (cinq heures, pas encore de tramways) Le calme Vieux-Port et les bateaux du Château d’If.
V- Océan Indien Valéry Larbaud, « Poèmes par un riche amateur » Alick Tipoti, This is land life Océan indien appartient au recueil « Poèmes par un riche amateur’ publié en 1908. Dans ce Dème, Larbaud qui évoque en conclusion Marseille et rête sur le caractère création dans un grand moment d’évasion spirituelle symbolise par un navire transfiguré en palais. La chair est triste, hélas ! et j’ai lu tous les livres. Fuir ! là-bas fuir ! Je sens que des oiseaux sont ivres D’être parmi l’écume inconnue et les cieux !
Rien, ni les vieux jardins reflétés par les yeux Ne retiendra ce cœur qui dans la mer se trempe Ô nuits ! ni la clarté déserte de ma lampe Sur le vide papier que la blancheur défend Et ni la jeune femme allaitant son enfant. je partirai ! Steamer balançant ta mâture, Lève l’ancre pour une exotique nature ! Un Ennui, désolé par les cruels Croit encore à l’adieu suprême des mouchoirs ! Et, peut-être, les mâts, invitant les orages, Sont-ils de ceux qu’un vent penche sur les naufrages Perdus, sans mâts, sans mâts, ni fertiles îlots . Mals, ô mon cœur, entends le chant des matelots ! – ‘appel du arge Charles Baudelaire, « Les Fleurs du Mal » Arthur Boyd, Shoalhaven With black cockatoo and swan L’appel du large est un contre poème. Il ne fait pas l’éloge de son thème mais tout le contraire reprenant en cela les conseils de Sénèque à Lucilllus : on ne voyage qu’avec soi-même. Au terme du voyage, il ne restera que soi. Evidemment Sénèque ne brillait pas d’optimisme tout comme Baudelaire qui semble comparer le voyage à la redescente en enfer après une visite aux dieux des paradis artificiels. des paradis artificiels. La barque est petite et la mer immense ;
La vague nous jette au ciel en courroux, Le ciel nous renvoie au flot en démence : Près du mât rompu prions à genoux ! De nous à la tombe, il n’est qu’une planche. Peut-être ce soir, dans un lit amer, Sous un froid linceul fait d’écume blanche, Irons-nous dormir, veillés par l’éclair ! Fleur du paradis, sainte Notre-Dame, Si bonne aux marins en péril de mort, Apaise le vent, fais taire la lame, Et pousse du doigt notre esquif au port. Nous te donnerons, si tu nous délivres, Une belle robe en papier d’argent, Un cierge à festons pesant quatre livres, Et, pour ton Jésus, un petit saint Jean.
IV – Pendant la tempête Théophile Gautier, « Espafia » Sydney Nolan, Antartica Tirée du recueil Espafia paru en 1 845, ce poème est une prière à la Bonne Mère, à toutes les Saintes mères protectrices des marins et des navigateurs sur la terre, livrés aux éléments et parfois délivrés aussi. La mer possède ce coté obscur que redoutent les hommes mais aussi leur femme qui promettent en échange de leur vie ex-voto et ièces d’argent. Le poème semble réinterpréter le fameux ra duse de Géricault qui nous allons, suivant le rythme de la lame, Berçant notre infini sur le fini des mers.
Mais les vrais voyageurs sont ceux-là seuls qui partent pour partir, cœurs légers, semblables aux ballons, De leur fatalité jamais ils ne s’écartent, net sans savoir pourquoi, disent toujours : Allons ! Amer savoir, celui qu’on tire du voyage ! Le monde, monotone et petit, aujourd’hui, Hier, demain, toujours, nous fait voir notre image Une oasis d’horreur dans un désert d’ennui ! Ill – La mer secrète Jules Supervielle, « La fable du monde » Fred Williams, Infinite Horizons Ce poème de 1938 tiré du recueil La Fable du monde révèle l’importance du regard. Le paysage n’existe que par nous-mêmes.
Quand il n’est pas exercice d’admiration, il est sans substance. Il évoque pour moi ces populations qui vivent délibérément le dos tourné à la mer. La mer n’est pas exclusivement une passion unive selle ou un idéal romantique. Elle peut à l’instar de Ille de Procida dans le roman L file d’Arturo d’Elsa Morante disparaître dans la désillusion du passage à l’âge adulte. Quand nul ne la regarde La mer n’est plus la mer, Elle est ce que nous sommes Lorsque nul ne nous voit. Elle a d’autres poissons, D’autres vagues aussi. C’est la mer pour la mer Et pourtant ceux qui en rê Et pourtant ceux qui en rêvent