analyse textuel

essay A+

Rêves et cauchemars de l’oppression moderne dans le New York universel de Garc(a Lorca Séminaire d’analyse textuelle Giordano Righetti Università degli Studi di Bologna C Giordano Righetti 2005 Table des matières 1. Federico, le poète et son œuvre 2. Le contexte du voy OF p g 2. 1 Crise personnelle oh. la métropole 2. 2 poeta en Nueva Y Romancero a confrontation avec ste ou réaction au 2. 3 Modernité: le poète dans la ville universelle moderne 3. Sections et thématiques de Poeta en Nueva York 3. 1 La subdivision et les niveaux thématiques 4. Analyse stylistique des structures des poèmes 4.

Langage visionnaire, suggestif mais très complexe 4. 2 Structure des poèmes en trois moments récurrents: définition, dénonciation, prophéties 5. Le message universel: oppression et rachat poésies, ainsi que de nombreuses pièces de théâtre devenues célèbres. Le recueil de New York avait été écrit pendant son voyage aux Etats-Unis à la fin des années 20 : il s’agit d ‘ un moment très important pour la littérature espagnole et en générale européenne, en particulier pour le développement des idées et des poétiques de la jeune génération avant-gardiste dont Lorca sera le principal représentant.

En ce contexte, ce recueil révèle un style et un langage très complexes qui s • éloignent des œuvres antérieures de l’ auteur andalous ainsi que de celles de ses compatriotes : le style lorquien de New York a était comparé et rapproché à ce de bien d’ autres mouvements européens d’ avant-garde de la même période, en particulier aux poétiques des Surréalistes. Toutefois, pour mieux aborder ce texte, il faut d’ abord considérer brièvement la maturation littéraire de Garcia Lorca pendant sa brève aventure poétique.

En particulier, sa situation existentielle dans les années 20 et à la vieille du voyage méricain : cette situation du poète peut aider à comprendre la décision inopinée du voyage et plusieurs thématiques du recueil, ainsi que des choix stylistiques importantes. 1. Federico, le poète et son oeuvre Federico Garcia Lorca naquit près de Grenade, dans la province de Andalousie en 1898.

Il étudia é l’ école en Almeria et ensuite s’ établit à Grenade pour étudier la littérature et le droit ; là il commença à écrire ses compositions, d’ abord musicales, ensuite poétiques, sur le thème du a sa e de l’ Andalousie. En 1919 i à Madrid, où il vécut plus 2 1 sur le thème du paysage de I Andalousie. En 1919 il déménagea à Madrid, où il vécut plusieurs années, entouré d’un cercle d’ écrivains, critiques et idéologues du Libéralisme culturel; ensuite, pendant les années 1920, il commença a ecrlre ses premleres poésles connues.

En ces oeuvres poétiques convergent tous les aspects de la culture espagnole. Il combina maîtrise de I • espagnol et littérature classique avec balades de gitanes du peuple, pour créer un langage à la fois traditionnel, moderne et personnel. Sa poésie initiale est simple, pleine d’ émotions et de désirs; ses vers sont réalistes et lyriques à la fois, des fois rimitifs et violents. Tout contribue ? 3 la beauté et I émotion qui représente une vie proche de la nature dans sa région, I ‘ Andalousie.

Grâce à son style et à ses créations, Lorca devint, de son vivant déjà, un des personnages plus populaires de sa génération littéraire, nommée « Generaccion del ’27 ». Les poètes du ’27 avaient I • habitude d alterner la difficulté avec la clarté et la simplicité en imitant des fois le style des chansons populaires. Pour exemple, Lorca écrit le Poema del Cante Jondo en 1 924 (populaire) avec beaucoup plus de clarté que quand il écrira Poeta en Nueva York en 929 (surréaliste et urbain).

L’oeuvre de cet auteur se présente donc en deux pôles principaux : celui qui prend corps autour de ses poèmes de jeunesse, et la seconde étape de sa démarche, la plus novatrice, celle du poète à New York, où l’intervention de Lorca avec ses éclats multicolores et sonores, le situent d’emblée à l’altit 31 où l’intervention de Lorca avec ses éclats multicolores et sonores, le situent d’emblée à l’altitude de Cervantès et en font l’un des poètes les plus décisifs de l’Avant-garde espagnole.

A ce regard, pour bien interpréter le choix d’ un poète si connu et élèbre dans sa patrie, de partir de la ville et de la communauté littéraire à les quelles il avait toujours était si attaché, il faut réfléchir sur sa situation et ses vicissitudes à la fin des années 20, la décade qui avait vu la consécration de Lorca dans la littérature au niveau européen. 2. Le contexte du voyage et de l’œuvre 2. 1 Crise personnelle, choix du voyage et de la confrontation avec Au début de l’année 1929, Garcia Lorca reçoit une invitation ? prononcer une série de conférences aux Etats-Unis et à Cuba.

A la même époque, la deuxième édition de son recueil de oésies andalouses Romancero gitano venait déjà d’être publié. Il était en effet un des poètes plus célébrés de Madrid. Cependant, Lorca désirait s éloigner de cette énorme popularité dont il jouissait en Espagne: à cause de celle-ci, en effet, il souffrit aussi d’une crise émotionnelle due, dans une certaine mesure, à la conviction qu’il n’aurait pas pu maintenir longtemps son immense popularité et son état littéraire pendant qu ‘ il vivait en Espagne.

Mais surtout, vers la fin des années 1920, Lorca traversa une crise intérieure particulièrement grave: il fut victime dune épression croissante, une situation exacerbée par son angois Ité grandissante de 4 31 angoisse sur la difficulté grandissante de cacher son homosexualité à ses amis et sa famille. Cette disparité entre son succès comme auteur et sa vie privée atteignit un sommet quand les deux surréalistes espagnols Salvador Dali et Luis Buhuel collaborèrent à Paris dans le film Un chien 4 andalou (1929) que Lorca interpréta, peut-être par erreur, comme une allusion voire une attaque ? son encontre.

En même temps, sa relation intense avec le sculpteur Emilio Aladrén Perojo, un jeune culpteur auquel était dédié un poème du Romancero gitano («Romance del emplazado») et avec lequel il avait vécu une relation amoureuse non réciproquement partagée, s’effondra lorsque ce dernier se fiança avec sa future épouse.

La rupture de la liaison amoureuse avec le sculpteur Aladrén, l’éloignement de Dali et la trahison de Bufiuel provoquèrent en lui un désarroi que ses succès littéraires ne parvenaient pas ? dissiper, et que plongèrent dans I • abattement Federico, qui ? Pâques de la même année avait participé a Grenada incognito é la procession de la Virgen de la Angustias.

II parle alors, en cette période, du duel à mort qu’il livre à son cœur et à sa poésie : « Â mon cœur pour le délivrer de la passion terrible qui le détruit, et de l’ombre trompeuse du monde qui le sème de sel stérile». l En conséquence de ces motivations intimes accepte-t-il avec plaisir l’invitation de son a pour lui de s’éloigner de l’Espagne et fuir l’ambiance confinée d • une société conventionnelle qui ne lui permettait pas de vivre librement. Ainsi, en 1929 il part pour New York, pour étudier é la Columbia University, dont il accepte la charge du cycle des conférences.

La décision du voyage, qui surprit même les amis les plus proches de Lorca, peut être donc comprise uniquement (par) cette nouvelle inquiétude, personnelle et littéraire, qui lui amène ? déplacer sa maturation poétique vers une réalité totalement nouvelle et autre tels que celle américaine, dans I • espoir que ce voyage soit très précieux pour son parcours poétique et humain : « Salgo para Paris, Londres, y all[ embarcaré a New York. Te sorprende? A mi también me sorprende. Y estoy muerto de risa por eso mismo me voy alli. … ]Me encuentro muy bien y con una nueva inquietud por el mundo y por mi porvenir. Este viaje me seré utilisimo. »2 En Juin, il part donc pour Paris, Calais, Dover, Londres, Oxford, Southampton et, enfin, New York, où il restera à peu près une année, comme étudiant de la Columbia University. Là il GARCIA LORCA, Federico. Oeuvres complètes – tome 7: conférences, interviews, correspondance. Paris, La Pléiade (Gallimard), 1960. 2 GARCIA LORCA, Federico. « Lettre à son ami Carlos Mora Lynch (juillet ’29) », en Obras com letas – Vol. 5 Conferencias (1928-1936). Barcelona, R Andrés Segovia, et il connait plusieurs hommes de Lettres comme, parmi tant d’autres, le poète Leén Felipe. 2. Poeta en Nueva York: parenthèse surréaliste ou réaction au es impressions lorquennes de la ville de New York furent influencées par les VISIOns populaires de New York qui circulaient pendant cette époque. Metropolis de Fritz Lang sortit en 1927 et il est très probable que Lorca l’ ait vu. De plus, New York arriva é constituer le symbole de la modernité. Toutes les images du cinéma, «… es speakeasies, les criminels tels que Al Capone, les voitures, les clubs negros, était tous symbols de I ‘ Amérique, et l’ Amérique était abrégé par New York. »3 L • arrivé du poète grenadin é la ville de New York en printemps 929 en effet le mène dans une ambiance étrangère, une ville technologiquement avancée, mais dépourvue de communication avec le monde naturel. Dans ce sens, I expérience de Federico Garcia Lorca dans les années 19291930 reflète le cas d • un écrivain qui se retrouve tout d • un coup dans un endroit inconnu, et sans en connaitre la langue.

Ce monde lui est radicalement différent de son endroit d’ origine. Il n’y aucun paysage rural dans la ville et la dimension naturelle est diminuée par les grands bâtiments dans les rues étroites, par I • absence de lumière du jour dans les tunnels u métro; aussi les arbres n ‘ ont pas de feuilles, et la terre est couverte de neige et grésil. A l’ intérieur de ce paysage, la vie d’un intégrée avec la pulsion du monde originel comme dans la provlnce Pour ça, le poète nous offre des spéculations sur sa manière particulière de sentir la nouvelle ambiance autant comme une menace que comme une influence sur son oeuvre littéraire.

A la fin de ce parcours, en fait, é son retour en Espagne en 1931, la publication du Poema del Cante jondo aurait réaffirmé l’importance du chant gitan et de l’univers surréaliste dans I • ensemble de son nspiration poétique. Cependant, l’expérience du Nouveau Monde, autant que la découverte successive, marquante, du continent sud-américain (Argentine et Uruguay, 1933-1934), furent source pour lui de renouvellement et d’enrichissement thématique: c’est ce dont témoignent déjà la complexité savante et le lyrisme exubérant du recueil new- yorkais.

GIBSON, Ian. Federico Garcia Lorca: une vie. Paris, Seghers, 1990. 6 Ce point de vue New York fut décisif pour Garcia Lorca: il avait fait passer son observation du monde et de la vie contemporaine de la campagne de Grenade la plus grande métropole du ébut du siècle. II avait eu l’ intuition qu’ il était dans ce nouvel endroit qu’un poète devait se confronter avec les conflits de la Modernité : « G. I. e dio cuenta de que la esencia de la vida moderna no estaba en las cuevas gitan monde nouveau et son essence il avait raffiné son langage littéraire en l’enrichissant d une galerie imaginaire d impressions abstraites urbaines et d un vocabulaire visionnaire, qui cherchaient à dépasser la réalité métropolitaine en la sublimant vers l’ absolu humain. Un langage poétique qui a multiplié la complexité des compositions de Poeta en Nueva York, dont la lecture demeure même aujourd hui assez difficile. Ce style et ce langage ont provoqué plusieurs discussions et débats autour de l’œuvre.

Celleci ne fut pas, pour assez longtemps, considérée en relation avec les motivations profondes de la crise de Lorca du 1929 et de son voyage : à savoir comme réaction ? énorme popularité du Romancero, notamment en raison de la conséquente étiquette de poète de gitanes délivrée é Lorca par la critique espagnole, qui était trop étroite pour l’auteur grenadin Au contraire, les discussions et les lectures critiques autour du ecueil new-yorkais se limitaient souvent é le liquider, trop vite et tout simplement, comme « parenthèse surréaliste » de Garcia Lorca.

Une définition qui a aussi contribué à faire demeurer Poeta en Nueva York, selon I ‘ efficace définition du titre de Vanalyse de Flys, I œuvre «incomprendida» du poète andalous. par rapport é son observation de la métropole tentaculaire et é son imagination urbaine, la poésie de Garcia Lorca assume é New York son caractère plus véritablement moderne. Un poète dans une ville immense, soixante-dix ans après Baudelaire, une ville dont il cherche A voir oète ville dont il cherche A voir les aspects plus secrets et PULSIFS et les personnages plus authentiques pour en dériver le sens absolu, universel de I ‘ aventure humaine.

Garcia Lorca, poète «gitan» sur les rivages de I • Hudson, ne regarde pas les sommets des gratte-ciels, (les «montanas» de la ville) n admire pas la vitesse de toute machine, automobile, ou FL YS, Jaroslaw. Poeta en Nueva York. La Obra incomprendida de Federico Garda Lorca. Madrid, Arbor, 1955. 7 train; il aura les yeux d’ un poète parmi la multitude sans visage des gens inconnus, dont il voit le ang couler chaque jour sur I • asphalte des rues « Existen la montanas. Lo sé. Y Ios anteojos para la sabiduria.

Lo sé- pero yo no he venido a ver el cielo. Yo he venido para ver la turbia sangre. « 5 Sa sensibilité poétique saisit la violence et la laideur de la société moderne, D’autant plus si I • on considère (il est important de le souligner dans I ‘ analyse de ce poème) que Federico arrive é New York juste I année Où la société américaine vit sa crise LA plus profonde, après I • écroulement de la Bourse de Wall Street en Novembre ’29. Dans ce contexte, Lorca survécut dans le dé 0 1