Aloysius Bertrand Un rêve
INTRO Ce texte est le récit d’un rêve, comme son nom l’indique. atmosphère ugubre Aloysius Bertrand (1807 – 1841) est issu dune famille pauvre et n’a jamais réussi à échapper à la misère. Longtemps inconnue du grand public, cette œuvre influencera pourtant Baudelaire ou Rimbaud par l’originalité de l’inspiration et de l’écriture du poème en prose. Aloysius Bertrand est le précurseur du poème en prose. « Un rêve » se présente comme le compte-rendu d’un rêve relaté dans une atmosphère à la fois mystique et tragique. l- Un imaginaire goth La lune a une action de l’abbaye.
La forêt Morimont grouille d’ r 5 e les murailles un labyrinthe. Le L’abbaye s’oppose à la forêt. ‘abbaye est un lieu sac , chretien, dont le principal personnage caractéristique est Dieu, et la forêt est un lieu sauvage, paien (avec le chêne), caractérisé par le diable. Les « rires féroces » ont un caractère satirique. C’est l’évocation d’un monde inquiétant : la première phrase, avec sa tournure archai@ue plonge le lecteur dans un espace sombre, celui du Moyen-âge (dans le reste du poème : abbaye, capes, les pénitents noirs (Inquisition), le supplice de la roue).
Le deuxième paragraphe est placé sous le signe de la mort glas funèbre », « pénitents noirs », de la douleur « sanglots », « cris », « supplice » et du sadisme « rires féroces ». « La chapelle arde Swlpe to vlew next page ardente », « la robe blanche », « les cierges » -> champ lexical de la lumière qui s’oppose à l’atmosphère sombre du début du poème antithèse « la robe blanche’ s’oppose aux « pénitents noirs » antithèse L’assonance en [si] « cierges de cire » montre le passage à des sonorités plus douces. Les derniers mots « et je poursuivais d’autres songes vers le réveil. dédramatisent le cauchemar. ll- Un récit de rêve ? présence du « je le narrateur est à la fois témoin et acteur. A partir du troisième paragraphe, le narrateur nous donne des indications, sur les personnages présents dans son rêve. Il nous informe de la situation critique dans laquelle chacun se trouve. Ily a un moine à l’agonie, une jeune fille pendue et le bourreau avec le narrateur, qui s’avère être auteur et acteur àintrusion du narrateur (ligne 1 1). Le rêveur et le condamné sont le même personnage.
On se demande d’ailleurs quel crime il a commis. On a une identification des deux autres personnages au quatrième paragraphe, avec une description symétrique du moine et de la jeune fille : on apprend d’abord leur nom (Dom Augustin et Marguerite), puis le narrateur évoque la mort de chacun, ensuite il nous décrit les vêtements qu’ils portent (habit de cordelier et robe blanche d’innocence), et enfin, il nous indique le motif du feu (chapelle ardente pour le prieur défunt et des cierges pour la jeune fille).
Au cinquième paragraphe, le « mais moi » provoque un effet de rupture : une rupture syntaxique (par l’utilisation de la mais moi » provoque un effet de rupture : une rupture syntaxique (par l’utilisation de la conjonction de coordination « mais »). Le « mais moi » est une distorsion maligne de ce qui s’est passé. Il y a n renversement de tout ce qui a précédé. Le condamné échappe à la mort. L’eau va remplacer le feu. Marguerite évoque la pureté. Ill- Un poème en prose Ce texte est structuré par des paragraphes, que l’on pourrait nommer des couplets ou strophes.
Le rythme et la disposition particulière font penser à un poème en prose. Ce texte est structuré par des reprises anaphoriques, telles que « ainsi j’ai vu ou « ainsi je raconte Elles produisent un effet de réalisme, insistant sur le témoignage direct du narrateur. Le vocabulaire employé évoque des reptiles : « murailles lézardées », « tortueux », « grouillant ». Ily a des allitérations en d’abord », « raconte », « muraille ». Ces allitérations renforcent la structure des strophes, cela rend plus cohérent. Ily a des phrases nominales (sans verbes).
Le narrateur perçoit des sons avec des allitérations en « f » et en « l ». Un dialogue entre les différents sons dans chaque scène est suggéré par la répétition de mots ou par antithèse : « cris plaintifs et rires féroces ». Du 1er au 2ème paragraphe, il y a de plus en plus de détails, des verbes apparaissent — évolution syntaxique du texte : on passe des phrases nominales aux phrases complexes. Il y a des connecteurs logiques «d’abord», ?ensuite», «enfin». La première phrase « Il était nuit. » met en s connecteurs logiques «d’abord», «ensuite», «enfin».
La première phrase « Il était nuit. » met en situation, donnant le cadre inquiétant dans lequel va se dérouler le poème. Les trois premiers paragraphes rapportent trols épisodes angoissants. anaphore de « Ce furent » Reprise de l’expression « ainsi j’ai vu, ainsi je raconte » (et « ainsi s’acheva le rêve, ainsi je raconte » la troisième fois) comme un refrain. – Paragraphe 1 : trois lieux présentation de lieux inquiétants, mais pas de descriptions des actions qui se déroulent dans ces lieux. Il est difficile de comprendre pour le lecteur comment ces éléments s’articulent entre eux.
Le narrateur semble déambuler dans un monde inquiétant. – Paragraphe 2 : trois sons : à chaque séquence correspondent des sons : glas + sanglots / cris + rires / prières bourdonnantes. Les substantifs sont accompagnés d’adjectifs épithètes inquiétants (funèbres (2 fois), plaintifs, féroces) et suivis chacun d’une proposition relative « auquel répondaient les sanglots funèbres d’une cellule », « dont frissonnait chaque feuille le long d’une ramée », « qui accompagnaient un criminel au supplice » omposition tres régulière. Paragraphe 3 : trois personnages présentés selon la structure substantif + relative « un moine qui… « une jeune-fllle qui… « et moi que… « . Trois suppliciés. La phrase « et moi que » surprend car jusqu’ici la structure très ordonnée du poème et très descriptive (pas de sentiments exprimés) donnait une impression de détachement de PAGF poème et très descriptive (pas de sentiments exprimés) donnait une impression de détachement de la part du narrateur, l’expression « et moi que » rend ce poème soudainement plus personnel et surprend ainsi le lecteur.
Donc des actions qui se poursuivent d’un couplet à un autre selon un ordre qui relève plus de la construction intellectuelle que du rêve car un rêve a en général un aspect désordonné, sans structure. Ainsi, la construction du texte d’Aloysius Bertrand évoque la poésie par plusieurs points : – 5 paragraphes qui jouent le rôle de strophes – Constructlons de ces strophes – emploi de tournures répétées qui rappelle la chanson médiévale. sonorités et musicalité du texte Le poème est une œuvre d’art travaillée et non le compte rendu fidèle d’un rêve comme le refrain semble vouloir l’affirmer.
CONCLU La dualité se retrouve dans le texte, car on a une opposition entre le domaine chrétien et le domaine satanique. Le poème va croître jusqu’à un point d’intensité, qui coïncide avec la fin du rêve. Divers personnages représentent les différentes personnalités de l’auteur. Dans son recueil Gaspard de la nuit, Aloysius Bertrand ouvre la voie à une nouvelle forme de poésie, le poème en prose. Guidé par la volonté de créer sans trop de contraintes, Aloysius Bertrand conserve néanmoins des caractéristiques du genre poétique, ce qui permet de dire qu’il s’agit d’un poème en prose.