Texte La belle et la Bete
Séquence 1 : « Monstrueuse humanité, humaine monstruosité » Texte 2 (1756) 5 10 15 20 LA BELLE ET LA BETE De Madame Leprince de Beaumont p g contente. – Vous avez bien de la bonté, dit la Belle. Je vous avoue que je suis bien contente de votre bon cœur : quand j’y pense, vous ne me paraissez plus si laid. – Oh ! dame, oui, répondit la Bête, j’ai le cœur bon, mais je suis un monstre. Ily a bien des hommes qui sont plus monstres que vous, it la Belle ; et je vous aime mieux avec votre figure que ceux qui, avec la figure dhomme, cachent un cœur faux, corrompu, ingrat. – Si j’avais de l’esprit, reprit la Bête, je vous ferais un grand compliment pour vous remercier ; mais je suis un stupide, et tout ce que je puis vous dire, eest que je vous suis bien obligé. » La Belle soupa de bon appétit. Elle n’avait presque plus peur du monstre ; mais elle manqua mourir de frayeur, lorsqu’il lul dit : « La Belle, voulez-vous être ma femme ?
Elle fut quelque temps sans répondre : elle avait peur d’exciter la colère du monstre en le refusant, elle lui dit pourtant en tremblant : « Non, la Bête. » Dans le moment ce pauvre monstre voulut soupirer, et il fit un sifflement si épouvantable, que tout le palais en retentit ; mais la Belle fut bientôt rassurée, car la Bête lui ayant dit tristement « Adieu donc, la Belle sortit de la chambre en se retournant de temps en temps pour la regarder encore.
La Belle, se voyant eule, sentit une grande compassion pour cette pauvre Bête : « Hélas, disait-elle, c’est bien dommage qu’elle soit SI 2 compassion pour cette pauvre Bête : « Hélas, disait-elle, c’est bien dommage qu’elle soit si laide, elle est si bonne ! » La Belle passa trois mois dans ce palais avec assez de tranquillité. Tous les soirs, la Bête lui rendait visite, l’entretenait pendant le souper avec assez de bon sens, mais jamais avec ce qu’on appelle esprit dans le monde.
Chaque jour la Belle découvrait de nouvelles bontés dans ce monstre ; l’habitude de le voir Favalt accoutumée à sa laideur, et, loin de craindre le moment de sa visite, elle regardait souvent ? sa montre pour voir s’il était bientôt neuf heures ; car la Bête ne manquait jamais de venir à cette heure-là. Il n’y avait qu’une chose qui faisait de la peine à la Belle, c’est que le monstre, avant de se coucher lui demandait toujours si elle voulait être sa femme, et étré de douleur lorsqu’elle 3