2014
FACULTÉ NOTRE-DAF,E DÉCEMBRE 2014 BENOI d’ARRAS DEVOIR SEMESTRIEL LIVRE DE L’EXODE COMMENTAIRE DU CHAPITRE XXIV CREATION ET ALLIANCE – M.. N. BOITEAU FORMATION INITIALE – SECONDE ANNÉE, PREMIER SEMESTRE En Egypte au soir de sa vie, parmi ses douze fils, Jacob reçoit en premier Joseph pour lui donner sa b Dieu sera avec vous vous fera revenir au Livre de l’Exode, le ré or21 Sni* to View cette prophétiel : « rs que s’ouvre le biblique présente en h ritage l’installation des fils d’Israël sur la terre égyptienne.
Cette situation en est venue à provoquer un doute réciproque : Pharaon ne connaît plus l’histoire t la place de ses hôtes, tandis que le peuple hébreux ne sait plus d’où il vient. Jusqu’au cœur de sa vocation de libérateur et de médiateur auprès du Dieu des pères, Moise incarne le tiraillement d’Israël vis-à-vis de son identité et sa mémoire3. N’est•il pas lui-même à la fois Hébreux et Égyptien ? Dans ce contexte, la sortie du pays d’Égypte marque une rupture brutale et fondatrice, au cours de laquelle Dieu révèle son nom et montre le visage de Celui qui délivre et désire l’Alliance avec ses fils élus.
L’Exode se l’Alliance éternelle qu’Il lui propose gratuitement. Les raditions y ont rassemblé des textes sacerdotaux et des textes non sacerdotaux, mêlant ainsi les matériaux narratifs, législatifs, cultuels et éthiques. L’ensemble Sinaitique est l’un des principaux textes d’alliance et se déployant à partir du chapitre 19, culmine au chapitre 24, aboutissement et commencement de l’Alliance. De nombreux parallélismes entre les deux chapitres précités expriment l’avancée de la relation de Dieu ? Israël.
Exode 24 suit la proposition d’une alliance et de ses termes (il s’agit du Décalogue et du Code de l’alliance) où se croisent manifestation et recommandation divines. Le assage ici étudié précède la vision de la gloire de Dieu, la pénétration de Moïse dans la nuée, les descriptions de la demeure de Dieu et le renouvellement de l’Alliance, rompue dans l’épisode du veau d’or. Un contraste apparait à la lecture du style qui entoure notre chapitre.
Alors que le vingt-troisième s’achève par une promesse de la terre (liée à une mise en garde contre l’idolâtrie) prononcée par le Seigneur à Moise dans une formulation générale s’adressant au peuple, le vingt-quatrième adopte un ton beaucoup plus direct ? l’égard de Moïse. Le second discours du Seigneur à MoiSe délimite notre péricope5. Celle-ci correspond à la conclusion de l’Alliance, qui mêle et alterne les thèmes du culte, de la morale, de la liturgie, de la loi, de la théophanie et de l’institution. Le vocabulaire employé souligne l’importance de la vision Rops, D. PAGF 91 l’institution. Le vocabulaire employé souligne l’importance de la vision Rops, D. , Histoire Sainte, le Peuple de la Bible, p. 87 Gn. 48, 21 Beauchamp, P. , Cinquante portraits bibliques, p. 57 4 Ex. 1,1 à 15,21 – Ex. 15,22 à 18, 27 -Ex. 19, 1 à 40, 38 Ex. 24, 12 de Dieu en recourant à l’élément naturel typique de la montagne et approfondit la relation es vocations individuelles et collectives en se référant à la médiation de Morse ainsi qu’à la transmission et la hiérarchie au sein d’Israél (par exemple, les anciens et les jeunes gens).
Les champs lexicaux liturgiques et juridiques montrent le passage de la parole à l’acte, du commandement à la pratique. La forme du texte déploie ainsi les sujets précités selon une alternance entre instructions du Seigneur à Mo-lSe, communications de ce dernier au peuple, réponses d’Israël et récits des cultes puis des théophanies. Pareille progression dexprime également par le temps des verbes, où le présent renforce le tyle direct des dialogues et leurs conséquences tandis que le passé simple et l’imparfait marquent les éléments de récit.
La composition du chapitre a araît selon une double inclusion qui enserre le PAGF 3 1 se réalise par les réponses du peuple, qui s’engage à mettre en pratique l’Alliance. La rupture que présentent les textes du haut de la montagne Invite à établir la spécificité des prescriptions et des visions divines par rapport à la conclusion de l’alliance au Sinaï, mais également leur continuité, selon les choix du rédacteur biblique. Tout au long de l’extrait d’Exode 24, le ecteur est confronté aux liens qu’il institue entre contemplation, culte et morale d’un côté, entre peuple, privilégiés d’Israél et Moise, de l’autre. EX. 24, 1 et EX. 24, 9-11 2 Le visage de l’Alliance que Dieu dessine depuis la Genèse pour son peuple élu atteint un premier sommet dans le chapltre 24 de l’Exode. Le texte ici étudié dévoile de prime abord une réalisation effective du dialogue d’alliance, dont témoigne comme d’un premier achèvement l’offrande de sacrifices de paix (Ex. 24, 1-5). La libre réponse du Peuple, en parole et en acte (Ex. 24, 3b-5), trouve son fondement ans l’initiative gratuite du Seigneur, qui instruit les fils d’Israél par MoiSe (Ex. 24, 1-3a).
La structure en chiasme de notre extrait effectue, malgré son jeu de miroir (entre les deux parties composées), une avancée dans la conclusion de l’alliance. Si bien que les formules d’inclusion du te nt toujours de nouvelles PAGF 1 injonctions à MoiSe pour le peuple entier (Ex. 24, 1), avant que ne soit soulignée la médiation et la vocation propres à MoiSe (Ex. 24, 2-3a). Le passage ici commenté débute par une parole directe, où Dieu énonce à la troisième personne son nom, ce qui renvoie à la théophanie du uisson ardent7.
La mention du nom du Seigneur place d’emblée le lecteur dans la logique de l’Alliance, selon laquelle sont d’abord rappelés les bienfaits premiers de Dieu. L’emploi de l’aoriste dans la traduction des Septante, que traduit en français le passé simple, marque l’adresse à Moise dans le temps du récit8. L’ordre divin des deux premiers versets insiste sur les étapes et distingue ses protagonistes et ses destinataires L’inclusion que forme le verbe « monter »g y est significative car elle montre que seuls Moise et certains privilégiés sont invités à monter ers le Seigneur, sans que ne soit oublié le peuple.
Lorsqu’il est précisé que celui-ci ne montera pas avec MOISe10, l’emploi en grec du verbe « ouvavaBri0EtaL » marque une transformation du verbe « monter » du premier verset par l’ajout du préfixe « ouv b, qui peut se traduire « à la suite de Moise n’est-il pas en effet la tête des fils d’Israël ? Cet ajout souligne la présence du peuple, sans doute dans le cœur de son guide, certainement comme destinataire de l’alliance.
L’injonction divine, que distingue l’impératif du singulier, concerne au premier chef Moise, auquel le Seigneur parle irectement (« toi au second « Aaron, Nadav et Avihou, ainsi que soix PAGF s 1 parle directement (« toi »), au second « Aaron, Nadav et Avihou, ainsi que soixante-dix des anciens d’Israël »1 1 qu’il emmènera avec lui. Les chiffres icl employés portent une symbolique de perfection et de théophanie 7 Ex. 3, 15 Ex. 24, 1 littéralement Et il dit à Moïse » EX. 24, 1 et 9 10 EX. 24, 2 Ex. 24, 1 8 (les trois acolytes par exemple) ainsi que d’universalité (les soixante-dix).
Parmi les fils d’Israël, ce sont des anciens qui accompagnent Moïse, une impression d’autorité se dégage e ce cortège enjoint à monter. On retrouvera tout au long du chapitre cette thématique du passage des générations, de l’ancien au nouveau, du collectif ? l’individuel. Tout comme celle de la proximité entre le Peuple et son Dieu, qui apparaît ensuite dans les prescriptions de la parole adressée à MoiSe : « vous vous prosternerez de loin »12. Le temps futur transmet l’idée d’un parcours à accomplir et la distance semble constituer ? tout le moins une première étape dans la vision annoncée.
Elle n’est pas sans rappeler la mise en garde formulée à Moise devant I ent13. Dieu appelle et ‘invitera ainsi à franchir un seuil, puisque lui « seul approchera de lui »14. Deux autres catégories sont distinguées. D’abord Aaron, Nadav et Avihou et les soixante-dix des anciens d’Israël qui monteront mais « n’approcheront pas enfin le peuple qui « ne montera pas avec lui » IS. L’identification du libérateur d’Egypte à la parole de son Dieu progresse dans le récit lorsqu’il vient raconter au peuple « toutes les paroles du Seigneur et toutes les règles »16.
Il s’agit ici des termes de l’alliance que Dieu destine au peuple entier, par la médiation de Moïse, c’est-à-dire du Décalogue et du Code de l’Alliance17. La version des Septante est ? ce titre particulièrement éloquente. Les termes choisis sont en effet « éripata » et « 61KaLü’para dont le sens exprime respectivement « l’évènement, ce qui s’est passé » et « le commandement où transparaît la racine grecque de la justice. Dieu propose le salut, la justification, qui se dit dans l’histoire de ses bienfaits (le passage de la Mer Rouge en est l’exemple éminent).
A partir du verset 3 d’Exode 24, s’installe un vocabulaire prima facie juridique les parties sont en présence, la transmission de la charte d’alliance est effectuée. C’est alors que 12 Ibid. EX. 3, 4-5 14 15 PAGF 7 1 actes, dont Moise assure l’efficacité. La manière de répondre des fils d’Israël marque une progression dans le rapport entre indlvidualité et collectivité. Malgré le rôle spécifique de son guide, l’Alliance concerne le peuple entier et le constitue dans son unité. Le texte décrit : « Tout le peuple répondit d’une seule voix »18.
L’acceptation d’Israël paraît plus globale dans la version des Septante, elle consiste en effet à appliquer « tout ce qu’a dit le Seigneur D, mais l’emploi du verbe grec « » à l’aoriste pourrait également traduire ce qui a été nnoncé, vor ce qui a retenti (? l’exemple du tonnerre théophanique d’Exode 19). Par ailleurs, il n’y a plus de référence à la distinction « érigata » et « 61KaLt0uata mais dans une sens beaucoup plus large à toute la parole qui est celui du verbe tobq Xéyout; »). L’ajout par la Septante de « nous écouterons » (sans doute par harmonisation avec le verset 7)19 va dans la même direction.
Action et contemplation se complètent dans la réponse du peuple. Moïse, au verset 4, se montre comme médiateur et garant de la conclusion effective de l’alliance par le peuple. L’accord verbal doit s’incarner. Le temps du récit (passé simple et aoriste) conduit à situer l’Alliance dans une histoire, tout comme le vocabulaire qui est celui du geste et de récrit, des éléments temporel de bon matin qui souligne la rapidité), spatial au bas de la montagne »), généalogique les douze tribus d’Israël ») et cultuel un autel h).
Les symboles numériques sont rep 91 les douze tribus d’Israël et cultuel (« un autel Les symboles numériques sont repris et éclairent le rôle du peuple (le nombre douze), par opposition à l’ordre divln20 qul s’lnscrivait dans la perfection céleste. as à pas, MOISe permet au peuple de sceller l’alliance avec son Dieu, en bâtissant un autel, il exécute la prescription énoncée au chapitre 2021. La conclusion de cette alliance atteint un point crucial avec l’offrande de sacrifices de paix22. Ce passage du texte révèle un jeu de miroir très significatif avec son ouverture23.
Grand ordonnateur du peuple, Moïse envoie ici « les jeunes gens d’Israël »24 se charger des holocaustes et sacrifices. Le sacrifice de paix accomplirait la promesse d’Exode 19 : « Et maintenant, si vous entendez ma voix et gardez mon alliance, vous serez ma part personnelle armi tous les peuples »25. 18 24, 3 La Bible d’Alexandrie, traduction et annotation de la Septante, sous la direction de M. Harl, 2. L’Exode, p. 243 20 EX. 24, I 21 Ex. 20, 24: « Tu me feras un autel de terre pour y sacrifier tes holocaustes et tes sacrifices de paix 22 EX. 4, 5 23 EX. 24, 1 24 inclusions. Il s’agit ici d’un premier accomplissement des promesses que montrent la consécration du peuple (Ex. 24, 6-8) et l’immédiateté entre Dieu et les fils d’Israël, Institués dans la théophanie (Ex. 24, 9-11). La consécration qu’annonçait le rôle des jeunes gens d’Israël dans la réalisation du acrifice se prépare dans le récit sous la figure du libérateur d’Egypte au verset 6 de notre chapitre. Le déploiement du vocabulaire liturgique sang « coupe « autel verbe asperger) forme un effet de gradation.
Un parallèle de répartition selon les protagonistes s’observe avec le verset 4. L’autel, qui représente Dieu retrouve sa place. Il est ici premier ? être aspergé de sang, alors que l’autre moitié du sang recueilli est versé dans des coupes. Le terme que traduit « moitié » est répété dans tout le texte grec, soulignant un peu plus la séparations des partenaires de l’Alliance et ce qui leur revient espectivement. Les développements théologiques apporteront plus de précisions ? ce sujet.
La liturgie d’alliance s’exprime ensuite par la lecture de Moise « aux oreilles du peuple », précise la Septante, du livre de l’alliance, ce qui est assez proche des rituels juridiques connus. La structure du récit éclaire ici l’importance de l’acte et de la parole : Moise avait écrit, désormais il lit. Il est ? noter que le terme d’alliance (en grec « buaariKnç D) apparaît pour la première fois dans notre passage. La fonction vitale de l’écoute dans la relation au Seigneur, soulignée par le terme des