Vie et pureté
Jacques Grand’Maison Sociologue, Université de Montréal (1977) une philosophie de la vie Un document produit en version numérique par Gemma Paquet, bénévole, Professeure retraitée du Cégep de Chicoutimi Courriel: mgpaquet@videotron. ca Dans le cadre de la collection: « Les classiques des sciences sociales » Site web: http://www 71 une bibliothèque fon e Swip page sociologue Une collection dével sciences sociales/ arie Tremblay, vec la Bibliothèque Paul-Émile-Boulet de l’Université du Québec à Chicoutimi Site web: http://bibliotheque. uqac. a/ Jacques Grand’Maison, Une philosophie de la vie (1977) Cette édition électronique a été réalisée Gemma Paquet, bénévole, professeur de soins infirmiers retraitée de l’enseignement au Cégep de Chicoutimi à partir du livre de Jacques Grand’Maison, Une philosophie de la vie. Montréal : Les Éditions page sur papier format : LETTRE (US letter), 8. 5″ x 1 1″) Édition numérique réalisée le 22 avril 2006 à Chicoutimi, Ville de Saguenay, province de Québec, Canada. 3 Du même auteur Retour à la table des matières Crise de prophétisme. Montréal, Éditions de l’A. C. C. , 1965.
Le monde et le sacré. paris, Éditions Ouvrières, 1966-1969, 2 tomes. Vers un nouveau pouvoir. Montréal, Éditions H. M. H. , 1969. Nationalisme et religion. Montréal, Éditions Beauchemin, 1970, 2 Stratégies sociales et nouvelles idéologies. Montréal, Éditions H. M. H. , 1971. Nouveaux modèles sociaux et développement. Montréal, Éditions 1972. Symboliques d’hier et d’aujourd’hui. Montréal, Éditions H. M. H. , 1973. Des milieux de travail à réinventer. Montréal, Presses de l’Université de Montréal, 1975. e privé et le public. Montréal, Leméac, 1975, 2 tomes. Une tentative d’autogestion.
Montréal, Presses de l’Université de Montréal, 1975. Au mitan de la vie. Montréal, Leméac, 1976. Pour une pédagogie sociale d’autodéveloppement en éducation. Montréal, Éditions internationales Alain Stanké, 1976. Jacques Grand’Maison, U de la vie (1977) 2 371 Le noyau et l’amande séparés Ni noyau, ni amande Vraies et fausses pistes Une priorité Chapitre I. Le pouls d’une conscience 1. Les grands sentiments cachés 2. Les aspirations nouvelles 2. 3. 4. Le goût de vivre De l’accord avec soi-même à l’autorisation de soi Un nouvel ordre ouvert et dynamique Une re-spiritualisation de l’aventure humaine 4 5. ne harmonisation avec la nature 6. Une vie plus sensée, plus vraie et plus tendre . La révolution invisible de l’individualité Chapitre II. Le pouls d’une société 1. Inflation et disqualification sociale Il. Le potentiel subversif de l’inflation – Ses profondes secousses Ill. Un contrôle ne fait pas une politique IV. Des démarches possibles 2. Des jeux et des spectacles commercialisés . Quand le jeu sert une politique Il. Le spectacle omniprésent Ill. Assis devant la télé IV. Une force à se réapproprier 3.
Crise de l’espérance et 3 71 historiques Une philosophie de la vie Montréal : Les Éditions Leméac, 1977, 290 pp. Collection : À hauteur dhomme. 6 7 Présentation du livre Texte au verso du livre) Par-delà le chaos actuel de la pensée humaine, ce déséquilibre causé par l’ébranlement, la chute ou la perte des valeurs fondamentales de l’existence, les grandes questions de la vie restent posées sur le double plan de l’individu et de sa collectivité : individu exalté à l’Ouest capitaliste qui se cherche et tourne en rond, collectivité déifiée à l’Est qui se voit enferrée dans les forceps totalitaires.
Où va le monde, bien sûr, mais surtout que devient-il, qu’a-t-il fait de ses principes vitaux, vers quelle nouvelle ligne de peut-il s’orienter ? Qui mieux que Jacques Grand’Malson, animateur et penseur social de grande valeur, pouvait, par une réflexion critique éclairée et féconde, nous proposer des pistes d’action pour refaire les tissus de la vie quotidienne, remettre l’homme en perspective, lui redonner philosophie de la vie, sans let humain risque de 4 371 noyau sous l’amande Un art de vivre « Toute la vie pour s’amuser, toute la mort pour se reposer Le refrain de Moustaki ne cesse de tourner depuis un bon moment. ?ric et Marie veulent apprendre cette chanson qui semble correspondre ? leur goût de vivre. Mais le geste va plus loin. Ils ont vu tantôt l’air scandalisé du père et du grand-père qui entendaient, pour la premiere fois, le poète de la jeunesse décontractée. « Qui va faire et financer le vin de cette fête perpétuelle ? Nous cochons de payants et de travaillants », dit le père enragé. 9 L’aïeul, lui, est plutôt triste. « Moi, j’ai épargné toute ma vie, l’inflation fait fondre toutes mes économies comme neige au soleil.
Le gouvernement s’occupe de ceux qui n’ont pas mis un sou de côté. le sentiment d’avoir été trompé, volé… violé. Je me demande si jeunes n’ont pas compris très vite les vices de ce système de fou. Trois attitudes un peu cari sûr. Mais elles semblent DE 371 horizons politiques différents chez les trois générations en présence. Mais il y a ici quelque chose de plus profond : des philosophies et des expériences de vie qui précèdent les considérations de pouvoirs, de structures. ?videmment, en cours de conversation, tous les interlocuteurs feront le procès du gouvernement, les uns pour dire qu’on « n’est pas gouvernés » et les autres pour dénoncer l’ultime autorité oppressive. Cette référence devient vite le dénominateur commun des discussions à la table familiale comme à la télévision ou au travail. Le gouvernement, aux yeux de plusieurs, est l’âne de la fable… la peste. En amont, on se cache ses propres incuries, ses complicités Inavouées. En aval, on investit peu de soi-même pour changer les choses et créer des conditions nouvelles.
Parfois, avec bonne volonté, on souhaite des relations humaines de collaboration. Quant à changer les rapports sociaux injustes, c’est une tout autre affaire ! La majorité ne veut- elle pas conserver le vieux contrat social libéral ? Pourtant, tout indique qu’il faudra bien un jour réviser profondément nos façons individuelles et collectives de penser, d’agir et de vivre. Je me demande si les attitudes les plus vitales et les plus profondes face à la VIe sont l’objet d’une autocritique sérieuse.
Sans compter la distance énorme entre les discours tenus et ce qui détermine vraiment S 71 10 L’école de la vie, un vieux cliché oublié Est-ce illusion de ma part que de chercher à atteindre ce palier de vérité où l’on trouve le meilleur et le pire de l’homme, sa philosophie nue, sa démarche politique fondamentale. Il ne s’agit pas ici seulement de l’individu, mais aussi de son milieu quotidien, de sa classe sociale, de sa culture particulière. Je ne nie pas l’importance des cadres théoriques pour faire un tel travail. Mais mes préoccupations sont d’un autre ordre. Plutôt pédagogique.
Dans quelle mesure notre univers sophistiqué d’experts a fait de nous des « profanes » incertains, dépendants, indécis, analphabètes et impuissants dans la conduite de la vie ? Notre société a des équipements très complexes pour bâtir de gros projets. Après avoir construit les plus grosses églises d’Amérique, nous entreprenons plus gros stades, les plus gros aéroports, les plus gros barrages, plus grosses places publiques. Étrange paradoxe quand on songe ux difficultés d’administrer la menue monnaie quotidienne de la consommation, du travail, de l’éducation, de la famille. ? quoi bon si nous ne savons pas être heureux ! Vivre ensemble. avec un peu plus d’humanité. Je laisse les grands cadres 71 savants. Je voudrais bientôt vingt ans. JY ai trouvé une façon pédagogique très féconde de cueillir les riches leçons de la vie. Eh oui, je trouve toujours pertinent le vieux cliché : « l’école de la vie Des militants prolétaires qui n’ont souvent que cette école m’ont appris pareille démarche… et aussi une certaine sagesse que je n’avais rouvée au cours de mes longues études.
En relisant ces carnets d’observation quotidienne, je suis frappé par les faits et remarques qui portent sur la philosophie de la vie. Non 11 la philosophie des grands principes, mais plutôt ces manières particulières de vivre, de penser et d’agir autour d’une certaine attitude de fond face à la vie. Plus j’avance dans mes carnets, d’une année l’autre, plus les questions sont nombreuses, diversifiées et riches, et en même temps, plus les réponses sont incertaines, vagues. Tout se passe comme si l’évolution récente avait exacerbé la fonction critique.
Sur un fond toujours plus accusé de frustration, de méfiance. Je note une nostalgie croissante du passé et en même temps des allusions fréquentes à la crise. L’avenir effraie. Par-delà le proces des gouvernements, le problème scolaire et les conflits de travail occupent une place maie IIe des insatisfactions. 8 71 collectifs quotidiens et à la dislocation des rapports sociaux. On hésite, par exemple, à se marier, à mettre au monde un enfant. D’autres étouffent dans leurs engagements permanents. Partout c’est la relation courte, en amour, en amitié, en voisinage.
En dehors des ériodes de conflit, il existe peu de solidarité entre compagnons travail. On se lasse vite d’un job. Aurait-on calqué les rapports humains sur les rapports de choses dans la société de consommation ? Produits obsolescents, achats rapides à crédit, modes de plus plus courtes. Bref une vie à la course, hachée, émiettée. un débat public incohérent Mais attention aux jugements moraux rapides. On exigerait ici des individus une cohérence que la société n’a plus… une philosophie, pédagogie, une politique. Comment se définir un projet de vie dans une société chaotique et non finalisée ?
Les budgets privés sont ? l’image des budgets publics. e parlement, l’école, le milieu de travail, la famille, bref toutes les institutions sont dans une sorte d’entre- deux : l’expérience d’hier ressemble à un miroir brisé qui caricature auss bien le passé que le présent et les expériences nouvelles ne présentent 12 9 71 libérer, à affirmer. Après un regain de vie de cette identification autour d’un projet politique plus défini, des éléments progressifs et militants glissent soit dans l’indifférence, soit dans poursuite purement individualiste de leurs intérêts.
Chez les meilleurs, e défi apparait plus large et plus profond que le projet politique plus généreux ; il faut plus pour redéfinir la conscience et l’homme d’ici, les institutions et la société. Ils s’en prennent à ceux qui remettent à demain… après la prise de pouvoir, après l’instauration de nouvelles structures, certaines tâches aussi urgentes qu’essentielles. En effet, comment envisager et réaliser de grands sauts qualitatifs, si l’assise humaine continue de se disloquer ou de s’appauvrir. Bien sûr, la démarche politique peut avoir une force indéniable de motivation et de mobilisation.
Mais d’aucuns se demandent si elle evient pas magique, mythologique même, quand une majorité citoyens ne savent pas maîtriser les libertés qu’ils ont déjà, les terrains où ils pourraient exercer une authentique responsabilité. D’où l’importance d’une philosophie critique plus juste. On a tout autant la politique de sa philosophie que la philosophie de sa politique, tout autant la pratique de sa conscience que la conscience de sa position sociale. Loin de moi la tentation de minimiser l’importance des facteurs structurels. On regarde aussi la société à partir de sa position sociale. La conscience populaire ien avant l’émergence