Un H Ros Dans La Guerre

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Guillaume Apollinaire (1880-1918) Un héros dans la tragédie « J’ai tant aimé les Arts que je suis artilleur » écrivait-il, engagé volontaire dès 1914. Deux jours avant les signatures de l’armistice du 11 novembre 1918, s’éteignait à l’âge de 38 ans l’un des plus grands poètes du siècle : le célèbre Guillaume Apollinaire. Mais ce n’est ni l’éclat d’obus qu’il reçut à la tempe le 17 mars 1916 au Bois des Buttes (soit au pied du Chemin des Dames), ni sa trépanation du 9 mai suivant à la villa Molière, qui l’assassinèrent.

C’est en fait la foudroyante gr 9 novembre 1918, to 8 Elle fit ainsi plus de vi rn. _, Swip next page de guerre. Le sous-li fut loin d’être le seul ses blessures de guerre… Orta le soir du utres personnes. Grande Boucherie aris de Kostrowitzky grippe, affaibli par Le 13 novembre 1918 à paris, au père Lachaise, de nombreux amis artistes (dont Pablo Picasso, Max Jacob, Blaise Cendrars ou encore Ferdinand Léger) accompagnèrent une dernière fois cette personnalité de l’engagement et du risque en assistant à son enterrement au côté d’une foule désolée.

Avant 1914, Guillaume Apollinaire était un poète d’avant-garde mais également un critique d’art reconnu. Il comptait notamment armi les instigateurs de l’art cubiste et présenta par exemple George Braque à Pablo Picasso en 1907. to next page Au moment de la déclaration de guerre, Apollinaire, descendant d’une noble famille polonaise et né à Rome en 1880 n’était pas Français et ne pouvait donc pas intégrer l’armée. Il décida d’harceler les autorités pour obtenir la nationalité afin d’obtenir la nationalité française et s’engager sur le front pour combattre l’ennemi.

Dès la fin du mois de novembre 1914, il intégra le 38e régiment d’infanterie à Nîmes et l’année suivante, il fut promu sous- lieutenant au 96e régiment d’infanterie. Au front, Guillaume Apollinaire affronta directement la réalité de la guerre, l’omniprésence de la mort et les conditions Insupportables de survie telles que la faim, le froid, la boue, les rats ou la vermine… Ce quotidien d’attente et de cadavres n’a pas empêché l’artiste de continuer son œuvre.

Loin de l’écriture de la désillusion et du désenchantement ses Poèmes à Lou et ses Calligrammes, poèmes de la paix et de la guerre, s’inscrivent dans ce besoin de décrire la souffrance et de communiquer l’indicible, mais aussi de signifier et d’interroger l’horreur afin d’expliquer ourquoi ou comment ces hommes se sont battus et ont défendu leur engagement. Apollinaire à la première représentation des Mamelles de Tirésias en Juin 1917 Naissance en 1 880 à Rome 1901 : Premier amour Annie Playden, jeune gouvernante anglaise. 903 : Il tient une rubrique dans la revue d’art dramatique. 1907 : Il rencontre grâce à Picasso, Marie Laurencin . Il aura avec elle une liaison passionnée jusqu’en 1912. rencontre grâce à Picasso, Marie Laurencin . Il aura avec elle une liaison passionnée jusqu’en 1912. 1913 : Il s’installe Boulevard Saint-Germain, donne des conférences sur le cubisme. Parution du Volume d’Alcools 1914 : septembre, il tombe amoureux de Louise de Coligny- Chatillon surnommée Lou. écembre : départ à la guerre, il est affecté dans l’artillerie. POEMES A LOU… POEMES CHOISIS… Si je mourais là-bas… Si je mourais là-bas sur le front de l’armée Tu pleurerais un jour ô Lou ma bien-aimée Et puis mon souvenir s’éteindrait comme meurt un obus éclatant sur le front de l’armée Un bel obus semblable aux mimosas en fleur Et puis ce souvenir éclaté dans l’espace Couvrirait de mon sang le monde tout entier La mer les monts les vals et l’étoile qui passe

Les soleils merveilleux mûrissant dans l’espace Comme font les fruits d’or autour de Baratier Souvenir oublié vivant dans toutes choses Je rougirais le bout de tes jolis seins roses Je rougirais ta bouche et tes cheveux sanglants Tu ne vieillirais point toutes ces belles choses Rajeuniraient toujours pour leurs destins galants Le fatal giclement de mon sang sur le monde Donnerait au soleil plus de vive clarté Aux fleurs plus de couleur plus de vitesse à l’onde Un amour inouï descendrait sur le monde Camant serait plus fort dans ton corps écarté Lou si je meurs là-bas souvenir u’on oublie ?? Souviens-ren quelquef s de folie 3 OF instants de folie De jeunesse et d’amour et d’éclatante ardeur — Mon sang c’est la fontaine ardente du bonheur Et sois la plus heureuse étant la plus jolie Ô mon unique amour et ma grande folie 30 janvier 1915, Nîmes. J’écris tout seul… Mon cœur j’ai regardé longtemps ce soir Devant l’écluse L’étoile ô Lou qui fait mon désespoir Mais qui m’amuse Ô ma tristesse et mon ardeur Lou mon amour Les jours s’écoulent Les nuits s’en vont comme s’en va le jour Les nuits déroulent Le chapelet sacrilège des obus boches C’est le printemps

Et les oiseaux partout donnent leurs bamboches On est content On est content au bord de la rivière Dans la forêt On est content La mort règne sur terre Mais l’on est prêt On est prêt à mourir pour que tu vives Dans le bonheur Les obus ont brûlé les fleurs lascives Et cette fleur 4 OF feu de bols De temps en temps un obus se lamente Et quelquefois C’est le galop d’un cavalier qui passe Sur le chemin Parfois le cri sinistre de l’agace Monte Ma main Dans la nuit trace avec peine ces lignes Adieu mon cœur Je trace aussi mystiquement les signes Du Grand Bonheur O mon amour mystique ô Lou la vie Nous donnera La délectation inassouvie On connaîtra Un amour qui sera l’amour unique Je vois briller cette étoile mystique Dont la couleur Est de tes yeux la couleur ambigüe J’ai ton regard Et j’en ressens une blessure aigüe Adieu c’est tard Nos étoiles La trompette sonne et résonne, Sonne l’extinction des feux.

Mon pauvre cœur, ie te le l’Echo Tous les amours se réunissent Autour de mon petit Lou de Co L’inimaginable tendresse De ton regard parait aux cieux Mon lit ressemble à ta caresse Par la chaleur puisque tes yeux Au nom de Nice m’apparaissent La nuit s’écoule doucement Je vais enfin dormir tranquille Tes yeux qui veillent ton amant Sont-ce pas ma belle indocile Nos étoiles au firmament Extraits de Poèmes à Lou Vitam impendere amori « ma jeunesse abandonnée Comme une guirlande fanée Voici que s’en vient la saison Des regrets et de la raison » Au lac de tes yeux « Au lac de tes yeux très profond Mon pauvre cœur se noie et fond Là le défont Dans l’eau d’amour et de folie Souvenir et Mélancolie » Adieu « L’amour est libre il n’est jamais soumis au sort O Lou le mien est plus fo mort Buvons du marc Vrai qu’ au service de I • Autriche ( Patate et lard)

Le militaire est très peu riche Je m • en fous car I peut bien vivre d’ Espérance Même il en meurt Au doux service de la France Un Artilleur Mon âme à ta suite s • élance « ô mort mène-nous dans le bois Pour retrouver la rose morte Et le rossignol dans le bois Chante toujours comme autrefois » « Si tu voyais ce pays, ces trous à hommes, partout, partout ! On en a la nausée, les boyaux, les trous dobus, les débris de projectiles et les cimetières.  » « temps, souffre qu’en moi-même je retourne en arrière Dans les commencements de cette longue guerre Voici la mer et les palmiers Et cette grande place où tu la vis naguère Sous son grand canotier O temps, reviendra-t-il le temps où nos deux âmes Comme deux avions ennemis se rencontreront Pour l’idéal combat où mon Lou tu réclames La verge d’Aaron. ? peu riche Je m en fous car Roses guerrières Fête aux lanternes en acier Qu’il est charmant cet éclairage Feu d’artifice meurtrier Mais on s’amuse avec courage Deux fusants rose éclatement Comme deux seins que l’on dégrafe Tendent leurs bouts insolemment Il sut aimer Quelle épitaphe un poète dans la forêt Regarde avec indifférence Son revolver au cran d’arrêt Des roses mourir en silence Roses d’un parc abandonné Et qu’il cueillit à la fontaine Au bout du sentier détourné Où chaque soir il se promène Il songe aux roses de Sâdi Et soudain sa tête se penche Car une rose lui redit La molle courbe d’une hanche L’air est plein d’un terrible alcool Filtré des étoiles mi-closes Les obus pleurent dans le BOF cristal De cette douce pluie où s’apaise mon mal Et que les cieux sur nous font doucement descendre Le musicien de Saint-Merry « J’ai enfin le droit de saluer des êtres que je ne connais pas Ils passent devant moi et s’accumulent au loin

Tandis que tout ce que j’en vois m’est inconnu Et leur espoir n’est pas moins fort que le mien Je ne chante pas ce monde ni les autres astres Je chante toutes les possibilités de moi-même hors de ce monde et des astres Je chante le joie d’errer et le plaisir d’en mourir Le 21 du mois de mai 1913 Passeur des morts et les mordonnantes mériennes Des millions de mouches éventaient une splendeur Quand un homme sans yeux sans nez et sans oreilles Qu ttant le Sébasto entra dans la rue Aubry-le-Boucher Jeune l’homme était brun et de couleur de fraise sur les joues Homme Ah! Ariane I jouait de la flûte et la musique dirigeait ses pas Il s’arrêta au coin de la rue Saint-Martin Jouant l’air que je chante et que j’ai inventé Les femmes qui passaient s’arrêtaient près de lui Il en venait de toutes parts Lorsque tout à coup les cloches de Saint-Merry se mirent ? sonner Le musicien cessa de jouer et but à la fontaine Qui se trouve au coin de la rue Simon-Le-Franc Puis saint-Merry se tut Voici le soir À Saint-Merry c’est ‘Angélus qui sonne Cortèges ô cortèges C’est quand jadis le roi revenait de Vincennes Il vint une troupe de casquettiers Il vint des marchands de b de bananes

Il vint des soldats de la garde républicaine O nuit Troupeau de regards langoureux des femmes Toi ma douleur et mon attente vaine J’entends mourir le son d’une flûte lointaine » Guillaume Apollinaire, Ondes, Calligrammes 1 918 La fumée de la cantine La fumée de la cantine est comme la nuit qui vient Voix hautes ou graves le vin saigne partout Je tire ma pipe libre et fier parmi mes camarades Ils partiront avec moi pour les champs de bataille, Ils dormiront la nuit sous la pluie ou les étoiles Is galoperont avec moi portant en croupe des victoires Ils obéiront avec moi aux mêmes commandements Ils écouteront attentifs les sublimes fanfares Ils mourront près de moi et moi peut-être près d’eux Ils souffriront du froid et du soleil avec moi Ils sont des hommes ceux-ci qui boivent avec moi Ils obéissent avec moi aux lois de l’homme Ils regardent sur les routes les femmes qui passent Ils les désirent mais moi j’ai des plus hautes amours Qui règnent sur mon cœur mes sens et mon cerveau Et qui sont ma patrie, ma famille et mon espérance À moi soldat amoureux, soldat de la douce France Nîmes, jour de Noël 1914 La nuit d’avril 1915 LE ciel est étoilé par les 0 8