Truman
Truman Burbank. la trentaine « middle class vit une vie parfaite à Seaheaven : les couleurs, le climat, les gens, sa femme…. Tout est PARFAIT. Pourtant, à partir de la chute d’un Swip next page bjet insolite, le dout que cache l’apparent Le film est donc le ré spectateur a toujours assistons à la fin du 000 jours ! 2 : 10 Vrai-faux générique 6 ience de Truman : alors que le En « réalité nous pourtant depuis 10 Cristof Truman Meryl, femme de Truman Marlon, ami de Truman Cristof : « Truman ne fait pas semblant 02 13:40 Jour 1 matin Découverte des voisins et de l’environnement Incident du projecteur Solution de la production via la radio : accident d’un avion Arrivée au travail, découverte des aspirations de Truman Fidji, femme idéale Échec du passage en ferry : découverte de la remière journée, premiers Indices : cadrage spécifique caméra de surveillance, bruit de mise au point de la caméra, 3 publicités, « dialogue » avec la radio.. 3 : 40 13 : 50 1er changement de point de vue : les deux gardiens de parking 513 : 50 18:15 Jour 2 Kiosque (Journal : « Who needs Europe ? ) Réapparition du père. Échec des retrouvailles Explication rationnelle via la mère Recherche des souvenirs dans la malle, retour de la femme de Truman (4ème publicité : tondeuse) 2ème changement de point de vue : les serveuses du bar Point de vue du spectateur du T. S. téléviseur avec calendrier 10910ème jour) 2ème flash-back : l’histoire d’amour avortée avec Lauren, à deux doigts d’avouer la fiction mais explication rationnelle avec apparition du faux père de Lauren (maladie mentale et disparition par départ aux Fidji) retour aux serveuses retour au « présent » du T. S. : la double photo recto/verso (la vraie et la fausse réalité ? ) 3ème changement de point de vue : Lauren/Sylvia spectatrice du T.
S. 28 : 20 37 Jour 3 Problème technique dans la voiture de Truman : interférence radio, découverte par le spectateur de la caméra embarquée Explication rationnelle : interférence avec radio de la police Début u « doute trumanien » 1ère rupture de « réalité » : découverte du décor dialogue avec Marlon : parano de Truman soir Dialogue avec Marlon : la VIe, une manipulation ?
L’image à la rescousse de la production (mais indices : Mont Rushmore trop petit, doigts croisés lors du maria e Cinéclub : « on peut voyager en restant chez soi » 3E peut voyager en restant chez soi » 37:40 67 : 05 Jour 4 Début de la « découverte » par Truman : hôpital, agence de voyage, bus Blocages : pas de place d’avion, bus en panne 4ème changement de point de vue : retour au « Truman bar » Fin de journée
Tentative de fuite avortée par blocage circulation, puis par l’eau et le feu : Truman passe outre Solution : accident nucléaire – indice : le « mot » de trop – et retour à la maison, 5ème publicité : le cacao) Crise du couple, femme de Truman à deux doigts de craquer : « faîtes quelque chose ! » Retour à la normale grâce à l’intervention de Marlon 55 : 10 Changement de point de vue : studio de Cristof « Retour » du père, découverte totale du processus fictionnel Bande-annonce du T.
S. Interview Cristof : éclaircissements sur les derniers points obscurs (historique des intrusions, récupération cenaristique du retour paternel, confrontation avec Sylvia/ Lauren) Plans symboliques du toucher de l’image par Cristof Jour 5 6 92 : oo Apparent retour à la normale Apparition de Vivian, nouveau « virage » scénaristique prévu (6ème et 7ème publicités) Tout au long de cette partie, changements rapides de points de vue : spectateurs du T.
S. , production, Truman, Lauren.. 2ème rupture : ruse de Truman : pour la 1ère fois, la production ne le contrôle plus Traque très rs » de Truman Rupture : contrôle de la météo contre volonté Limite : la mort possible de Truman. Cristof abandonne. Truman crève l’écran et sort par la petite porte. Dernier clin d’œil au spectateur après dialogue final avec Cristof Dernier plan : gardiens de parking : « On change ? Où est le programme ? Vrai générique 3) réflexions et pistes d’analyse et d’utilisations pédagogiques 1) Genèse du film À partir de cet exemple, il est donc facile de montrer aux élèves que le processus de création cinématographique est complexe, collectif, et dépendant de logiques à la fois artistiques (la spécificité de chaque créateur) et économiques (la nécessité de entabiliser un film somme toute assez coûteux bien que privé, par souci artistique, d’effets spéciaux spectaculaires) 2) références et mises en abîme The Truman Show est truffé de références et de clins d’œil au spectateur, pour peu qu’il y prête un peu d’attention . le choix des mots Commençons par le personnage principal: Truman (True-Man, l’homme vrai) Burbank (nom du lieu des Studios Disney). Il concentre donc par son identité la contradiction entre réalité et illusion. Est-il réel en dehors de son rôle fictionnel… ou son rôle inconscient constitue- t-il la réalité de Truman ? Continuons avec Cristof (le porteur du Christ). On notera d’abord qu’il est le seul sans patronyme, comme s’il était en dehors du monde des hommes (Osiris, Yahvé ou Allah n’ont pas d’autre élément d’identité l).
Il « porte » donc Truman, sorte de démiurge céleste (voir sa position dans le dôme) omnipotent commandant aux hommes, aux machines et même aux éléments (soleil, vent, et surtout foudre, s 4 3E omnipotent commandant aux hommes, aux machines et même aux éléments (soleil, vent, et surtout foudre, symbole ô combien divin) Le lieu, par définition unique, c’est Seahaven, le «havre », donc le efuge, le havre de mer et de paix : inutile de s’appesantir plus sur le choix du terme.
Enfin, le nom du bateau qui permet à Truman de « sortir du havre » : Santa Maria, comme le navire amiral de Christophe (l) Colomb, qui, lui aussi explore et découvre la réalité du monde. – Les références : on s’en doute, elles sont avant tout cinématographiques et picturales. À Seahaven, il existe une« Bogart Avenue et l’entréedu lotissement deTruman (portail monumental avec la devise «un pour tous, tous pour un») fait automatiquement penser à l’entrée des studios hollywoodiens et à la devise de M. G. M. ( « Ars Gratia Artis Les vêtements, les décors – en grande partie naturels, rappelons-le ! font référence aux sitcom mièvres produits à la chaîne par les studios americains et européens. Mais d’un autre côté, l’accumulation de ces signes vestimentaires et architecturaux, par les choix de mise en scène qu’on verra plus loin, « tire » l’image vers quelque chose de plus inquiétant. On peut penser à la série Le prisonnier, au début d’ Edward aux mains d’argent de Tim Burton, voire aux films fantastiques ou d’horreur critiques de la société américaine (cf. Joe Dante par exemple). Mais on peut y voir aussi une allusion directe aux «bunkervilles » développées aux E. U. surtout en Californie et en Floride (tiens donc l), sortes de lotissements hyperprotégés et quasi autarciques pour riches. Ne rigolez pas, ils commencent s E lotissements hyperprotégés et quasi autarciques pour riches. Ne rigolez pas, ils commencent à s’implanter en France. L’utilisation de la lumière crue et des couleurs vives fait évidemment référence à l’esthétique publicitaire ou sitcom, mais P. Weir cite une influence plus originale et plus profonde : les ableaux de Norman Rockwell, où l’hyperréalisme confine parfois au malaise, tempéré il est vrai par une bonne dose d’humour. omme dans le film. – les mises en abime : il y a de quoi devenir parfois schizophrène ! p. Weir indique par exemple qu’il s’adressait toujours avec déférence à Ed Harris, le Cristof « designé » par des couturiers japonais. Prenons les acteurs du film : ils (elles) jouent le rôle d’acteurs (d’actrices) jouant des personnages réels aux yeux de Truman, voire des spectateurs peu attentifs. Pour accroître cette complexité, le réalisateur a demandé aux « vrais » acteurs d’inventer le passé de leurs personnages et les conditions de leur engagement dans le Truman Show.
Ainsi, l’actrice jouant Méryl, la femme de Truman, s’est-elle inventé un contrat portant, entre autres, sur le sexe (invisible à l’écran, on en reparlera). Allons plus loin avec le décor et ses «habltants » : p. Weir indique que les habitants de la ville de Seaside ont été engagés comme figurants du film. Donc de vrais habitants d’une vraie ville jouant de faux habitants, mais de (O. ‘rais » acteurs dans la fiction, et dans un décor faux de fiction… qui est pourtant vrai (vous suivez toujours
On a donc sur ce point une mine quasi inépuisable avec les élèves sur les rapports fiction/réalité bien sûr, mais aussi s 6 E quasi inépuisable avec les élèves sur les rapports fiction/réalité bien sûr, mais aussi sur leur mélange complexe à l’intérieur même de la fiction globale constituée par le film. Les rapports possibles avec le théâtre, la littérature ou les manipulations des images fixes ou animées sont évidents. un dernier exemple pour finir :Truman regarde une« fausse » télévision (aprèsavoir écouté une «fausse » radio) qui diffuse le film Show me the wayto go home (VF .
Le chemin qui ramène chez soi) datant de 1932, hymne à l’Amérique rurale et communautaire. Peter Weir avait pensé à les a beautiful life (VF • La vie est belle) de Franck Capra. Il n’a pas voulu complexifierson propos,et c’est bien dommage :quandon connaîtl’ambiguité presqu’inconsciente du film, on se dit que cette mise en abîme supplémentaire – pour ceux qui n’ont pas vu le film, rappelons qu’il montre ce que pourrait être la réalité si une force supérieure (ici divine) infléchissait à un moment la réalité, pour en créer une autre, qui restera (happy end) virtuelle, car trop tragique – on se dit que p.
Weir n’a pas été loin d’une création beaucoup plus dérangeante encore que le produit final. Mais là encore, Hollywood… 3) mise en scène… de la mse en scène Continuons donc dans la schizophrénie : le pari de The Truman Show est de donner à voir au spectateur de cinéma à la fois celui qui est filmé (mais qui ne le sait pas), celui qui est filmé (mais qui le sait), celui qui filme et produit et ceux qui regardent le show (le public mondial).
Rajoutons-en une couche supplémentaire : le spectateur du film, qui n’est pas filmé bien sûr, devient une couche supplémentaire : le spectateur du film, qui n’est pas ilmé bien sûr, devient lui aussi de fait un spectateur de show, plus ou moins averti dans la première partie du film (on l’a vu, la révélation totale intervient au bout d’une heure de film) et totalement impliqué dans la séquence finale. Comment Peter Weir arrive-t-il à organiser et à concilier ces différents points de Vue ?
D’abord par un récit fondamentalementsimple et linéaire . l’alternance jour/nuit, Palternance rupture-prise de conscience avec la réponse rationnelle de la production (exemple : le projecteur perdu par l’avion), l’utilisation des flash back pour épondre aux questions posées par les spectateurs, elles-mêmes générées par les indices distillés régulièrement… bref, tout concourt à la prise en charge totale et progressive du spectateur par le scénario.
Le « système » culmine à la fin, où la différence spectateur du film/spectateur du show n’existe plus : tous poussent un soupir de soulagement à la victoire finale de Truman. Néanmoins, cette norme du récit n’empêche pas les déviances qui complexifient le propos : par l’exemple, le choix de cadrages type caméra de surveillance (les coins arrondis du cadre) alternés vec des plans « normaux » (par exemple, lors du premier dialogue entre Truman et sa mère) ou le symbolisme complexe de la photo recto-verso des deux femmes (la deuxième fruit d’un montage! de Truman: celui-ci s’est donc construit une fiction de femme… pour mieux rejoindre sa réalité… mais qui est prise en charge, récupérée par le show. En clair, le statut des images du Truman Show n’est pas toujours très clair récupérée par le show. En clair, le statut des images du Truman Show n’est pas toujours très clair : le spectateur du show voit- il tout ce que voit le spectateur de cinéma ? L e réalisateur nstalle d’ailleurs ce doute en montrant que lors de la panique qui s’installe après la découverte de la fuite de Truman… e spectateur du show, lui, ne voit qu’une mire ! 9 Enfin, le choix de Jim Carrey s’est avéré pour le moins judicieux : ses mimiques sont rares et utilisées à bon escient (le plan final, ou les plans dans la glace) et sa caractérisation à la fois infantile (vêtements, couleurs, qui permettent au critique de Télérama de le situer entre Oui-Oui et Forrest Gump) et terriblement lucide au fur et à mesure de sa prise de conscience permet une grande crédibilité du personnage.
On imagine alors la difficulté de la rupture avec son monde, qui peut s’avérer très dangereuse : symboliquement, lors de sa tentative de fuite en voiture, il n’attache pas sa ceinture ; etàl’inverse, ils’attacheàson bateau, seule possibilité de fuite. Film « diabolique » (dixit Télérama, on ne se refait pas! ) donc ? La réponse est, une fois de plus, complexe. personnage de Cristof (joué par un génial Ed Harris, dont la carrière devient de plus en plus intéressante) donne peut-être la meilleure clef : on pourra objecter au critique depositifqu’il n’est peut-être pas « le mauvais génie archétypal Certes, il est abillé de noir lors de son travail, mais un plan superbe le montre sans son costume, avec une serviette, touchant quasi amoureusement l’image de sa créature – son fils (d’ailleurs adopté officiellement par la prod adopté officiellement par la production, dixit la bande-annonce du Truman show).
Docteur Frankenstein des médias, il veut le bonheur parfait de son fils et des spectateurs. II ne refuse pas la contradiction (il dialogue en direct avec Lauren/ Sylvia), mais persiste à penser que «c’est le monde dans lequel vous vivez qui est monstrueux. Seaheaven, c’est le monde tel qu’il devait être ». On imagine tout ce qu’on peut tirer avec les élèves sur ce point. un cinéaste nous force par sa mise en scène à vous poser la question du choix entre sécurité, liberté, et illusions du monde réel.
Le monde tel qu’il est, ou tel qu’il devrait être ? Vaste programme, source d’inspiration artistique depuis l’Antiquité. 4) Un film visionnaire Visionnaire, dans les deux sens du terme : il offre une vision, un point de vue sur la télé- réalité et la société; mais aussi prémonitoire: c’est déjà un «vieux»film pour les élèves (pensez- donc : 6 ans sorti à une époque où la télé-réalité était encore n gestation en France. Star Story, Loft Academy, le chantier de Koh-Lanta, Ille de mon choix, le pensionnat de la tentation…