theories geopolitiques

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es théories géopolitiques Traité de Relations internationales (I) Pouvoirs comparés Collection dirigée par Michel Bergès Professeur de Science politique à l’Université Montesquieu de Bordeaux NATHALIE BLANC-NOÉL (sous la direction de) La Baltique. une nouvelle région en Europe David CUMIN et Jean-Paul JOUBERT e Japon, puissance nucléaire ? Swape View next page Dmitri Georges LAVR La République décen Michel Louis MARTIN Les Militaires et le re constanze VILLAR Le Discours diplomatique Gérard DIJSSOIJY 96 aucons, colombes ? Les théories géopolitiques.

Traité de relations internationales (l) Gérard Dussouy Les théories géopolitiques « La vérité est le nom que nous donnons à tout ce qui se révèle avantageux au regard de nos croyances, pour des raisons définies et assignables William James ou de la cohérence . . 32 Les six paradigmes occidentaux des relations internationales : grotien, hobbésien, lockéen-smithien, kantien, marxiste, pragmatiste-constructiviste .. 39 Le paradigme grotien : le droit international et l’équilibre des puissances . 41 Le paradigme hobbésien et la géopolitique . 67 classique . 4 Le paradigme kantien : le libéralisme idéaliste . . . 47 Le paradigme hobbésien et le réalisme e paradigme lockéen-smithien : libéralisme pragmatique et transnationalisme 53 Le paradigme marxiste ou néo- marxiste . . 56 Le paradigme constructiviste entre le néo-kantisme habermasien et le pragmatisme . 58 HERMÉNEUTIQUE ET INTERPARADIGMITE . Le cercle herméneutique 69 Interparadigmité, réflexivité et contextualisme . . . 71 SYSTEME INTERNATIONAL. SOCIETE INTERNATIONALE, SYSTEME MONDIAL, SOCIÉTÉ MONDIALE, EMPIRE : QUEL ORDRE MONDIAL ? .75 CHistoire du monde : une succession d’empires ? 78 Les types d’empires et le cycle des randes puissances . .7 96 Cexceptionnalité européenne : la sucession des trois ordres . . 82 Un empire ou un système américain ? 6 . . 86 LES THÉORIES GÉOPOLITIQUES un monde sans ennemis ? . 90 La contingence de la culture de paix . Globalisation et changement du monde l’hypothèse de la société mondiale 93 Quel objet d’étude : relations internationales ou système mondial ? 100 PREMIÈRE PARTIE ÉPISTÉMOLOGIE DE LA GÉOPOLITIQUE LA RIVALITÉ A L’ORIGINE DE LA CEOPOLITIQUE AUX ORIGINES DE LA GÉOPOLITIQUE : LA RELATION ENTRE L’HISTOIRE ET L’ESPACE. .. 115 Frédéric Ratzel et la « découverte » de l’espace omme ressort de l’histoire A. T. Mahan, théoricien de l’hégémonisme naval . 126 LA PENSÉE DE MACKINDER PRÉCÈDE LA GÉOSTRATÉGIE .. 117 GLOBALE. . . . 134 ‘inquiétude de Mackinde annique . 3 496 La mise en scène mondiale de la lutte des impérialismes . 162 La géopolitique classique allemande et la politique extérieure de Hitler . . La mythologie de l’espace et le rejet étranger de la géopolitique classique allemande CONCLUSION . 175 Terre-mer : l’antinomie fondatrice de la géopolitique . 76 Cespace mondial et son partage . 177 Sommaire 7 LES ITINÉRAIRES DE LA GÉOPOLITIQUE LA GEOPOLITIQUE NORD-AMERICAINE DE LA GUERRE FROIDE À NOS JOURS . 185 La réinterprétation de Mackinder par Spykman : la priorité au Rimland . 187 La controverse entre « spykmaniens » et « mahanistes » .. 189 Les États-Unis triomphants face à l’Eurasie 195 La géostratégie américaine au XXIe siècle « néo-mahanisme cosmique » et nouvel unilatéralisme . 201 LES TRANSFERTS DE LA G 4 496 l’Allemagne . … 149 . . . … 165 . 68 géopolitique obsessionnelle latino-américaine 210 Une géopolitique opérationnelle : le cas du Brésil contemporain . 212 Le Mercosur, un nouveau départ ? . 217 LA NOUVELLE GÉOGRAPHIE POLITIQUE AMÉRICAINE . UNE SCIENCE SOCIALE PLUS QU’UNE . .. 240 DOCTRINE _ . *219 L’approche géohistorique de Derwent Whittlesey 220 rapproche fonctionnelle. . 221 L’apport du béhaviorisme à la géopolitique . la reconnaissance du rôle primordial des représentations .. 224 La géographie politique systématique du territoire et de l’État 227 Le territoire national : formes, dimensions, situation .

L’espace maritime 230 . . 227 Nations et ethnies : la question récurrente de Fidentité culturelle . 232 Modélisation et analyse quantitative en relations internationales (QIR) .. 38 LA NOUVELLE GÉOPOLITIQUE FRANÇAISE . La géopolitique et les militaires : de la « géostratégie insulaire » à la « géopolitique-géostratégie complexe » du général Poirier . 240 La géopolitique de la Nation d’Yves Lacoste . . 246 S 96 LA GEOSOPHIE RUSSE : UNE CEOPOLITIQUE IMPLICITE D’ESSENCE CULTURELLE. . . 56 Cinteraction entre la pensée et l’espace politique russes au XIXe siècle 258 L’eurasisme : de « l’entre deux mondes » au « nouveau monde » 264 Une problématique de nouveau actuelle la Russie définitivement européenne ? 267 L’EMBLÉMA IQIJE GÉOPOLITIQUE SÉCULAIRE DE LA CHINE 272 Les linéaments géopolitiques de la vision maoÉte du monde 274 La mise en sommeil des objectifs géopolitiques et des revendications territoriales en raison de la priorité donnée au développement 279 Les nouvelles préoccupations géostratégiques de la Chine depuis le 11 septembre 2001 . 85 ES « CERCLES DES ÉTATS » DANS LA GÉOPOLITIQUE HINDOUE . . 286 Les contraintes géostratégiques du « grand cercle » . . . 288 Durcissement ou fin de la polarisation régionale ? . 290 LE MONDE MUSULMAN : LES VISIONS GEOPOLITIQUES ARABES ET TURQUES 291 La Omma al Islamiyya : géocentrisme religieux et 292 Les visions géopolitiques arabes 294 es visions géopolitiques 6 96 NDICATIONS BIBLIOGRAPHIQUES . 03 CHAPITRE INTRODUCTIF LES ENJEUX EPISTEMOLOGIQUES DIJ SYSTÈME MONDIAL Tout récit a une couleur, comme toute théorie a un horizon qui les situent tous les deux et qui précisent a priori leurs limites dues à la subjectivité de leur auteur. En effet, aucun penseur ne possédant la connaissance objective et parfaite du monde sur lequel il s’interroge, se pose d’emblée le « problème des préjugés » analysé en profondeur par Hans Georg Gadamer 1, lequel est inhérent à toutes les visions du monde et à tous les aradigmes afférents.

Dans la lignée de l’épistémologie allemande fin du XIXe siècle et du début du XXe, et plus précisément de son courant herméneutique, qui depuis Wilhem Dilthey considère que les productions de la pensée humaine sont liées aux circonstances historiques et à l’expérience vécue 2, Gadamer pense que le problème en question se subdivise de la façon qui suit. En premier lieu, il se trouve que toute compréhension relève précisément du préjugé, c’est-à-dire d’une pré-opinion qui résiste ou non à l’épreuve des faits.

Le philosophe allemand stime que les penseurs des Lumières ont commis l’erreur de déprécier systématiquement le préjugé, et de croire qu’euxmêmes lui échapperaient. Une opinion assez partagée par Hannah Arendt qui faisait remarquer que les Grecs « découvrirent que le monde que nous avons en commun est habituellement considéré d’un nombre infini de situations différentes, auxquelles correspondent les points de vue les plus divers » 3.

En tout cas, affirme Gadamer, parce que l’homme appartient ? l’histoire et parce qu’avant de connaître le passé il comprend de 10 96 qu’avant de connaitre le passé il comprend de LES THEORIES GEOPOLITIQUES manière spontanée le milieu dans lequel il vit, « les préjugés de l’individu, bien plus que ses jugements constituent la réalité historique de son être » 4. En second lieu, et c’est le plus important, tout théoricien, comme tout acteur, est impliqué dans situation, c’est-à-dire dans un lieu où il se tient et qui limite les possibilités de sa vision.

En découle le concept d’« horizon » que Gadamer définit comme « le champ de vision qui comprend et inclut tout ce que l’on peut voir d’un point précis » 5. Cette limite concerne naturellement l’observateur de la vie nternationale dont la vision du monde qui lui aura été le plus souvent inculquée 6 est nécessairement située. Tout autant, elle frappe la philosophie dont le principe de raison, expliquent Gilles Deleuze et Félix Guattari, est un principe de raison contingente car « il n’y a de bonne raison que contingente, il n’y a d’histoire universelle que de la contingence » 7.

Elle atteint aussi les sciences de la nature elles-mêmes puisque, à nouveau selon Hannah Arendt qui fait écho à Werner Heisenberg, « fhomme, chaque fois qu’il essaie de s’instruire sur des choses qui ne sont pas lui-même et ne lui doivent pas non plus leur xistence, ne rencontre finalement que lui-même, ses propres constructions, et les modèles de ses propres actions » 8. Il faut donc en convenir avec le politologue américain Robert W.

Cox qui se reconnaît une obédience marxiste-gramscienne étrangère aux herméneuticiens : « Une théorie est toujours pour quelqu’un et pour quelque chose. Toutes les théories ont une perspective. Les perspectives dérivent d’une position dans le temps et dans l’espace, particul 8 96 perspective. Les perspectives dérivent d’une position dans le temps et dans l’espace, particulièrement dans le temps et l’espace politiques et sociaux. nde est perçu d’un point de vue définissable en termes de nation ou de classe sociale, de domination ou de subordination, de puissance montante ou déclinante, d’immobilité ou de crise, d’expérience vécue et d’espoirs et d’attentes pour le futur 9. » Au bout du compte, tout regard sur le monde est ethnocentrique, voire égocentrique en raison de la poussée de l’individualisme et de la crise concomitante des nations. En effet, les technologies récentes et les sortes de prothèses qu’elles procurent à l’individu créent chez lui l’illusion de fautonomie et de la connaissance spontanée.

Bien entendu, si toute prétention ? ‘uni- Chapitre introductif 11 versel est un ethnocentrisme hypertrophié, comme l’a soutenu Tzevan Todorov pour l’ensemble des grands penseurs français 10, alors, il conviendrait de faire le tour des pensées politiques occidentales et non-occidentales pour embrasser toutes les visions du monde. Toutefois, en matière de relations internationales, les théories sont plutôt rares et presque toujours d’origine angloaméricaine. Cela réduit le spectre et le teinte d’occidentalisme.

Le souci de corriger ce regrettable défaut explique que les politologues redécouvrent ces derniers temps les cultures nationales et les ivilisations. C’est que la connaissance de « l’esprit des nations » 11, en ce qu’il in -ons des acteurs, REPRESENTATIONS, THEORIES ET IMAGES EN RELATIONS INTERNATIONALES Il se trouve, remarque l’économiste et philosophe américain Thomas Sowell, que toutes les visions, qu’elles se prétendent universalistes ou non, se partagent d’abord sur la question de la nature humaine.

Parmi d’autres, cet auteur s’est efforcé de montrer comment, depuis le XVIIIe siècle, un clivage fondamental sépare sur ce point la pensée occidentale entre d’un côté, une conception contraignante, c’est-à-dire tragique ou pessimiste, et e l’autre, ouverte, c’est-à-dire utopique ou optimiste 12.

Or, précise Sowell, c’est de ces deux visions avant tout instinctives de l’homme que dérivent les paradigmes qui persistent à travers les siècles dans les sciences politiques, économiques et sociales ; sachant qu’il perçoit ces derniers comme des systématisations des variantes, nuancées ou extrêmes, de chacune des deux visions opposées 13. Avant de revenir très vite sur ce point essentiel, il convient d’apporter quelques premiers éclaircissements à des notions pas toujours très aisées ? distinguer dans le langage des différents auteurs.

Selon Sowell, la vision est la « matière première » à partir de laquelle les théories sont construites et les hypothèses déduites, étant donné que dans les sciences sociales l’évidence ne va pas 12 ES THÉORIES GÉOPO TIQUES de soi. De son côté, au terme d’une réflexion consacrée ? l’application au domaine des relations internationales du concept de « paradigme tel que l’a réhabilité Thomas Kuhn (soit le cadre de raisonnement général qui conditionne, à un moment donné, ce qu’il appelle une science « normale » 14), John Vasquez le définit comme l’ensemble des résom tians fondamentales que les chercheurs cultivent s