systèmes politiques
POLITIQUE D’AUJOURD’HUI LE CONCEPT DE SYSTEME POLITIQUE JEAN- OUIS VULLIERME ISBN 2 13 042232 2 @ Presses Universitaires de France, 1989 À Francis Lafosse, et à mes Parents. Sommaire Peut-être, il sembler cherchent la brièveté l’œuvre ne peut être du sujet, qui est pres or 1108 es. g à ceux qui nt trop court, car petit pour la dignité ace. J. BODIN, Les Six livres de la R publique, pr AVERTISSEMENT INTRODUCTION GENERALE Première Partie LES NOTIONS DE « SYSTÈME » ET DE « POLITIQUE 39 INTRODUCTION . 1 A – La notion de « concept » et le concept de « système E – De la communauté autonome au système 149 4. La seconde science des systèmes et la théorie de Ni la société . 128 C – La communauté autonome, domaine du politique 245 135 D – La communauté : archéologie de la notion 139 l’autonomie…….. . Deuxième partie 159 COMPOSITION DU CONCEPT DE « SYSTEME POLITIQUE 197 199 section l. – PRINCIPES D’ORGANISATION DU SYSTÈME POLITIQUE 1. L’interaction spéculaire . . 221 2. Appendice au chapitre premier : Spécularité, vérité et 3.
Systèmes et régimes politiques.. section II. – LE DOMAINE DU POLITIQUE 4. Jadis et demain . l’ordre du Sacré.. • • • • • • • • • 5. Juridiction et régulation : l’ordre du Droit 6. e politique et l’économique A – De l’a Oikonomie » à l’économie 325 295 305 . 343 politique… 343 B – L’économique dans le 108 politique.. Troisième partie TAXINOMIE ET MORPHOGENÈSES.. 425 politique…. systèmes 490 éclipses 366 7. L’organisation stratégique du système 405 423 Section l. – MORPHOLOGIE DES SYSTÈMES 1 .
Les métasystèmes politiques et leurs transitions de phases……. 2. Les dimensions du système .. A L’identité des 441 455 B – L’identification des doctrines politiques. 461 C – Critères d’identification des doctrines et des 469 Section II. – MORPHOLOGIE DES RÉGIMES 3. Régimes extraordlnaires 477 A – Les deux degrés de la tyrannie.. B – Les trois degrés de la dictature.. . 480 C – La pérennisation des tyrannies et la question des révolutions D – Régimes ? 498 4. Régimes oligo- démocratiques 501 5.
Régimes oligo-monarc PAGF 3 108 Régimes oligo- monarchiques . 517 section III. – MORPHOGENESES 6. Du concept ? l’Histoire 529 A – L’aléatique.. B – Morphogenèses spéculaires – L’« idéologie 535 C – Morphogenèses spéculaires – L’exemple de 544 CONCLUSION.. 555 Qui ne connaît le sens des mots, ne peut connaître les hommes. CONFUCIUS, Entretiens familiers, xx. 3, trad. P. Ryckmans, Paris, 1987. AVERTISSEMEN L’époque est révolue, dit-on, où l’on pouvait s’adresser à 1’« honnête homme », car l’espèce en aurait disparu.
Voici que nous serions tous devenus des spécialistes, unanimes partisans d ‘une sorte de protectionnisme mental, incapables d’embrasser dans notre culture la diversité de ce temps. Or, SI la chose était entièrement vraie, elle aurait sur la pensée politique, pour ne mentionner qu’elle, des effets désastreux puisque l’an sait depuis les Anciens u’elle mobilise par nature l’ensemble des autres do tour assez étrange, PAGF 108 plaidoyer « physiocratique C’est aux frontières u’il entend se placer, pour y mener sa contrebande.
Il se destine donc sinon ? 1’« honnête homme ce qui pourrait en l’occurrence sembler impertinent, du moins à la pluralité des spécialistes qu’il invite à une réflexion commune. Pour le reste, et bien qu’il tire son origine d’une recherche universitaire, l’ouvrage est libéré de tout appareil académique. On n’y trouvera aucune bibliographie générale, mais des références réduites et présentées sous forme simplifiée. un bon texte, dit un excellent auteur, ne comporte aucun nom propre.
L’important n’est pas, en effet, de commenter les commentateurs, mais de s’aider de leur oncours pour approfondir la compréhension de la réalité. ‘avoue cependant avoi manqué de force pour respecter toujours ce contraignant principe, et prie le lecteur de bien vouloir me le pardonner. Remerciements Il ne conviendrait guère de commencer mon propos sans reconnaitre au préalable quelques unes des nombreuses dettes personnelles contractées à l’occasion de cet ouvrage.
C’est à Maurice Duverger que je souhaite exprimer en premier lieu ma profonde gratitude. Le soutien sans défaillance qu’il m’a manifesté pendant les quelque dix ans de ma recherche, comme la générosité intellectuelle qui lui st coutumière, m’ont permis de travailler avec une liberté peu ordinaire dans le cadre du Centre d’Analyse comparative de itiques de Paris I, où fai appris en philosophie du droit, mais encore une entente particulièrement étroite dans la constante collaboration qui a entouré ma réflexion.
Le Séminaire de pans Il, haut lieu de la pensée juridique en France, qu’il animait avec le Doyen Batiffol puis François Terré, fut l’enceinte de rencontres exceptionnellement stimulantes dont le texte qui suit a gardé plus d’une trace. Raymond Aron, qui fut mon premier directeur de thèse, a disparu trop tôt pour e guider hors de toutes les chausse-trappes qui m’attendaient le long du parcours.
Mais il a pu m’éviter les premières, sur le thème, qui lui tenait ? cœur, des rapports entre le politique et la technique. Alain Lancelot est intervenu en deux circonstances difficiles. L’encouragement qu’il m’a alors prodigué à poursuivre dans des voies qui n’étaient pas les siennes, a été décisif. Le général Poirier, a bien voulu sanctionner de son autorité le chapitre sur la stratégie. Ses conseils et l’étendue de sa culture m’ont été d’une aide tout à fait précieuse.
Mes premiers pas en systémique ont été orientés par Jean-Louis Le Maigne. Audelà de lui, ma reconnaissance s’étend à l’ensemble de mes collègues du Collège de Systémique de l’Afcet. Grâce à eux, ingénieurs, biologistes, physiciens, mathématiciens, économistes un véritable dialogue transdisciplinaire a pu avoir lieu, en l’absence duquel certaines des thèses avancées Ici n’auraient pas été étayées. JeanPierre Dupuy fut un interlocuteur de choix.
Ses travaux, et ceux de son équipe du CREA de l’École polytechnique, ont représenté une source essentielle de mes recherches Corneille Castoriadis et Edgar Morin m’ont également f esse de leur pensée PAGF 6 108 ?galement fourni, par la richesse de leur pensée respective et la chaleur de leur commune amitié, un environnement propice au gai savoir, quoique dangereusement favorable aux tentations encyclopédiques… Marcel Roncayolo et Lionel Zinsou-Derlin à la rue d’Ulm, Claude Emeri etJacques Lagroye à la Sorbonne, m’ont confié la responsabilité des enseignements grâce auxquels les idées exposées plus loin ont trouvé leur premier auditoire. L’accueil reçu de mes étudiants, leurs interrogatlons, leur intérêt, mais aussi leurs critiques, m’ont donné le courage d’approfondir sans relâche, et rappelé ? ‘exigence d’employer la langue la plus taire dont j’étais du moins capable.
André Bercoff, Jean-François Prévost, René Sève, et Dominique TerréFornacciari, ont accompagné leurs relectures de remarques extrêmement pertinentes dont je me suis toujours efforcé de tenir compte. Je regrette qu’il ait été trop tard, en revanche, pour faire bénéficier l’essai des observations de Marcel Merle sur la question des relations internationales, et de Jean Leca sur l’histoire de la science politique. Mais le débat auquel elles donnent matière ne sera pas éludé dans les prolongements à venir. ?? des titres divers, par leur aide directe ou leurs conseils, Laurent CohenTanugi, Dominique Colas, Marc Fornacclari, Michel Prigent, Stéphane Rials et Viviane Minne-Sève, ont contribué ? l’achèvement ou à la pa ution du livre. Sans Frédérika ver Hulst, qui a assumé seule la charge de saisir et corriger (combien de fois l) le ma le n’aurais pas su avec PAGF 1108 pénible tâche. Les Presses Universitaires de France, Arlette Chancrin, et Pierre-Albert Hue ont aussi mis leur perfectionnisme au service dun texte dont les ultimes défauts de présentations sont entierement imputables à l’auteur.
Je n’oublie pas enfin que le CNRS m’a fourni pendant six ans les conditions matérielles de ce travail. Nos chemins quelquefois diffèrent, mais le but n’est-il pas le même, après tout ? Mon principal remerciement va néanmoins au lecteur, pour l’attention qu’il voudra bien m’octroyer. Si Rousseau lui-même s’estimait incapable de se faire comprendre sans elle, que pourrais-je espérer si elle vient à me manquer ? Ce livre est un système : on peut y entrer par divers bouts, mais qui en néglige une partie ne saurait vraiment le juger.
INTRODUCTION GENERALE We have first raised a dust, and then complain we cannot see. BERKELEY I Après quelque vingt-quatre siècles 2 d’une littérature abondante et souvent profonde, la science politique est aujourd’hui encore une « science recherchée » 3, plutôt qu’une science fermement établie dans laquelle se poursuivraient des recherches. Son institution académique est un fait de société, indubitable à ce titre ; mais ses résultats sont réputés incertains, ses méthodes disparates ou inconstantes, à un degré pres ue sans équivalent.
Certains r cette raison la place – PAGF 8 108 le maquillage « objectif » des doctrines, ces argumentaires qui font passer les choix partisans pour es conquêtes de la vérité. Beaucoup ne la connaissent que par les techniques d’enquête qui sont tout le sel des spectacles électoraux dans nos pays, et doutent de sa valeur pour la pensée. L’affaire est d’autant plus malheureuse que peu de phénomènes naturels nous concernent tous à un aussi haut degré que ceux du politique ; et que s’il fallait choisir entre la connalssance des atomes et celle des cités, c’est raisonnablement à celle-ci qu’il faudrait consacrer tout l’effort.
Entre cet impérieux besoin d’un savoir politique 2. A Treatise Concerning The principles of Human Knowledge, éd. 1710, Introduction 3. L’ancienneté de la science politique fait elle-même question. par exemple : « La science politique n’est pas née avec Platon, Hobbes ou Rousseau, ces monstres sacrés de la philosophie politique. Entendue strictement, elle est une discipline du XXe siecle, la dernière venue des grandes sciences sociales P. Braud, La Science politique, Paris, 1982. ? ce compte la physique serait née au plus tôt au XVIIe siècle, voire au XIXe reléguant ainsi Archimède et Aristote dans la préhistoire des sciences. L’affaire n’est pas insignifiante puisque cette périodisation en deux époques fixe à tout jamais la science politique dans les atégories datées que les sciences sociales du XXe siècle doivent à la philoso récédent. et notre impuissance apparente à l’acquérir, ce qu’on appelait naguere les « sciences morales et politiques viennent, tant bien que mal et sous des dénominations variables, combler le défaut.
Chacune apporte un éclairage sur tels aspects singuliers ; parfois l’une ou fautre vient un moment dominer les recherches, donnant un temps l’espoir qui retombe bientôt — d’un renouvellement global. Les opinions se partagent en tout état de cause sur la question de savoir si le politique, en ui-même inaccessible, est réellement l’horizon commun de ces contributions trop diverses ; ou si au contraire ces approches désordonnées ne dissolvent pas un objet qui mériterait qu’on le considérât pour lui-même.
Il se trouve assurément que le domaine d’objet est si mal déterminé que les politistes en arrivent désormais à s’interroger sur Futilité de le circonscrire 4. Or s’il est exact que, au point de vue très spécial de la sociologie de la connaissance, une institution scientifique peut fonctionner activement sans se définir, il est non moins sûr que les savoirs qu’elle produit ainsi prolifèrent dans un domaine ninterrogé, et sont alors incapables de se réarticuler sur lui pour jouir d’une cohérence mutuelle.
La faculté de multiplier anarchiquement les fragments de connaissance dans l’indifférence au politique comme tel est muette sur la validité de cette pratique, et sur Pintérêt qu’il pourrait y avoir à disposer d’une authentique science du politique. Par ailleurs, il semblerait que ce débat même soit stérile. Comment ne pas voir ce qui saute aux yeux, et que le savoir politique est la chose du mande la mieux partagée ? Le moindre citoyen connaît ses gouvernants avec tant d