Ronsard, Sonnets pour Hélène, « Quand vous serez bien vieille », 1578

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Ronsard, Sonnets pour Hélène, « Quand vous serez bien vieille s, 1 578 Considéré en son temps comme le prince des poètes et chef de file de la Pléiade, Ronsard (1524-1585) est célèbre pour avoir porté le sonnet à son excellence dans son premier recueil de poésies amoureuses consacrées à Cassandre en 1552. « Quand vous serez bien vieille »est un sonnet régulier d’alexandrlns extrait du recueil des Sonnets pour Hélène, composé en 1578. ecture du texte Dans ce poème, Ron belle heaumière » qu du temps qu’elle étai d’une stratégie amou en est temps. On pe ev une g me aditionnel de « La e d’avoir mal usé oésie au service ne d’aimer tant qu’il si ce poème qui invite à l’amour n’est pas d’abord une affirmation du pouvoir de la poésie. Nous verrons donc comment le poète construit son entreprise de séduction pour remporter le cœur d’Hé ène puis comment Ronsard chante la victoire de la poésie sur le temps et la mort.

Ce poème se présente comme une invitation à l’amour d’un « Je » que la première strophe permet d’assimiler au poète lui- même puisqu’il inscrit son nom dans le propos imaginaire qu’il prête à Hélène dans le vers page 4: « Ronsard me célébrait du temps que j’étais belle ! D. Sa onction de poète est d’ailleurs annoncé dans le vers précédent avec l’expression « chantant mes vers » qui rappelle également le caractère lyrique de la poésie amoureuse et précisée avec le verbe « célébrer » qui souligne le but assigné à la poésie.

Ce « Je » qui apparaît pour la première fois en tête du vers 9, « Je serai sous la terre est aussi un « je » amoureux comme indiqué au vers 12 avec les termes « regrettant mon amour Mais cet amoureux se heurte à l’indifférence et à la résistance de la belle Hélène comme le souligne par opposition « votre fier dédain » au second hémistiche de ce même vers. Ce poème trouve donc sa source dans ce reproche à la belle qui refuse l’amour du poète et tradult la volonté de l’auteur de convaincre Hélène de lui céder.

L’ensemble du poème est au sewice de cette visée qui est exprimée dans les deux derniers vers, « Vivez, si mien croyez, n’attendez à demain : / Cueillez dès aujourd’hui les roses de la vie. », et qui reprend le thème poétique du Carpe Diem, invitation à profiter du moment présent. Cette invitation est insistante puisque trois impératifs se succèdent : « Vivez dont le sens ici sous-entend « Almez! « n’attendez » et « cueillez Cette chute ui invite Hélène à profiter « dès aujourd’hui » d « Aimez! », « n’attendez et « cueillez D.

Cette chute qui invite Hélène à profiter « dès aujourd’hui » de la vie, de la jeunesse pour ne pas regretter « demain s’accompagne du motif floral traditionnel de la rose, « cueillez dès aujourd’hui les roses de la vie. qui, par sa délicatesse et sa fraîcheur, est propre ? symboliser le jeunesse, et dont le flétrissement rapide des pétales évoque la brièveté de la vie. Ce motif s’inscrit donc comme d’autres images du temps qui passe inexorablement et rapidement dans le thème littéraire, philosophique et artistique es Vanités.

Ces deux derniers vers, « Vivez, si m’en croyez, n’attendez ? demain : / Cueillez dès aujourd’hui les roses de la vie. » inscrivent le discours du poète dans le temps présent, et s’adressent donc à une femme encore jeune. De même, l’adjectif attribut « vieille dans le premier vers ainsi que dans le onzième, qui se rapporte donc à Hélène, est employé dans une subordonnée circonstancielle de temps qui, implicitement, indique qu’elle est jeune.

Enfin, le propos imaginaire prêté par le poète à une Hélène qui, devenue vieille, parlerait d’elle au passé dans le ers 4, « Ronsard me célébrait du temps que j’étais belle ! est paradoxalement une façon de souligner sa beauté au moment où le poète lui adresse ses reproches et ses conseils. Mais l’ au moment où le poète lui adresse ses reproches et ses conseils. Mais l’essentiel du poème consiste à projeter Hélène dans un futur qui lui fait perdre la totalité de ses charmes.

L’adjectif attribut « vieille » au vers 1, associé à l’adverbe « bien » permet de nous projeter dans le futur, et d’imaginer Hélène en vieille femme dépourvue de beauté. Cette image est repris plus rûment encore par « une vieille accroupie » au vers 11 : le nom, ainsi que la position qui insiste sur l’affaissement du corps sur lui-même, loin du port droit et svelte associé à la jeunesse. II y a là également une connotation par proximité phonétique avec le croupissement qui renvoie à la dégradation corporelle qui accompagne la vieillesse.

Ces images sont repoussantes, voir répugnantes, et ainsi placées avant le consell final, elle ne peuvent que frapper l’imagination de la jeune Hélène. Ronsard multiplie les motifs qui par métaphore, allusion ou association renvoient à la vieillesse. Les compléments irconstanciels « au soir » et « à la chandelle » signifient que le soir est au jour ce que la vieillesse est à la vie déclin) et la chandelle est un motif traditionnel des vanité, avec la cire qui se consume comme la vie et la flamme qui s ‘épuise avant de s’éteindre.

Au vers 2, « dévidant et filant » rappelle le motif de l’écheveau, du fil de la v PAGF de s’éteindre. Au vers 2, « dévidant et filant rappelle le motif de l’écheveau, du fil de la vie qui se vide vide à mesure qu’on tire sur le fil. Ily a là aussi probablement un renvoi aux trois parques, déesses de l’Antiqulté qui présidaient aux destinées et ui avaient pouvoir de couper le fil de la vie. Et bien évidemment, cela renvoie également à une activité à la fois quotidienne et ennuyeuse pour passer le temps.

Enfin, Ronsard dresse le portrait d’une femme recluse au coin du feu, avec pour seule compagnie ses servantes, « à demi sommeillant loin de toute vie sociale et des plaisirs mondains. Autrement dit, le portrait d’une femme do,t la compagnie n’est plus sollicité, une femme qui n’est plus courtisée, qui ne peut plus que regretter le temps où elle était aimee. Cest ce que tradult le regret exprlmé au vers 4, « Ronsard e célébrait du temps que j’étais belle ! qui d’ailleurs doit se lire comme un soupir, comme un plainte lyrique, c’est l’expression poétique et douloureuse de l’amour perdu.

Le poète, étant plus âgé qu’Hélène, sera mort lorsqu’elle sera vieille. Aux images de vieillesse associées à Hélène, il appose donc des images de lui-même associées à la mort. Ceuphémisme du premier tercet, « je serai sous la terre est développé dans le vers suivant avec l’expression « je prendrai mon repos » qul offre une ima terre est développé dans le vers suivant avec l’expression « je rendrai mon repos » qui offre une image sereine et apaisante de la mort, et « les ombres myrteux » suggère la fraîcheur d’un endroit agréable.

Donc, à l’image de la chair flétrie de la « vieille accroupie » s’oppose un poète désincarné, libéré de la prison de son corps, comme peut le suggérer l’expression « fantôme sans os » au vers Mais si le corps du poète a disparu, son nom et ses poèmes continuent d’exister à travers Hélène, elle « chante ses vers » au vers 3, elle est « émerveillée au vers 3 également, de leur beauté, elle cite son nom au vers 4.

Sa renommée est telle que a seule évocatlon réveille les servantes assoupies, « au bruit de mon nom » au vers 7, et le nom d’Hélène l’accompagne dans « l’immortalité » poétique au vers 8. Paradoxalement, dans ce poème qui évoque la vieillesse et la mort, le mot « immortel » ponctue le premier ensemble de quatrains, et le mot « vie » vient clore le sonnet. Le miroir des vanités que Ronsard tend à la jeune femme et qui lui renvoie le reflet d’une femme âgée n’est là que pour mieux souligner la jeunesse et la beauté d’Hélène et la presser d’écouter ses conseils amoureux avant qu’il ne soit trop tard.