Résumé Un barbare en Inde
Le début, où Michaux est au Bengale, est fait d’observations genérales et brutes qui relèvent plus de notes scientifiques semblables à celles d’un ethnologue qui noterait au gré de son voyage ce qu’il voit. C’est pourquoi, on peut imaginer que, s’il commence toujours ses phrases par «L’Hindou… » pour décrire ce peuple, c’est pour mieux se moquer des voyageurs et des scientifiques qui établissaient une typologie des peuples en décrivant une à une leurs caractéristiques. Ce début est une ph voyageur, seul face ? or 7 encore inconnue, qui t comprend pas encor l’Indien ne se doute ération car le manière qui lui est
Européens, ne vre : «Jamais, jamais l’Européen. Le spectacle d’une foule hindoue, d’un village hindou, ou même la traversée d’une rue, où les Indiens sont à leur porte est agaçant ou odieux. Ils sont tous figés, bétonnés. On ne peut rien y faire. » Puis s’ouvre une phase d’émerveillement : «Les Indes, le premier peuple qui, en bloc, paraisse répondre à l’essentiel, qui dans l’essentiel cherche l’assouvissement, enfin un peuple qui mérite d’être distingué des autres. ? Michaux est fasciné par l’Indien, qui est nu, qui prie sans cesse, qui se couche dans la rue, dans Swipe to View next page ans le hall des gares, attentif à lui seul, cherchant sans cesse Dieu, le divin. Sa religion «ne dégage pas la faiblesse de l’homme, mais sa force». Elle lui offre des modèles et des techniques de médltation plus efficaces. Il fut touché, en Inde, par le «peuple de l’Absolu», par des êtres qui «cherche[nt] le plus et non le moins», qui connaissent «liexercice des forces spirituelles», pratiquent la pensée «magique» agissant directement sur l’être intérieur.
Il est sensible au fait qu’en Inde le sentiment qui domine, c’est «celui de l’appartenance au tout et de la relation directe avec tout. Cela entraîne à la fois une conscience élargie, approfondie, agrandie, et une efficacité psychique. » Les vieillards lui paraissent les «véritables pères de l’humanité». Il commence vraiment à s’adapter au pays, et à en apprécier la culture. C’est alors qu’on comprend qu’il se soit considéré comme un «barbare», inversant la conception habituelle chez les voyageurs européens, qui prenaient les autres peuples pour des barbares.
Plus le récit avance, moins ses observations sont générales car on sent qu’il s’intègre de plus en plus au pays qu’il visite, qu’il commence à comprendre ce peuple, sa manière de ivre et ses rites. Avec un humour grinçant et de l’ironie, il oppose le peuple hindou aux Blancs : «L’homme blanc possède ce qui lui a fait faire du chemin : l’irrespect. Le Blanc ne se laisse arrêter par rien. » Il ne cesse de comparer les conc PAG » rif 7 P rrespect. Le Blanc ne se laisse arrêter par rien. » Il ne chemin. esse de comparer les conceptions de la vie de I’Hindou et de l’Européen, le livre étant destiné à un public européen qui doit y avolr ses repères. Il prend par exemple la notion de repos, qui est, pour [‘Hindou, positive, signe de spiritualité, alors que, pour ‘Européen, il est perte de temps. Il souligne le mépris des Anglais qu’éprouvent les Hindous : ‘Anglais se lave fort régulièrement. Néanmoins il est pour l’Hindou le symbole de la souillure et de l’immonde. L’Hindou songe difficilement à lui sans vomir. ? Il critique la colonisation par les Anglais. Il admire le fait que la vie des Hindous est entièrement fondée sur la spiritualité, que «L’Hindou est religieux, il se sent relié à tout. Il a peu de choses. Et c’est encore de trop. », qu’Il «est vorace de Dieu», ce qui rattlre et le révolte tout à la fois, car, si l’hindouisme est science respiratoire t méditation, il est aussi idolâtrie : «ll plait à liHindou de se prosterner». Ce «peuple radicalement religieux» ignore le péché.
Michaux reste étonné devant un «gourou» qui gonflait son ventre tel un foetus. Il s’intéresse à la pensée indienne, qui est kyrielle de concepts, de moments («Jamais l’Hindou ne voit une situation en trois ou quatre subdivisions, mais en plus de vingt, par exemple en soixante-quatre»), et, après avoir longuement défini la suite d’accidents qul font l’Être, «il réfute les soixant PAGF3C,F7 après avoir longuement défini la suite d’accidents qui font ‘être, «il réfute les soixante-deux hérésies primordiales».
Il aborde ensuite le thème de la langue, qu’il apprécie beaucoup «Le sanscrlt est la langue la plus enchaînée du monde, la plus embrassante, indubitablement la plus belle création de l’esprit indien, langue panoramique, admirable aussi à entendre, contemplative, induisant à la contemplation, une langue de raisonneurs, flexible, sensible et attentive, prévoyante, grouillante de déclinaisons. » Cependant, peu à peu, une certaine lassitude s’installe chez lui, et il devient même de plus en plus agacé par la culture du pays.
Alors que, jusque-là, il racontait ce qu’il voyait, entendait et ressentalt sous forme de petites notes très breves, petit à petit il en vient à raconter des anecdotes plus longues pour mieux critiquer ce qui pentoure. Dans un premier temps toutefois, il se contient pour ne pas être trop brutal dans ses propos : ull va sans dire que du point de vue juridique, je me garderai bien d’élever la voix. ? Puis il finit par exprimer ce qu’auparavant il avait gardé pour lui afin de rester «politiquement correct», à indiquer tout ce qui n’est pas merveilleux dans ce voyage, ce qu’il n’apprécie pas : D’autres maisons qu’il m’a été donné de voir n’appartiennent pas à des avocats Mais c’était d’un laid, d’un rococo ! pour un mariage, ils dépensent jusqu’à cinquante mille roupies. Et c’est hideux Pl rococo ! Pour un mariage, ils dépensent jusqu’à cinquante mille roupies.
Et c’est hideux ! » Plus le texte avance, plus il se « barbarise», dans le sens où il se sent de plus en plus étranger face à ce peuple, et mons en accord avec sa façon de vivre, plus le propos se fait brutal car sa forte personnalité ressort. Il dresse ainsi une liste de caractéristiques déplaisantes dans la vie des Indiens . – L’organisation sociale : L’Hindou est indigne socialement, car, enfermé dans les castes et soucieux de son seul salut, il n’a pas la notion de liberté.
L’Inde lui paraît le pays de la thésaurisation et des richesses fabuleuses («À leurs appartements ce qui fait le plus de tort, c’est la prétention (sept ou huit lustres dans une chambre par ailleurs vide et inattrayante), non vraiment ce n’est pas plaisant. »), mais aussi celui de l’abandon des richesses, de la vie de mendiant, les mendiants toutefois ne demandant pas la charité, car charité et compassion ne signifient rien pour l’Indien. Il allait plus tard écrire : «ll est impossible de revenir en Inde sans être emporté vers le communisme.
La question sociale n’est peut-être que de seconde importance. Mais l’avilissement, le manque de dignité humaine qui résulte d’une société à deux poids deux mesures est tel que tout homme en est sali dans tout ce qu’il est, dit et fait, et plus encore que l’avili, celui qui est honoré, les brahmes et les rajahs, et peut-être nous tous. » – Les études : l’avili, celui qui est honoré, les brahmes et les rajahs, et peut-être nous tous. » – Les études : «L’Asiatique est un étudiant-né. L’Asiatique sait ccepter, être acceptant, être disclple.
J’assistai à Santiniketan, au Bengale, à une conférence sur un texte védique. Bonne mais pas exceptionnelle. Les étudiants étaient là prêts à tout accepter. Je sentais des envies de les insulter. » – Le physique : Alors qu’auparavant il n’y prêta aucune importance, il le décrit méchamment et injustement : Flndien est laid, «d’une laideur vicieuse et pauvre» (mais Michaux ne dénonça-t-il pas souvent la laideur du visage humain? ) – «Céclat de ses yeux peut tromper au premier moment. Mais on rencontre souvent des laideurs particulières, vicieuses, psychiques. ?? Il lie le physique au moral : «À leur visage ce qui fait le plus de tort, c’est la prétention, la fatuité. » Il remarque une extraordinaire conscience (et prise de possession) du corps : «L’Hindou n’est jamais séparé de son sexe, qui est un des centres sur lesquels il fonde son équilibre» ; d’où l’importance accordée dans la statuaire et la littérature aux organes génitaux et aux positions d’accouplement. La musique : Des chants et de la musique qu’il avait auparavant beaucoup admirés pour leur pouvolr apaisant, il va jusqu’à dire, non sans humour, qu’ils lui donnent envie de se jeter sous une oue de voiture.
Michaux résume les trois étapes par lesquelles son voyage le fit passer : «J’en passer . «J’en avais la surprise, Pémotion, l’agacement. » En fait, ces trois phases se retrouvent au fil du récit, comme si, à chaque occasion, il se contenait d’abord pour laisser finalement son esprit critique, hargneux et blasé, s’exprimer. Avec une imprévisibilité qu’on peut ou non apprécier chez lui, il change d’avis du tout au tout dans la même page. Cependant, c’est nettement qu’? la fin de ce chapitre, il contredit son éloge du pays, livrant alors une vision très subjective, tout à coup très spontanée.
Mais, se rendant compte que ses attaques féroces pourraient passer pour de l’intolérance, il se qualifie d’«ignoble individu». Il se justifie des propos parfois vlolents qu’il a avancés en se comparant à un cheval qui verrait un singe arrachant violemment une fleur ; le cheval croirait que le singe est agressif, mais, plus il l’observerait, plus il comprendrait qu’il est un tout autre être. Michaux quitte le Bengale pour se rendre à Puri, dans la province d’Arissa. Il est alors plus détendu car cela lui fait du bien de rencontrer un autre peuple, tout en avouant que les Bengalais finissent par lui manquer.