R Gimes Autoritaires En Am Rique Latine
géographiquement, les divergences sont nombreuses et importantes, ce qui conduit à privilégier, dans le cadre de ce travail, la comparaison individualisante. Plusieurs facteurs peuvent être évoqués pour expliquer, dès le début du XXe siècle, le rôle grandissant de l’armée dans la vie politique de ces nations, qui conduira à la mise en place de régimes autoritaires dans les années 70 (dès 1964 pour le Brésil), les grandes inégalités et la rigidité sociale, l’absence de societé civile et d’un réel sentiment d’unité nationale ou encore le rôle joué par des puissances e
R Gimes Autoritaires En Am Rique Latine Premium By Ledzepp OeepanR 17, 2015 | 14 pages Même si l’apparition et la prolifération des régimes autoritaires peut être étendue à l’ensemble des pays qui constituent l’Amérique Latine, une focalisation sur certains d’entre eux permet une meilleure compréhension du sujet et une efficacité accrue dans son traitement.
Les cas du Brésil, du Chili, ou de l’Argentine sont parmi les plus révélateurs : ce sera dans ces pays qu’émergeront les pires dictatures latino-américaines au cours des décennies 70 et 80, et qu’il est possible de mettre n lumière certaines similarités, malgré des situations initiales fort différentes. Comment expliquer la présence récurrente de dictatures militaires dans ces pays, et plus particulièrement next page durant la période s’ét OF L’Amérique Latine n o reçues et malgré une rtaln de pays homogènes héritée du passé colo ux années 80 ? t ement aux idées in »1, un ensemble taire commune rellement et extérieures et le contexte International de la Guerre Froide. En outre, l’accent sera mis dans un premier temps sur une approche historique de la naissance et du développement du Brésil, du Chili et de FArgentine : les sociétés inégalitaires et discriminatoires, l’émergence d’Etats non légitimes et faibles, qui ont contribué à créer des paysages politiques instables ayant facilité l’apparition des dictatures militaires de la seconde moitié du XXe siècle, et qui constitue une sorte de paroxysme à une période débutée dès les indépendances.
Nous évoquerons dans une seconde partie la trajectoire des armées et le rôle qu’elles ont joué dans la politique de ces pays, de leur constitution, découpée en trois phases2, et de leur interruption sur une scène politique ragile et fragmentée entre différents groupes d’intérêts ISSUS des différentes élites traditionnelles possédantes.
Enfin, il nous faudra évoquer brièvement l’intervention de facteurs extérieurs, Guerre Froide et lutte contre le communisme principalement, mais aussi le rôle des américains, et déterminer si l’ingérence de ce dernier fut décisive dans l’instauration des dictatures. Le choix d’une comparaison individualisant peut sembler ? première vue inapproprié dans le cadre d’une étude portant sur l’Amérique Latine : en effet, il est indéniable que les pays qu- onstituent cette entité possèdent des similarités entre eux, ? commencer bien entendu par leur héritage colonial.
Toutefois, et comme souligné dans l’introduction, en aucun cas ils ne forment un ensemble homogène : leurs histoires respectives, certes liées, divergent, tout comme la part des populations indiennes, mét 20F 14 histoires respectives, certes liées, divergent, tout comme la part des populations indiennes, métisses, blanches ou noires (anciens esclaves), n’est pas la même selon que l’on compare le Brésil à l’Argentine, ou le Chili. Il n’est donc pas possible d’expliquer, ar la seule appartenance aux anciens empires coloniaux de la péninsule ibérique, l’émergence de régimes autoritaires dans ces pays.
Il faut tout d’abord mettre à part le Brésil des deux autres pays : colonie portugaise, la cour royale s’y réfugie à la suite de l’invasion française en 1807 de la métropole, et devient par la suite une vice-royauté, puis un Empire en 1821, qui marque les débuts du Brésil indépendant. Contrairement à ses homologues hispaniques, le Brésil connait une période faste sous Pierre II, de 1840 à sa destitution et à la proclamation de la République en 1889.
Ainsi, c’est l’Empereur qui assure la cohésion du pays, et « constitue l’axe central de la vie politique et la clé de voûte de la société « 3. Le dernier point important concernant le cas brésilien est la part très importante de la population africaine esclave (la moitié de la population brésilienne descend des esclaves noirs4), et dont l’abolition mènera d’ailleurs à la proclamation d’une République tenu par une oligarchie des riches propriétaires mécontents5.
L’indépendance pour les colonies espagnoles est bien plus difficile et chaotique, et il n’est pas chose aisée que de distinguer au épart les futures nations qui formeront l’Amérique Latine. Les révolutions, loin d’avoir une origine populaire, sont impulsées par la bourgeoisie créole, qui souhaite disposer des pleins pouvoirs économiques au 30F 14 sont impulsées par la bourgeoisie créole, qui souhaite disposer des pleins pouvoirs économiques au dépend de la métropole.
Rapidement, la situation devient anarchique, des seigneurs de guerre émergent ci et là (les caudillos), créant une situation peu propice à l’enracinement d’un Etat stable, au sens moderne du terme, c’est-à-dire doté d’un corps administratif et surtout de rontières établies. Cest le cas de l’Argentine, qui sera la proie de guerres civiles entre provinces durant 40 ans, entre unionistes et fédéralistes, avant la proclamation de la Constitution en 1853, et la victoire finale et définitive de Buenos Aires en 18616.
De plus, il faut souligner que le sud du pays est encore largement aux mains des indigènes, ce qui amènera à la fin du XIXe à la « Conquête du Désert et à l’accaparement de ces terres de manière brutale et sanglante. Le cas chilien est totalement opposé ? celui argentin, se distinguant très vite par le biais des actions de on Ministre, Diego Portales, qui dote le pays d’une constitution dès 1833, écarte la menace caudillos et met en place de solides institutions.
En outre, le pays est doté d’importantes ressources minières, ce qui le pousse à s’ouvrir sur le marché mondial et donc, à sécuriser le pays pour y attirer des investisseurs. Cette solidification précoce permet au Chili d’écraser le Pérou et la Bolivie durant la Guerre du Pacifique (1879-1884). Ainsi, on constate que malgré une apparente similitude, le Brésil, l’Argentine et le Chili n’ont absolument pas emprunté les mêmes oies à la suite des guerres d’indépendance, et ils se sont à de nombreuses reprises opposés entre eux.
La compar 4 4 des guerres d’indépendance, et ils se sont à de nombreuses reprises opposés entre eux. La comparaison n’est donc pas évidente, les facteurs n’apparaissant pas directement. Toutefois, on peut déjà discerner avec l’apparition des caudillos et l’instabilité causée par l’absence d’un Etat centralisateur (sauf au Brésil via l’Empereur), le problème que posera un appareil militaire fort au sein d’un environnement social et politique encore mal formé et très exposé.
I s’agit avant tout de chose, d’évoquer la façon dont se sont formés ces sociétés, et quelles sont leurs principales caractéristiques, tout en soulignant les similitudes entre ces pays. Tout d’abord, le premier point à mettre en avant est la dimension extrêmement inégal taire caractéristique de ces pays, et du monde latino-américain en général. Inégalités basées sur la possession par un petit nombre de la plus grande partie des terres (latifundio), et qui sont à l’origine de la dimension bipolarisée de ces sociétés archaïques.
En outre, les relations sociales se réduisent donc presque uniquement ? une domination d’une élite foncière exploitant une masse de travailleur, créant de profonds clivages et par la même, des centaines de petits pouvoirs locaux, hostiles à tout changement, qui tissent tout un réseau clientéliste autour d’eux : un puissant distribue ses faveurs en retour desquelles il attend loyauté et services.
Et les indépendances ne feront qu’accentuer cette dépossession par ce que Alain Rouquié nomme le processus de la « conquête continue « 7 : les terres indigènes d’Amazonie du Brésil (encore aujourd’hui), le Sud de la Pampa en Argentine sont récupérées et dev 4 ndigènes d’Amazonie du Brésil (encore aujourd’hui), le Sud de la Pampa en Argentine sont récupérées et deviennent d’immenses domaines privés.
Ces clivages sociaux sont renforcés par leurs dimensions discriminatoires, les races pouvant être identifiés à des classes : les blancs en haut, et les noirs descendants d’esclaves et les indiens en bas. L’esclavagisme n’est abolie au Brésil qu’en 1888, tandis qu’au-delà de cet aspect ségrégationniste, les travailleurs des domaines sont quasiment identifiables à des serfs : lorsque, en Argentine, Perén faire promouvoir en 1944 une loi améliorant la situation des ouvriers gricoles, il est accusé par les grands propriétaires de violation de la propriété privéeB.
Et ce terreau est donc loin de favoriser l’apparition d’une démocratie, dans laquelle l’un des éléments essentiels reste le principe d’égalité, et au contraire, tend ? montrer que Pautoritarisme dispose de racines historiques profondément ancrées au sein de l’Amérique latine. Cette structure figée fut longtemps négligée dans l’explication des régimes autoritaires sud-américains, or il faut rappeler que l’argument premier des militaires en prenant le pouvoir était e contrer les « terroristes », de mener une contre-révolution permanente.
Même si le climat paranoïaque fut poussé ? l’extrême, il est dû effectivement à l’apparition de mouvements se revendiquant marxiste, constitué en grande partie de ces dominés et paysans sans terre9. Le coup d’état de Pinochet en 1973 fut accueilli au début assez favorablement par les classes supérieures et moyennes, à la suite de certaines réformes d’Allende (notamment dans le secteur agrai 6 4 moyennes, à la suite de certaines réformes d’Allende (notamment dans le secteur agraire), qualifiées de marxistes.
Et les vestiges de ces conflits passés continuent à ronger certaines régions de l’Amérique latine, au Pérou et en Colombie entre autres, tel un cancer mal soigné témoignant du mal être social encore bien présent. Toutefois, les conditions de l’apparition de l’Etat tendent également à prouver que l’instauration de régimes démocratiques stables restaient tout au plus idéalisée et idéologique avant d’être pratique.
En cela, on distingue d’ailleurs étrange paradoxe des pays sud-américains : leur attachement sans faille aux institutions démocratiques et au principe du suffrage10. Tout gouvernement se réclamait des urnes, tandis que tous coups d’états étaient justifiés par la volonté de « renforcer » la démocratie. La constitution Argentine de 1853, établie formellement la souveraineté du peuplel 1.
Dans la forme donc, car tout fut mis en place pour empêcher, obliger ou influencer le vote et en cela le cas du Brésil est assez évocateur, après la chute de l’empire en 1889 et l’instauration de la République : le clientélisme permet à certains de détenir des « groupes » de vote, en achetant les votants. Libre à lui de négocier la vente de ces votes Sil le souhaite. Sans oublier que tout ce spectacle permet avant tout conserver les apparences, et met surtout en lumière la faiblesse de l’Etat, et le floue ambient sur qui détient réellement le pouvoir, entre différents groupes de puissants, qui se confondent avec les partis.
Et c’est d’ailleurs l’un des points importants de la réflexion de Guillermo O’Donnell : la faibless d’ailleurs fun des points importants de la réflexion de Guillermo O’Donnell : la faiblesse de l’Etat est une des explications plausibles en vue d’expliquer l’absence de démocraties et l’émergence de régimes autoritaires en Amérique Latine, et donc dans les ays visés par cette étude12.
En effet, la situation à l’aube des indépendances n’est pas à l’élaboration d’un Etat solide, qui plus est représentatif de la souveraineté populaire : caudillos et autres seigneurs de guerres maintiennent un peu partout, exceptés dans le Brésil impérial, un état d’anarchie permanent, ne permettant donc pas à une population de s’identifier à un quelconque pouvoir central. L’émergence de cet état primitif diffère selon le pays, et est souvent le fait d’impératif économique sous l’impulsion des grandes familles de propriétaires : au Chili,
Portales établi une réelle solidité politique, reposant sur la conservation des privilèges de l’élite traditionnelle, et donc de la hiérarchie sociale. Au Brésil, malgré une situation initiale bien meilleure, les grands propriétaires et certains militaires démettent Pierre Il et proclame la République, alors même qu’une écrasante majorité de la population n’y est pas favorable. En effet une des caractéristiques des gouvernants de ces Etats est le fait qu’ils n’aient ni la volonté, ni la capacité d’agir dans l’optique du bien commun de leur population.
L’organe étatif va surtout servir ‘instrument aux mains des puissants comme outil économique et comme lieu où s’effectue les échanges avec l’étranger, tout en harmonisant les relations divergentes entre groupes d’intérêts sur le plan intérieur : « la redistributi B4 harmonisant les relations divergentes entre groupes d’intérêts sur le plan intérieur : « la redistribution « clientélisée » qui assure le consentement des dominés »13. Ainsi, cette logique d’un Etat tourné vers les puissants a toujours existé, et existe d’ailleurs encore (voir annexe 1).
Aux yeux de nombre de Chiliens, Argentins et Brésiliens, l’Etat apparaît avant tout sous sa forme épressive, n’exerçant que sa fonction toute relative de violence légitime 14. Au vue la situation sociale figée hiérarchiquement et profondément inégalitaire et un Etat faible et effacé jouant un rôle arbitraire et uniquement souverain sur la forme, la mise en place de régimes démocratiques semblaient compromises, plutôt enclin à tomber dans l’autoritarisme.
Et il nous faut ici aborder le militarisme dans ces pays, car les précédents facteurs seuls n’explique pas la nature des régimes en place dans les années 70-80, et leur tendance à devenir des « Etat-terroriste ». Cère des caudillos, même s’il n’a pas duré au Chili et en Argentine, a malgré tout imprégné ces nations d’un certain militarisme, quand bien même il n’existait pas à proprement parlé d’armées nationales.
Alain Rouquié identifie 3 phases de développement des armées, que fon peut étendre aux trois pays concernés ici. Dans un premier temps, les armées étatiques se créent, mais restent embryonnaires et dépendantes du pouvoir civil. La seconde phase consiste en une transition, mais le corps militaire ne dispose en aucun cas de suffisamment de pouvoir pour tenter n coup d’Etat, ce qui nous amène à la phase de modernisation. Celle-ci consiste avant tout à faire appel aux deux modèl phase de modernisation.
Celle-ci consiste avant tout à faire appel aux deux modèles de l’époque (début XXe), français et prussien, qui envoient des missions, respectivement au Brésil pour les premiers, et au Chili et en Argentine pour les seconds. Dans les nouvelles écoles militaires, émergent des corps d’officier supérieurs, tous issu de « situation familiale régulière « 15 en Argentine, ou tout simplement n’étant pas « fils d’immigrants et d’opposants, aux Noirs » au Brésil. La nouvelle élite militaire ne se distingue donc pas de celle déjà en place, mais n’est qu’une branche raccrochée à un plus grand ensemble.
Ces phases ont donc permis à l’armée de devenir un corps autonome , mais qui, loin de servir comme un instrument de politique extérieure, comme c’est le cas en Europe, vont avant tout servir de force de maintien de l’ordre. Leur poids dans la politique intérieure ne va alors cesser d’augmenter, d’autant que le contraste entre des sociétés fragmentées sans réel sentiment nationaux et le corps d’armée unie, structuré et fermé se fait plus net à mesure que ‘on progresse dans le temps.
Au début du XXe, on commence à voir apparaître les militaires sur la scène politique, pas de manière déterminante au Chili toutefois, contrairement à son voisin argentin, qui voit les militaires, à partir de 1930, occuper une place de premier plan dans les élections, la plupart des Présidents, bien qu’élu démocratiquement (par une minorité rappelons-le) sont militaires. Au Brésil, même constat, bien que l’armée soit plus en retrait, elle intervient comme un « pouvoir modérateur »1 6, et souvent de manière décisive : chute de Pierre Il déjà e 0 4