Qu’est-ce que la mondialisation?

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Depuis, ils sont tous dépendants les uns des autres. ‘auteur faisait dès l’Antiquité le constat que le Monde, tel qu’il était connu et pratiqué par les acteurs de l’époque, était marqué par des interdépendances qul semblent dessiner une ébauche de « système Monde La mondialisation n’est pas un phénomène récent. À la fois phénomène et processus, elle est plurielle et polysémique, tant les définitions divergent selon les disciplines et les auteurs.

Inscrite dans l’histoire, la mondialisation est un produit de l’histoire, de la géographie, de la géopolitique, de l’économie, etc. , et dessine une nouvelle revêtir des réalités diverses. Définie ar le géographe Olivier Dollfus comme « l’échange généralisé entre les différentes parties de la planète, l’espace mondial étant alors l’espace de transaction de l’humanité »1, la mondialisation est le résultat d’une histoire bâtie sur des échanges qui n’ont cessé de s’accroître depuis la Préhistoire.

Véritablement effective depuis FAntiquité grecque et l’Antiquité romaine, la mondialisation ne se réalise qu’à féchelle du Monde connu, mais prend déjà les contours que nous lui connaissons par les phénomènes de diffusion, d’accroissement des échanges et de mise en réseau des lieux t des espaces du Monde à partir de pôles reliés par des flux. La mondialisation s’apparente à un lent processus historique, marqué par des phases d’accélérations, des ralentissements, des bifurcations. Elle est à la fois marqueur historique et révélateur des enjeux contemporains et futurs.

On estime que la mondialisation telle que nous la pratiquons aujourd’hui a été initiée lors des grandes découvertes et approfondie à partir de la Révolution industrielle qui marque l’amplification d’une « économie-monde Le terme français de mondialisation est récent. Tout d’abord traduit de l’anglais globalization pparu en 1962, le terme mondialisation est employé en France pour la première fois en 1964, mais n’émerge véritablement que dans les années 1980 où il connait une diffusion massive dans les différents champs des sciences sociales.

Introduction Définie par l’économiste Jac ues Adda comme « l’abolition de l’espace mondial sous l’em 20F 14 frontières physiques et réglementaires », la mondialisation répond, selon l’OCDE, à trois étapes : – l’internationalisation : on peut comprendre ce terme comme « l’ensemble des relations et interactions dans la sphère des relations Internationales entre tats »3 ou encore comme le développement des échanges matérialisé par des flux d’exportation et d’importation , – la transnationalisation, c’est-à-dire l’essor des flux d’investissement et des implantations l’étranger ; – la globalisation : terme difficilement définissable tant les définitions sont multiples. La géographe Sylvie Brunel définit la globalisation comme « la mise en place de réseaux mondiaux de production et d’information, notamment les NTIC »4. B.

Mondialisations et temporalités Le géographe Jacques Lévy5 identifie six mondialisations au cours de l’Histoire : la diffusion d’homo sapiens sapiens sur l’ensemble de la planète ; – la connexion entre les différentes sociétés de la planète à la suite des grandes découvertes ; – l’inclusion forcée par la constitution d’empires d’échelle mondiale ; – la constitution d’un espace mondial des échanges, entre 1870 et 1914; – la mondialisation refusée, entre 1914 et 1945 ; – accélération, globalisation et irréversibilité depuis 1945. Le géographe Christian Grataloup6 propose un découpage du Monde et des phases de la mondialisation qui diffèrent très légèrement de ceux de Jacques Lévy – le Monde depuis 1980 ; le Monde depuis 1914 ; 30F 14 sur les territoires7.

Tous les lieux et espaces du Monde sont désormais tous interconnectés, y compris les antimondes (voir fiche antimondes). Cette mise en réseau s’appuie tout d’abord sur l’accroissement des échanges, bien que celui-ci mérite d’être quelque peu reconsidéré depuis le début de la crise économique mondiale au troisième trimestre de l’année 2008. A. Une explosion des échanges ‘explosion des échanges dans le Monde s’est véritablement opérée à partir des années 1 950 et s’est appuyée sur des modes de transport de plus en plus rapides et de moins en moins coûteux. s échanges à l’échelle du Monde se sont fortement intensifiés durant les trente dernières années, pour atteindre 11 800 milliards de dollars en 2006 concernant les marchandises.

La levée des barrières douanières, les vagues de déréglementations ont autorisé une multiplication par 20 de leur valeur qui concerne aujourd’hui près dun tiers de la production mondiale de biens et de services, contre 14 % en 1970. Caccroissement des échanges a majoritairement profité à la Triade qui continue de polariser lesdits échanges. 3/4 de ces derniers sont pratiqués par l’UE, l’Amérique du Nord, le Japon uquel s’adjoint la façade orientale de l’Asie. Notons cependant que le rythme et le volume des échanges accusent une tendance à la baisse depuis le début de la crise économique mondiale. Le commerce International a ainsi reculé de 12 % en 2009 mais semble donner des signes de reprise au début de l’année 20108. 4 Cespace mondial est ainsi un système géographique, économique, financier, etc. , organisé à partir de pôles reliés par des flux structurés par des réseaux. Bien qu’asymétrique dans son fonctionnement et dans le Jeu des interrelations qu’il déploie, le Monde mondialisé se singularise par es interdépendances et des interactions à de multiples échelles. La mondialisation met les sociétés humaines, les territoires et l’économie en réseau. Cette mise en réseau se trouve renforcée par les technologies de l’information et de la communication (TIC) qui amplifient la dimension réticulaire du Monde. L’interpénétration des économies régionales fragilise largement l’économie mondiale et le système Monde.

Toute forme de déstabilisation au sein d’un pôle a ainsi pour consequences d’importantes répercussions qui pourront s’apprécier et se décliner à plusieurs échelles. Uniformisation et occidentalisation du Monde A. Hégémonie culturelle La mondialisation est un processus qui semble conduire à des formes d’acculturation de nombreuses sociétés humaines. Le modèle culturel anglo-saxon est le modèle dominant par lequel le processus de mondialisation parvient à infuser dans les sociétés et à se diffuser dans le Monde. L’American way of l’fe est désormais adopté, bien que décliné, dans la plupart des pays industrialisés. La langue anglaise ne cesse de renforcer son hégémonie dans le Monde. Elle est un puissant vecteur de la mondialisati aine. ibéralisation des échanges, les déréglementations et autre dérégulations sont largement encouragées par des organismes internationaux, au premier rang desquels l’Organisation mondiale du Commerce (OMC) qui constitue, tout comme les États-Unis et les différents pôles de la Triade, un des fers de lance de la mondialisation économique, commerciale et financière. La mondialisation est un phénomène et un ensemble de processus qui revêt une dimension protéiforme. À l’origine de profondes inégalités et de disparités qui traversent le Monde et dessinent des lignes de fractures au sein de celui-ci, la mondialisation tend niformiser les territoires et les comportements. Tantôt perçue comme un atout, tantôt décriée comme une contrainte, la mondialisation est une réalité contemporaine, tout comme l’émergence du niveau mondial « dont l’évidence peut être nuancée, non niée »9. 1. DOLLFUS 0. La mondialisation, Paris, Presses de Sciences Po, 1997 (2e éd. , 2001). 2. Voir les travaux de l’historien Fernand Braudel. BRAUDEL F. , Civilisation matérielle, économie et capitalisme, XVe-XVlIIe siècles, 3 tomes, Paris, Armand Colin, 1979. 3. Voir la définition apportée par Laurent Carroué. CARROIJÉ L. , Géographie de la mondialisation, Paris, Armand colin, 3e éd. , 2007. 4 BRUNEL S. , « Qu’est-ce que la mondialisation ? Sciences humaines, no 180, mars 2007. 5. Voir l’article « Mondialisation » par Jacques Lévy in LÉVY J. , LUSSAULT M. (dir. ), Dictionnaire de la géographie et de l’espace des sociétés, Paris, Belin, 2003, pp. 37-642. 6. GRATALOLJP C. , Géohistoire de la mondialisation. Le temps long du Monde, Paris, Armand Colin 2007. 7. Idée avancée par la géo Brunel, op. cit. 6 4 avancée par la géographe Sylvie Brunel, op. cit. 8. Voir l’ouvrage CEPII, L’économie mondiale en 2010, paris, La Découverte, coll. Repères, na 540, septembre 2009, 128 p. 9. DOLLFUS O. , GRATALOUP C. , LÉVY J. , « Trois ou quatre choses que la mondialisation dit à la géographie », L’Espace géographique, 1999, tome 28, no 1, p. 1. 2 Effacement des frontières et nouvelles discontinuités « Une frontière ça se voit pas, c’est une invention des hommes. La nature s’en fout ! (Dalio, dans La grande illusion, film réalisé par Jean Renoir en 1937). Le Monde peut se définir comme un espacel constitué de systèmes territoriaux délimités par des lignes, les frontières. Ces dernières sont des constructions ociospatiales qui s’inscrivent dans un contexte politique, historique et culturel. Les différentes mondialisations ont participé de la construction et/ou de la déconstruction des frontières. Les limites ont tantôt été maintenues, consolidées, renforcées ; elles ont parfois été effacées, voire abolies comme au sein de l’espace Schengen. L’effacement des frontières dans le Monde est aujourd’hui une réalité rendue possible par l’action concertée de multiples acteurs.

Cimage du « village planétaire » n’a jamais été aussi aboutie alors que les fractures et les lignes de tensions ne essent de se multiplier. Peut-on aujourd’hui formuler l’hyp ffacement des frontières des frontières En 1995, Bertrand Badie annonçait la « fin des territoires »2, entendre ici comme des entités étatiques. Aujourd’hui, le constat d’une « fin des territoires » a progressivement fait place l’idée d’un retour des territoires, à une échelle infra, que viennent favoriser les diverses mondialisations. Ce sont de nouveaux territoires qui se dessinent, le plus souvent à des échelles intermédiaires, à l’image de la maille régionale. Les frontières sont des découpages administratifs et arbitraires érités de l’histoire.

Elles délimitent des territoires et ont été largement instrumentalisées par les pouvoirs politiques, notamment à partir de l’époque moderne qui a vu se constituer en Europe occidentale les États-nations. Disputées, mouvantes, pour certaines encore puissamment militarisées (citons l’exemple de la Corée du Nord), les frontières ont-elles encore un sens et une valeur pour les sociétés, notamment occidentalisées, à l’heure de la dématérialisation et de l’intensification des flux électroniques ? Les nouveaux territoires, à l’heure de l’effacement progressif des rontières dans de nombreux ensembles régionaux du Monde ayant pour vocation le libre- échange (UE, ALENA. ASEAN, Mercosur, etc. et de l’avènement de l’économie numérique, soulignent de nouvelles discontinuités qui peuvent s’observer des échelles plus fines. Un certain renforcement des « frontières économiques » est cependant à noter depuis le début de la crise économique mondiale fin 2008. Le ralentissement de la production et des échanges mondiaux a généré de nouvelles formes de protectionnisme et une décélération des délocalisations industrielles destinées rotéger les économies régionales lus particulièrement dans B4 industrielles destinées à protéger les économies régionales, plus particulièrement dans les pays de la Triade. B.

Repenser les frontières au XXIe siècle Les frontières avaient véritablement un sens lors de la bipolarisation du Monde, entre 1945 et 1989 (1991 si la date de la dislocation de l’URSS est retenue). Le « rideau de fer », décrit par W. Churchill en 1946 comme une ligne de fracture s’abattant sur l’Europe et la séparant en deux blocs distincts marqués par des doctrines politiques, idéologiques t économiques opposées, marqua une frontière physique et idéologique étanche alors que certains auteurs considèrent 1945 comme la date à laquelle a été initiée la mondialisation libérale. Cidée, les conceptions et les représentations de la frontière ont considérablement évolué depuis la fissuration des blocs à la suite de la chute du Mur de Berlin qui mit le 9 novembre 1989 un terme à la bipolarisation du Monde.

La création de nouveaux États en Europe après 1989 (États issus du démantèlement de l’URSS et de la Yougoslavie, création des Républiques tchèque et slovaque à fissue du « divorce de Velours » en 1993, etc. ) atteste d’une multiplication des frontières. Les trajectoires de ces frontières ont été diverses. Un effacement des frontières est effectif au sein de l’UE et de l’EEE, plus articulièrement dans l’espace Schengen qui, en 2010, re celle du renforcement des frontières aux marges de l’UE (Russie, Ukraine, Turquie, Croatie, Serbie, etc. ) destiné au contrôle des mobilités et des migrations extra-communautaires. 2 L’effacement des frontières par les mobilités A.

Les frontières, de la marge stérilisante… Le cas de l’Europe est intéressant dans la compréhension du etournement de la valeur et du statut de la frontière aussi bien dans sa matérialité physique que dans ses représentations. La frontière, développée sous forme de limes (barrière réputée infranchissable) par les Romains, était une ligne de rupture. Les États européens (nous retiendrons ici les États d’Europe occidentale) se sont, depuis le Moyen Âge jusqu’à la fin de la Seconde Guerre mondiale, développés en considérant les frontières comme des cadres rigides malgré leur Les mobilités transfrontalières relative Instabilité.