Prem Chap Toute L Histoire De France

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JEAN-CLAUDE BARREAU Toute l’histoire de France ÉDITIONS DU TOUCAN Hachette – Livre de Poche – Hachette Livre – Toute l’histoire de France – 110 x 178- 18/7/2012- 13 : 17 – page 6 Sni* to View Ce texte est la versio ev or lg France paru en 2008 ez ! @ Éditions du Toucan acines de la ISBN : 978-2-253-16293-3- 1re publication GF France – 110 x 178- 18/7/2012- 13 : 17 – page 7 Note de l’éditeur Nous avons souhaité faire figurer en bonne place le sommaire de cet ouvrage pour que le lecteur saisisse, dès l’abord, l’originalité du propos. On prend ainsi conscience qu’il y a une histoire de

France avant la France, cette dernière ne surgissant qu’au IXe siècle de notre ère. On voit que la France connut deux apogées, celui du Moyen Âge (XIIe et XIIIe siècles) et celui des temps Nation française à la lumière de son passé millénaire. France – x 178- 18/7/2012 – 13 : 17 – page 8 Hachette Livre de Poche – Hachette Livre – Toute rhistoire de France – 110 x 178- 18/7/2012 – 13 : 17 – page 9 Sommaire PREMIÈRE PARTIE (de – 900 à + 987) LA FRANCE D’AVANT LA FRANCE . Gaulois et Romains — Une lente naissance 13 37 DEUXIÈME PARTIE (de 987 à 1789) LA FRANCE DE L’« ANCIEN REGIME » 55 L’apogée médiéval

Naissance d’un patriotisme français Une renaissance fastueuse et tragique L’apogée classique ou les siècles français 57 79 97 119 TROISIÈME PARTIE (de 178 PAGF lg page 11 PREMIÈRE PARTIE La France d’avant la France Hachette Livre de Poche – Hachette Livre – Toute l’histoire de France – 110 x 178- 18/7/2012- 13: 17 – page 12 France – 110 x 178- 18/7/2012- 13 : 17 – page 13 Chapitre Gaulois et Romains De – 900 à • 410 La France nous semble une réalité naturelle tellement nous en avons intégré l’image, celle de l’hexagane parfait de nos cartes murales scolaires et de nos écrans météo télévisuels.

En dépit de nos sentiments et des apparences, la France est au contraire un pays complètement artificiel qui aurait pu ne pas être et dont rédification au cours des siècles fut le fruit d’une volonté politique opiniâtre et d’une idée originale. C’est pourquoi il est important d’en connaître Vhistoire, car la France n’est pas le produit d’une géographie évidente, comme l’Angleterre le résultat d’une construction historique aléatoire. La volonté politique a été celle du pouvoir parisien.

L’idée directrice fut d’unir dans un même État la mer du Nord et la Méditerranée, union rien moins que naturelle. Le monde méditerranéen, univers original et clos sur lui-même – « Méditerranée » signi- elle est Hachette – Livre de Poche re – Toute l’histoire de grande plaine eurasiatique venue des immensités sibériennes. Bien qu’elle soit Pune des plus vieilles nations de la planète (un acte notarlal, le traité de Verdun, constitue en quelque sorte 1’« acte de naissance » de notre pays.

Rédigé l’année 843 de notre ère, cet acte donne ? la France, en 2011, l’âge respecDeux mille ans table de 1 168 ans la France avant n’existe pas « de fondation Jésus-Christ, le Plus d’un millénaire d’histoire nombre des ‘écoule avant qu’elle ne finisse hommes explosa par surgir sur le territoire qu’elle dans notre pays occupe aujourd’hui. jusqu’à atteindre Dans toute « histoire de trois millions. France » existe en fait une longue histoire « d’avant la France abusivement annexée ? celle-ci.

Non pas que les Gaulois, les Romains, les Grecs, les Ligures, les Basques, les Wisigoths, les Francs ne concernent pas notre pays, ils sont le terreau sur lequel il est né ; mais à leur époque la France n’existait pas encore. Cest évidemment encore plus vrai pour la préhistoire. « ‘aventure humaine commence avec les tombes » a dit Pierre Chaunu. Or, les tombes préhistoriques, certaines vieilles de quarante mille ans, parsèment notre territoire pour la raison simple qu’il est habitable depuis l’apparition de l’Homme.

Aux époques glaciaires longues de quatre-vingt mille ans, les laces se régions était alors semblable au climat actuel du Canada et de la Sibérie. Traces de mammouths, d’aurochs et d’hommes n’ont donc jamais été effacées par les glaces. L’homme de Néandertal et PHomo sapiens coexistèrent à, y laissant de nombreux et magnifiques témoignages de leur présence : tombes de La Chapelleaux-Saints, superbes peintures rupestres, anciennes de ingt mille ans, de la grotte de Lascaux.

Plus tard, des populations inconnues surent élever, sur toute la façade atlantique et même loin à l’intérieur des terres, des pierres gigantesques dressées comme des phallus, les menhirs mégalithiques, ou assemblées comme des portiques, les dolmens. Elles évoquent, par les moyens techniques employés, les statues de l’île de Pâques. Notre territoire est ainsi le paradis des préhistoriens. Ces chasseurs des temps anciens n’étaient pourtant pas très nombreux, vingt mille peut-être à l’époque de Cro-Magnon, répartis en trois cents campements sur le territoire actuel.

Avec la révolution agricole, deux mille ans avant Jésus-Christ, le nombre des hommes explosa dans notre pays jusqu’à atteindre trois millions, l’agriculture permettant effectivement de nourrir sur le même espace cent fois plus d’hommes que la chasse ! Le climat avait aussi changé. Depuis quatorze mille ans, nous sommes en effet entrés dans l’époque interglaciaire (vingt mille ans). Il s’est mis à faire plus chaud. Les glaciers ont fondu.

Le niveau de la mer a remonté, Hachette – Livre de poche – Hachette Livre – Toute phistoire de France – 110 x 178- 18/7/2012- 13 : 17 – page 16 16 Toute l’histoire de France PAGF s OF lg séparant la France de l’Angleterre par le bras de mer de la Manche et du Pas-de-Calais, dont le climat est propice à la vie agricole et à la forêt. Mais la différence entre le climat océanique de la plus grande partie du territoire et celui de la Méditerranée en fut accentuée, et avec elle la différence entre les hommes. ? l’occident du vieux monde, la Méditerranée est un univers en soi. Plus longue que large, elle creuse dans le « Tri-Continent » que constituent l’Europe, l’Asie et l’Afrique une échancrure dont le climat, très original, résulte du contact entre Fimmense désert du Sahara qui la borne au sud et les pluies océaniques venues de Fouest. L’été, l’anticyclone saharien recouvre cette mer, il y fait beau et sec. L’hiver, les hautes pressions reculent et laissent entrer les perturbations atlantiques qui amènent des averses de pluie (de neige en altitude).

Deux saisons seulement, rudes l’une et l’autre, mais lumineuses car, l’hiver, le soleil brille entre les averses. Nous l’avons dit, la Méditerranée est un monde clos borné par le désert et les montagnes (Atlas, Alpes, Balkan, mont Liban, etc. ). Seuls deux fleuves curieusement comparables et opposés, se terminant tous es deux par un de ta (chez nous, la Camargue), ouvrent la mer La Méditerranée intérieure aux influences du était et reste le dehors, le Nil et le Rhône.

On centre du monde n’y trouve également que deux paysages, la agune et la montagne favorables aux ports naturels. La Méditerranée était et reste le centre du monde. Même aujourd’hui, une puissance n’est hégémonique que si elle domine cette mer. Pourtant éloignés d’elle, Pourtant éloignés d’elle, France – x 178- 18/7/2012 – 13 : 17 – page 17 17 les États-Unis sont contraints d’y entretenir une flotte. C’est aussi une mer magnifique, douce à l’homme malgré ses olères, « la mer » par excellence. « Thalassa, Thalassa criaient les Grecs en la voyant.

Sur ses bords ou très proches de ses rivages ont surgi les premiers États, l’Égypte et la Mésopotamie, puis les Phéniciens qui inventèrent l’alphabet, les Crétois, les Étrusques et les Grecs. Rome enfin, héritière de la Grèce, en avait fait l’unité, ayant triomphé, après une lutte à mort, des Phéniciens de Carthage. Et cette unité, unique dans l’histoire, durera cinq siècles. Au premier siècle avant notre ère, l’Empire romain, bien que Rome se voulût encore « république était constitué.

Rome dominait ‘ensemble des péninsules méditerranéennes – Italie, Espagne, Maghreb, Balkans, Anatolie, rivages libanais. Les Romains pouvaient, légitimement déjà, appeler la Méditerranée « notre mer « mare nostrum ». Mais ils n’en contrôlaient alors que les rivages, y compris cette bande de terre qui Les Celtes unissait l’Italie à FEspagne qu’ils semblaient aux nommaient la « Provincia » (les Romains des « bouches du Rhône avec la sauvaees… Celtes ou Gaulois. Les Gaulois, ou Celtes, envahisseurs, venus de l’Est au premier millénaire avant Jésus-Christ, étaient des cultivateurs laborieux. es défricheurs qui avaient France – 110 x 178- 18/7/2012 – 13 : 17 – page 18 18 Toute Ihistoire de France commencé d’essarter l’immense forêt atlantique. par vagues successives, les Gaulois avaient investi un espace qui allait des îles Britanniques (britannique = breton = gaulois) aux confins méditerranéens. Jadis, ils avaient occupé ces confins que l’on appelait encore l’Italie du Nord « la Gaule cisalpine ». Et même en 390 avant Jésus-Christ, les Gaulois avaient osé prendre d’assaut la jeune cité de Rome à l’exception du Capitole (la citadelle).

Depuis, les Romains, revanchards, avaient conquis durement la Gaule cisalpine et la provincia, cette ernière afin de réunir leurs possessions de la péninsule Ibérique à celles d’Italie ; mais la majeure partie du monde celte leur restait étrangère. C’était un mande océanique, un monde de plaines dépaysant pour les Romains habitués au soleil méditerranéen, étrangers aux plaines (les plaines méditerranéennes sont minuscules, à l’exception précisément de celle du Po où les Gaulois avaient pu trouver leurs aises).

Les territoires celtes étaient tournés vers l’ouest, sur le grand océan dont les tempêtes et les brumes gênaient les galères. Les fleuves de la Gaule continentale s’y ettent tous, le Rhin, la Somme, la Seine, la Loire, la Garonne, ceux de la Gaule insulaire aussi, la Tamise, la Clyde. semblaient aux Romains des sauvages d’autant plus menaçants qu’ils les savaient très nombreux, sept ou huit millions peut-être, de l’Helvétie ? l’Écosse et à Plrlande. Ces millions de paysans ingénieux (ils avaient inventé le tonneau de cercles de bois. ? Barre « barreau », « baril » sont des noms issus du mot celte qui signifie « tonneau ») habitaient des milliers de villages, France – 110 x 178- 18/7/2012- 13 : 17 – page 19 19 de clairières dans des cabanes en forme de hutte et rofitaient du climat radouci de l’interglaciaire, climat sous lequel nous vivons encore. Ils restaient cependant des hommes néolithiques et n’avaient ni état, ni ville, ni écriture, leurs oppidums étant seulement des enceintes barricadées pour la sécurité des marchés. Ils vivaient dans le cadre d’innombrables tribus plus ou moins regroupées en fédérations floues.

Leur unité était religieuse. Sils pratiquaient un paganisme polythéiste guère différent de celui des Méditerranéens, ils se caractérisaient par l’existence d’un clergé, les druides. Les prêtres romains n’étaient que des citoyens rdinaires remplissant à l’occasion une fonction religieuse. Les druides étaient au contraire de véritables prêtres et constituaient une caste sacerdotale protégée par de mystérieux rites initiatiques. Ils croyaient et enseignaient l’immortalité de Pâme. Cette croyance confortait le courage des guerriers. ? cause d’elle, ceux-ci ne crai naient as la mort mais seulement que le ciel le la Les coupaient le gui avec des serpes d’or et se réunissaient régulièrement, venus de tout le monde celte, pour des assemblées secrètes. Hormis ce clergé original, les Gaulols restaient des paysans-guerriers préhistoriques. ? Préhistorique » ne veut pas dire inculte : le jeune Gaulois maîtrisait des techniques évoluées (le pas de vis, par exemple), pouvait reconnaître des centaines de plantes et d’animaux et savait par cœur les milliers de vers de mythologies chatoyantes.

Mais il restait inscrit mentalement dans le cadre de la tribu néolithique. une infime minorité France – 110 x 178- 18/7/2012 – 13 : 17 – page 20 20 en relation avec leurs frères soumis à Rome avaient appris le latin et savait le lire et l’écrire. Les populations antérieures à leur arrivée à l’ouest du Rhin avaient été assimilées à eux et tous parlaient e gaélique (le breton actuel), à l’exception des Basques. Nombreuses et insouciantes, les tribus gauloises ne cessaient de s’opposer entre elles de manière anarchique.

Cette situation aurait pu durer longtemps si, en l’an 58 avant notre ère, Jules César n’avait été nommé gouverneur de la Provincia. Jules César incarne tellement le pouvoir romain que, par la suite, son nom deviendra le nom générique des empereurs – « Ave César » – et beaucoup de peuples donneront le titre de César à leurs souverains, tzar en russe, Kayser en allemand. Désireux d’acquérir une loire militaire qui surpasserait celle de son proconsul