poeme apolinaire

essay B

« Si je mourais là-bas… » Si je mourais là-bas sur le front de l’armée Tu pleurerais un jour ô Lou ma bien-aimée Et puis mon souvenir s’éteindrait comme meurt Un obus éclatant sur le front de l’armée un bel obus semblable aux mimosas en fleur Et puis ce souvenir éclaté dans l’espace Couvrirait de mon sang le monde tout entier La mer les monts les vals et l’étoile qui passe Les soleils merveilleux mûrissant dans l’espace Comme font les fruit Souvenir oublié vivan an p g Je rougirais le bout d Je rougirais ta bouch Tu ne vieillirais point toutes ces belles choses

Rajeuniraient toujours pour leurs destins galants Le fatal giclement de mon sang sur le monde Donnerait au soleil plus de vive clarté Aux fleurs plus de couleur plus de vitesse à l’onde Un amour inoui descendrait sur le monde ‘amant serait plus fort dans ton corps écarté Lou si je meurs là-bas souvenir qu’on oublie — Souviens-t’en quelquefois aux instants de folie De jeunesse et d’amour et d’éclatante ardeur — Mon sang c’est la fontaine ardente du bonheur Et sois la plus heureuse étant la plus jolie par les obus des Boches La forêt merveilleuse où je vis donne un bal La mitrailleuse joue un air à triples-croches

Mais avez-vous le mot. Eh ! oui le mot fatal Aux créneaux Aux créneaux Laissez là les pioches Comme un astre éperdu qui cherche ses saisons Cœur obus éclaté tu sifflais ta romance Et tes mille soleils ont vidé les caissons Que les dieux de mes yeux remplissent en silence Nous vous aimons ô vie et nous vous agaçons Les obus miaulaient un amour à mourir un amour qui se meurt est plus doux que les autres Ton souffle nage au fleuve où le sang va tarir Les obus miaulaient. Entends chanter les nôtres Pourpre amour salué par ceux qui vont périr Le printemps tout mouillé la veilleuse l’attaque

I pleut mon âme il pleut mais il pleut des yeux morts Ulysse que de jours pour rentrer dans Ithaque Couche-toi sur la paille et songe un beau remords Qui pur effet de l’art soit aphrodisiaque Mais orgues aux fétus de la paille où tu dors L’hymne de l’avenir est paradisiaque Apollinaire, Guillaume, « La nuit d’avril 1915 Calligrammes, 1918 1. A quel genre appartiennent ces deux textes ? Prouvez-le et présentez leur forme. 2. Présentez la situation d’énonciation de chaque texte. 3. Quels sont leurs points communs ? leurs différences ? (thèmes- vocabulaire- figure de style- 2