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essay B

Frédéric Rouvillois: Il convient tout d’abord de distinguer monarchie constitutionnelle et monarchie parlementaire. Dans les monarchies purement constitutionnelles, le roi conserve l’essentiel du pouvoir c’est le cas du prince de Monaco ou du roi du Maroc depuis la Constitution de 2011. En revanche, dans les monarchies parlementaires de type européen, selon la formule de Louis-philippe, «le roi règne mais ne gouverne pas», c’est-à- dire qu’il ne s’occupe pas de la gestion quotidienne de l’État.

Mais alors, à quoi servent ces monarques? Il me semble qu’ils répondent à quatre fonctions politiques o View essentielles. Une fonction de sym e : ora l’unité d’un régime. L oi unité. une fonction d’incarn bilité, la continuité et tian, garant de son n visage à l’État, contribuant ainsi à réchauffer «le plus troid des monstres froids» naguère décrit par Nietzsche. Face au pouvoir sans visage de nos technocraties contemporaines, la royauté parait finalement un pouvoir très humain!

Une fonction de garantie des droits et libertés: depuis le XVIIIe siècle, il y a un lien profond entre monarchie parlementaire et État de droit. On en a eu un exemple frappant au XXe siècle dans le onde arabe où le déclin des libertés et des d Swipe to View next page droits de l’homme a immanquablement suivi le passage de pays monarchiques à un système républicain. Ce fut le cas en Libye, en Tunisie, en Égypte, en Irak, en Afghanistan, où les monarchies tempérées ont laissé place à des républiques radicales dirlgées d’une main de fer par des dictateurs.

Contrairement à ce qu’on pourrait croire, loin d’incarner l’arbitraire, le roi dans le cadre d’une monarchie constitutionnelle est bien souvent l’ultime recours pour le citoyen: sous l’Ancien Régime en France, et dans a tradition monarchique en général, il existe un droit de pétition et un droit de grâce dont le roi est le seul garant. Finalement, la monarchie constitutionnelle est le régime le plus libéral au sens politique du terme. Enfin, il exerce une fonction d’arbitre.

Cest d’ailleurs ce rôle de modération et de tempérance que Juan Carlos a joué en 1979. Plus généralement, le roi est là pour appeler au peuple pour trancher quand il y a un conflit entre les pouvoirs. Finalement, la monarchie constitutionnelle est le régime le plus libéral au sens politique du terme. D’ailleurs, en France, au XIXe siècle, les libéraux comme Constant ou Tocqueville ne s’y étaient pas trompés et appelaient à la création d’une monarchie parlementaire, plus propre à présen,’er les libertés individuelles.

Les rois, princes et princesses sont souvent réduits à la pipolisation. Ces régimes PAG » OF d individuelles. pipolisation. Ces régimes politiques sont-ils en train de se réduire à un simple folklore? La pipolisation touche l’ensemble des politiques, et même la sphère religieuse, avec la pipolisation recente du pape François. Mais les monarques ne sont pas réductibles au papier glacé de Point de vue : si c’était le cas, ils auraient été remplacés depuis longtemps par des stars de cinéma.

S’il y a une telle persistance et une telle continuité de ces régimes, et un tel consensus au sein des populations, c’est bien qu’ils reposent sur un socle profond. On accuse souvent les monarchies parlementaires d’avoir un coût élevé pour le contribuable: est-ce une réalité? Cette accusation est une blague! En effet en termes économiques, les monarchies rapportent bien plus qu’elles e coûtent! Regardez le mariage de William et Kate, il a coûté plusieurs dizaines de millions de livres… ais en a rapporté plusieurs centaines (tourisme, etc. ). Sans parler de la principauté de Monaco, qui doit son essor économique à la famille royale… Quand on voit le prix exorbitant d’une campagne présidentielle (révélé dernièrement par l’affaire Bygmalion), on se dit qu’un roi héréditaire coûterait presque mons cher. Justement, à vous entendre, on a l’impression qu’un régime politique ne pourrait survivre sans monarque. Est-ce le