Plan dissertation
Depuis l’Antiquité, le travail est souvent vu comme une malédiction, en raison de sa pénibilité et des ses conséquences parfois néfastes. Cependant on peut observer une revalorisation du travail, à la fois aux niveaux humain, moral et social. Sinterroger sur le travail pose également le problème de la technique, qui en est la condition nécessaire. ILe travail vu comme une malédiction ALe travail dans l’Antiquité Dans l’Antiquité, le travail était généralement considéré comme indigne et animalisant.
Pour Aristote, l’homme qui philosophe accomplit bien plus s travail était réservé a 1 Aristote) et surtout p au. ‘Vipe next page Hannah Arendt (La C e qui travaille. Le Ines animées » selon derne, 1958) explique ainsi que l’homme qui travaillait était vu comme un « animal laborans » (une bête de somme). Travailler c’était s’animaliser, car c’était répondre aux besoins fondamentaux et animaux, c’est-à-dire une corvée vile et nécessaire. C’est pourquoi les Anciens faisaient faire tout travail manuel par les esclaves, catégorie de population qui était avilie. ? l’inverse, était valorisée la scholè (ou otium), c’est-à-dire le temps libre. D’ailleurs, le mot « travail » a pour origine latine tripalium, qui ésigne un instrument de torture. De même, on dit dune femme Le travail est bien associé ? qui accouche qu’elle est « en travail » la souffrance. BLa division par le travail 1 Le mythe de Prométhée illustre l’ dée que la technique n’est pas suffisante pour établir la paix et le lien social. Les dieux, au moment de la création des êtres vivants, confient à deux frères la tâche de répartir les qualités des espèces. ?piméthée attribue ainsi aux animaux de la force, de la rapidité, des instincts, des griffes, des ailes, etc. Mais il oublie l’homme, qui reste un être sans qualité. Son frère Prométhée intervient lors et dérobe aux dieux le feu qui est le symbole de la technique. L’espèce humaine a la technique, et donc le langage, la technologie, l’agriculture. Pourtant, la vie sociale est encore impossible aux hommes, car il leur manque le sens politique, que Prométhée n’a pas eu le temps de voler. Or, sans la politique et l’art de la guerre qui va avec, Ihumanité est incapable de s’organiser collectivement donc de cohabiter.
Les dieux sont inquiets, et ainsi Zeus décide d’offrir à tous les hommes sans distinction le sens politique. Ce mythe montre que les hommes, même armés de la technique, sont pourtant divisés. Le sens politique n’est pas contenu dans celui du travail et de la technique. Selon le mythe de Prométhée, le travail et la technique ne sont donc pas des facteurs de cohésion sociale. 2Caliénation du travail Marx explique également que le travail est un facteur de division des hommes : il introduit une injustice, une hiérarchisation, une exploitation de l’homme par l’homme.
A l’origine, le travail était censé libérer l’homme de la nature, l’humaniser. Cependant, Marx introduit le concept d’aliénation le travail est aliéné, c’est-à-dire qu’il est devenu autre que ce qu’il était et qu’il a perdu sa fon Il aliéné, c’est-à-dire qu’il est devenu autre que ce qu’il était et qu’il a perdu sa fonction originelle. Cette évolution est arrivee à cause du mode de production capitaliste, où les travailleurs échangent leur force de travail contre un salaire très faible qui permet uniquement de reproduire cette force de travail.
Dans ce mode de production, le travail est donc devenu un facteur d’exploitation et de division alors qu’il devait être un facteur d’humarmsation de l’homme. Le travail est devenu, selon Marx, un facteur d’injustice : il introduit une hiérarchisation et une division des hommes selon eurs classes sociales. CLa fin du travail ? 1 L’unique solution La solution que préconise Marx à l’aliénation du travail est simple : c’est la fin du travail (pas en général, mais la fin du travail capitaliste). L’aliénation est définitive : le travail est devenu un lieu dexploitation et ne pourra jamais retrouver sa valeur positive.
En fait, le seul lieu où lion peut retrouver sa liberté est en-dehors du travail, en réduisant le temps de travail. C’est pourquoi les travailleurs doivent mener une révolution contre les chefs capitalistes : il est capital de se libérer du travail. Le lien social positif ne pourra se trouver qu’en abolissant le travail au sens capitaliste. 21Jne prédiction Certains auteurs, sans pour autant préconiser la fin du travail, en font la prédiction. C’est notamment le cas de Jérémy Rifkin (La Fin du travail, 1996).
II fait un pronostic : celui de la raréfaction ? venir du travail, qui s’accompagnera d’un désinvestissement des hommes à l’égard des valeurs du travail. Le travail ne sera plus considéré comme une v désinvestissement des hommes à l’égard des valeurs du travail. Le travail ne sera plus considéré comme une valeur dans la ociété, mais les gens s’accompliront dans les loisirs, dans la vie privée, etc. Dominique Schnapper (Contre la fin du travail, 1997) répond cependant en disant que le diagnostic de Rifkin est profondément erroné.
Quand on analyse le phénomène du chômage, on s’aperçoit que quelqu’un qui perd son emploi ne perd pas seulement son gagne-pain mais aussi une part de son identité et de la reconnaissance sociale, donc de son estime de soi. Le travail n’a donc rien perdu de sa valeur et Joue un rôle de créateur du lien social. C’est pourquoi la République doit par tous les moyens éviter l’exclusion des chômeurs et les maintenir en ant que citoyen à part entière. IlLa revalorisation du travail Al_e travail humanisant ll_e propre de l’homme Le travail est proprement humain : il est notamment ce qui différencie l’homme de l’animal.
En effet, Marx montre que les activités animales ne sont pas de la même nature, car le résultat du travail préexiste idéalement dans l’imagination de l’homme. A l’inverse, les activités des animaux proviennent de leur instinct et non de leur volonté ni de leur imagination. « Ce qui distingue dès l’abord le plus mauvais architecte de l’abeille la plus experte, c’est qu’il a construit la cellule dans sa ête avant de la construire dans la ruche h. Le Capital, Marx, 1883 21_a réalisation par le travail 4 OF Il réaliser dans son humanité.
Marx affirme en effet que, normalement, celui qui effectue un travail est pleinement humain (sauf dans le système capitaliste où le travail a été aliéné). Il peut en effet se réaliser dans son travail car il peut s’y reconnaitre. En se reconnaissant dans son œuvre, l’homme acquiert une meilleure conscience de soi et de son humanité. Cest notamment qui Hegel dit « Cest par la médiation du travail que la conscience vient à soi-même » (Phénoménologie de l’esprit, 1807). Cette idée rejoint également la dialectique du maître et de l’esclave d’Hegel.
II met en scène un maitre qui fait travailler un esclave afin de satisfaire ses propres besoins. Cependant, il finit par dépendre de son esclave, tandis que l’esclave plie la nature à sa volonté grâce au travail. C’est donc l’esclave qui s’humanise vraiment tandis que le maitre est en situation de dépendance. La hiérarchie s’inverse : l’esclave devient le maître du maitre et le maître devient l’esclave de l’esclave. « Le travail est désir réfréné, disparition retardée. Le travail forme.
Phénoménologie de l’esprit, Hegel, 1807 La valeur morale du travail 1 La valeur de l’effort Depuis l’Antiquité, la valeur qu’on accorde au travail a complètement changé. Il a acquis une valeur morale car il oblige à l’effort et à la persévérance. On estime ainsi que le travail n’a pas uniquement un but matériel mais qu’il faut considérer la valeur du « travail pour le travail C’est pourquoi, aujourd’hui, on valorise les hommes pauvres mais travailleurs par rapport aux hommes riches mais oisifs (les rentiers par exemple).
Ce point de vue se retrouve à la fin de Ce point de vue se retrouve à la fin de Candide, le conte philosophique de Voltaire. En effet, l’itinéraire de Candide le fait passer par IE-ldorado, où toutes les richesses sont accessibles sans travailler. Cependant les personnages accèdent au vrai bonheur dans la petite métairie de la fin du conte : c’est un bonheur modeste, qui tient avant tout au travail manuel. Cest pourquoi il faut « cultiver notre jardin Le travail manuel est une composante indispensable de la morale et du bonheur. « Le travail éloigne de nous trois grands maux : l’ennui, le vice et le besoin. ? Candide, Voltaire, 1 753 2La libération de l’homme Le travail a également une valeur car il libère l’homme. Cest notamment une idée d’Alain. Nous ne sommes pas libres si nous subissons le monde, mais uniquement si nous pouvons le modifier grâce au travail. Alain émet ainsi l’hypothèse d’un monde où tout nous serait offert grâce à la nature, sans besoin de travailler des fleuves de lait, des rochers de chocolat »). Ce monde semble attrayant, mais c’est en fait un rêve infantile, le rêve de quelqu’un qui ne connaît que ses désirs et qui ne peut les discipliner.
Il n’est pas souhaitable de se laisser dominer par la nature : il faut se libérer en travaillant. 3La sublimation des pulsions La valeur morale du travail peut également venir de la ublimation des pulsions qu’il permet. Freud introduit en effet la vision d’un homme gouverné par des pulsions inconscientes qui s’expriment généralement de manières négatives (pathologies, phobies, actes manqués, etc. ). Cependant, la sublimation des passions co négatives (pathologies, phobies, actes manqués, etc. ).
Cependant, la sublimation des passions consiste à les exprimer de manière positive grâce à l’art, la littérature, le travail, etc. Si le travail est librement choisi, il apporte donc une grande satisfaction à l’homme car il lui permet de se libérer des passions ui le divisent intérieurement. Le travail a donc une valeur morale essentielle car il permet de satisfaire de manière positive ses pulsions inconscientes, afin de retrouver un peu de paix intérieure et une meilleure maîtrise de soi. CLa création du lien social 1 L’intégration sociale Le travail serait en fait un moyen d’intégration dans la société.
Pour un homme au chômage, le plus grand malheur ne vient pas de ses problèmes financiers mais de l’exclusion sociale que cela représente. En effet, le travail permet de créer des liens sociaux. De plus, dans la société, on a aujourd’hui tendance à définir sa lace selon sa profession. Cest pour cette raison, et pas uniquement pour des raisons financières, que le droit au travail est une revendication sociale male ure. 2La division du travail La division du travail dans la société est inévitable, car nul ne peut subvenir seul à ses besoins. Cela entraîne alors une interdépendance entre les hommes.
Le sociologue Durkheim (De la division du travail social, 1893) affirme ainsi que la division du travail n’a pas du tout pour fonction de permettre le progrès économique ou d’améliorer l’espèce : la fonction de la division du travail est d’intégrer le corps social. Elle produit de la solidarité, en faisant de chaque individu un échangiste, mais surtout en créant entre les h produit de la solidarité, en faisant de chaque individu un échangiste, mais surtout en créant entre les hommes un système de droits et de devoirs qui les lie les uns aux autres de façon durable : le travail crée la société.
IllLe problème de la technique AL ‘outil et l’homme ll_a domination de la nature La main serait le premier outil de l’homme. Dans le mythe de Prométhée, l’homme est présenté par Platon comme un être « nu, sans chaussures, ni couverture ni armes Il semble démuni ar rapport aux autres animaux, armés de griffes ou de crocs, doués de rapidité ou de force, etc. Cependant Aristote n’est pas d’accord avec cette conception de l’homme : il est en effet doté de la main, qui est « l’outil de loin le plus utile 21_a libération du travail L’outil peut être vu comme un prolongement du corps pour l’homme.
Cependant, n’est-il pas aussi un prolongement de la pensée, une concrétisation de la réflexion humaine ? Il est en effet courant de penser que l’Homo sapiens (homme savant) est avant tout un Homo faber, un être capable de fabriquer des outils. C’est l’idée du philosophe évolutionniste Henri Bergson. Mais déjà Benjamin Franklin disait que « L’homme est un animal fabricateur d’outils » (a toolmaking animal). ? En définitive, l’intelligence, envisagée dans ce qui en paraît être la démarche originelle, est la faculté de fabriquer les objets artificiels, en particulier des outils à faire des outils, et d’en varier indéfiniment la fabrication. » L’Évolution créatrice, Bergson 1907 montre aussi que ‘utilisation de l’outil est le critère de l’humanité. Le premier grand tournant de l’humanité est en effet le passage à la station verticale (Le Geste et la Parole, 1964). En se dressant ebout, Ihomme a pu libérer ses mains et donc saisir des outils et travailler.
Si l’outil est propre à l’homme, c’est parce qu’il nécessite une anticipation mentale sur son usage. L’outil et la technique semblent donc être les fruits de la réflexion. 3La technique libératrice ILa domination de la nature La technique offre avant tout la possibilité de dominer la nature : c’est pourquoi on dit que le travail libère l’homme. Prométhée, en dérobant le feu pour l’offrir aux hommes, apparaît ainsi comme le symbole de l’émancipation des hommes par la technique.
Comme le dit Descartes, les hommes deviennent grâce à la echnique « comme maîtres et possesseurs de la nature C’est le pouvoir démiurgique de l’homme. Le pouvoir démiurgique de l’homme renvoie à sa possibilité de modifier la nature et de créer. 2La libération du travail De plus, si la technique est libératrice, c’est parce qu’elle libère l’homme du travail. En effet, les progrès techniques permettent à Ihomme de réduire le temps de travail nécessaire etdese libérer des tâches les plus ingrates pour se consacrer au travail intellectuel et aux loisirs.
Cette Idée est notamment développée dans le best-seller de Jeremy Rifkin intitulé La Fin du travail (1996). ?tant donné les progrès techniques et donc les formidables gains de productivité réalisés, la quantité de travail nécessaire pour produire les biens dont nous avons besoin sera de plus en plus faible. Les sec nécessaire pour produire les biens dont nous avons besoin sera de plus en plus faible. Les secteurs primaire et secondaire ne requièrent plus qu’une main-d’œuvre limitée, étant donné l’automatisation.
Les seuls emplois qui développeront dans le futur seront des emplois intellectuels (donc libérés du travail manuel) en faible nombre. La technique finira par libérer l’homme du travail. CLe retour à la nature La technique, une agression de la nature L’utilisation de l’outil peut toutefois être considérée comme une agression à l’égard de la nature. Par exemple, dans de nombreuses sociétés « primitives », il faut toujours faire précéder la chasse de rituels afin de se concilier l’esprit des espèces animales.
Aujourd’hui, on retrouve cette idée dans le courant écologiste et « technophobe » qui considère que le progrès technique se fait au détriment de la nature. Le progrès technique cause en effet de graves nuisances pour la santé humaine et l’écosystème global. La pensée technophobe se développe surtout dans la deuxième oitié du XXe siècle, lorsqu’un certain nombre d’innovations s’accompagnent de scandales sanitaires et même de catastrophes (la pollution et la disparition de certaines espèces, les catastrophes nucléaires de Tchernobyl et Fukushima, etc. . La technophobie (de technê, artefact, et phobos, peur) désigne la peur d’une ou plusieurs techniques. 2Chomme dominé par la technique La technique ne serait pas libératrice mais au contraire dominatrice. Charlie Chaplin, dans le film Les emps modernes, montre ainsi que la technicité grandissante entraine en fait une aliénation de l’individu, relégué au rang de mach 0 1